Hollande vers un 2ème mandat, faut-il sauver le soldat Montebourg ?
Est-ce que le destin du soldat Montebourg vaut celui risqué par ceux qui tentent de le sauver ?
Etat du champ de bataille :
Après deux élections perdues et l’échec cuisant sur les deux objectifs principaux du gouvernement, à savoir le recul du chômage et la reprise de la croissance, la rupture idéologique ente François HOLLANDE, Manuel VALLS et Arnaud MONTEBOURG achève la gauche !
Au plan idéologique, l’éviction d’Arnaud MONTEBOURG révèle donc une fracture définitive avec l’orthodoxie sociale libérale à laquelle tout le gouvernement remanié et le Président semblent croire.
Simplement, à 2 ans ½ de la fin du quinquennat et un peu moins pour l’échéance éventuelle des primaires à gauche, tout sera fait pour fragiliser MONTEBOURG ce qui sera d’autant plus facile qu’il y contribue lui-même.
La feuille de route de HOLLANDE :
A marche forcée, il va falloir réduire les déficits, le chômage, les impôts et au pire … convaincre les français en 2017 que c’est presque fait même si cela ne se voit pas. En cas de difficulté, la vente d’un ou deux rafales, l’expédition d’un commando sur une cache désertée par des preneurs d’otages et la délivrance de l’un d’entre eux pourraient débloquer la situation.
Sans résultat, ce sera compliqué pour la gauche gouvernementale en 2017. Autant se débarrasser d’abord des adversaires potentiels à gauche et compter sur le pitoyable front républicain en cas de 2eme tour face au F.N.
MONTEBOURG out, il n’y a plus qu’à liquider le P.S. et faire semblant de gouverner…
Le gouvernement table sur une illusoire inversion de la courbe du chômage, voire une reprise. Elle sera magnifiée par Michel SAPIN et sa présentation habituelle en trompe l’œil. La campagne consistera à transformer un providentiel ralentissement de la « machine à écrabouiller » en succès politique.
Voilà pour l’un des décors possible en 2017. Cela se prépare évidemment. Comment ? Par la neutralisation d’Arnaud MONTEBOURG et du débat démocratique au sein du P.S. Entre la désapprobation polie demandée par CAMBADELIS à La Rochelle et le refus d’un Congrès exceptionnel, la maison P.S. est sous cloche.
Le programme social libéral de 2017 ? Sans doute la promesse de partager les miettes s’il y en a ! Des mesures à caractères démagogiques en cas de nécessité pourraient être prises. De plus la course aux strapontins pour une majorité élargie à tous les centres pourra servir l’ambition ultime de François HOLLANDE.
Un premier mandat pour faire des histoires et un deuxième pour entrer dans l’Histoire ?
Pourquoi imaginer cette fiction ? Parce que la gauche a implosé si facilement que sa disparition fait courir un risque réel à la démocratie et que ce qu’il en resterait pourrait servir de pôle de rassemblement en 2017. François Hollande serait candidat par défaut à gauche ! Sur les deux leaders opposés à gauche au social libéralisme ;
I. Arnaud MONTEBOURG, la chronique d’une disparition politique ?
Va-t-il conserver sa capacité à conduire l’action ? Non car s’il était audible en 2011, Il a fait depuis, le grand écart entre son appartenance au gouvernement du Président le plus détesté de la Ve et le centre de gravité de l’électorat de gauche.
De plus,Il a replié sa profession de foi en se tenant éloigné des militants fidèles à ses idées. Il est isolé !
Pas d’organisation structurée ; Sa bonne idée d’un mouvement ouvert au-delà du PS (DIDR) n’a pas prospéré. Le mouvement s’est enlisé dans des querelles de personnes et par son allégeance à la solidarité gouvernementale. Regrettable, on peut virer un Ministre, pas une Association… Confiné au brain storming dans les arrières salles de bistrot, le mouvement s’est délité.
