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Haïlé Sélassié Ier : l’ascension et la chute tragique de l’élu de Dieu

L'histoire d'Haïlé Sélassié Ier, dernier empereur d'Éthiopie, est marquée par des moments de grandeur et des évènements tragiques. Son règne, qui a débuté en 1930, a été à la fois une période de modernisation et de lutte contre l'oppression colonialiste occidentale. Néanmoins, la chute de ce monarque emblématique, en 1974, et les circonstances de sa mort soulèvent des questions sur le pouvoir, la résistance et le culte de la personnalité.

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Les origines de la dynastie salomonide

La dynastie salomonide (ou salomonienne), à laquelle appartenait Haïlé Sélassié Ier, trouve ses racines dans la Bible selon laquelle le roi Salomon d'Israël et la reine Makeda de Saba auraient eu un enfant, Ménélik Ier, qui serait devenu le premier empereur d'Éthiopie. Cette lignée a régné sur le pays pendant près de trois millénaires, faisant de l'Éthiopie l'une des plus anciennes civilisations chrétiennes au monde. La dynastie salomonide a joué un rôle crucial dans la préservation de l'identité éthiopienne face aux invasions étrangères et aux influences coloniales.

 

 

Au cours des siècles, les empereurs salomonides ont consolidé leur pouvoir en intégrant des éléments de la culture chrétienne orthodoxe et en établissant des relations diplomatiques avec d'autres nations. Haïlé Sélassié Ier a hérité de cette riche tradition lorsqu'il est monté sur le trône impérial en 1930, devenant ainsi le Roi des rois, le lion conquérant de la tribu de Juda, le défenseur de la foi chrétienne, la force de la Trinité et l'élu de Dieu. Son règne a été marqué par des efforts de modernisation, notamment la création d'institutions éducatives et la promotion des droits civiques, mais aussi par des défis, tels que l'invasion italienne en 1935, menée par Benito Mussolini.

 

 

Dans un coup de force qui a marqué les esprits, le roi Victor-Emmanuel III d'Italie s'empare de la couronne éthiopienne en 1936. L’empereur Haïlé Sélassié Ier est contraint à l'exil, et l'Italie fasciste impose sa domination sur ce pays d'Afrique tant convoité. Ce changement brutal de pouvoir, loin de mettre fin aux troubles, ne fait qu'attiser les tensions internationales et précipite l'Éthiopie dans une période sombre de son histoire.

 

 <br>Condizioni d'uso: <a class='link-esterno' href='https://docs.italia.it/italia/icdp/icdp-pnd-circolazione-riuso-docs/it/v1.0-giugno-2022/testo-etichetta-BCS.html' target='_bcs'>Beni Culturali Standard (BCS)</a>
 

L'invasion italienne a été un tournant majeur pour Sélassié et pour l'Éthiopie. Malgré la résistance acharnée des Éthiopiens, le pays a été occupé jusqu'en 1941. Sélassié a passé une partie de cette période en exil, mais son retour triomphal a été célébré par de nombreux Éthiopiens comme un symbole de la résilience nationale. Cependant, les défis économiques et politiques auxquels il a été confronté après la guerre ont mis à l'épreuve sa capacité à gouverner.

Le culte de la personnalité et son impact

Au fil des ans, Haïlé Sélassié Ier est devenu une figure emblématique, non seulement en Éthiopie, mais aussi à l'étranger, notamment en Jamaïque, où il a été élevé au rang de symbole de la lutte pour les droits des Noirs. Le mouvement rastafari, qui a émergé dans les années 1930, a vu en lui le Messie et un leader spirituel. Les rastafaris croyaient que le Roi des rois incarnait la promesse d'un retour à l'Afrique et d'une libération des souffrances de la diaspora africaine. Il était, selon les rastafaris, le dirigeant légal de toute la Terre car il avait été envoyé par Dieu. Ce mouvement religieux existe toujours en Jamaïque. 

