Guerre en Ukraine : de Yalta à la guerre des étoiles
Les guerres du XXIème siècle ont leurs racines dans l'Histoire et se déploient dans des univers virtuels et augmentés.
Il y a ce qu'il se dit et ce que l'on perçoit. Il y a les grandes déclarations et les incohérences. La partition de Poutine fortissimo, celle de Zelensky mezzo forte à forte, et toutes les autres, étrangement murmurées. On se doute que tout ne se joue pas là où on nous dit que cela se joue. On se doute que les protagonistes présentés ne sont pas les seuls protagonistes. On se doute même que les armes qui font le plus de bruit ne sont pas les plus efficaces. On en a pris l'habitude, ces dernières années. Le renseignement, les frappes chirurgicales, une communication travaillée, des technologies de plus en plus avancées, la guerre d'aujourd'hui est omnidirectionelle, omnidimensionnelle.
Le citoyen covidé, ou masqué, ou accroché à son pass sanitaire qui vit banalement ici et maintenant (dans 3 dimensions) tombe des nues. La guerre en Ukraine semble venir de nulle part, n'avoir été déclenchée par rien. Il ne manquait plus que ça ! Une guerre à la porte de l'Europe. Toutes les peurs de la guerre froide ressurgissent du néant. Sauf que non. Sauf que l'observateur averti, à la mémoire longue, se rappelle qu'il y a eu des promesses faites, et que depuis ces promesses il y a eu des tractations, de nombreuses tractations, des négociations, de très nombreuses négociations, et ce bien avant la Covid19, bien avant Poutine, bien avant Biden et même bien, bien avant Zelensky, et que là, on y est.
La promesse
Au sortir de la Guerre, l'OTAN se construit parallèlement à l'Union Européenne, la première sur la base d'une alliance militaire de 12 états, la seconde sur la base d'une coopération de 6 états autour des bassins de production du charbon et de l'acier.
L'Alliance se constitue dans un contexte géopolitique particulier, à partir du noyau de ce que l'on appelait les " trois grands" : les Etats-Unis, la Russie et le Royaume-Uni. On l'oublie, mais la Russie était bien un allié. Staline (pour la Russie) apparait bien sur les photos de la conférence de Yalta auprès de Roosevelt (pour les Etats-Unis) et de Churchill (pour le Royaume-Uni). Cette fameuse conférence de février 45 avait pour but de statuer sur le sort de l'Allemagne et du Japon. Les trois décideront ensemble d'occuper l'Allemagne, de la démilitariser et de contrôler toutes les industries germaniques qui pourraient contribuer à la production d'armement.
On remarquera au passage que février est une date anniversaire. Et en se penchant sur une carte de la région, on comprendra que Yalta, au bord de la mer noire, alors en territoire russe est aujourd'hui en fait au sud de la péninsule de Crimée, en territoire ukrainien pour les uns, au sud de la République de Crimée, sujet de la Fédération de Russie depuis mars 2014 pour les autres. La date et le choix du théâtre du conflit ne doivent rien au hasard ou à l'improvisation. Les Russes ont le sens de l'Histoire. On observera au passage que certaines exigences russes contemporaines font largement écho aux décisions d'alors.
Car l'enjeu est bien là, le théâtre est bien celui-là. L'enjeu, c'est celui du maintien d'une "zone neutre" entre deux puissances : l'UE et l'OTAN d'un côté et la Russie et ses alliés de l'autre côté. L'OTAN est une alliance passée au fil du temps, de 12 états à 30 états. Elle est devenue plus compacte. Elle s'est étendue d'ouest en est. Ce sont d'abord la Grèce et la Turquie qui en 1952 sont devenues membres de l'OTAN. L'Allemagne en 1955 a rejoint l'organisation. Puis des ex-pays du bloc de l'Est ont commencé à tomber dans le clan de l'ouest : l'ex-RDA en 1990, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne en 1999, la Bulgarie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie en 2004, l'Albanie et la Croatie en 2009, le Monténégro en 2017. Puis en 2019, l'Ukraine qui avait tourné le dos au non alignement en 2014 (suite à l'annexion de la Crimée par la Russie), s'est engagée de façon volontariste dans un processus d'adhésion à l'UE et à l'OTAN en modifiant sa Constitution.
Ukraine : objectif d'adhésion à l'UE et l'Otan dans sa Constitution
Certains espéraient un processus d'adhésion "silencieux", non détectable par les radars russes. L'espoir a vécu.
D'une façon ou d'une autre, désormais les cartes sont sur la table de l'Histoire.
18 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON