Il est urgent de prendre son temps
Je vais vous proposer une lettre que j'ai écrite il y a déjà quelques mois déjà.
J'ai enfin trouvé le courage de vous la soumettre.
J'espère qu'elle vous permettra d’apaiser les débats que vous pourriez avoir avec votre entourage lorsque vous vous trouvez à des stades différents de ce qu'on pourrait appeler un réveil social.
J'ai écrit ce texte pour répondre à mon besoin de compréhension de mes proches et des divergences d'attitudes que je pouvais rencontrer.
J'ai écrit ce texte car je ne souhaite pas faire violence aux personnes qui ne souhaitent pas se réveiller ou qui apprécient la société telle qu'elle est mais je leur propose, si elles le souhaitent, de prendre le temps de faire leur deuil et un jour, j'espère, avoir l'opportunité d'être en désaccord avec vous/eux pour construire notre société ensemble.
Je vous remercie donc de bien vouloir lire cette lettre telle que je l'ai écrite : avec bienveillance et humilité.
Bonne lecture :
Chers et Chères Etres,
Avant tout, sachez qu’il est urgent de prendre son temps.
Le deuil ne se fait pas si rapidement. Il faut prendre le temps de passer toutes les étapes à son rythme.
Je prends la plume (ou plutôt le clavier) car je voulais partager avec vous ma douleur afin que peut-être vous arriviez à vous sentir mieux.
Avant de commencer, je tiens à vous rassurer ma douleur est passée et maintenant je profite du temps qui m’est accordé pour apprendre à vivre avec vous.
Je fais partie de votre monde et souhaite partager avec vous la douleur liée à la perte de ma société.
Je grandis parmi vous. Je participais chaque jour à la vie des organes de la société en leur apportant mon savoir-faire, mon énergie et également mes économies.
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Jusqu’au jour où j’ai pris conscience que cette société n’était plus « viable ». Ce jour là, j’ai eu un choc.
Ce choc, il remonte au moment où je me suis rendue vraiment compte que cet organisme - auquel je tenais - n’était pas en mesure de protéger ses membres ni d’en prendre suffisamment soin pour qu’ils ne dépérissent pas par eux-mêmes.
Cette société m’a donc montrée ses propres limites.
Elle a fait émerger, face à moi, la rupture existante entre l’idée que je m’en étais faite et la dure réalité.
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Je me suis effondrée. J’ai refusé de comprendre.
Je suis entrée dans une phase de Déni. Ma société ne pouvait pas s’écrouler comme ça. Elle était solide, elle avait l’avenir devant elle. J’ai donc cru bon de continuer à la faire vivre car, de toute façon, il n’y avait pas d’autre solution.
Mais au fil du temps, en m’informant, en regardant ce qui avait été fait jusqu’à présent, je me suis rendu compte que cet organisme glissait dans une direction qui ne me convenait pas.
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J’étais hors de moi, en colère, j’ai rejeté l’évidence, j’ai marchandé avec la réalité.
Elle était toutefois trop importante pour moi et, vous savez, je ne connaissais qu’elle, alors j’ai commencé par émettre des reproches à son encontre.
J’ai eu également des remords quant à mes choix à son égard et j’en suis arrivée à en être dégoutée.
Alors j’ai marchandé avec moi-même en me disant, si je n’y crois pas, ça ne marchera pas.
Ainsi j’ai continué à donner, à me rendre dans l’isoloir, à l’écouter mais rien n’y a fait, elle ne s’est par relevée.
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C’est donc, abattue de tristesse que je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir devenir.
C’est injuste, j’ai tout donné pour qu’elle soit fleurissante et elle ne l’est pas. Je me suis demandé pourquoi ? Je me suis dit que ce n’était pas possible.
Mais rien n’a changé, le constat était toujours aussi froid, ma société, celle que j’avais imaginé, n’existe plus. Je ne sais même pas si elle a existé un jour.
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J’étais donc résignée, j’ai continué à vivoter au gré des échanges sans savoir où aller.
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Et, au bout d’un moment, j’ai relevé la tête, j’ai accepté l’évidence.
Ma société n’existe pas, elle n’a jamais existée. La société dans laquelle j’ai grandi, qui m’a formée, qui m’a formatée n’existe pas.
J’en accepte enfin le constat sans haine ni colère. La colère ayant déjà été dépassée (cf. 3).
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Je me suis donc mise en mouvement.
J’ai retiré mon pyjama d’enfant et, maintenant j’apprends à me lever, à marcher, à construire progressivement une société rêvée plus humaine plus empathique.
Elle ne sera certainement pas celle que j’imagine aujourd’hui ni demain et d’ailleurs celle que j’imaginais hier n’est pas exactement la même que celle que j’imagine aujourd’hui.
Mais ce n’est pas grave, j’essaie de faire ma part même si c’est difficile, même si je trébuche tous les jours, même si je tombe parfois, même si je doute, même si je perds souvent espoir.
Je sais que ça va prendre du temps, peut-être que je n’aurai pas de toute ma vie pour ça, mais ça y est j’ai pris conscience que je suis en train de me réorganiser pour participer à la construction de notre société.
J’ai enfin envie d’avoir des enfants, d’avoir un futur à leur proposer et de profiter de l’instant présent.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de me lire.
Je vous invite maintenant à prendre le temps de vous écouter et d’ouvrir les yeux sur les beautés de notre monde, sur l’importance que vous avez et sur l’importance qu’a tout ce qui nous entoure.
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