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Accueil du site > Tribune Libre > Ha le bon temps des cocos... II

Ha le bon temps des cocos... II

Suite de l'évocation des années 60 dans le 93.

La plus grande insulte alors n’était pas « fumier », « facho » ou « vendu ». Non, la pire insulte, et de loin, l’universelle infamie qui valait le bannissement, l’excommunication, l’insulte qui coupait le souffle en roulant des yeux, qui mettait le nœud au ventre à sa simple évocation, l’insulte suprême alors était : « fainéant ».

Quand, le visage fermé, l’air entendu, les adultes laissaient tomber ce verdict, le fautif était regardé par chacun comme exclu du devoir de fraternité. Cet opprobre, terrible, touchait aussi la famille, qui allait dès lors, le regard fuyant sous les regards condescendants de sollicitude. On plaignait toujours l’épouse, la mère, la sœur, la fille du coupable, les femmes n’étant jamais accusées de cette indignité. Moins par reconnaissance de leur bravoure que, parce qu’à l’époque, communistes ou pas, c’était au bonhomme de ramener la soupe et une femme honnête, ça restait à la maison, nom de D….

Un fainéant, c’était un type qui était au chômage plutôt qu’à travailler ou à chercher du travail. Un fainéant, c’était un gars dont on trouvait qu’il faisait un peu trop tirer les arrêts de travail. Si un chômeur était irrémédiablement condamné, un en-maladie non agonisant était déjà suspect. On allait au boulot avec 40 de fièvre, le dos en compote et la tête comme un compteur à gaz. Elle était dure à la peine la race de nos pères. On ne pleurnichait pas des masses. On picolait seul dans sa cuisine, on gueulait sur sa femme, on cognait sur ses gosses, ou l’inverse, ou les deux, mais on ne se plaignait pas. On n’allait pas pleurer ni mendier une augmentation. On faisait une grève, même si ça obligeait à oublier la viande et les vacances d’été, et on obtenait, de haute lutte, par la solidarité et dans la discipline, une meilleure rétribution de son labeur. On ignorait alors que le « grand capital » allait prochainement trouver la parade en organisant le chômage de masse et en envoyant ses chevaux légers proclamer le droit à la paresse. Yeah, sexe, drogue & rock’n roll and mondialisation. Cool mon pote.

Les enfants, même adolescents, devaient être propres, respectueux et travailleurs. Tout père de famille voyant un gosse de la cité faire le con était implicitement fondé à distribuer des coups de pied au cul. Ceux-ci étant généralement suivis de ceux du géniteur lui-même. Les filles se devaient d’être vertueuses et modestes, au grand désarroi des garçons qui devaient « chasser » ailleurs. Probablement l’origine du phénomène de bandes. A cette époque, les pères regardaient pousser avec une certaine angoisse les cheveux de leurs garçons. Dépassé la nuque, l’attribut capillaire était honni comme un truc de « pédés »(effroyable insulte, presque aussi grave que fainéant) , de fainéant et , horreur suprême….de bourgeois. Alors que les ainés commençaient à écouter en masse les Beatles et Jimmy Hendrix(les Stones ont toujours été suspects chez les prolos)en lisant Charlie ou Hara Kiri, les petits attendaient impatiemment, chaque semaine, leur Pif Gadget et se jetaient en masse à la bibliothèque municipale à chaque sortie d’Astérix.

On apprenait la justice, la fraternité et la résistance avec Obélix mais surtout avec Teddy Ted, Rahan, le Grêlé 7/3. Tous les mômes couraient à la MJC pour apprendre le judo ou le karaté à force de lire les aventures du Docteur Justice. Les MJC.

