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Il existerait un paradis pour les vivants : ce serait le temps de retraite...

Le sens de ma pensée est qu’il me semble nécessaire que ce soient des informations et des argumentations personnelles en même temps que collectives. Inviter chacun et tous à penser et à construire ensemble, de manière à bousculer les conceptions ancrées dans nos têtes. Inventer une culture du questionnement pour envisager l’avenir. Les retraités, qui ont construit cette société, ne peuvent pas s’en désintéresser, ne peuvent pas ne pas s’impliquer.

 

Je suis un peu inquiet et me demande si nous ne sommes pas à croquer les pommes sans trop vouloir l’admettre... Celles que nous ont transmises nos parents en défendant les conditions générales de travail.

Ils étaient au fond d’un océan de misères, ils ont eu le courage, l’énergie, ensemble, de se battre pour faire surface et respirer l’air d’une société attrayante par les offres qui naissaient tous azimuts.

L’usage des matériels industriels, les développements des sciences et des technologies, les développements des besoins énergétiques, l’augmentation des populations, les conquêtes des pays riches en minerais... ont contribué à augmenter la demande des productions, celle des mains d’œuvre toujours plus diversifiées pour produire toujours plus.

Sans vouloir trop nous l’avouer - peut-être par crainte de découvrir quelques remises en causes difficiles - aujourd’hui, nous vivons dans des sociétés - à l’Occident du moins - de l’abondance.

Je n’oublie pas le nombre toujours trop grand de ceux qui sont les plus démunis dans le monde entier. Depuis que je suis entré en recherche sur le rôle et la place possibles du retraité dans la société, je découvre combien nous sommes pauvres en prévision pour les années 2030 / 2050, demain.

Nous sommes engagés, depuis quelques décennies, dans un passage de sociétés industrielles et commerciales, les pays (après avoir déconsidéré l’agriculture), à une société de connaissances, à l’échelle mondiale.

Les études démographiques, économiques, politiques, écologiques, sociales ... ne peuvent plus être considérées dans le cadre de leur seul champ de savoir.

Les interactions se nourrissent dans la complexité de systèmes de connaissances. L’ethnologie est devenue une science incontournable.

C’est important pour ceux qui entrent en retraite aujourd’hui. C’est important pour ceux qui vont entrer « dans ce paradis » d’ici à trente, quarante ans.

Je crois qu’il faudrait que nous soyons assez nombreux pour nous interroger en citoyens responsables sur les connaissances souhaitables, indispensables, nécessaires, à cette échéance.

Nous devrons tenir compte des changements perpétuels, et sans doute accélérés, des sciences et des technologies. Jusqu’où vont nous mener ceux-ci  ? Cela demeure une inconnue qui fait partie de notre vie. Ce que nous entreprenons aujourd’hui aura des conséquences sur la vie de nos descendants.

Et compte tenu des enjeux écologiques, énergétiques, politiques... nous ne pouvons pas ne pas nous sentir concernés aujourd’hui.

C’est important aussi parce que nos réflexions pourraient nous amener à déclarer à nos petits-enfants que nous ne créerons pas davantage de postes de travail - dans le monde entier - car depuis la fin du XIXe siècle, nous avons consacré une part importante de nos énergies à remplacer le travailleur par la machine ; que demain, nous n’allons pas abandonner ce que tout le monde reconnaît comme le progrès. Celui qui, justement, et entre autres, nous permet d’espérer vingt, trente ans de vie de plus que nos grands-parents. Ce temps de paradis.

Dans une société incertaine - sans doute parce que nous ne nous intéressons pas assez à « l’ à venir » - inquiète, alarmante, un jeune retraité, qui se trouve devant un capital "temps libre" : peut-il ne pas se sentir concerné ? Comment peut-il ne pas consacrer un temps afin de « re-visiter » ses connaissances, ses orientations, ses certitudes, pour demeurer « dans et avec » la société de demain ? Avec ses petits-enfants ?.

Plus j’avance dans mes recherches, plus je demeure convaincu qu’un apprentissage doit être mis en place pour ce temps de paradis, la retraite. Un apprentissage, c’est un temps passé avec un ou plusieurs maîtres qui ont pris le temps d’acquérir suffisamment d’expériences de vie, qui n’ont plus rien à prouver qu’à eux-mêmes, et qui ont pensé, avec d’autres, une certaine représentation de l’avenir.

Il ne s’agit pas de se faire la plus belle image du passé pour la transformer et la projeter dans l’avenir. Ce serait de la rétrospective. Mais il faut penser l’avenir avec les changements prévisibles. Non plus dans un contexte supposé immuable, mais dans une idée du futur qui n’a pas forcément des références du passé, d’aujourd’hui.

C’est une position de dérangement, une situation de questionnements, souvent sans référence aux seules connaissances actuelles.

« L’avenir est à inventer », écrivait Gaston Berger, mais il ne peut l’être n’importe comment et par n’importe qui.

 

 


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1 réactions à cet article    


  • Mathieu2 Mathieu2 5 avril 2006 08:16

    « C’est important aussi parce que nos réflexions pourraient nous amener à déclarer à nos petits-enfants que nous ne créerons pas davantage de postes de travail - dans le monde entier - car depuis la fin du XIXe siècle, nous avons consacré une part importante de nos énergies à remplacer le travailleur par la machine ; que demain, nous n’allons pas abandonner ce que tout le monde reconnaît comme le progrès. »

    A mon avis, le progrès et les machines ne sont pas ici en cause. Une génération qui dit à ses petits enfants qu’il n’y a pas assez de travail pour eux serait une génération égoïste et hypocrite ! Ce qui est en cause, c’est ce que cette génération a fait du droit du travail et de l’enseignement, un enseignement qui doit être adapté aux transformations de la société pour que les jeunes puissent s’insérer dans le monde du travail.

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