Haribo, no beau
Pas beau, Haribo ! Prise la main dans le sac de bonbons. On n’est pas loin de l’offense aux grands singes. Parce que, des masques ethniques au bestiaire amoureux, il n’y a qu’un jet de flèche, surtout quand on imagine le degré de parenté entre ces singes lubriques et nous.
Imaginons que la fabrique de pâtes sucrées écoeurantes vende un assortiment avec des Guillaume Tell scarlatinés, un Hollandais volant virant à l’orange, un Don Quixote de la Mancha au teint gris, un lièvre sacré Nanabozo enrobé de poils en barbapapa et quelques Walkyries saupoudrées de sucre blond : ce serait une offense aux pays et races représentées.
Dans la droite ligne de haute correctitude moderne, Haribo a retiré de la vente en Suède et Norvège les bonbons au réglisse (cliquer sur les images pour agrandir). Pourquoi ? Le Monde du 17 janvier relaie une dépêche de l'AFP et en donne la raison :
« ... Le fabricant de bonbons a annoncé, vendredi 17 janvier, qu'il arrêtait la vente en Suède et au Danemark de bonbons à la réglisse que certains clients de la marque trouvaient racistes. (...)
Haribo a dit tenir compte de critiques qu'ont exprimées des internautes ces dernières semaines. « Nous avons estimé que nous pouvions garder ce produit et en retirer les parties que certains consommateurs ont jugées offensantes », a expliqué à l'AFP le directeur de Haribo Suède, Ola Dagliden.
Ces bonbons avaient la forme de masques ou de représentations du visage rappelant l'art primitif africain, asiatique et amérindien. Ils montraient ce que pouvait rapporter chez lui « un marin qui aurait fait le tour du monde » ... »
Dans cette logique supposée anti-raciste il faudrait considérer comme une offense aux européens les Saint-Nicolas en pain d’épice.
La ligue mondiale des monstres pourrait également dénoncer l’affront qui leur est fait avec des bonbons à la connotation monstrophobe évidente.
Il faudrait aussi retirer de la circulation toutes les versions de la chanson Noir c’est noir, brûler devant le totem du Grand Manitou le livre « Le (peau) rouge et le noir » de Stendhal, interdire « Les dix petits nègres » d’Agatha Christie, le film de Claude Lalande « Le sorcier blanc », et bien entendu expurger du marché des alcools la Fée verte, entre autres offenses stupéfiantes.
Moi-même, au nom des habitants de Crocodile River, je demande que cesse l’exploitation éhontée des alligators et autres sauriens. Quant à Playmobil, on atteint le sommet du crime contre l’humanité.
Et si vous découvrez une huile d’olive avec une belle brune sur l'étiquette, laissez-la en rayon : vous ne voudriez quand-même pas terminer vos commissions au commissariat sous l'accusation de cunnilingus abusif par goulot de bouteille interposé ?
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