Les MJC étaient le cœur et le symbole d’un système généreux. On trouvait tout à la MJC. On y voyait des personnages incroyables. Voulait-on faire un exposé en classe sur un sujet. Il suffisait d’aller à la MJC pour être mis en relation avec des personnages hors normes : prètre ouvrier, ancien FTP, membre fondateur de kibboutz, compagnon de route de l’IRA ou plus simplement employé des postes mais docteur en philo, routard revenant du Vietnam en passant par la Californie, que du pur subversif. Et le mot pur est pesé.

Pour apprendre, il y avait les enseignants. Parmi ces profs, s’il y avait bien quelques cons et médiocres, il y avait aussi de véritables saints laïcs(souvent socialos, faut le reconnaitre), en croisade contre la chaîne générationnelle de servage, les artisans du possible.

Il y avait encore des intellos au PC. Beaucoup. Pas des intellos milliardaires à cheveux longs et chemise blanche assez riches pour se payer une court et une réputation ou assez scélérat pour se faire payer leurs services, non, de vrais intellos qui nous racontaient des trucs qui nous faisaient sourire à l’époque et qui pourtant….se sont toutes révélées tout à fait exactes. Ce que deviendraient les « révolutionnaires » à la Cohn-Bendit, tous ces maoïstes ou trotskistes de pacotille qui n’étaient de ces groupuscules que parce que c’était de mode d’être marxiste mais qu’ils avaient bien trop de mépris pour le peuple pour être simplement communistes. Il leur fallait leurs chapelles à bourgeois, beaucoup plus sexy, sans l’odeur et les mots du peuple, et tout ce monde là reviendrait tôt ou tard à l’intérêt et aux habitudes de leur classe bourgeoise. Ils nous disaient qu’autant le mot « Liberté » avait servi à Staline pour faire les pires saloperies, autant ce mot merveilleux serait prostitué en étendards du fachisme, aboutissement naturel du capitalisme. Ils nous disaient que l’URSS, épuisée, autant par la course aux armements imposée par l’OTAN que par l’accaparement du pouvoir par une nouvelle classe de bourgeoisie politique, les apparatchiks, allait s’effondrer et que, comme la fin de Carthage pour les Romains, ceci ne marquerait pas le début d’une ère de prospérité et de liberté, mais qu’au contraire, le capital, n’ayant plus peur d’aucun adversaire laisserait libre court à sa tendance naturelle à l’abus d’accumulation et qu’alors, le risque serait grand que la civilisation recule de plusieurs siècles. Ils disaient ça au tout début des 70’s ces intellectuels jamais connus, jamais publiés, jamais écoutés.

Quelques années plus tard, je dus déménager dans une petite ville de province ultra-conservatrice où d’un coup, je fus cerné de fils de bourgeois, plus droitiers les uns que les autres, avec même un bon nombre d’authentiques fascistes.

J’y appris deux choses.

La vision qu’ils avaient des communistes était absolument, totalement risible. Ils imaginaient de véritables armés de gueux, couteau entre les dents prêtes à livrer la patrie à l’ogre soviétique là où dans l’antre la plus communiste, et de loin, du pays, je n’avais vu que d’honnêtes bonhommes aspirant à une vie meilleure pour leurs enfants et économisant sous après sous pour acheter une télé(le crédit était d’essence diabolique) , et tenant l’enfer toute une année en serrant les dents dans l’attente du mois d’aout.

La vision que nous avions des bourgeois était aussi caricaturale et risible que celle qu’ils avaient de nous.

Comme le disait Marc Bloch, peut-être serait-il temps que notre pays apprenne à s’aimer.


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35 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 25 juin 2013 09:46

    ah , le marxisme tendance Pif le chien ! la fête du parti avec ses merguez-frites- bières et ses stands pour la solidarité avec le Chili , c’était une autre époque ça !
    Marchais et Krazu sont disparus depuis si longtemps..............


    • wesson wesson 26 juin 2013 00:13

      Bonsoir le chat, 


      vous savez, ce qu’il y a de bien avec le libéralisme sans la frousse de l’URSS, c’est qu’il valide à lui tout seul la moins dégrossie des théories de Marx. 

