Guerre et vassalité
Nul n’ignore que, pendant que se déroulait à Pékin l’inauguration des jeux Olympiques, pendant donc que les yeux du monde entier étaient écarquillés et braqués sur l’immense œuvre architecturale qu’est le stade en nid d’hirondelle de la capitale chinoise, la guerre faisait rage dans le Caucase. La Russie, en voulant, officiellement, porter secours aux séparatistes de l’Ossétie du Sud n’a pas fait, si j’ose dire, dans la dentelle : en quelques heures de combats, sans qu’il y ait vraiment d’opposition de l’autre côté, son armée a réduit en cendres les infrastructures portuaires et militaires de la Géorgie.
Sans l’intervention du président français, Nicolas Sarkozy, qui, en sa qualité de président de l’UE, s’est très vite dépêché sur les lieux pour mettre fin aux hostilités, la Géorgie aurait été rayée de la carte géographique. Après une hibernation de plusieurs années, l’ours russe s’est brutalement réveillé et a repris du poil de la bête !
Comme toute guerre, comme hier celle de l’Irak, comme aujourd’hui celle de l’Afghanistan où dix soldats français ont été abattus par les talibans, celle-ci a été largement couverte et commentée par les médias occidentaux ; elle ne s’est pas déroulée uniquement sur le terrain des opérations, avec des chars et des canons. Elle est aussi médiatique. En période de guerre, la propagande ne peut que battre son plein. Pour remonter le moral de ses propres troupes ou pour porter un coup sévère à la psychologie de l’ennemi. Et, sur ce plan-là, la palme d’or revient assurément aux médias français qui, contrairement à leur opinion publique, ont, presque à l’unanimité, condamné l’intervention russe. En fait, ils ont usé de la propagande en défaveur de la Russie qui est présentée de façon caricaturale comme étant l’impérialiste du nouveau siècle. Sinon comment expliquer la comparaison suivante que j’ai relevée dans un éditorial de L’Express : "… d’un côté, le glacis contrôlé par les Russes et leurs vassaux et, de l’autre, la zone d’influence des Américains et de leurs alliés" ? N’étant pas, personnellement (en tant que simple lecteur), d’accord avec l’auteur de cette comparaison (le rédacteur en chef de L’Express, Christophe Barbier), j’ai dû laisser au bas de son article un commentaire qui, forcément, ne sera pas de son goût. En effet, à ma connaissance, le terme "vassal" est habituellement utilisé pour désigner tout pays soumis et inféodé à la toute-puissante Amérique de l’oncle Bush. Ces pays ne se trouvent pas uniquement au Moyen-Orient ou en Afrique ; l’Europe aussi en recèle. Et pas seulement au sein de la "vieille Europe".
Rappelez-vous de la fameuse remarque qu’a faite Jacques Chirac aux pays de "la jeune Europe" qui étaient si enthousiastes à soutenir Bush dans sa guerre contre l’Irak : "vous avez perdu une belle occasion de vous taire", leur avait-il dit. Eh bien, osons le dire, ces pays représentent aujourd’hui le gros de la troupe de la vassalité dans le sens où l’entend Ignacio Ramonet. L’Amérique en
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