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Accueil du site > Tribune Libre > Hypocrisie du Verdict du Dr Bonnemaison

Hypocrisie du Verdict du Dr Bonnemaison

Pascale Robert-Diard écrit : « Le verdict de la cour de Maine-et-Loire est juridiquement illisible1.” En effet, si nous reconnaissons chez le Dr Bonnemaison son humanité et l'approuvons, nous ne pouvons que constater l'hypocrisie juridique et médicale de ce procès en appel.

1 M blogs – Chroniques Judiciaires, 24 oct 2015

Sur le plan juridique la loi Léonetti de 2005 permet à un médecin, sous réserve d'une décision « collégiale » et avec avis recueilli auprès des proches, d'administrer ou refuser des soins à sa seule décision. Le « double effet » des soins peut permettre une sédation dont l'objet est de soulager mais dont les conséquences peuvent être de précipiter la mort.

Le Dr Bonnemaison a agit seul, sans concertation, sans avis des proches ou de la personne concernée quand c'était possible. On doit en déduire en matière purement juridique qu'il est coupable d'administration de substances ayant accéléré la mort.

Sur le plan médical, le conseil de l'ordre admet la sédation terminale en matière de soins mais refuse toute action qui pourrait engendrer la mort. Le médecin se retrouve dans une situation où quoi qu'il fasse, il transgresse les directives de l'ordre et/ou de la loi et donc se met en danger face à sa profession. Dans le cas du Dr Bonnemaison, s'il fait une concertation avec l'équipe médicale il ne peut que « laisser mourir » comme l'indique la loi et donc laisse la personne agoniser des heures, des jours voir des semaines sans pouvoir l'accompagner et la soulager hormis lui administrer des anti-douleurs souvent inefficaces dans les derniers moments de fin de vie.

Ce procès met en évidence, par le témoignage des médecins qui ont défendu les actes du Dr Bonnemaison, que les actes qu'il a pratiqués sont régulièrement faits par tous les médecins qui accompagnent les malades en fin de vie. Se sont des actes de compassion et admis depuis toujours dans l'espace de confiance qui doit exister entre un soignant et un soigné. Seulement aujourd'hui il faut le faire caché alors qu'hier on en parlait ouvertement, au moins entre confrères et avec le patient.

Nous ne pouvons accepter l'état actuel qui entretient le secret, l'hypocrisie, et la transgression des lois existantes mettant tant l'individu que le soignant dans des situations impossibles à gérer et vulnérables. Médecins vulnérables au bon vouloir des instances de l'ordre des médecins qui choisiront de condamner l'un alors qu'ils ignorent les actes d'un autre. Patients vulnérables à des pratiques d'accélération de la mort à leur insu. Qui veut aller dans un hôpital ou être soigné à domicile sachant qu'un médecin peut décider seul, quand et comment vous devez mourir ?

 

Nous voulons transparence, liberté et confiance.

  • La confiance que chacun, soignant et soigné, reste dans son rôle : le patient décide, le soignant propose des soins.

  • La liberté pour le soignant d'être « libre de sa prescription » comme le dit le code de déontologie médicale. Cela doit lui permettre de prescrire et/ou administrer tous les soins qu'il estime adapté à la situation médicale de son patient sous deux réserves : que le patient ou son représentant (personne de confiance) décide d'accepter le soin proposé, et que pour des « soins médicaux irréversibles » le médecin soit dans l'obligation de suivre un protocole qui garantisse l'adéquation du soin à la situation. C'est à dire une validation du diagnostic par un avis indépendant, voir deux s'il y a hésitation ; validation des options de soins et des pronostiques ; assurance que le patient comprend les options de soins, leurs conséquences et qu'il en mesure les implications ; enfin que toute la procédure soit documentée sur le dossier médical dès l'identification d'une situation où un « acte médical irréversible » est envisagé. On peut aussi mentionner la liberté de l'individu à décider seul ou accompagné, voir représenté par sa personne de confiance des soins qu'il accepte ou refuse.

  • La transparence d'une documentation complète permet l'évaluation et l'évolution du protocole (à définir par la Haute Autorité de la Santé), le contrôle en cas de contestation ou d'études de dossiers (modalité à mettre en œuvre sous la responsabilité de la justice), et d'établir un rapport annuel sur ces pratiques.

La cour d'assise de Maine et Loire d'une part ignore dans sa décision la législation concernant les actes volontaires d'un médecin qui termine des vies dans 6 cas documentés et ensuite le condamne pour un 7ème cas. On détruit la carrière d'un homme, on sauve la face légale en condamnant dans un seul cas mais on évite d'irriter la société en instituant une peine à 2 ans avec suspension, soit aucune pénalité réelle vu qu'il ne peut plus pratiquer la médecine du à sa condamnation.

BRAVO l'hypocrisie tant politique que médicale et MERCI à nos juges qui naviguent en eaux troubles en tentant à chaque occasion de procès de fin de vie de reconnaître la réalité de la compassion humaine.

L'Association qui Accompagne la Volonté de l'Individu de Vivre dans le Respect de sont Ethique (AAVIVRE) … sa fin de vie demande une législation non pas d'Euthanasie, mais de LIBERTE pour que chacun puisse en toute sérénité aborder sa fin de vie sachant qu'un médecin à notre demande nous permettra de vivre jusqu'au bout mais aussi d'en terminer sans agonie à l'heure voulue.

 


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3 réactions à cet article    


  • Le p’tit Charles 26 octobre 2015 10:58

    Condamné pour avoir utiliser un produit (légal) que toute la profession utilise.. ?
    Encore un exploit de la justice des riches....


    • Rincevent Rincevent 26 octobre 2015 15:22

      Il se trouve que j’ai, dans mon entourage, une personne qui connait le Dr Bonnemaison et qui a travaillé dans un service voisin du sien. Si elle confirme ses qualités humaines, elle lui reproche quand même d’avoir décidé SEUL.


      • foufouille foufouille 26 octobre 2015 17:36

        le mieux est de lui donner une grosse sulfateuse, il pourra euthanazier des tas de fachos comme toi.
         sans consentement comme tout bon nazi.

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