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Accueil du site > Tribune Libre > Harvey, la tempête « paresseuse »

Harvey, la tempête « paresseuse »

Si la situation est rare dans le cas d’un ouragan elle n’est pas totalement inédite. Car malgré leur puissance endogène ces éléphants météorologiques dépendent des circonstances extérieures. Ici, d’un vaste anticyclone qui le bloque sur place.

Bloqué

On peut se demander pourquoi cet ouragan, rapidement rétrogradé de force 4 à tempête tropicale, fait tant de dégâts au Texas. D’abord, une tempête tropicale n’est pas un simple grain. C’est une vraie tempête avec ses vents violents et ses masses d’eau dans le ciel. Rappelons-nous celles qui ont traversé la France et d’autres pays européens depuis une vingtaine d’années.

Cette tempête a été suivie depuis l’Afrique de l’ouest. Elles ne donnait pas de signe inquiétant jusqu’à la traversée du Golfe du Mexique. Là, elle s’est rapidement transformée en ouragan de force 4 avant d’atterrir entre Corpus Christi et Rockwall.

Selon le prévisionniste de Météo France Olivier Proust :

« En 2001, par exemple, la tempête tropicale Allison est elle aussi arrivée sur le Texas où elle a stagné, avant de remonter vers le nord puis de redescendre à nouveau. Mais, comme elle était à l’intérieur des terres, Allison s’est retrouvée « affamée », ne pouvant s’alimenter au-dessus des eaux chaudes du golfe du Mexique. »

Harvey est un centre d’une conjonction particulière qui explique ses ravages. D’une part il est bloqué par un anticyclone centré sur l’ouest américain. Cet anticyclone génère une situation stable dépourvue de vents. Harvey ne bouge quasiment pas – à peine 4 km/h. Il se situe présentement sur la région de Houston.

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De plus il va et vient sur la même région. Après être entré en partie sur les terres et monté vers le nord il est revenu avec la côte, qu’il longe paresseusement depuis. Aujourd’hui il déverse ses trombes sur Houston.

Enfin, par sa position encore en partie sur la mer, il continue à être alimenté en humidité. Ce qui tombe est remplacé par ce qui vient du Golfe. Harvey fonctionne comme une pompe, une pompe qui amène en continu des masses d’eau sur les terres. Imaginons une averse lors d’un très gros orage. C’est un rideau de pluie. Elle dure moins d’une heure. Au Texas cette sorte d’averse extrêmement intense tombe depuis cinq jours.

Le coeur d’Harvey, la pression la plus basse atteinte par le météore, est de 938 hPa et la vitesse de ses vents à l’atterrissage mesurée à 235 km/h. En comparaison, Wilma en 2005 a fait un creux barométrique à 882 hPa, et Gilbert en 1988 un creux à 888 hPa.

« Le record de la vitesse du vent enregistré au sol a été dans le cyclone Wilma, le 19/10/2005 avec des vents à 330 km/h. Puis le 2ème est le cyclone Gilbert avec 320 km/h et une pression atmosphérique de 888 hPa en 1988 suivit de Allen en 1980 en Mer des Caraïbes avec des vents estimés à 305 km/h puis de Camille en 1969 dans le Golfe du Mexique. »

La presse a dramatisé à l’extrême l’arrivée de Harvey. C’est plutôt une bonne chose pour avertir les habitants et les inciter à se protéger. Mais c’est aussi une déformation de l’information. Tous les qualificatifs tournent autour d’un événement exceptionnel, le plus fort depuis Katrina.

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La référence à Katrina est évidemment destinée à faire peur en faisant mémoire. Pourtant Katrina était un ouragan moins puissant que Wilma la même année. Mais Wilma n’ayant pas fait autant de dégâts que Katrina c’est celui-ci qui sert de référence.

De plus on sent que les médias ont une vraie envie d’en rajouter. Et, de manière subliminale ou explicitement, ils évoquent le réchauffement climatique. Or, détail intéressant, au moins deux météorologues relativisent cette question :

« Le lien avec le réchauffement climatique n’est pas directement fait à l’occasion de cette tempête. En revanche, s’il ne faut pas forcément s’attendre à davantage de phénomènes cycloniques dans le futur, les cyclones devraient être potentiellement plus puissants, notamment au niveau des précipitations. »

Ici les raisons de ces pluies d’une intensité rare est leur durée, pour les raisons citées précédemment. Il reste que les informations diffusées par les médias restent superlatives. Hayan aux Philippines avait été considéré comme l’ouragan le plus puissant de l’histoire (connue). Il ne l’était pas.