      On présente le communisme comme une idée ancienne, mais elle l’est nettement moins que le capitalisme, qui existe en gros depuis l’invention de la monnaie. 

    • foufouille foufouille 25 juin 2013 09:55

      pour être un gueux, il faut avoir plus rien à perdre
      des salauds de petits et gros bourgeois, j’en ait vu pas mal
      on est plus dans la caricature. ils sont prêt à tout pour du fric
       


      • CN46400 CN46400 25 juin 2013 10:11

        Reste que Kergen semble avoir un petit pb avec l’alcool. Oui il y a chez les cocos, des prolos un peu portés sur la bouteille, mais pas plus qu’ailleurs, enfin là où il y a des prolos....


        • kergen 25 juin 2013 20:35

          Bonjour,
          dans le n°1 , j’ai écrit clairement que les militants ne fréquentaient pas les bistrots et étaient généralement sobres.
          Je parle de ce peuple prolo vivant dans ce béton oppressant et cet enfer de vie ouvrière des années 60.


        • wesson wesson 26 juin 2013 00:15

          bonsoir CN, 


          c’est très amusant ce que vous dites car au 18ème siècle, c’est comme cela que l’on expliquait qu’il n’était pas la peine de trop payer un ouvrier, car « il ne passait son temps qu’à boire son salaire ». Si on le payait moins, c’était donc en fait pour son bien !



        • Mr Dupont 25 juin 2013 10:14

          Vous avez raison Mr l’auteur

          Fainéant était une insulte dans le monde ouvrier des années 60

          Ils étaient montrés du doigt

          Alors pour retrouver de la considération et sauvegarder leurs emplois : ils se syndiquaient à la CGT

          C’est une image qui m’a marqué dès mon entrée dans le monde du travail

          Et c’est pourquoi la gauche n’a jamais eut mon vote



          • Mr Dupont 25 juin 2013 10:41

            Mr Foufouille

            Je parle des fainéants des années 60

            Une époque ou il y avait à peine 5 000 chômeurs dans C’Pays

            Aujourd’hui les fainéants sont cachés dans la masse des 10 000 000 de chômeurs

            On ne les voit pas : mais ils sont toujours là

            Ceux qui « bossent » sont planqués dans les administrations ou boîtes publiques et toujours syndiqués à la CGT 


            • jef88 jef88 25 juin 2013 10:54

              années 60 ...
              il y avait environ 300000 chômeurs !
              en général de courte durée 8 à 15 jours entre 2 emplois .......


            • Fergus Fergus 25 juin 2013 10:55

              Bonjour, Mr Dupont.

              Décidément, la caricature ne vous fait pas peur. Des planqués qui n’en fichent pas une ramée, j’en ai connu dans le privé à tous les niveaux. Mais c’est surtout au plus haut niveau d’encadrement qu’ils sont planqués, parfois à des postes fantômes habillés d’un titre bidon de chargé de mission, à l’image de cette fille d’ancien international de foot qui n’a jamais mis les pieds dans la boîte pétrolière qui l’emploie, ou à l’image de cette autre femme, épouse d’un journaliste connu, qui est présente dans l’organigramme d’un service public, mais n’y a pas de bureau.

              Des « bosseurs » et des « ramiers », il y en a partout, dans tous les secteurs de l’économie, mais ce n’est pas dans les PME et le PMI qu’on les trouve, uniquement dans les grosses boîtes.


