Histoire et futur de l’agriculture
Notre système agricole actuel existe depuis une fraction infime de l'histoire de l'humanité. Comprendre le passé de l'agriculture permet de mettre en perspective les différents systèmes de production. Et peut-être de résoudre certains problèmes environnementaux causés par l'agriculture intensive.
Au paléolithique, les homo-sapiens sont des chasseurs cueilleurs nomades. Ils se contentent de prélever les ressources trouvées dans leur environnement proche. Une fois celui-ci épuisé, ils se déplacent. La très faible densité de population et les regroupements en petites tribus permettent de ne pas épuiser les ressources. Contrairement à l'imaginaire collectif, à l'état sauvage, une forêt comporte de nombreuses clairières, est bien plus dense que les forêts actuelles, et est composée de nombreuses strates de végétations. On est loin de nos plantations de sapins au sol immaculé et sombre. La forêt est riche en biodiversité, les hommes y puisent une nourriture variée.
Vers -12 000 avant J.C., l'agriculture est inventée. Cette agriculture utilise principalement des plantes annuelles comme les céréales, oignons, poireaux, légumineuses ... Ces aliments sont beaucoup plus facilement stockable et apportent bien plus de calories que la glane dans les bois. Le problème commun aux annuelles c'est qu'elles ont besoin de soleil. Pour leur fournir cette lumière, les premiers agriculteurs pratiquent la culture sur brûlis. On met le feu à un morceau de forêt, les nutriments se retrouvent au sol, et pendant 3-4 ans on peut cultiver dans une terre riche. Puis on laisse le terrain en friche. 30 ans après, la forêt a repris ces droits, le sol est de nouveau fertile, on peut recommencer un cycle.
Plus de sécurité alimentaire, plus de calories, la population, auparavant stable, augmente. Les rotations qui étaient de 30 ans ne sont plus que de 20 ans, 10 ans pour satisfaire l'appétit croissant des hommes. Les sols s'épuisent. L'élevage permet de tirer profit de ces zones dégradées.
Pendant l'antiquité, les choses s'organisent. On définit 3 types de territoires.
- L'ager, les champs. Des espaces ouverts et ensoleillés, cultivés intensivement en polycultures pour l'homme uniquement. Les nutriments de cette zone s'épuisent vite, c'est pour cela que les hommes mettent en place ...
- Le saltus, mélange de prairies, vergers, haies, zones humides, broussailles. Entretenues par les troupeaux, ces zones permettent la fertilité de l'ager, via la récolte des excréments des bêtes. Ils sont des corridors écologiques, source de fertilité, produisent noix et petits fruits, sont source de biodiversité. Ils produisent le petit bois de chauffage, n'ont besoin que de très peu d'entretien, luttent contre l'érosion,
- La silva. La forêt, zone sauvage ou exploitée pour le bois.
Avec l'ère industrielle, arrivent les engrais de synthèse et les grosses machines. Le saltus n'est plus nécessaire à la fertilité et est petit à petit grignoté par l'ager. Chaque région se spécialise là où elle est la meilleure. Les plaines deviennent des producteurs de grains, l'élevage se déplace en Bretagne, on nourrit le bétail avec du soja venant de l'autre bout de la planète et les champs avec des sous produits de l'industrie pétro-chimique. Le saltus se retrouve cantonné à quelques zones montagneuses et isolées.
Aujourd'hui, nous dénonçons chaque jour les méfaits de l'agriculture intensive. Nous sommes en pleine crise environnementale et cherchons des alternatives bio - écolo - respectueuses de l'environnement viables pour une population qui ne cesse d'exploser. Chaque année, c'est 82 000 hectares de terres agricoles qui disparaissent en France, coulés sous le béton ou simplement abandonnés car l'exploitation n'était plus viable économiquement. Produire plus, en utilisant moins de pesticides, moins de pétrole et moins d'espace, semble être une équation insoluble.
Ce que nous enseigne l'histoire pour le futur, c'est que le saltus semble être la solution la plus adaptée aux problèmes actuels. On peut appeler cela agroforesterie, agroécologie, permaculture, jardin-forêt, haies multi-étagées ou cultures pérennes, l'idée est là. Produire localement les nutriments dont les champs ont besoin, avec un minimum d'effort. Répartir les troupeaux au lieu de les concentrer au même endroit afin de diminuer l'empreinte carbone des transferts d'engrais et de pesticides. Multiplier les poly-cultures, plus productives que l'agriculture intensive mais plus compliquées à gérer. Morceller les champs, réduire les surfaces travaillées par chaque agriculteurs mais augmenter la productivité à l'hectare et la qualité. Ce qui signifie aussi augmenter le nombre d'agriculteurs.
Au final, cela signifie revenir au modèle de la petite ferme du début du 20ème siècle, en exploitant les récentes avancées de la recherche agronomique (cultures améliorées, techniques plus efficaces).
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