Hollande, la remontada ?
Aussi en perdition qu’une défense catalane face à une armada bavaroise, Lou Ravi de l’Elysée a enregistré hier dans un baromètre d’opinion une hausse…d’1 point. Le début de la fin de la fin ?
Bon, évidemment, vous me direz, il y a autant de sondages que de sondeurs, autant de côtes que de mesures, autant de bas que de baisses. Certaines le situent à 20 ou un peu plus, d’autres à 30 ou un peu plus, tous en tout cas le repèrent dans les profondeurs, dans les abysses, là où certains poissons survivent, s’adaptent, s’acclimatent, mais certains poissons seulement, guère d’hommes, guère de Président. Mais, quoiqu’il en soit, hier au soir, le site de Libération ouvrait par cet hosanna : « Hollande gagne 1 point ». Damned ! Fichtre ! Hourrah ! Un point, un coup de pédale pour le pédalo qui ne bougeait plus, qui avance, un peu, soudain, de quelques centimètres…1 point de pris au baromètre Paris Match. Comme quoi, un corrézien n’a jamais dit son dernier mot.
Trêve de plaisanterie, l’homme peut-il sérieusement remonter ? Peut-il se faire aimer à nouveau, retrouver la confiance pleine et entière des français, si oui comment ? En nommant Mélenchon premier ministre ? Ce serait se couper du PS, un suicide. Hollande, bonhomme, n’a pas la fibre suicidaire. En nommant Bayrou premier ministre ? Hollande, grand sens de l’humour, sait que les moins grosses sont les meilleures. En nommant Ayrault premier ministre ? Sic. En nommant Valérie T. rédactrice en chef de Libération ? En fait, la solution n’est pas dans le nomination, peut-être dans la dé-nomination. Supprimer des ministères, qui ne servent à rien, et il y en a. Ouvrir enfin le chantier de Notre Dame Des Landes, pour montrer que pédalo ou pas, il en a. Ouvrir le débat sur le droit de vote aux étrangers, pour prouver qu’il n’a pas peur de Marine. Mettre en place une dose de proportionnelle pour prouver qu’il n’a pas peur de Marine…Avouer que Manuel Valls est son sarko de substitution. Faire entrer Ségolène R au gouvernement…ou au comité de surveillance de Paris Match. Se lancer dans un nouveau régime. La rigueur doit être pour tous, non ? Loger Cécile Duflot dans un bureau. Visiter une usine à saucisses…non c’est déjà fait…nommer Claude Sérillon responsable de sa communication…bloquer le couloir de Frank Ribéry…c’est compliqué quand on y pense, remonter autant de buts de retard…en fait Hollande doit continuer sans doute sur le même tempo : lent, mou, apathique. Regarder passer les trains, ceux qui arrivent à l’heure, ceux qui calent, et puis basta. Continuer à promettre que la courbe du chômage s’inversera tôt ou tard, ça revient à parier que d’un nuage viendra la pluie. Commenter les mauvais chiffres, les tristes résultats, sans s’affoler. Attendre, pragmatique et faussement serein, mais serein quand même. Ne pas s’exciter, ne pas s’emballer, pour ne jamais laisser penser que l’ex est de retour.
C’est qu’il pèse, celui là, Sarkozy. Tout petit mais tellement envahissant. En 5 ans, l’agité de Neuilly a envoyé Chirac à la préhistoire, et Mitterrand aussi. Il a tout explosé, et aujourd’hui Hollande, lui, voudrait bien faire du chiraquisme, de la politique de papy, droit dans ses Geox, la main sur tous les culs de vache, le verre léger et la charcutaille abondante, la filouterie subtile, la république des combines et des officines, qui tousse un peu mais qui avance quand même, tant bien que mal. Chirac a étiré le système jusqu’à la rupture, Sarkozy ne pouvait que le briser, l’envoyer balader, sans style sauf celui de l’époque, un peu cru, un peu dru (tiens tiens) un peu vulgaire mais pas forcément inadapté. Et voilà que sur un mauvais coup de (sexe) sang d’un président du FMI promis au triomphe, Hollande débarque, malgré lui, ni préparé, ni entouré, ni bien conseillé. Un Président par défaut qui mène une politique par défaut, quoi de plus…normal quelque part. Quoi de plus logique ? Rien de ce qui se passe n’est une surprise, pour personne. Et Hollande est normalement impopulaire, le temps que chacun s’habitue. Et viendra un temps, inéluctable, où on finira par bien l’aimer, le petit gros, par le trouver attachant, finalement. Pas agressif du tout, pas castagneur. Bien poli, bien propre. Un peu rigide, oui, moins marrant qu’avant, c’est vrai, mais ça reviendra. Il connaît comme nous l’axiome des bouses à la fin de la foire. Des bouses, oui, parce qu’il ne s’agit que de cela, la politique et le pouvoir en ce moment, des bouses. Une foire. Et des gens qui comptent.
Alors, remontada, oui ou non ? Sans doute quand même, et pour une raison ultime et simple comme une danse d’outre Rhin : le match dure cinq ans, et dans cinq ans, Frank Ribéry sera consultant sur BeInSport, les qataris auront racheté l’Elysée, Edwy Plenel aura épousé Jean Michel Apathie. Ou pas.
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