 

hiphopweedbitches:
“ First picture of Jesus created and Haile Selassie.
”
Haile Selassie: I love King Selassie, I love King Selassie I…
Please support original sources at all cost.
JAH BLESS ONE AND ALL
 

Ce culte de la personnalité a eu des répercussions profondes sur la perception d’Haïlé Sélassié Ier, tant en Éthiopie qu'à l'international. En Jamaïque, des chants et des poèmes ont été écrits en son honneur, et son image est devenue un symbole de fierté et de résistance. Cependant, cette vénération a également eu ses revers. En Éthiopie, le régime du Négus a été critiqué pour son autoritarisme et son incapacité à répondre aux besoins de la population, ce qui a conduit à des tensions croissantes.

La popularité de d’Haïlé Sélassié Ier a commencé à s'effriter sérieusement dans les années 1960 et 1970, alors que les mouvements de gauche et les revendications sociales prenaient de l'ampleur. Les inégalités économiques et la répression politique ont alimenté le mécontentement populaire, et la figure autrefois vénérée de l'empereur a commencé à être remise en question. Les manifestations et les grèves se sont multipliées, et la pression sur le régime s'est intensifiée.

La chute et la mort d'Haïlé Sélassié

En 1974, la situation en Éthiopie a atteint un point de rupture. Le mécontentement populaire, exacerbé par la famine et la corruption au sein du gouvernement, a conduit à une série de manifestations massives. Le 12 septembre 1974, l'armée éthiopienne a renversé le régime de Sélassié, mettant fin à près de 44 ans de règne. L'empereur a été arrêté et placé en détention, marquant le début de la période la plus tragique et la plus sanglante de toute l'histoire de l'Éthiopie.

 

 

Les circonstances entourant la mort d'Haïlé Sélassié Ier restent floues et controversées. Officiellement, il est décédé des suites d'une défaillance circulatoire le 27 août 1975, mais de nombreux témoignages suggèrent qu'il a été assassiné par ses geôliers, étouffé avec un oreiller. Les détails de sa mort ont été entourés de mystère, et des enquêtes ultérieures ont révélé des informations troublantes sur les conditions particulièrement difficiles de sa détention. 

 

 

Juste après son assassinat, le corps d'Haïlé Sélassié Ier n'a pas été enterré de manière traditionnelle. Il a été dissimulé dans les soubassements des toilettes du palais impérial, sur ordre du dictateur marxiste Mengistu Haïlé Mariam, surnommé le "Négus rouge", responsable de la mort de dizaines de milliers de personnes, entre 1974 et 1991. Il vit toujours en exil au Zimbabwe.

Il a fallu attendre 1992, soit 17 ans après sa mort, pour que le corps de l'élu de Dieu soit retrouvé et exhumé. C'est en 2000 qu'il a finalement reçu des funérailles officielles et a été inhumé dans un lieu beaucoup plus digne : la cathédrale de la Sainte-Trinité d'Addis-Abeba. C'est dans cette même cathédrale que reposent d'autres membres de la famille impériale, comme l'impératrice Menen Asfaw, son épouse décédée en 1962..

 

 


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15 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 25 novembre 2024 16:03

    On pleure sur le Shah d’Iran, le Négus . . .

    Franco, reviens, ils sont devenus fous !  smiley


    • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 25 novembre 2024 16:24

      @Gégène

      J’ai toujours apprécié le dernier shah d’Iran et l’empereur Haïlé Sélassié Ier. J’ai été triste lorsque le premier a été renversé par le régime islamique des mollahs, en 1979, et lorsque le deuxième a été assassiné par les hommes du dictateur marxiste Mengistu, en 1974.

      Vous avez oublié le pape Pie XII, que j’apprécie beaucoup également. L’histoire a été très injuste avec lui.


    • agent ananas agent ananas 25 novembre 2024 16:32

      @Gégène

      Pour compléter la trilogie je parie que l’auteur va nous pondre un article sur le roi Norodom Sihanouk, dont il aurait été le conseiller ...


    • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 25 novembre 2024 16:44

      @Gégène

      Raté ! Je viens de terminer un article sur Pol Pot et les 2 millions de morts du génocide cambodgien, victimes du communisme.


    • agent ananas agent ananas 25 novembre 2024 16:56

      @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

      Au plaisir de le lire ...


    • agent ananas agent ananas 25 novembre 2024 16:43

      Quelle coïncidence.

      Hier j’ai mangé le traditionnel Sunday Roast au Abbey Hotel à Malvern, qui fût le lieu de résidence d’Haile Selassie pendant son exil.

      La ville de Malvern est située sur les hauteurs et n’a pas subie les inondations qui ont affecté les West Midlands ce week-end. 


      • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 25 novembre 2024 17:01

        @agent ananas

        Effectivement, c’est un curieux hasard. Malvern est une très belle ville anglaise qui fut autrefois très appréciée par les têtes couronnées du monde entier.


      • Seth 25 novembre 2024 18:50

        @agent ananas

        Il est vrai que pour manger un roast dinner il vaut mieux aller à l’hôtel que l’attendre des particuliers bien que ce soit une hérésie, c’est un peu passé de mode chez M. Toulemonde et c’est bien dommage..

        Parce que c’est délicieux. smiley


      • agent ananas agent ananas 27 novembre 2024 03:03

        @Seth

        Indeed ... if you like Yorkshire pudding and gravy over your steamed veggies !


      • microf 26 novembre 2024 13:49

        La Prière du Magnificat s´applique bien á l´Empereur HAILÉ SÉLASSIÉ

        Le pouvoir a été donné á l´Empereur et, il en a abusé, le reste...se trouve dans cette partie de la Prière du Magnificat.

        « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
        Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
        Il comble de biens les affamés,
        renvoie les riches les mains vides. »


        Qu´il dorme en Paix.



        • cevennevive cevennevive 26 novembre 2024 15:10

          Bonjour Guiseppe,

          A la lecture de votre article, j’ai relu, depuis hier, l’admirable « vers les terres hostiles de l’Ethiopie » de Henry de Monfreid, dont les nombreuses oeuvres prennent au moins deux rayons de ma bibliothèque.

          Mais Henry de Monfreid a eu, dans sa longue vie, une certaine « odeur de soufre » auprès des « bien pensants » malheureusement.

          Pourtant, il fut fait prisonnier par les Anglais, justement dans cette Ethiopie qu’il aimait, et où il a vécu de nombreuses années. Il fut amené dans le camps Zonderwater dont il parle dans l’une de ses oeuvres.

          Pour la petite histoire (personnelle), le père de mon compagnon, Sicilien, fut lui aussi prisonnier dans ce camps...


          • cevennevive cevennevive 26 novembre 2024 15:20

            Honte sur moi, pardon ! « Camp » sans « s » bien sûr.


          • agent ananas agent ananas 27 novembre 2024 04:21

            @cevennevive

            Ah Monfreid, dont je dévorais les aventures adolescent. Il m’a avec Conrad, Kipling, Burton, Kessel, Malraux et Alexandra David-Néel, donné le goût du voyage et de l’aventure. En conséquence (?) j’ai passé la moitié de ma vie en Asie.
            Cela me rappelle un passage dans « Gates of Ivory » de Margareth Drabble : Beware what you read when young. Beware what you feed upon. It may bring you to this shore, this brink, this bridge.
            Bref, la lecture a eu une grande influence sur ma destinée ...
            Aujourd’hui les jeunes générations rivés à leurs écrans ne lisent plus. Quel est leur destinée ?


          • agent ananas agent ananas 27 novembre 2024 04:44

            @agent ananas

            Oups ! ... « Quelle »


          • cevennevive cevennevive 27 novembre 2024 07:28

            @agent ananas, salut !

            Je vois que nous avons eu les mêmes lectures !
            C’est si rare aujourd’hui de rencontrer quelqu’un qui connaisse Alexandra David-Neel, Henry de Monfreid et tous ces voyageurs bien différents des touristes modernes (rire) !!!

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