            • foufouille foufouille 25 juin 2013 11:00

              « Ceux qui « bossent » sont planqués dans les administrations ou boîtes publiques et toujours syndiqués à la CGT »

              j’en connais qui bosse 2H paye 8 dans le privé : téléphone et électricité
              et le médécin généraliste payé pour distribuer du médoc et rien de plus


            • LE CHAT LE CHAT 25 juin 2013 11:14

              J’en connais qui bosse 2 jours au plus par semaine dans le privé et qui est à la CFDT


            • foufouille foufouille 25 juin 2013 11:27

              2 jours, c’est déjà bien
              quand je dis bosser, c’est le mec qui sort la voiture de fonction mais que tu vois au bistrot
              son beau père est un gros vigneron ..........
              sinon, il y a mieux : le frère de dati qui était dealer, embauché par proglio
              pétasse blonde avec 22000 pour une après midi de « travail »
              etc


            • CN46400 CN46400 25 juin 2013 16:45

              Les fainéants des années 60...., ah ouais ceux qui demandaient leur compte le vendredi pour réembocher ailleurs le lundi. Un copains CDH (vendeur de l’Huma ) peintre débarque au pied de la tour Monparnasse avec son équipe de portos pour peindre le dernier étage, ouais mais il faut multiplier le tarif par trois demande-t-il, OK réponds le chef de chantier.

               « Enfin on commence à gagner notre vie » me dira-t-il le dimanche au poste du marché de Meudon la Forêt.


            • wesson wesson 26 juin 2013 02:25

              Bonsoir Fergus,


              ne perdez pas trop votre temps avec Mr Dupont. Il fait partie de cette nouvelle pelleté de trolls d’élites que le FN déverse sur la toile. 

              Cultivé (ce qui de nos jours signifie qu’il sait effectuer une recherche sur Google), une aisance dans l’écriture alliée à un bon sens de la répartie, voire même une bonne propension à l’humour louis-philippin. 

              Mais derrière l’avenante devanture, c’est toujours le même fond de commerce du parti nationaliste dans son acception la plus chimiquement pure : ultralibéral avant tout, toujours du coté du plus fort et toujours prêt à s’en prendre aux plus faibles.

              Bref l’abjection mais sympa et sans gros mot

            • kergen 26 juin 2013 08:18

              @M. DUPONT

              Vous faites quoi dans la vie ?


            • tutti frutti tutti frutti 25 juin 2013 10:46

              Reste que le récit est sympa . 


              Brut de décoffrage .

              • kergen 25 juin 2013 20:36

                Merci .Assez brut en effet.


              • foufouille foufouille 25 juin 2013 11:29

                « Si un chômeur était irrémédiablement condamné, un en-maladie non agonisant était déjà suspect »

                c’est toujours le cas
                faut être grabataire ou vieux


                • kitamissa kitamissa 25 juin 2013 14:35

                  J’ai commencé à bosser dans un entrepôt en 1957, j’avais 15 ans ! l’époque des 30 glorieuses !!


                  et oui « feignant » c’était l’insulte suprême, j’ai même vu des mecs se foutre sur la gueule pour ce mot à l’égard d’un autre !
                  moi le jeunot, j’ai eu droit à la bite au cirage le soir même de mon embauche, et on m’a fait picoler , j’ai dégueulé tout en repartant le soir !!

                  c’était un entrepôt de pinard, bières, cidres, eaux minérales , vin en cuve et en fûts, en bouteille !!

                  on commençait à 7 heures du matin jusqu’à 20 heures le soir , mais nourris midi et soir !

                  bien sûr les mecs adultes lisaient l’Huma , certains le Parisien Libéré, d’autres France soir, et les sportifs du Dimanche l’Equipe !

                  je me marrais en écoutant les conversations des mecs qui refaisaient le monde, surtout qu’on était en pleine guerre d’Algérie, et que l’Indo était encore dans les têtes !!

                  les engueulades entre les mecs bourrés le soir , surtout les jours de mise en bouteille du 11° à la cuve, du pur Bercy , celui qui décape bien le tube digestif !

                  mais bon , c’était une autre époque, tout le monde se tolérait, se retrouvait à la pêche ou au troquet le Dimanche !!

                  les Dames torchaient les gamins et s’occupaient de la maison, de la tambouille, et géraient les finances du ménage ...

