Il faut sauver le soldat « Babar »

2012... et François Hollande a formulé des voeux : "Je souhaite que ce soit l’année du changement, j’imagine que Nicolas Sarkozy voudra que ce soit celle de la continuité, les Français auront le choix". Pour lui, la confrontation électorale est entrée en phase active : "nous sommes dans la campagne, je le fais franchement, sincèrement, plutôt que de manière oblique, biaisée", déclarait-il hier au journal du dimanche.

L’ex-mari de Ségolène n’a nullement l’intention de laisser le terrain libre au chef de l’État, claironne son service de presse. Mercredi, il fera à Bordeaux son premier meeting de l’année, puis un autre déplacement en province le lendemain avant de présenter, samedi prochain, ses voeux aux Corréziens, à Tulle. Le 8 janvier, il se recueillera sur la tombe de François Mitterrand, à Jarnac, seize ans après sa disparition. La semaine suivante, le candidat présentera ses propositions sur l’emploi, après avoir rencontré plusieurs syndicats, pour ne pas laisser Nicolas Sarkozy faire seul son sommet social. "Les Français ont besoin de changer. Le rapport à Nicolas Sarkozy n’a pas été modifié par la crise et la manière dont il l’a gérée. Il n’a pas réussi sa tentative d’apparaître comme protecteur, il va prétendre qu’il a changé, que la situation l’a changé, mais les Français veulent le changer et ils ont compris que cela passait par nous". François Hollande possède son bréviaire pour 2012 : "Consolider ce qui est acquis, ne rien perdre et aller chercher des électeurs qui parfois avaient voté Sarkozy en 2007, se sont abstenus depuis, et dont certains sont aujourd’hui tentés par un vote extrême". Il est, comme le note le Journal du Dimanche en date d'hier, à la recherche de l’électorat populaire qui fait défaut à la gauche depuis si longtemps.

Ce qui est frappant depuis qu’il a été intronisé candidat officiel PS, c’est de voir l’absence quasi abyssale de programme précis du candidat PS. Bien plus grave, il ne propose aucune alternative aux dégâts causé par la financiarisation des activités, quand son adversaire UMP reprend, lui, les propositions d’Attac sur la taxation des flux financiers ! C’est à peine croyable, car le citoyen est dorénavant en droit d’exiger un débat de fond sur le capitalisme libéral, qui a ravagé la planète, tout comme sur la création monétaire ex nihilo, et son mur de dettes subséquent. Que voit-on à la place ? Un candidat PS qui mène une campagne à l’ancienne, avec visite d’usine, bons mots pour la presse locale, serrage de mains sur les marchés, bref tout ce qui est aujourd’hui totalement dépassé vu les enjeux. Pire : pas moins de 4 porte paroles officiels du candidat ont été nommé en Novembre : les « royalistes » Najat Vallaud-Belkacem et Delphine Batho, et les « hollandais » Bruno Le Roux et Bernard Cazeneuve. Quelqu’un a-t-il entendu un discours audible venant de l’un d’entre-eux ? Et que dire des ectoplasmiques Kader Arif (en charge du secteur Coopération) Jérôme Cahuzac (pôle Budget, Finances, Fiscalité) ou Thierry Jeantet (pôle Économie sociale et solidaire) ? Evoquons alors le “conseil politique” : Harold Huwart est chargé aux côtés de Michel Sapin du projet présidentiel. Jacques Mézard, sénateur du Cantal et président du groupe RDSE, Jean-Bernard Bros, adjoint au maire de Paris, Guillaume Lacroix, vice-président du conseil général de l'Ain et Patrick Molinoz, conseiller général de Côte d'Or, sont aussi dans cet énigmatique club de réflexion. Depuis Novembre ce comité Théodule a été incapable de produire un argument, même une seule fois, contre Sarkozy.
Les Français méritent et veulent un vrai débat démocratique sur l’Euro, la dette, le protectionnisme, etc. Il faut que François Hollande le comprenne et s’empare à bras le corps de ces questions, au risque de transformer l’élection en un nouveau rendez-vous manqué pour la gauche.