Une erreur sur la conduite de sa carrière politique ? Sa véritable erreur n’aurait-elle donc pas été d’aller au gouvernement ? Comment justifier son appartenance gouvernementale autrement que par une sorte d’incohérente infidélité à ses idées au profit d’une ambition personnelle ministérielle immédiate ?
Une sincérité sujette à caution ; Sa déclaration : « Il faut savoir quitter la scène quand on ne sait pas jouer plus longtemps la comédie » suggère maladroitement qu’il aurait joué la comédie… Cela est assez faible pour convaincre de sa sincérité sur la question de la fidélité à ses idées.
Perte d’emprise sur l’électorat de gauche ? Dans l’immédiat, c’est probable. Après sa sortie, il doit se poser la question de savoir qu’elle est sa véritable résonnance électorale. Il risque une perte d’audience car il s’est bâillonné à Bercy. Cette situation laisse penser qu’il a perdu considérablement d’emprise sur l’électorat de gauche.
La faute de FRANGY : quand le potache assassine le politique ! Jusqu’ à l’interview du Monde, tout était en ordre. Le politique en même temps que le Ministre livrait une réflexion argumentée sur la question de la croissance. Les arguments dédiées, le rôle de la BCE et le comportement peu vertueux de l’Allemagne étaient durs pour Manuel VALLS mais supportables. Sauf que le Ministre a appelé à "sortir" de la logique de réduction des déficits et à corriger "nos erreurs", y compris en France. "J'ai proposé au Premier ministre, au président de la République, une inflexion majeure de notre politique économique", a-t-il aussi rappelé.
Deux provocations, ponctuées par l’ironique cuvée du redressement productif dont une bouteille devait être offerte au Président. Grisé par la scène, le potache a tiré une balle dans les pieds du Ministre à Frangy ! Et le club des groupies de toutes les générations n’y pourra rien sauf à le rendre encore plus facile à caricaturer…
Il s’est mis à la faute tout en faisant un croche pied à celui dont il aura besoin à l’Assemblée et au sein du P.S. Benoit HAMON. Concernant ce dernier, que l’on nous donne une seule raison de rouler pour Arnaud MONTEBOURG plus que pour lui-même ? Il n’y en a aucune. C’est une alliance incertaine… A Frangy, ils défient HOLLANDE et VALLS mais assurent être "loyaux" au gouvernement. Ça va être compliqué car ce n’est pas parce qu’ils sont sortis du gouvernement qu’ils pourront se désavouer sur la loyauté puisqu’ils en ont donné l’assurance. Hara kiri !
Ces attitudes piégeuses pour la suite de sa carrière parce que contradictoires sont des égarements qu’il faudra corriger durablement pour prendre de la hauteur.
Et maintenant, peut-il rebondir ?
Pas sûr, Il n’a aucun mandat et son discours risque de manquer de résonnance.
Il n’a pas de courant structuré au sein du .PS. Or comme l’activité politique au sein de ce parti est concentrée sur des luttes intestines, ii est improbable que ses fidèles, peu nombreux, fassent prospérer leurs idées et donc les siennes.
Et les frondeurs ? A l’Assemblée, l’absence de MONTEBOURG va hypothéquer son destin de leader. D’autant que n’étant pas un chef naturel pour les frondeurs qui n’ont pas tous le même étendard, il est illusoire d’imaginer que depuis l’extérieur, Arnaud MONTEBOURG puisse capitaliser pour son propre compte cette fronde.
Deux ans et demi à tenir sans participation politique, sauf dissolution ou démission du Président, cela va peser lourd. Une occasion rêvée pour ses contradicteurs de le faire oublier et pour ses anciens alliés de trouver parmi les leurs, une personnalité pour le remplacer. Macron pour l’effacer des tablettes ;
Macron, le brillantissime énarque a été choisi pour ses qualités de technicien mais aussi pour effacer à la lame de rasoir le passage à Bercy du « danseur de claquettes » L’absence politique c’est le risque de l’oubli
II. Jean-Luc MELENCHON, « rincé » par le « à gauche toute » il change de registre !
Il vient solennellement dans un remarquable mais long discours, de dire ce qui lui aurait pris trente secondes mais sans effet de manche : « L’idéal de gauche à hurler dans la rue m’épuise ! D’ailleurs cela n’a contribué qu’à relever les scores de Marine LEPEN. Je suis fatigué, je prends de la hauteur. Je m’en vais faire de la pédagogie sur la VIe République. » Précisons qu’il s’agit d’une transposition fictive imaginée par l’auteur de l’article bien sûr. Cela dit, Il admet implicitement l’échec de son combat. Au tapis !
