Il faut reconquérir les quartiers populaires !
La politique n’est pas l’affaire de spécialistes. Si nous voulons combattre les injustices, construire une société plus juste et plus humaine, nous avons besoin de mener une campagne d’éducation populaire liant l’éducation et l’action
Il faut reconquérir les quartiers populaires !
Durant la période dite des trente glorieuses, il existait un réseau associatif très fort, lié au mouvement ouvrier, y compris dans les zones appelées aujourd’hui la banlieue.
Le Parti Communiste avait tissé une toile associative impressionnante.
De la naissance à la mort, les travailleurs et leurs familles trouvaient très facilement chaussures à leur pied.
Les enfants se retrouvaient chez les Pionniers, les ménagères à l’Union des Femmes Françaises, les anciens à l’Union des Vieux de France et tous ceux qui voulaient aller plus loin, pouvaient comme locataires adhérer à la Confédération Nationale du Logement ou comme militants anti racistes, au MRAP..
Si ces mouvements avaient le défaut d’être dépendants du Parti communiste, ils avaient une qualité indéniable : celle d’organiser et de défendre les plus humbles sur leur lieu de vie quotidienne.
La vieille SFIO et le PS dès 1971 avaient une politique de présence sur le terrain, plus limitée mais réelle par l’intermédiaire des clubs Léo Lagrange, la Confédération Sociale du Logement ou les associations de consommateurs.
Les bons résultats de la gauche, tous courants confondus lors des élections municipales de 1971 et en 1977 sont liés à l’existence de cette forte liaison quasi organique entre les partis et de très nombreux habitants...
La situation s’est peu à peu dégradée, le PCF qui a connu une crise précédent a délaissé souvent ces lieux de militance de proximité, quant aux militants socialistes ils ont été aspirés par l’appareil municipal et d’état.
Les partis de gauche n’ont pas vu les mutations sociologiques dans les banlieues et beaucoup de cadres ont abandonné peu à peu le terrain, laissant les associations de masses exsangues.
La politique ayant horreur du vide, de nouvelles forces sont arrivées dans les quartiers pour encadrer les populations les plus fragiles.
Les islamistes se sont bien implantés, réussissant même le tour de force d’obtenir des subventions publiques. Il leur suffisait de créer une association.
Des municipalités communistes et socialistes sont allés jusqu’à recruter des grands frères au lieu de former des animateurs professionnels.
L’extrême gauche essaye d’aller dans les quartiers, Lutte Ouvrière avec des distributions de tracts et le NPA en s’adressant à la jeunesse...
Ces interventions restent ponctuelles, sans lendemain.
Je pense qu’il est nécessaire et indispensable que le mouvement démocratique et ouvrier renoue des liens solides et mène des campagnes d’éducation populaire... Rien ne remplacera l’implantation et l’action de proximité avec les familles.
C’est ce que des associations comme les familles laïques, adhérentes au CNAFAL essayent de faire au quotidien en conjuguant la solidarité et l’éducation.
Nous tenons des permanences sociales, assurons l’alphabétisation tout en menant une bataille contre la vie chère et contre les expulsions... Il ne s’agit pas de faire à la place des gens mais avec eux et ceci en toute indépendance vis-à-vis des institutions et des partis politiques.
L’essentiel réside dans la prise de conscience des problèmes et dans l’engagement social...Quant aux politiques, s’ils veulent être crédibles et reconnus, il leur faut à la fois être dans le mouvement et respecter ce mouvement en comprenant bien la différence de champ de compétence entre un parti et une organisation de masse, familiale, de consommateurs ou de locataires.
Jean-François CHALOT
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON