Haumont ou une catastrophe ordinaire
Un millier de logements ont été endommagés à des degrés divers par la tornade qui a touché les communes de Hautmont, Maubeuge, Neuf-Mesnil et Boussières-sur-Sambre (Nord) dans la nuit du 3 au 4 août 2008, faisant 3 morts et 18 blessés.
Plus d’un millier de logements au total ont été endommagés à des degrés divers par la tornade. Deux cents logements sont complètement inhabitables à Hautmont, 34 à Maubeuge, 10 à Neuf-Mesnil. A Boussières-sur-Sambre, 37 logements ont été touchés, dont quelques-uns sont inhabitables.
Dès le 4 août, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, s’est rendue sur place pour une visite éclair d’Haumont, elle avoue avoir « rarement vu une situation de ce type, en dehors des situations de guerre. On a l’impression que des bombes sont tombées. »
Elle décide généreusement d’un déblocage de 300 000 € « pour les personnes qui ont tout perdu aujourd’hui » (avec mille logements touchés cela fait donc 300 € par logement...).
Cela fait bien peu pour diminuer le désespoir des plus modestes qui est immense. Travailleurs précaires, chômeurs, Rmistes, retraités ont perdu le peu qu’ils possédaient. Un septuagénaire dont la maison était détruite s’est même suicidé.
Dans les maisons où l’on continue à trier, à sauver ce qui peut l’être, même infime, et à évacuer les gravats qui proviennent souvent de la maison d’à côté ou de plus loin, les familles attendent avec angoisse le passage de l’assureur. Pour beaucoup c’est de lui que dépend l’avenir. Et puis, il y a ceux qui sont mal assurés ou ne le sont pas, faute d’argent, à cause du chômage et de la maladie. Eux ne se voient plus d’avenir du tout et la colère commence à poindre face à l’incurie de l’Etat pour mettre en place les secours.
Ce n’est que le 8 août, que Christine Boutin, la ministre du Logement, s’est rendue sur les lieux pour annoncer le déblocage de 3 millions d’euros pour des mobil-homes en attendant que les maisons soient reconstruites ou réhabilitées. Dans la gadoue, ce n’est pas l’annonce, par la ministre, de la remise grâcieuse des taxes d’habitation et foncière et d’un suivi particulier des commissions de surendettement qui a pansé les plaies des plus modestes.
Au-delà des visites médiatiques de ministres, il aura fallu quatre jours au gouvernement pour se décider à engager une procédure de catastrophe naturelle au bénéfice des quatre communes touchées alors que les dégâts sont estimés à 40 millions d’euros par les assureurs (source AFA).
Finalement, il faudra attendre une semaine pour voir l’envoi de trois unités de l’armée française pour déblayer les gravats.
Heureusement, la solidarité n’est pas un vain mot dans le Nord et les élus locaux, les particuliers, les artisans et, une fois n’est pas coutume, les grandes enseignes ont été plus prompts à réagir : les offres de soutien, les dons affluent à la mairie de Haumont, où un local a été ouvert pour accueillir « des couvertures, de la vaisselle, des produits d’hygiène et des vêtements, notamment pour bébés ».
Un match de football est programmé, le 6 septembre prochain, entre Valenciennes et Lens au profit des sinistrés ainsi qu’un concert au Zénith de Lille. Le comédien nordiste Dany Boon a accepté « sur le principe » de mettre sa notoriété au service des sinistrés.
Mais il n’est pas dans les habitudes des Ch’tis d’aller quémander des vêtements auprès des associations, même dans un tel cas et les bénévoles l’ont compris. Ils font du porte-à-porte pour atteindre les sinistrés et leur déposer au moins de l’alimentation.
Toute la solidarité ne peut exonérer l’État de ses responsabilités et deux sentiments s’entremêlent au lendemain de la catastrophe naturelle qui a touché notre département en ce début août : reconnaissance après le vaste élan de solidarité en faveur des victimes de la tornade, mais aussi fort mécontentement vis-à-vis de la lenteur de l’État à décréter l’état de catastrophe naturelle. D’autant que la tornade a durement touché une région économiquement défavorisée atteinte par les délocalisations et la désindustrialisation.
En tant que Nordiste de souche je m’interroge : pour le gouvernement, le Nord est-il bien un département français ou l’antichambre de la Wallonie ? Les circonstances auraient-elles été les mêmes si cette catastrophe avait frappé la région du Cap Nègre. Sans le succès du film Bienvenue chez les Ch’tis, l’élan de solidarité nationale aurait-il eu la même ampleur ?
Rien n’est moins sûr !
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