Guadeloupe : le gouvernement choisit la guerre sociale
Nous en sommes donc au temps des premiers affrontements, au temps de la vieille politique coloniale.
Tout dans la manière dont ce gouvernement a choisi de traiter le peuple guadeloupéen indique la recherche délibérée de l’ affrontement, de la punition pour l’exemple.
Ces gens qui nous rabattent les oreilles avec la diversité sont incapables de traiter les peuples des Antilles autrement que comme des esclaves révoltés.
Le 10 Février, M. Jego est convoqué et sommé de renier ses engagements, le 10 Février M. Fillon annonce que l’État ne peut engager sa garantie pour l’augmentation des plus bas salaires et octroie 6 milliards de fonds publics aux magnats de l’automobile.
Alors que la grève générale est engagée depuis 3 semaines et s’étend dans toutes les Antilles et à la Réunion, M. Sarkozy annonce une table ronde, dans quelques mois, pendant que des renforts de CRS et de gendarmes mobiles sont envoyés dans les îles.
Et maintenant le gouvernement se dit prêt à rencontrer et à négocier avec les élus, comme si LKP n’existait pas, comme si Élie Domota et l’ UGTG n’avaient aucun mandat, aucune légitimité.
Nos partis de gauche se taisent et appellent à mettre fin à une grève qu’ils n’ont jamais soutenue et à laquelle ils n’ont jamais appelée.
Nos syndicats se font discrets et regardent leurs chaussures en attendant que le gouvernement en finisse.
Ces gens sont les champions de la lutte, ils prétendent vouloir instaurer un rapport de force avant et après la rencontre avec Sarkozy à laquelle ils sont convoqués.
Quel rapport de force si les travailleurs de Guadeloupe sont battus, quel rapport de force si le gouvernement et la caste coloniale parviennent à ne rien céder sur la question des salaires ?
M. Domota n’a pas les faveurs des médias, difficile de l’apercevoir au Journal Téléguidé de 20 heures, dans ce pays les journalistes ont une telle tradition de soumission que pas un n’a osé poser à M. Sarkozy la moindre question sur le conflit en Guadeloupe.
Il est vrai que ce Monsieur Domota n’est vraiment pas un dirigeant syndical comme les autres, appeler à une grève générale illimitée,défendre avec un tel acharnement les revendications des travailleurs, mettre en place un front unitaire comme direction unique et centralisée de la grève... tout ceci relève d’un scandale politique, porte la menace d’une contagion redoutable.
La presse qui se croit bien informé publie régulièrement des insinuations plus ou moins directes sur Élie Domota, son projet insurrectionnel,son trotskysme caché et même la couleur de sa peau qui d’après l’honorable journaliste de Libération aurait eu une incidence certaine sur son engagement militant,
Tout ceci est odieux et ridicule, les engagements politiques de M. Domota sont connus et exprimés publiquement depuis des années, il lui appartient en homme libre et en citoyen de les préciser quand il le souhaitera, pour l’heure il agit dans le cadre d’un mandat syndical confié par son organisation : l’ UGTG et s’exprime dans le cadre exclusif de ce mandat et il faut bien avouer qu’il le fait assez bien.
M. Sarkozy convoque nos syndicats et au milieu d’un flot de nouvelles exonérations pour les patrons et de nouvelles charges pour les finances publiques, leur annonce qu’il n’y aura pas de négociations sur les salaires,que les salaires ne seront pas augmentés, que les licenciements vont continuer et que toutes ses réformes seront menées à leur terme.
Finalement, il y a beaucoup moins qu’un océan entre les Antilles et la métropole et la situation des travailleurs de Guadeloupe, c’est un peu notre horizon politique et notre avenir immédiat.
La même alternative des deux cotés de l’Atlantique pour les travailleurs et les organisations syndicales.
D’un côté la marche forcée à la déchéance et à la misère, accompagnée comme un long cortège funèbre par les plans sociaux,les forums, les tables rondes, le bouclier social si cher à l’Union européenne, toutes les formes de la capitulation et du mensonge... de l’autre la grève générale unie, pour les revendications, pour les salaires, contre les licenciements.
Rien n’est jamais acquis et tout est encore possible, même le pire, c’est dans tous les cas l’honneur du LKP, Liyannaj Kont pwofitasyon d’avoir choisi cette voie.
31 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON