90 minutes de bourrage de crâne enfilent les contrevérités les unes après les autres comme des tranches de bidoche hallal empilées pour le kébab. Sarkozy ment avec aplomb sans perdre le fil… Il y croit. C’est pathologique et ne se soigne pas. On comprend sa crainte du vieil âge ! Spectateurs, 3 journalistes, fort mal préparés, seront dans l’incapacité de mettre en cause les chiffres amidonnés servis profil bas par le maître de céans repenti et penaud de la misère du monde.
Les chevilles enflées dans des chaussettes scandinaves abandonnent le triangle blanc du plateau dont le reflet gomme le double menton du fausset. Dans le recueillement feutré du ton et l’air religieusement exhalé par la mire de plastique fondant à petit feu sous celui des projecteurs surveillés par l’horte de service, la Rolex halète les dernières secondes de purgatoire. Puis, silence contrit interminable, enfin la chevillette d’or libère la bobinette de platine qui choit déclenchant l’alarme.
Le rideau s’ouvre après que les trois coups aient été frappés sur la tête des figurants donnant la réplique. La grand-messe élyséenne commence sous le regard omniprésent de la Pompadour. On attendait Tolstoï enchanté par Tchaïkovski, c’est du Dostoïevski karchérisé par Chostakovitch. Mychkine prend la parole subrogeant Thénardier qui chuchote. C’est plus intime et pas tout à fait misérable. Le grand prêtre butte sur l’escalier qui monte à la chaire des miséricordieux. Mouloudji prend les cordes en main. Pas de bonsoir.. Il est mauvais.
Un calvaire ! Les unes après les autres les inexactitudes, nées d’un esprit truqueur et hypocrite à l’entregent indéfectible, font appel au devoir de la charge pour le bien du pays.
Significatif : « Je n’ai pas été élu pour ne pas respecter la loi ! » Le « ne pas » sonne faux comme l’écho d’une chambre sourde. C’est vrai ! L’orateur a été mandaté pour veiller au respect de la Constitution et assurer, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État.
Si la Constitution n’est pas le fondement de la loi pour le Président de la République. Y a-t-il une loi en France ? A quoi sert le Conseil Constitutionnel dont la mission est de juger de la constitutionnalité des lois organiques, du règlement intérieur de l’Assemblée et du Sénat, des traités internationaux, et de toute loi dont partie du contenu est mise en doute par 60 députés ou sénateurs, enfin de valider la régularité des élections et le remboursement des campagnes électorales ?
Autant de questions auxquelles l’actuel locataire de l’Elysée serait bien en peine de répondre, lui qui ignore la constitution et la modifie selon son bon plaisir pour au gré de sa déclaration : « faire le mieux pour le pays ». Se soucie-t-il de savoir si ce mieux sarkozyen n’est pas l’ennemi du bien public qu’il dilapide tous azimuts. Non ! Au mépris du suffrage universel et du code civil, il applique, illico presto, les modifications concernant le mandat sans l’avis du mandataire.
En droit public, si ce n’est les conditions particulières prévues par le code électoral et la Constitution qui le déterminent, rien ne distingue fondamentalement un mandat électif d’un mandat ordinaire régit par les articles 1984 à 1998 du code civil.
Un tel mandat est un acte juridique. Il permet, en lieu et place du mandant, le peuple, qui confie pouvoir au mandataire, l’élu qui l’accepte, d’user du pouvoir de le représenter pendant un temps déterminé dans le cadre d’une mission précise définie par la Constitution et la législation en échange d’une rémunération déterminée par la loi.
Le mandat électif est un mandat particulier qui ne confère pas l’ensemble de la souveraineté populaire (cas du Président de la République et du parlementaire) à l’élu qui l’accepte tant s’en faut. Il est nominatif et donc intransmissible, si ce n’est, pour les parlementaires, au suppléant convenu et selon l’article 27 de la Constitution. Aucune des deux parties, liées par l’acte, ne saurait unilatéralement, à commettre un abus, en modifier les termes et la durée sans l’aval de l’autre.
L’article 1989 du code civil dispose : « Le mandataire ne peut rien faire au-delà de ce qui est porté dans son mandat : le pouvoir de transiger ne renferme pas celui de compromettre. »,
L’article 1991, en son premier alinéa, précise : « Le mandataire est tenu d’accomplir le mandat tant qu’il en demeure chargé. »
L’article 1993 complète : « Tout mandataire est tenu de rendre compte de sa gestion, et de faire raison au mandant de tout ce qu’il a reçu en vertu de sa procuration, quand même ce qu’il aurait reçu n’eût point été dû au mandant. »
La deuxième phrase de l’alinéa 2 de l’article 1994 ajoute : « Dans tous les cas, le mandant peut agir directement contre la personne que le mandataire s’est substituée. »
Il est clair que le Président de la République ne saurait appliquer quelque modification de la Constitution concernant son mandat puisqu’il a accepté celui-ci avant l’adoption par le Congrès de celle-là.
Le Congrès qui réunit les deux chambres du Parlement n’a pas l’aptitude d’élire le Président de la République. Il n’a constitutionnellement aucune compétence pour réviser les termes du mandat confié à l’élu par le suffrage universel. Monsieur Sarkozy quand il foule le palais de Versailles pour pérorer sur la scène du Congrès ne respecte ni la Constitution ni la loi.
Monsieur Sarkozy ment donc effrontément quand il déclare respecter la loi. Mais dit la vérité quand il assure ne pas avoir été élu pour la truander. C’est pas du latin mais faut suivre.
