Idées à droite, vide et censure à gauche
Par S.P. le 16 mai 2019
Si vous avez un voisin sympathique, il vous donnera l’exemplaire de Valeurs actuelles qu’il a en double ; et me voici en possession du numéro du 2 mai 2019. En le parcourant, j’ai redécouvert ce que signifie le vocable de presse indépendante, j’ai lu des idées, du bon français, et me suis dis qu’au fond, c’est cela la droite.
Car oui, modestie à part, la droite, c’est une écrasante supériorité intellectuelle sur la gauche. A droite les idées, le débat, la conviction d’abord de l’existence de la vérité, et celle qu’on peut s’en rapprocher en confrontant les points de vue. A gauche la censure, l’ostracisme, la stigmatisation, la victimisation, les procès en –phobies.
Pourquoi chercher la vérité s’il n’y a en pas
Lors d’une conférence épinglée par Libération, en 2014, François-Xavier Bellamy déclarait : « Nous ne devons pas défendre notre culture pour l’Histoire qu’elle représente, pour le passé qui l’a formée, mais cette culture nous devons la défendre parce qu’elle est puissance de vie et de vérité. »
Le postulat de l’existence de la vérité fonde le débat à droite, et lui donne un sens. Pourquoi débattre, si tout se vaut, si, en fin de compte, rien d’ultimement vrai ne peut émerger de la discussion ? C’est pourtant dans cette aporie du relativisme, cette plaie intellectuelle selon laquelle la vérité se dilue, et s’autodétruit, dans la diversité des vérités, que la gauche s’est condamnée. Et, non contente de s’y enfermer elle-même, elle veut encore y pousser le reste du monde.
Quand elle pense, la droite fait appel aux intellectuels qui lui permettent aujourd’hui de structurer son socle d’idées. Nicolas Baverez, Jean-François Colosimo, François-Xavier Bellamy, Eugénie Bastié, Eric Zemmour, Pierre Manent, Marcel Gauchet, Jérôme Fourquet, et bientôt Laurent Alexandre, font partie des invités du Rendez-vous des idées des Républicains. La droite fait appel aux intellectuels qui structurent aujourd’hui la pensée de droite, mais pas seulement : elle écoute tous ceux qui sont susceptibles de construire sa pensée, à la fois par l’exemple et le contre-exemple ; c’est-à-dire qu’elle veut confronter les penseurs qui appuient ses convictions, et leurs détracteurs. L’autosatisfaction de prendre le dessus sur son interlocuteur, le plaisir de se conforter ne sont pas à la base de cette démarche, parce qu’elle suppose l’exercice difficile, exigeant et risqué de la confrontation. Et dans un contexte de bien-pensance, de politiquement correct, d’ostracisme permanent, le débat relève, effectivement, de l’exploit.
Le numéro de Valeurs du 2 mai 2019 se fait l’écho de la soirée organisée par l’honorable journal et par les Eveilleurs d’espérance au Cirque d’hiver de Paris, le 25 avril dernier. Pendant ce temps, bousculé par la catastrophe de Notre-Dame, Emmanuel Macron monologuait seul à l’Elysée pour tirer les conclusions du Grand entre-soi national, et, après un long silence révélateur, regretter les qualités d’Alexandre Benalla. Il devait être question d’Europe lors de cette soirée. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, et Jacques Attali, sorte de pierre angulaire de la Vème République, font partie des intervenants. Il convient, à leur égard, de saluer un certain courage, quand Marlène Schiappa, pourfendeuse de toutes les injustices de ce monde, et Ségolène Royal, relique vivante du Parti socialiste, ont toutes deux refusé de se plier à l’exercice. Dans son edito, François d’Orcival, de l’Institut (il est membre de la prestigieuse Académie des Sciences politiques et morales de l’Institut de France), nous rapporte les mots suivants de Jacques Attali : « Je suis dans la situation du lapin à un déjeuner de chasseurs ». De fait, venant d’un homme de gauche, ce ressenti n’étonne guère, la gauche s’étant fait une spécialité de fusiller ses contradicteurs. Mais, est-il précisé, c’était avant de « découvrir la courtoisie du public et l’élégance de son vis-à-vis. »
Et à gauche ?
