Hommage à Siné

Il nous annonçait sa fin prochaine depuis si longtemps !
Cela fait bien 2 ans qu'il se caricaturait avec l'assistance respiratoire, d'abord dans Siné Hebdo et ensuite dans Siné Mensuel quand l'insuccès a contraint les initiateurs du projet à passer à une périodicité plus adaptée.
On avait presque oublié qu'il luttait contre la maladie qu'il avait domestiquée à défaut de s'en accommoder vraiment ( qui le ferait ? ) ou de se laisser submerger par elle.
Bref Siné était un mortel comme les autres dont le temps était compté au sablier d'une vie rythmée par les féroces coups de crayon...
Enfin - Dieu merci ! s'abstiendra-t-il de dire, ce bouffeur de dogmes - il est crevé : ce sont ses mots à lui qui se traitait de charogne et, dernière perfidie, par cette formulation abrupte, il a ainsi enlevé l'expression à ses détracteurs - aussi nombreux que médiocres - qui auront peut-être eu l'indélicatesse de joindre leurs hypocrites condoléances à la tristesse de ses fans.
Siné appelait les choses par leur nom et son trait disait tout haut ce que nombre de personnes pensaient en leur for intérieur, à tort ou à raison, là n'est pas la question.
Cela lui valut maintes condamnations - sinon pénales du moins au nom de la morale - de la part des arbitres des élégances.
Les bien-pensants ou ceux qui recherchent le confort dans l'abstinence de réflexion le poursuivirent de leur hargne vengeresse, soutenus voire téléguidés par les hommes liges des faiseurs de fric, des jongleurs de l'argent des autres.
Ceux qui ne se contentent pas de soumettre l'économie à leur rapacité de financiers véreux ( encore qu'eux ne voient pas le ver dans le fait de ponctionner l'épargne de ceux qui sont extérieurs à leur communauté ) ne répugnent pas non plus à canaliser les indignations populaires au mieux de leurs intérêts.
Siné, c'était la parole libre et même libérée ( qui n'est pas un gros mot contrairement à ce que l'usage essaye de nous faire accroire ).
Il n'a eu de cesse de dénoncer les contradictions de ceux-là mêmes ( dont on a des exemples quotidiens car on leur déroule encore et toujours le tapis rouge dans tous les médias ) qui sont prompts à dénoncer le communautarisme des autres, c'est-à-dire en fait une organisation de la vie collective calquée sur la leur : ce sont en fait leurs plagiaires qu'ils dénoncent !
Sans doute Siné n'a-t-il pas toujours eu les tournures de langage appropriées, les circonlocutions subtilement évocatoires : il était plutôt brut de décoffrage et pour lui les chats ne faisaient pas des chiens même si la bienséance imposait qu'on crût à une telle fable.
Il n'a jamais accepté que tous ceux qui n'acceptent pas la volonté de domination sioniste ( en réalité cette singularité est le fait de quelques uns qui s'arrogent le droit de parler au nom de tous) soient aussitôt ravalés au rang d'antisémites.
Lui furent chères des positions politiques pourtant très respectables puisqu'elles visent à préserver ce qu'il reste de terres disponibles pour les Palestiniens victimes de l'arrogance de ceux qui se placent au-dessus des lois dès lors qu'il les décrètent, le Juif exploité servant de caution de moralité au Juif exploiteur.
Georges Bernanos, grand écrivain très lucide sur les arcanes du pouvoir occulte de son temps ( qui sont aussi celles du nôtre ) se désolait ( c'était une boutade ) de ce que Hitler eût ôté ses lettres de noblesse à l'antisémitisme.
Aujourd'hui il serait sans doute consterné de constater que des Finkielkraut et consorts fassent tout pour les ressusciter avec un zèle dont on ne sait trop s'il faut admirer le cynisme ou plaindre l'inconscience.
Sans qu'ils omettent jamais d'ailleurs de profiter du moindre temps d'antenne pour nous accabler de leurs piailleries victimaires.
Siné avait le trait acerbe mais ses détestations étaient paradoxalement toujours motivées par un grand amour de l'humanité, ce qui suffisait à le compromettre aux yeux de ceux qui ont vocation de l'asservir et qui se font un devoir de lâcher leurs chiens de garde pour étriper les « malveillants « qui ont vu clair dans leur jeu.
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