Il est également clair pour tous les constitutionnalistes que le Président de la République n’a aucune compétence constitutionnelle et donc aucune légitimité pour gouverner c’est-à-dire : déterminer et conduire la politique de la nation et disposer de l’administration ou de la force armée dont il est le chef. Ceci relève du pouvoir exclusif du Gouvernement, selon l’article 20 de la Constitution.
Une telle disposition est immuable, elle entre dans la définition de la forme républicaine du Gouvernement que l’article 89 de la Constitution interdit à son alinéa 5 de réviser : « La forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision. » Monsieur Sarkozy viole la Constituion quand il gouverne et détermine la politique de la nation.
Il apparaît ici aux yeux des observateurs que le Président n’a aucune feuille de route à tracer pour quiconque et surtout pas le pouvoir de se substituer au Gouvernement sur lequel il ne dispose d’aucune prérogative et qui est responsable devant le Parlement dont l’une des missions est d’évaluer et contrôler les politiques mises en œuvre.
Monsieur Sarkozy outrepasse ses prérogatives constitutionnelles chaque fois qu’il se mêle de diriger l’exécutif et de le contrôler en lieu et place du Parlement.
L’article 8 de la Constitution lui confie mission de nommer le Premier Ministre ceci n’implique nullement qu’il le choisisse mais simplement qu’il lui confère solennellement ce titre. Les périodes de cohabitation l’ont montré : le Premier est issu des rangs d’une majorité parlementaire sans le soutien de laquelle il risque, à chaque pas, la censure, une mesure l’obligeant à présenter la démission de son cabinet.
Le même article 8 exprime, sans ambigüité, cette affirmation au dernier alinéa : « Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions. » le Président n’a pas à se mêler de l’exécutif et ne saurait « démissionner » et « remanier un Gouvernement » sans enfreindre son mandat. Un tel acte doit résulter de la volonté des parlementaires ou du Premier Ministre et non de la pression présidentielle. Monsieur Sarkozy ne respecte donc pas la loi et ment quand il prétend le contraire.
Que Monsieur Sarkozy cesse donc d’évoquer ses devoirs, il ne les respecte pas. Qu’il cesse plutôt de ruiner l’état et de nous endormir avec ses contes de fée qui se transforment systématiquement en cauchemars avant la fin du rêve.
Monsieur Sarkozy présente cette particularité clinique d’être réducteur. Il réduit tout à son image et, appelons un chat un chat, à ses caprices quand il justifie sa contribution phénoménale à la dette publique globale, par le fait qu’il n’est pas le seul à y avoir participé. Le candidat qui briguait le suffrage comme l’homme de la rupture et du modernisme réagit comme un gamin irresponsable et dénonciateur. Ce que ne lui pardonnerait pas Guy Môquet qu’il exploite avec indécence comme il exploite des épisodes peu glorieux de l’histoire de France et en crée lui-même au grand dam d’un ancien premier ministre lui reprochant de salir notre drapeau et d’être un problème pour la France.
Monsieur Sarkozy est réducteur et pas seulement des bruits et propos qui le suivent et ne lui attribuent pas la meilleure part des choses, mais aussi de tous les événements heureux qu’il ramène à hauteur et périmètre de son nombril qui ne l’oublions pas est, à l’entendre, celui de la France. Ainsi il s’attribue le sauvetage de la sénatrice colombienne Betancourt, celle qui ne songe qu’au porte-monnaie des autres, et, depuis hier, la libération de ce prix Nobel de la Paix en résidence assignée par la junte du Myanmar.
Voici qui illustre les nobles faits de ce Knirps des temps modernes dont les parapluies au bouton rouge se déploient même par grand soleil. Je voulais bien sûr écrire ce Pépin-le-Bref que le Pape de l’époque fit roi sans souci de l’avis des chefs de la communauté franche et qui enfanta la barbe fleurie de Charlemagne, le seigneur d’Aix la Chapelle chanté par Eginhard, un Frédéric Mitterrand à la plume d’oie blanche.
Qui pourrait croire à de telles farces, depuis les affaires du colonel Muhammar, les rafales de Lula et autres démentis cinglants que lui valurent ses fausses déclarations dont celui de la Chancellerie allemande à propos des Roms ?
Mais j’exagère il est une chose qu’il ne réduit pas : les dépenses de l’Elysée. Chaque année elles progressent et s’étendent sur d’autres budgets. Celui des transports aériens, par exemple, est partie de celui de la Défense.
A se demander si Michel Denisot a raison de prétendre que le Président possède des facultés intellectuelles supérieures à la moyenne, à moins que les surdoués ne soient pas les menteurs les plus talentueux ou que le Président parti à la pêche aux compliments, pour fuir une question délicate, n’ait eu besoin de cet éloge pour se rassurer.
Ite missa est ! Après nous le déluge ! La messe est dite. Une fois encore la France est sacrifiée au mystère de l’eucharistie et la communion n’a pas lieu.
Les harangues de Vercingétorix sont loin ! C’est une bien pitoyable oraison que nous infligea sans accent un prédicateur mentant et pas convaincant.
Les sondages ne manqueront pas de nous faire connaître l’avis des honnêtes gens. Après tout il en existe encore. D’autant que, selon une étude Ifop Paris-Match, 21% des interrogés préféraient Sarkozy à Fillon qui recueille, lui, 71% d’opinions favorables. C’est dire la considération dont jouissait Sarkozy avant le remaniement gouvernemental. Croyez-vous que les choses aient changé après sa représentation ?