H1N1. La ligne Bachelot sera-t-elle déployée pour préserver une ministre ?
Après la ligne Maginot, voici la ligne Bachelot.
On l’attendait sans trop y croire et pourtant elle est arrivée, la commission d’enquête parlementaire sur la grippe H1N1. Il sera difficile de saisir les manœuvres ayant conduit le Nouveau centre à la demander, alors qu’on attendait le PS. Mais peu importe, cette commission va être officialisée par le président de l’Assemblée nationale. Rappelons qu’une enquête de ce type peut être demandée par n’importe quel groupe parlementaire, une fois par session. Et qu’il faut les 3/5 des députés pour la rejeter. Autant dire que la procédure va se dérouler, même si elle est jugée inamicale par quelques responsables de l’UMP. Faut-il préciser qu’une enquête parlementaire n’a rien de commun avec la mission d’information à laquelle vient se soumettre la ministre Bachelot. Une mission d’information se rapporte à la commission d’enquête comme une simple garde-à-vue se compare à une mise en examen. Les pouvoirs de la commission sont très étendus. Les membres ont accès à tous les documents disponibles, hormis ceux relevant du secret défense, des affaires étrangères ou d’autres cas spécifiés. De plus, ils peuvent convoquer de manière contraignante toutes les personnes qu’ils jugent utile d’être auditionnées et si l’une d’entre-elles refuse, elle risque une amende de 7500 euros et six mois de prison.
Cette enquête livrera ses conclusions. Inutile de spéculer là-dessus. Par contre, rien n’interdit de commenter, au risque de déplaire à notre président, la mise en place de cette commission et les premières réactions. Et pour commencer, l’absence de réactions de la presse mais ne lui reprochons pas cette tempérance, elle qui souvent sait se montrer fébrile. Pour l’instant, Google actualité recense quelques brèves sur cette affaire. Attendons les décisions officielles. Une chose à noter. Il n’est pas courant qu’une commission d’enquête vise directement une action d’un gouvernement. Il y eut celle sur la canicule qui a porté plutôt sur une inaction. Depuis trente ans, des enquêtes diverses ont été menées, sur l’alimentation animale après la crise de la vache folle, sur la pénétration de la mafia, sur les transports maritimes, l’aménagement du territoire, les sectes, l’utilisation de l’argent public en Corse et même sur la réintroduction du loup. La liste est longue, les motifs divers, mais la commission qui fit le plus de bruit concerna l’affaire d’Outreau.
Si on laisse de côté le fond, il n’y a pas grand-chose à dire, sauf pour ceux qui scrutent les détails et dieu sait si le diable est logé dans les détails. François Sauvadet, président du groupe NC, tente de rassurer ses « amis » de la majorité et dit qu’il ne s’agit pas de désigner Roselyne Bachelot comme responsable mais pourquoi cette précision puisque la présomption d’innocence s’applique. Jean-Français Copé, en bon diplomate, ose espérer qu’il ne s’agit pas d’une démarche inamicale. Etrange avis, comme si une commission parlementaire avait comme motif quelques obscurs règlements de compte. La défausse du président du groupe UMP est bien fragile. Quant à Jean Léonetti, député très impliqué dans les questions de fin de vie, il juge la démarche inamicale, déplorant qu’une simple information n’ait pas suffit pour informer les Français. Je me permets de préciser à l’intéressé que moi, Français, ne suis pas satisfait de ce qui est ressorti suite à cette information parlementaire. Léonetti poursuit en soulignant qu’une commission d’enquête cherche des fautes, des responsables, des coupables, et introduit une suspicion. Ce qui n’est pas toujours le cas mais dans cette affaire de pandémie, effectivement, il y a soupçon dans l’opinion et ma foi, en bon citoyen, conscient de la crise de confiance des Français envers les dirigeants, je ne peux qu’approuver cette enquête.
Etrange état d’esprit que celui des députés de l’UMP. Une commission ne devrait pas chercher les fautes. C’est comme si on demandait à un procès de ne pas désigner de coupable avant même la tenue des procédures légales. Il me semble avoir le souvenir que lors de l’affaire d’Outreau, avant même les conclusions, un coupable était désigné, le juge Burgaud. Même que son audition a été retransmise et ce juge d’être livré en pâture au voyeurisme populaire tel un animal de cirque cerné dans une cage par un tribunal de féroces quêteurs et autres interrogateurs. Sans vouloir tirer des conclusions, la morale provisoire de ces quelques déclarations, c’est que, selon que vous soyez un fonctionnaire de service public ou une ministre du gouvernement, les élus du peuple sauront être sévère pour le premier et indulgent pour la seconde. Prêts à déployer une ligne Bachelot pour préserver la ministre des investigations trop drastiques. Attendons la suite.
The show must go on, ne lâchez rien !
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