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Guerre et paix : la grande illusion

Qu’est-ce que la guerre ? Et quand pouvons nous nous estimer en paix ? En prenant la définition dans le dictionnaire, on peut lire ceci : Lutte organisée et sanglante entre des Etats ou entre des factions (Larousse). La notion de sanglante est relative puisqu’en deuxième définition on trouve : conflit non sanglant (Larousse), et en exemple : Une guerre idéologique, psychologique. Une guerre de propagande. A paix voici ce que le Larousse nous propose : Situation d’un Etats, d’un peuple, qui n’est pas en guerre, qui n’a pas avec d’autres des rapports de violence, de lutte.

 Alors sommes-nous en guerre, ou vivons nous en paix ? Cette question doit être posée à plusieurs niveaux. Sur le plan étatique, il semblerait que nous sommes en guerre. En effet nous avons des troupes, des soldats, notre armée, postées en Afghanistan. A ce propos, un petit aparté. « Félicitons » nous de ces quatre soldats tués sur la base de Gwam, par un soldat Afghan, car la présence des troupes française dans ce pays reste impopulaire. Donc voici que peu de temps avant les élections ce drame surgit, et notre président menace de retirer l’armée française. Pourrait-il gagner quelques points dans les sondages s’il mettait sa menace en pratique ? Certes ceci reste une question.

Enfin la France est en guerre. A priori pour une bonne cause, la défense de la démocratie et du peuple afghan face au Taliban. Cette forme de guerre est assez claire, il y a un ennemi désigné, il y a des soldats en arme, mais ça se passe loin de chez nous. On peut débattre de l’opportunité de cette guerre, mais pas du fait que ce soit une guerre.

Par contre d’autres luttes (guerres) semblent exister. Mais celles-ci se refusent d’en porter le nom. Celle de l’élite contre la masse. Si nous revenons à la définition du début, nous pouvons admettre que nous tous, sauf ceux qui s’en foutent, sommes en guerre. En tous cas nous ne sommes pas en paix. Pour preuve le mouvement des indignés, de Occupy, et depuis peu des Anonymous. Cependant il est moins aisé de déterminer les forces en présence. Est-ce que ces trois mouvements représentent le peuple, et est-ce qu’en face, ceux qui punissent ces actions, défendent les droits intrinsèques des sociétés qu’ils ont pour mission de représenter ?

Prenons le cas des Etats-Unis. Obama, prix Nobel de la paix, a finalement maintenu Guantanamo, et le patrioct act, il les a même renforcés. En France, là où le droit à manifester est une base de notre société, la police intervient constamment pour harceler les indignés de La Défense, qui (et j’y suis allé) ne sont absolument pas agressifs. J’y ai même vu une ovation envers les CRS, et certains manifestants discuter gentiment avec eux. Il est vrai qu’ils ne font qu’obéir aux ordres. Cependant il est intéressant de noter que ce mouvement fait suite aux révolutions arabes (d’ailleurs Michèle Alliot-Marie, ne voulait-elle pas aider ce pauvre président Ben Ali contre son peuple de mercenaires et de sauvages), et que dans beaucoup de révolutions populaires, l’armée et la police ont eu à faire un choix décisifs pour sa réussite. Soutenir le pouvoir ou le peuple ?

Mais si les révolutions arabes ont réussit, c’est surtout grâce à internet et ses réseaux sociaux. En bref grâce à la liberté d’internet qui passait les frontières de ces dictatures. Que ce serait-il passé sans cette liberté « virtuelle » ? Nos sociétés civiles, « démocratiques », occidentales n’en auraient sûrement rien su… Les révoltes auraient été étouffées dans le sang, et peut-être aurait on participé à cette répression. Donc le constat est évident, internet a la force de bousculer et de détruire les systèmes en place. Les printemps arabes l’ont démontré, contre ces dictatures aujourd’hui défaites, qui pourtant étaient parfaitement établies.

Voici donc la guerre qui est en cours (sous la forme de la deuxième définition évidemment). Et nous sommes en droit de penser que la paix si souvent prôner par nos dirigeants, comme quand ils nous disent que l’Europe est la garantie pour ce continent de vivre en paix, est une illusion. Pour cet exemple il y a une part de vrai, les allemands ne devraient plus faire la guerre au français par exemple, puisque nous sommes associés dans une même structure.

Pourtant, les peuples du monde occidentales ne sont pas en paix, ils luttent chaque jour pour la survie de leurs droits. Ils doivent se battre pour obtenir de l’information non transformées, pour garder des conditions dignes d’emploi, pour ne pas être exploités. Ils sont agressés continuellement par leurs propres institutions, par les multinationales, par une élite (pas forcément dans sa totalité, mais globalement) qui ne se soucie pas de leur bien être. Et si nous comptons sur nos politiques pour nous défendre contre cette classe, nous n’avons pas compris qu’ils en font trop souvent parti.

La fermeture de Megaupload a fait grand bruit, et les raisons prétendues de cette fermeture et de l’arrestation de son fondateur, sont celles de la défense des artistes qui étaient, peut-on penser, volés par cette entreprise. Pourtant cette action du FBI et même de la police mondiale, fait suite à la peut-être intention de Kim Dotcom de créer un nouveau modèle de distribution des œuvres musicales par le biais de Megabox, qui aurait été une plateforme de téléchargement légale rémunérant les auteurs à hauteur de 90%. Elle essaya d'écarter aussi le regard sur des lois qui devaient être discutées au congrès Etats-unien pour réglementer l’internet. 

Ces lois, dites SOPA et PIPA aux Etats-Unis, et ACTA en Europe, sont le dernier armada contre le peuple. Car elle ne défendent pas les droits d’auteurs, mais la main mise de certaines multinationales sur la culture. Mais aussi sur l’information, car grâce aux trop larges interprétations qu’elles autorisent, n’importe qui sera susceptible d’être condamné à partir du moment où il échange une donnée copyrightée ou partiellement protégée, et les verrous mis en place permettront de bloquer toutes idées ou actions compromettantes pour ces institutions liberticides.

C’est une guerre vicieuse qui ne commence pas, qui continue. Nous sommes à l’aube de la bataille finale, si nous la perdons, nous perdrons la guerre. Si ces lois passent nous serons comme les peuples arabes avant leurs révolutions, mais, cette fois-ci, sans plus rien pour nous défendre. Ceux qui les ont créées l'ont bien compris. A nous donc aussi de bien comprendre les enjeux qui se cachent derrière : la possibilité, ou non, de pouvoir remettre le pouvoir en cause.


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