Le peuple de gauche se détourne de ce genre de discours. Et ce qui est vrai pour MELENCHON qui l’a compris, le sera pour MONTEBOURG. En passant des HLM aux pavillons, la classe ouvrière s’est désagrégée sans se reproduire. Il a mis du temps à le comprendre. Pourtant la longue carrière inachevée d’Olivier BESANCENOT et le repli du P.C.F. auraient du lui inspirer plus de prudence.
III. Leurs oracles de gauche pure ont perdu de leur divination.
Et c’est injuste. Pourquoi ? Parce qu’ils sont encore utiles à la gauche ! A leur avantage, Manuel VALLS a fait aussi une grosse sottise devant les patrons du MEDEF. Il a ridiculisé par des allusions méprisantes des élus socialistes du peuple, les frondeurs et cela est une faute qui ne lui sera pas pardonnée. Mais dans tous les cas, une France sans une vraie gauche, c’est capituler sur cette idée curieuse que si le libéralisme aura été destructeur de notre société, le social libéralisme serait salvateur ? Voilà une contradiction qui sera mortelle pour ceux qui en auraient fait la promotion, en cas d’échec du gouvernement et c’est probable. Lorsque la liberté économique rompt le contrat social, il est difficile d’imaginer notre société se remettre à prospérer avec les eus fossoyeurs de cette gauche.
Cette perspective laisse donc une chance à la gauche et peut-être à Arnaud MONTEBOURG.
IV. Quel chemin prendre à gauche ?
C’est très compliqué ;
D’abord son incapacité à comprendre la crise pose problème. Cette fois-ci ça dure, ça fait mal et aucune gauche ne le comprend. De quoi s’agit-il ? La crise de la dette souveraine n’est pas seulement économique. Ce sont les conséquences qui sont économiques. Cette crise est celle d’un système pernicieux dit financier et cette fois-ci, le processus vertueux de la relance par des réformes ou des mesures de gestion politiques à destination de l’économie ne fonctionne plus !
Le franc faible avait des vertus, l’euro fort a plombé nos exportations et comme nos principaux clients ont connu la crise aussi et que l’Allemagne est proche d’une nouvelle récession, nos clients ont freiné leur consommation de produits français.
Le signe persistant que cela ne se passe pas comme souhaité par le Président est la contraction des investissements par les entreprises et celle de la consommation intérieure.
L’autre signe, c’est une méfiance des investisseurs étrangers pour nos entreprises et… et la politique du gouvernement.
Après deux ans et demi de gouvernance, les trois moteurs principaux de l’économie française sont donc en panne. Croissance 0 et risque de déflation. En effet le report de la consommation est bien réel… Et de ce point de vue Arnaud MONTEBOURG n’a perdu aucune occasion de se taire, même si le risque semble contenu.
Alors qui est le véritable adversaire au redressement de la gauche ? Elle même et un système tantôt appelé la Finance, tantôt appelé les 10 % des plus riches qui possèdent 80% des richesses de la Planète, tantôt les hedges funds, ou pire, tantôt « ILS » ou « Ceux qui » Ce qui est sûr, c’est que l’économie européenne affaiblie tente encore de nombreux spéculateurs (la spéculation immobilière par exemple contribue à la perte de compétitivité)
La crise est plus profonde à gauche ; La déclaration patrimoniale à gauche révélerait qu’aucun ministre n’a investi dans les entreprises mais tous l’ont fait dans les placements sécurisés et dans l’immobilier.