A gauche, outre l’impasse du relativisme qui stérilise par avance toute discussion, nous avons Nathalie Loiseau, tête de liste En Marche, qui, par trois fois, refuse de débattre avec François-Xavier Bellamy ; ou plutôt, la troisième fois, elle a daigné croiser le fer avec lui au Cercle Interallié (on s’arrache ma divine présence, mais je n’ai pas le don d’ubiquité pour concéder à chacun l’opportunité de me rencontrer, lance-t-elle en substance) … tout en exigeant que l’entretien ne soit ni filmé, ni diffusé. Etrange !
Comme sait si bien le montrer la gauche, le débat n’en est jamais un. L’arrogance, première posture possible, permet de prendre le contradicteur de haut, pour le disqualifier d’office. Il s’agit alors de le faire passer pour ringard, nostalgique de l’ancien monde, rétrograde, réactionnaire ou de l’affubler d’un de ces qualificatifs passibles de la peine capitale. L’étape suivante, si l’adversaire bouge encore, consiste à finir de l’achever en le livrant, sinon au seul tribunal médiatique, aux juridictions chargées de faire régner l’ordre relativitiste. Il suffit de cocher, de près ou de loin, l’une des cases suivantes : homophobe, transphobe, xénophobe, islamophobe, raciste, conspirationniste, sexiste ou mysogine. Suivra ensuite le réquisitoire habituel : discrimination voire stigmatisation d’une minorité opprimée, incitation à la haine. Le renversement de situation est également un grand classique. Par exemple, si un gauchiste est attaqué sur un de ses torts, il contre-attaque en portant plainte pour diffamation ou dénonciation calomnieuse. Et il a de fortes chances d’avoir le système mainstream avec lui, et donc l’opinion publique. Le cas de Patrick Jardin, qui, après avoir perdu sa fille au Bataclan, s’est retrouvé fiché S pour s’être insurgé contre l’islamisme, est révélateur de ce monde à l’envers. Voilà.
La gauche, c’est ainsi Hapsatou Sy qui demande à tous les médias de France de cesser d’inviter Eric Zemmour, parce qu’il s’assume, comme il l’a fait face à Daniel Cohn-Bendit, un penchant franchouillard. Quelle outrecuidance, quand les seuls penchants autorisés sont, au choix, le salafisme, le militantisme LGBT, ou encore la nostalgie du communisme qui a dû faire entre 80 et 100 millions de morts, et que tout le reste n’est que délire de petits fachos blancs ! La gauche, ce sont ces réunions, à l’Education nationale, en non-mixité raciale : exit les Blancs, responsable du racisme d’Etat, race d’oppresseurs et de menteurs par définition. C’est ce lubie de l’intersectionnalité, qui fait des non-White non-cis non-male non-rich people les opprimés par excellence. C’est cette haine du riche et de la réussite, quand à droite, plutôt que de diminuer le nombre de millionnaires on préfère diminuer le nombre de pauvres. Ce sont ces universités progressistes américaines, qui ont instauré un droit à ne pas être choqué (the right not to be offended), lequel permet d’aseptiser toute prise de parole, de restreindre la liberté d’expression et même, parce qu’elle peut offenser les bonnes âmes, d’interdire la distribution d’exemplaires de la Constitution des Etats-Unis.
C’est encore Claire Nouvian, candidate sur la liste du Parti socialiste, folle de rage, face à la contradiction apportée par Pascal Praud et Elisabeth Lévy sur le changement climatique. Ce sont les excès de Greta Thunberg, ou plutôt de ceux qui l’instrumentalisent, au point de la faire pleurer au Parlement européen, et qui préfèrent voir les élèves « défiler pour le climat » plutôt qu’aller s’instruire à l’école. Ce sont ces écologistes extrémistes qui ont initié le Mouvement d’extinction volontaire de l’espèce humaine pour « sauver la planète ».
Ce sont ces commentateurs qui, face à deux parents attachés à la vie de leur enfant handicapé (Vincent Lambert), n’ont rien d’autre à dire que de faire remarquer que ce sont de fervents catholiques – la belle affaire, vite les renseignements intérieurs pour suivre une potentielle radicalisation … mais ils ont déjà à ficher les Gilets jaunes à l’hôpital, et à suivre Patrick Jardin. C’est aussi ce « délit d’entrave numérique à l’IVG », qui rejoint les divagations de Marlène Schiappa et Nicole Belloubet, ministres d’Emmanuel Macron, lesquelles voient de possibles connexions entre La Manif Pour Tous et le terrorisme islamique. C’est cette officine estudiantine de l’Université Jean Jaurès de Toulouse, qui a fait annuler un cours de préparation à l’agrégation de philosophie de Philippe Soual, parce qu’il avait été de La Manif Pour Tous. C’est ce groupuscule LGBT hollywoodien, qui tente de faire passer Alain Delon pour homophobe.
Et c’est indéniablement, Emmanuel Macron, dont le seul message est de nous dire, à l’approche du scrutin européen le 26 mai prochain : « Moi, ou le chaos. Moi, ou les populistes. Moi, ou les nationalistes. » Etrange conception de la pluralité démocratique, et reflet, il est vrai, du besoin impérieux de vacuité qui fonde le macronisme.
La dictature de la pensée, ou le terrorisme intellectuel
Ainsi à gauche, tout se vaut, toutes les vérités sont de valeur égale. En théorie, car cette position est intenable. A droite, nous disons : nous ne sommes pas d’accord, mais nous croyons pouvoir accéder au vrai, ou du moins, à plus de vrai, en discutant, alors asseyons-nous et discutons. Réponse à gauche : je suis tolérant, tu ne l’es pas, tu ne veux pas tolérer ma tolérance ? Alors je vais t’écraser toi et ton intolérance. Si tu m’affirmes que ta vérité est supérieure, je te dénigre, je t’ostracise, je te fusille.
Paradoxe sans issue de la gauche, subterfuge contradictoire recyclé à l’infini pour empêcher toute dissidence.
Schématiquement, quelle image peut-on donner pour illustrer la comparaison entre le débat à droite, et le « débat » à gauche ? Je dirais que d’un côté, nous avons les chroniqueurs venus faire entendre un autre son de cloche, Gilles-William Goldnadel, Natacha Polony, Pierre Liscia ou encore Franz-Olivier Guisbert, sur le plateau de Thierry Ardisson. De l’autre, des extraterrestres, compulsivement secoués de haut en bas par la seule idée d’être offended, les mains tremblant au-dessus du bouton « signalement au CSA » (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), prêts à bondir comme dans une expérience de Pavlov.
François Fillon, qui a cristallisé autour de lui cette fameuse droite-Trocadéro, affirmait, le 17 avril 2017 à Montpellier : « Depuis 1981, la gauche a placé ses pions sur le front de la culture et elle a verrouillé la pensée au point de rendre le débat impossible sur tous ces problèmes qui sont pourtant essentiels. La liberté, l’autorité, l’identité, la souveraineté sont devenues des idées honteuses. Les gardiens du politiquement correct ont entrepris de les faire taire par tous les moyens. Cette situation atteint aujourd’hui son paroxysme. »
« Désormais tout se joue à droite »
C’est ainsi que François d’Orcival intitulait son edito du 2 mai dernier. Les idées sont là, il faut le faire savoir, et faire savoir qu’à gauche il n’y a que du vide et de la violence, qui est l’arme du faible. Il nous faut affirmer notre incontestable supériorité intellectuelle sur la gauche et son relativisme autosuicidaire et autodestructeur. Pour citer encore Valeurs (car chaque numéro est une mine, un « souffle d’air frais » pour paraphraser Dreuz.info), ou plutôt le sociologue Mathieu Bock-Côté, « la gauche a été si longtemps dominante qu’il lui suffit aujourd’hui d’être critiquée pour se sentir assiégée, tandis que la droite a été si longtemps dominée qu’il lui suffit d’être entendue pour se croire dominante. »
Bruno Retailleau, le président du groupe Les Républicains au Sénat, et François-Xavier Bellamy aiment citer le philosophe américain Francis Fukuyama, qui croyait, après la chute de l’URSS, à la fin de l’Histoire. La résurgence du marxisme, notamment recyclé dans l’écologisme anticapitaliste, l’expansion du totalitarisme islamique, lui ont donné tort. La gauche, et surtout la gauche-Macron, a elle cru à la fin de la droite. Eh bien c’est la fin de la fin de la droite, pour reprendre l’expression du sénateur de Vendée.
Alors il faut percuter plus fort. Et avant toutes choses, il faut se mobiliser le 26 mai prochain, pour montrer que, oui, désormais, tout se joue à droite.
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