                  nous les ados, on se retrouvait entre potes et copines pour écouter notre musique de sauvages ou de nègres ( dixit les adultes) c’était les balades en mobylettes ou cyclomoteurs italiens qui faisaient : winnnnnggggggg et peeeettttttttttttttt au ralenti, on emmenait les gonzesses avec nous, juste que des bisous ou des roulages de pelles, défense d’aller roder plus bas, ou alors avec les plus délurées, mais elles étaient prises par les Cadors du quartier !!

                  et puis un peu plus tard, comme je me suis engagé parce que j’en avais plein le cul de cette vie d’entrepôts et sans avenir, je me suis retrouvé au bout de 6 mois de classes ,en Algérie comme ceux que je voyais aux actualités au cinoche de mon quartier !!

                  • CN46400 CN46400 25 juin 2013 16:30

                    Et depuis t’as pas beaucoup évolué, bougnouls, ratons etc......ah si Massu avait pu intervenir en 68  !!!!


                  • kergen 25 juin 2013 20:50

                    Salut KIta,

                    j’ai un oncle qui a fait comme toi. Je n’ai jamais su le fin mot de l’histoire, mais je sais qu’après l’Algérie, ses frères ont refusés de le voir pendant très longtemps après un repas arrosé où il s’était lâché sur ses faits d’armes. J’étais trop gosse.


                  • kitamissa kitamissa 25 juin 2013 22:54

                    Salut Kergen....


                    tu sais, le temps ont tellement changé que cette époque semble loin, si loin maintenant ....ton oncle s’est lâché ? peut être ....

                    dans une France qui était en guerre depuis celle de 1870 !! avec des espaces à peu près tranquilles durant 20 ans, le temps de refaire des soldats prêts à mourir pour la patrie comme on disait , et c’était reparti pour une autre, le temps de s’entre-étriper entre ennemis désignés et puis quand tout le monde en avait marre, on faisait des armistices ou la paix !

                    et c’était chacun son tout d’y aller, le grand -père , le père, les grands fils, puis les plus jeunes , ça faisait partie de la vie , la mort rodait, tout le monde n’en revenait pas entier, mais c’était comme ça !

                    maintenant ce que chacun a fait avec une arme à la main et sous les drapeaux...ma foi....c’est personnel et on garde ça pour soi ! 

                    quand on a 18 ou 20 ans, que l’on est encore un gamin, pas très instruit comme nous l’étions tous l’époque, c’est pas toujours évident ...........

                    et c’est pareil chez tous ceux qui étaient nos ennemis d’alors !!

                  • kergen 26 juin 2013 08:14

                    Je sais. Et ça n’a rien de propre ni à l’armée Française ni à la guerre d’Algérie.

                    Mais ça c’est fait. Le nier comme un enfant est aussi puéril, selon moi, que de le fustiger absolument.

                    Le nie-t-on puérilement car on le fustige hargneusement ? Ou le fustige-t-on parce qu’on le nie ?

                    La poule ? L’oeuf ? Je ne sais pas.
                    Les Allemands ont décidé de faire leur coming out 70 ans après. Après avoir mis sur le dos des seuls SS la somme monstrueuse de crimes contre les civils et refusé l’idée même que la wermacht ai pu s’y vautrer, ça y est, elle reconnait. Les troufions Allemands ont commis d’innombrables monstruosités comme leurs copains à tête de mort. Ils ont même fait une expo itinérante la dessus. C’est bien, ça permet de guérir.
                    Les US ont la particularité de reconnaître très vite. Un peu comme ses goinfres morbides qui baffrent avec une plume dans poche et se font dégueuler régulièrement pour mieux recommencer.
                    Les Anglais viennent de reconnaitre, et d’indemniser, les crimes innombrables commis au Kenya
                    ect...
                    ça permet de guérir.
                    Je connais un parfait honnête homme, une crème d’homme, un type qui ne fait que le bien autour de lui et qu’on imaginerai bien en peine de faire le mal. Il m’a avoué un jour, très ému, ce à quoi il avait participé, en tant qu’appelé, de l’infanterie, là bas. Il n’y avait pas à juger l’homme mûr et bénéfique pour les agissements du gamin conditionné, terrorisé, en groupe.
                    Mais reconnaitre permet de guérir beaucoup de plaie.


                  • Mmarvinbear Mmarvinbear 25 juin 2013 17:50

                    Ah, les années 50 et 60.


                    Une joyeuse époque.

                    C’était le temps ou le gouvernement, après avoir estimé que les limites du social étaient passées, envoyait encore la troupe qui tirait à balles réelles parfois. On trouvait cela normal, personne n’allait se plaindre à un quelconque court de justice internationale ensuite.

                    On ne se battait pas pour avoir la télécommande à la maison. Il n’y en avait pas. C’était radio pour tout le monde, et le choix entre une radio d’ Etat et une radio d’ Etat, ou le gouvernement s’exprimait à loisir, laissant démocratiquement une ou deux minutes à l’opposition de temps à autre, pour aller aux wc sans doute.

                    Il y avait du travail pour tout le monde, oui. Mais tout le monde voulait l’oublier car il fallait tout reconstruire après les passages successifs de la Luftwaffe, de la RAF puis de l’ US Air Force. Les rares bras français ne suffisaient pas, il fallu importer en masse de l’arabe. On pensait les renvoyer ensuite mais ce fut comme pour les « ritals » et les « pollacks » du XIXè siècle dans les mines du Nord. Ils sont restés et ont fait souche.

                    Socialement, l’ordre régnait. La femme se devait de se taire et de torcher les mômes. D’ailleurs, elle n’avait pas le droit de travailler sans l’autorisation de son époux. Ni même d’avoir un compte en banque à son nom. C’était déjà bien qu’elles puissent voter. Pour l’élection, tout le monde s’était organisé pour la parité : un candidat élu, une candidate battue.

                    Dans les banlieues rouges, tout était bien organisé aussi. 

                    Entre deux comités directeurs et deux réunions de cellule, on pouvait regarder qui de son voisin déviait dangereusement de la Ligne Officielle. Le dénoncer auprès du comité et le pousser à abjurer son atlantisme naissant ou pire encore, son titisme !

                    C’est que le PCF prenait la chose au sérieux. Hors de question de laisser un nid de vipères lubriques proférer à Montreuil ou Pantin ! A chaque acte de propagande atlante-fasciste, il fallait serrer les rangs et acheter deux « Humas » à la fois pour le Parti !

                    La fuite d’un danseur russe à l’ouest ? Mensonge éhonté d’une vipère lubrique !

                    Les chars russes à Budapest ? Une aide à la circulation routière pour pallier aux bouchons hongrois !

                    Le XXè comité du PCUS ? Staline déboulonné ? Fadaises fascistes colportées par le Monde !

                    Le printemps de Prague écrasé en mondovision ? Juste une opération de police. Il y a eu la même chose en Algérie peu de temps avant.

                    Les récalcitrants, le PCF en faisait son affaire, ou la mairie du coin.

                    « Ah, désolé, nous n’avons pas reçu votre demande à temps, il n’y a plus de place pour votre enfant pour la colonie de cette année. Ce n’est pas de chance... »

                    « Dis Riton, ta mobylette, c’est bien la bleue, là, celle avec les freins en mauvais état ? Fais gaffe, Riton. Faut pas plaisanter avec ces choses là. La barre à mine derrière mon dos ? Non, j’ai des taupes dans mon jardin, c’est pour ça. Et n’oublie pas que dimanche prochain c’est le premier tour des municipales. Cela ferait mauvais genre si le candidat ne passait pas au premier tour. On doit tous se mobiliser, hein Riton ? »

                    Il y avait tellement de façons de se faire comprendre...

                    • tutti frutti tutti frutti 25 juin 2013 17:59

                      meilleur commentaire du jour  : maarvinbear , bravo !


                    • kergen 25 juin 2013 20:46

                      J’avais pourtant écrit ce petit texte pour les gens comme vous dans un esprit de concorde.
                      Mais non, vous restez un sombre crétin, confit dans ses fantasmes.


                    • Mmarvinbear Mmarvinbear 26 juin 2013 00:41

                      Ma confiture est pourtant remplie de vrais morceaux de vérité.


                      Le PCF était totalement inféodé idéologiquement au PCUS. Il en recevait des subsides plus ou moins officiels pour son fonctionnement.

                      Qui peut franchement croire la place du Colonel Fabien quand elle affirme tirer son argent du muguet et des adhésions ?

                      Le pompon, ce fut quand Marchais annonça son soutien à l’invasion de l’Afghanistan alors en visite à Moscou !

                      Bref, tout cela pour dire que les années 50 n’étaient pas forcément un moment génial de l’histoire. Il y a certes des vérités que l’on devrait réapprendre, mais il n’était nul besoin de brandir faucille et marteau pour élever ses gosses correctement.

                      Ce qui comptait le plus, ce qui compte toujours d’ailleurs, c’est la responsabilité parentale.

                      Un truc qui fait défaut ces temps-ci.

                    • CN46400 CN46400 26 juin 2013 04:04

                      Eh rigolo, Moscou paye encore ?......


                    • LE CHAT LE CHAT 26 juin 2013 11:25

                      @mmarvinbear

                      Oui , certains ont tendance à oublier que derrière l’aspect bon enfant du PCF se cachait le soutien aux pires dictatures de la planète


                    • kergen 26 juin 2013 12:17

                      @LECHAT
                      Et derrière le coté bon enfant de l’UDR , de l’UDF, du PS, puis du RPR et de l’UMP, s’est toujours caché le soutien aux pires dictatures de notre histoire.
                      Chili 73, Argentine 78, Bresil 70, Paraguay(Stroessner), Colombie(père d’Uribe-300 000 mort), Indonésie de Suharto(1 million de mort) , Irak de Saddam Hussein( à l’époque de la guerre d’Iran et du gazage des Kurdes), Iran de Palevi, Grèce des colonels, Espagne de Franco, toutes les dictatures Africaines(carrément installées par leur soins) Mobutu, Bongo, Sengor, Bokassa, Houphouet, et j’en passe, Arabie Saoudite, Emirats, Birmanie, Pakistan d’avant Butho et tout le reste.

                      Balle au centre.


                    • Mmarvinbear Mmarvinbear 26 juin 2013 13:54

                      Je ne suis pas désolé de dire qu’il existe une large différence entre recevoir de l’argent d’un parti étranger et faire des affaires avec un autre Etat, fut-il dictatorial.


                      Le boycott commercial et économique ne réussit que rarement, le cas sud-africain est une exception face à Cuba, l’ Irak, l’iran et autres.

                      On glose sur Total qui va en Birmanie, mais s’il n’y était pas allé, Shell, BP, Petrobras ou les chinois y feraient leur beurre à notre place.

                      Un bon commerçant ne fait pas de politique. C’est d’autant plus valable que plus la population d’un pays sous dictature jouit d’un meilleur cadre de vie, plus elle est enclin à renverser ses dictateurs.

                      C’est cela, la vraie Lutte Finale ! (^^)

                    • Richard Schneider Richard Schneider 25 juin 2013 19:32

                      Bonsoir l’auteur,

                      J’attendais avec curiosité la suite de votre « tranche de vie ». Je n’ai pas été déçu. Ce que vous avez bien réussi dans vos deux articles, c’est d’avoir bien reconstitué « l’atmosphère » qui régnait à l’époque dans les quartiers populaires.
                      J’ai sauvegardé vos deux textes.
                      Encore mes félicitations.

                      Bonne fin d’après-midi,
                      RS

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