Huge Lips : Un rouge à lèvre qui fait maigrir...
« Un baume pour les lèvres devrait bientôt être mis en vente. Sa particularité ? Il brûlerait les graisses et empêcherait ainsi les femmes de grignoter des sucreries. Ce baume, déjà vendu aux États-Unis depuis six mois, inhiberait l’appétit des femmes et développerait leur énergie. Le produit, vendu 5,65 Euros est disponible dans différents parfums (grenade, vanille, fraise, baies et menthe), et composé de caféine, d’extraits de thé vert et d’huile de soja. Il contient également du hoodia, une plante qui aurait des vertus amaigrissantes. Les créateurs de ce baume »coupe-faim« expliquent qu’il peut être appliqué jusqu’à six fois par jour, mais ils recommandent de ne pas en appliquer à l’approche du coucher afin d’éviter les effets notoires de la caféine. Des organismes de santé et de nutrition se sont opposés au produit, l’accusant de provoquer des troubles alimentaires et psychologiques sur certaines femmes fragiles ». (source : yahoo)
« Everybody knows Paris Hilton. Paris is famous for glamourous appearance and many people want to be as thin as she is. Now the secret of her diet is uncovered – Paris is taking Hoodia Gordonii Plus. She was caught on tape taking these diet pills. »( site commercialisant le Hoodia)
Après de longues négociations, le rôle du savoir ancestral des San dans la découverte initiale des propriétés du hoodia et de son usage fut reconnu par le CSIR, dans un protocole d’accord signé en 2003 par Petrus Vaalbooi, président du Conseil des San et Sibusiso Sibisi, président du CSIR. D’après les clauses du contrat signé entre les deux hommes, les San toucheraient 8% de tous les paiements " d’étape 2 "payés par Phytopharm et 6 % de royalties générés par les ventes du produit fini...En tous cas, le temps du brevet, soit 20 ans.
Pour organiser le partage et répartir équitablement les fonds, le conseil des San, aidé par ses partenaires, a alors créé le San Hoodia Benefit Sharing Trust, ou Fonds fiduciaire San pour le partage des bénéfices produits par le hoodia. Ce qui fait qu’aujourd’hui, même les bushmen qui gagnent en moyenne 12 dollars par mois, et vivent marginalisés quand ils ne sont pas alcooliques, sont propriétaires d’un trust qui devrait leur rapporter des millions et les sortir de la misère. En effet, ces fonds seraient destinés, d’après les administrateurs, à "développer" ce qu’il reste de la société des San, et devraient couvrir l’achat de terres, la construction de dispensaires ou d’écoles. Bien que commercialisé depuis plusieurs années sous forme de pillule, et ayant donc généré beaucoup de revenus, il est malheureusement aisé de constater aujourd’hui que la mercantilisation de leur connaissance ancestrale de la biodiversité, n’a pas amélioré significativement le sort des bushmen et qu’en terme d’autonomie, le gain est tout relatif.
Ce biopiratage industriel, bien que dénoncé à l’époque par des associations écologistes, n’a pas eu l’incidence escomptée dans l’opinion publique et les avertissements des défenseurs de la biodiversité, comme Rachel Wynberg, membre de l’association Biowatch, restés lettre morte :
" Ceux qui commercialisent la biodiversité, généralement des entreprises basées dans les pays technologiquement avancés, se trouvent au Nord et ceux qui fournissent les ressources génétiques sont au Sud, qui est biologiquement très riche(...) les systèmes occidentaux de propriété intellectuelle récompensent des individus ou des entités légales et sont souvent monopolistiques par nature (...) Ces systèmes ne sont pas adaptés aux connaissances traditionnelles, qui, elles, sont par nature collectives. "
Le CSIR, semi-privatisé depuis, compte bien continuer à exploiter les connaissances et le terroir des San, en particulier ses 23 000 variétés de plantes aux vertus médicinales, que les Bushmen devront se résoudre à partager, pour les besoins de la cause économique et du bien-être ici. Devant l’expansion prévisible de cette industrialisation de la biodiversité, de ce pillage des ressources naturelles, le gouvernement avait promis le vote d’un projet de loi, inspiré de la Convention sur la diversité biologique adoptée au Sommet de Rio en 1992. Cette loi, soumise au parlement en 2003 et toujours pas voté à ma connaissance, aurait permis de protéger le savoir ancestral, comme le rapportait Mogege Mosimege, directeur des Systèmes de connaissances traditionnelles au ministère sud-africain des Sciences et des technologies.
" Un projet de loi est en préparation pour définir une méthode de recherche appropriée, qui comprend la consultation préalable de ceux qui détiennent le savoir concerné, avec ensuite le partage des bénéfices entre les différentes parties "...
Dans l’attente, faut-il considérer l’exploitation du Hoodia à des fins purement cosmétiques, comme un investissement vertueux dans la biodiversité ou le savoir ancestral et oral de ces analphabètes pour contribuer à améliorer leur sort ?
Je n’en suis pas certaine, mais d’un certain point de vue, c’est quand même un investissement charitable car ici, il rendra à toutes les femmes en excès de poids un joli sourire à la fraise...Si ça peut nous éviter les gémissements de toutes ces grognasses qui ont pris deux kilos pendant les vacances...Alors inclinons-nous devant le progrès qui apporte c’est vrai, dans ce contexte, un certain confort de vie à tous les autres...
Sources
La propriété intellectuelle - Un levier de croissance-
http://www.info-hoodia.com/revue_OMPI-dec2003.pdf
Chrystelle Carroy-L’Humanité du 24 août 2002
National geographic- Africa’s Bushmen May Get Rich From Diet-Drug Secret
http://news.nationalgeographic.com/news/2003/04/0416_030416_san1.html
Le Vif-un rouge à lèvres amaincissant-04 février 2009
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