Patricia, le super-ouragan qui a touché le Mexique en 2015, devait être un monstre : il s’est dégonflé à peine atterri sur la côte. Comme Harvey samedi dernier.

Toute information sur les ouragans passe aujourd’hui par une sur-dramatisation. Et l’on ne peut guère étudier et décrire les ouragans comme tels, pour eux-mêmes : en arrière-plan il y a toujours un lien causal attribué au réchauffement climatique.

Ce qui n’est pas démontré.

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Et nous ?

Le président Donald Trump s’est rendu dans la région de Houston, montrant sa différence d’avec les précédents présidents et son attention à la situation de ses concitoyens.

Sur l’image 3 copiée du site earth, on voit trois zones dépressionnaires majeures sur une ligne inclinée. À gauche, dans le Golfe du Mexique, c’est Harvey. Au milieu, au large de la côte est des États-Unis, c’est la tempête tropicale Ten. Enfin au milieu de l’Atlantique une grosse dépression engendre des vents de plus de 80 km/h.

Nous ne connaissons pas d’ouragans en Europe. Nos dépressions sont plus raisonnables. Celle située actuellement au large de l’Islande, couplée à l’anticyclone des Açores, va modifier les mouvements de l’atmosphère. Un couloir se forme : pas de tempête en vue mais un changement radical de masse d’air.

Sur l’image 4 on voit une masse nuageuse venant d’Espagne et montant vers le nord avec de l’air très chaud. Au nord-ouest un front froid ondule et se rapproche de nous. Une zone plus fraîche venue du nord-ouest devrait remplacer les masses chaudes du sud. Le thermomètre pourrait chuter fortement. Nous devrions perdre entre dix et quinze degrés d’ici à samedi.

Un gros coup sur la tête de l’été !

 

Image 1 : Houston inondé ; 2 : La Nouvelle Orléans après Katrina ; 3 : earth ; 4 : infoclimat.fr.


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9 réactions à cet article    


  • ricoxy ricoxy 30 août 2017 13:55

     
    Pour les Étazuniens, tant nourris de la Bible, voilà qui doit étrangement leur rappeller le mythe du Déluge. Et puis, Donald Trump dans le rôle de Noé, ce n’est pas mal non plus.
     


    • sls0 sls0 30 août 2017 17:10

      Je suis sur la route des cyclones.

      Chez moi le max des dégâts et des morts c’est une tempête tropicale.
      Le danger c’est la flotte pluie, onde de tempête et vagues.
      Un autre danger c’est la pauvreté, 93% des victimes sont pauvres.
      Le vent n’est pas le principal problème, si médiatiquement parler de catégorie ça impressionne, c’est pas trop ça qu’il faut regarder.
      Harvey c’est le 14/08 que j’avais vu les conditions idéales pour sa naissance, sur un autre forum on se fait des paris pour les barbecues qui tombent à l’eau. On raisonne en probabilités.

      Le relief et la bathymétrie de la cote US n’est vraiment pas prévue pour les cyclones, ils sont pas aidés. Par contre depuis Katerina, toute leurs cotes sont mesurées, calculées. Au niveau alerte il sont au top maintenant.

      Chez moi 3 jours sans électricité ça arrive sans cyclone, les problèmes US sont aussi des problèmes de pays technologiquement dépendants. Un américain fait en moyenne 45 km par semaine pour faire ses courses, ici c’est un ou deux.
      Les parades aux coupures d’électricité c’est très courant chez moi, pas aux USA.

      Pas trop puissant Harvey mais comme il reste sur place bonjour les dégâts.
      Impressionantes les pluies de cyclone, on a intérêt à bien serrer la ceinture du pantalon sinon il se retrouve sur les chevilles.
      Hors vents violents chez moi c’est assez festif, tout les mioches profitent que les rues sont transformées en toboggans aquatiques.
      Les adultes ne sont pas en reste, la rivière qui passe chez moi sont débit passe de 1,5 mètre cube par seconde à 1200-1400, sacré spectacle. C’est aussi du Tshirt mouillé à grande échelle, joli spectacle aussi.
      Après c’est le nettoyage qui est moins festif.
      Chez moi du cyclone et pluies violentes c’est connu, les maisons sont toutes surélevés par rapport à la rue et les caniveaux si on y met une roue on sort le cric.





      • Xenozoid 30 août 2017 17:18

        @sls0


        le verre d’eau,

        d’un autre coté je ne pense pas que les mecs devant la télé soit vraiment interressés sur ce qui se passe chez les pinguins....clin d’oeil
        ils préferent les histoire de riches

      • sls0 sls0 30 août 2017 18:14

        @Xenozoid
        Vivre dans un pays riche très dépendant de la technologie rend les gens moins résilients.

        Le système d’alerte s’améliore chez moi c’est un sacré plus.
        C’est pour les crues et glissements de terrains.
        Reste quelques lacunes coté mer. La bathymétrie et le relief ne se prête pas trop aux dégâts, le peu de sensible ça va vite à calculer et j’ai des potes à la protection civile.
        A coté à Haïti, j’avais calculé les hauteurs dangereuses lors du dernier cyclone qui est passé chez eux, j’en avais parlé chez moi sans plus.
        Quand j’ai appris qu’il y a des endroits où il n’étaient même pas prévenus de l’arrivée du cyclone et où il y a eu des victimes, je me suis senti mal.
        C’est pour cela que je piste assez tôt maintenant, ici un mail avec les calculs à la protection civile c’est rapide. Pour Haïti c’est différent, il faut compter avec le temps d’information.
        C’est surtout le NOAA qui alerte, mais ils s’intéressent plus aux USA ce qui est normal. Il sert de base pour chez moi et Haïti.
        Les alertes peuvent être tardives si les USA ne sont pas concernés et non relayées du coté Haïtien.

        Cela dit, 60% de probabilités d’un dépression topicale qui risque de se développer pour arriver dans le coin aux environ du 7/09, à pister.
        4 ans que j’ai installé des pluviomètres dans des écoles dans la sierra, 4 ans que j’attends pour contrôler la modélisation du bassin versant de la rivière qui passe chez moi, je l’attends la bonne douche. Pas inintéressant de savoir l’heure d’arrivée et la hateur d’une crue une demi journée à l’avance. Pour vider une maison de pauvre ça prend 10-15 minutes, sans stress c’est plus cool.

      • Xenozoid 30 août 2017 18:25

        @sls0

        tu m’invites ? je m’enmerde ici au pays bas

      • sls0 sls0 31 août 2017 01:05

        @Xenozoid
        Quand on s’emmerde dans un pays c’est assez reproductible dans d’autres.

        Le peu que j’allais en Hollande et à Anvers c’était assez trépidant voir trop pour mon âge.
        La lecture de Bob Morane a peut être trop influencé ma vie, « chez moi » j’ai assez difficile à visualiser. Je suis assez formaté pour l’aiĺleurs.
        Ailleurs c’est pas mieux c’est différent, il y a des différences qui plaisent aux uns et pas aux autres.
        J’ai un profil « ONG », j’aime la vie simple et j’ai des connaissances qui sont utiles localement, ça plus les cyclones et les tremblements de terre fait que je suis ici. Je n’attends rien des autres mais les autres attendent de moi, c’est très confortable comme vie. Je dis toujours si on est pas utile il ne reste qu’à crever, ici je suis utile, survie basique.
        Ses origines on oublie pas, je suis flamand mais très métissé.
        Mon passeport est français.
        On est hors sujet au fait.

      • Christian Labrune Christian Labrune 31 août 2017 10:26

        en arrière-plan il y a toujours un lien causal attribué au réchauffement climatique.