L’impuissance intellectuelle des élites à identifier clairement « l’ennemi » et à restituer une analyse audible à la population, rend peu crédibles les mesures techniques prises par le gouvernement et l’assemblée pour défaire une sorte d’ectoplasme ! Le vote des français s’est épuisé largement (abstention) sur ce déficit pédagogique des élites, d’autant que le quotidien des français les éloigne significativement des discours trop codés. Exemple : « l’inversion de la courbe du chômage » plutôt que de dire « la reprise de l’activité par les chômeurs. » Ce n’est pas le chômage qui importe mais les vies détruites de ceux qui n’ont pas de travail !
La crise touche toute la classe politique. Mais elle semble plus profonde à gauche tant l’incapacité du P.S. est évidente à rompre avec l’idéologie de sa bible et de ses statuts… Et de ce point de vue, entre Manuel VALLS qui fait acte d’autoritarisme, Arnaud MONTEBOURG de rébellion et Jean-Luc MELENCHON de renoncement, les trois ont des positions emblématiques de leur désarroi et de cette difficulté à gauche à tracer un sillon.
La gauche doit se reconstruire avant 2017 ! Elle constitue un rempart au chaos à défaut d’être éligible à la prochaine gouvernance. Se remettra-t-elle en cause ? Il le faut et c’est probablement sur cette question qu’Arnaud MONTEBOURG est encore crédible. L’ectoplasme évoqué plus haut a une capacité de destruction redoutable, les mutations sont rapides et malgré les motions des uns aux Congrès ou les amendements des autres au Parlement, les élites énarchisées sont anéanties presque à la vitesse de la lumière ! Formatées pour accéder au pouvoir et non l’exercer pour l’intérêt général, elles portent la responsabilité de la dangereuse ingouvernabilité du pays et des crispations partisanes.
Non seulement le P.S. affiche un singulier déficit idéologique perdu dans les batailles de personnes pour des strapontins mais il est désormais fracturé !
Arnaud MONTEBOURG, un recours à gauche ? Possible mais très incertain… Il lui faudra l’appui des médias et une reconstruction non sectaire ? Ses idées devront être relayées au-delà des seuls militants socialistes de DIDR. Il doit reconstruire des réseaux et ceci en 2 ans ! Les frondeurs fléchiront ou se rallieront, Pourquoi ? Parce qu’à l’instar de tous les politiciens de gauche, le combat qu’ils mènent est limité à amender des mesures de politique gouvernementale quasi insignifiantes au regard de la crise planétaire qui touche de plein fouet notre pays !
La dernière chance de Arnaud MONTEBOURG et elle est « mince » c’est que cet homme dont l’extraction sociale est modeste est un écorché vif, il ressemble aux français et il doit en faire sa force et non la masquer par un verbe ampoulé. Qu’il fasse savoir qu’il est capable de penser la France dans le monde et de livrer le combat pour remettre l’homme au cœur de notre société et de la production. Mais Il lui faut un appareil et il ne l’a pas. Sa marge de manœuvre au sein du P.S. sera donc étriquée. Et on ne va pas lui faire la partie facile. Cela peut d’ailleurs le rendre plus populaire car ses adversaires sont au moins aussi maladroits que lui, c’est une chance ! Qu’il s’affranchisse des conformismes habituels. Qu’il oublie Sciences Po. pour se rappeler de sa case « départ » Il n’a pas les codes de l’élite, celle qui s’est perdue en perdant ses points de repères idéologiques. Le monde s’est transformé bien plus vite que les contenus pédagogiques de Science Po. et de l’ENA. Comme le dit Mathieu PIGASSE au sujet du monde : « il est global, ouvert, instantané, immédiat et mobile » Le centre de gravité de l’électeur s’est éloigné de celui de nos élites de gauche ! La domination de l’Europe, c’est du passé et la faillite à gauche ferait courir un grand risque à la démocratie car les prédateurs sont déjà sur place. Comme pour RYAN, il va falloir « ramer » pour sauver ARNAUD mais il faut le sauver.
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