        Et pourtant, il faut bien qu’il existe, ce réchauffement climatique, même si d’année en année, je fais de moins en moins tourner un climatiseur qui était pourtant devenu indispensable au début de ce troisième millénaire. Du Xe au XIVe siècle, il y aura eu ce qu’on appelle l’optimum climatique médiéval : l’Europe s’était considérablement réchauffée, au point que la culture de la vigne avait pu s’étendre jusqu’au sud de l’Angleterre. Ce réchauffement devait nécessairement avoir les mêmes causes que l’actuel. Les historiens nous cachent probablement bien des choses, et en particulier qu’à l’époque les centrales thermiques étaient plus nombreuses et qu’il y avait beaucoup plus d’automobiles et de fumeurs de cigares. Il ne manque pas d’experts à l’UNESCO, habiles dans reconstruction de l’histoire, qui pourraient rétablir une vérité historique plus conforme à nos besoins idéologiques actuels.
        Aux environs du XVe siècle, vers la fin de la guerre de cent ans, un génial ministre en tout comparable à notre actuel M. Hulot et dont les historiens font semblant d’avoir perdu la trace a dû imposer des mesures particulièrement drastiques : remplacement des automobiles par les chaises à porteurs et les carrosses, interdiction du chauffage urbain et de l’aviation. Il y était allé un peu trop fort puisqu’à Versailles deux siècles plus tard, sur la table de Louis-le-Grand, certains hivers, le pinard gelait dans les carafes. C’est ce qu’on appelle encore le « petit âge glaciaire ».
        Je n’ai plus qu’un cigare ; malgré le CO2 qu’il ne va pas manquer de produire, je sens que je vais quand même l’allumer. Après nous le déluge !


        • baldis30 31 août 2017 19:19

          bonsoir,

          les cyclones ont toujours existé, et ceux qui ont atterri sur la côte texane avec la même intensité sont certainement très nombreux sans remonter plus loin que les archives U.S. le permettent ...

          Donc au sens de la définition du risque telle qu’elle est donnée dans (1) c’était prévisible .... en d’autres termes cela s’est produit cela se reproduira.....

          Ensuite toujours au même sens de la définition du risque il a été effectivement correctement annoncé donc la prédiction a été correcte,....

          Et alors ... alors depuis longtemps on n’a rien fait .... autrement dit en matière de prévention on n’a pas fait grand’ chose

           C’est ainsi aussi qu’on a laissé s’implanter tout et n’importe quoi n’importe où ... des routes, des usines chimiques, des aménagements qui oblitèrent les cours d’eau ou les évacuations, j’en passe et des meilleures ... Là ce ne sont plus les éléments naturels qui sont en cause mais le problème de l’administration ... et c’est connu et même bien connu puisque l’Encyclopédie dit :

          « Pour qu’un accident soit un cas fortuit il faut qu’il ne soit jamais arrivé dans une circonstance semblable » 

          et le même ouvrage du milieu du XVIIIème siècle n’hésite pas à compléter en cas de renouvellement par

           «  il cesse d’être imprévoyable aux yeux d’un administration chargée de le prévenir » ....

          très clair !

          Evidemment dans le cas américain est encore plus pédagogique lorsqu’on a lu l’article qu’un philosophe canadien J.D. Bishop a écrit il y a une trentaine d’années sur le thème de la responsabilité des dirigeants de société dans les catastrophes, en s’dressant bien sûr plus à des dirigeants d’entreprises qu’à des élus : cet article a été traduit (2) en français par la même personne qui a écrit le (1)... je ne reviendrais pas sur ce qui est écrit car cela renvoie naturellement les responsabilités autres que naturelles pas exceptionnelles aux carences administratives américaines comme aux incompétences notoires de dirigeants d’entreprises ou d’élus ...

          meuh non cela ne se peut pas en France .... meuh non ..... comme diront les vaches lorsqu’elles verront un car « macron » au fond d’un ravin ou dans trois mètres d’eau ...

           Et on nous promet une sensibilisation aux orages cévenols ... je sens que je vais fortement rigoler

          (1) sur la définition du risque La Houille Blanche n° 2/2001

          (2) La responsabilité des dirigeants de société dans les catastrophes ( Préventique mars-avril 1992)


          • baldis30 1er septembre 2017 09:26

            bonjour,

            bien que cela paraisse un peu hors sujet l’ouragan Harvey montre une fois de plus l’utilisation abusive de moyens d’information : le site Futura mentionne que les photos des zones inondées

            http://www.futura-sciences.com/planete/actualites/climatologie-ouragan-harvey-inondations-vues-satellite-68410/

            ont été faites avec la technologie SAR ... autrement dit Synthetic Aperture Radar ! En somme un marteau-pilon pour écraser une mouche vue la puissance ( et le coût bien sûr) du procédé !

            J’ai déjà vu une telle anomalie en France lors des inondations de l’Aude en Novembre 1999 avec une telle investigation SAR ! Que voulait-on ? Enregistrer les vaguelettes de quelques centimètres sur l’étang de Marseillette ? La où de simples photos satellites suffisent très largement on gaspille temps de disponibilité et argent ....

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