Il faut virer les marchands du temple
Il y a très longtemps qu’un dénommé Jésus avait compris cela, et si l’économie capitaliste suivant Weber trouve son origine dans le protestantisme, on ne peut lui attribuer la paternité des errances actuelles de l’obsessionnelle espérance d’une course continue et mortelle dans la seule croissance.
Le vingtième siècle a vu dans sa dernière moitié l’explosion du cumul des savoirs au travers des technologies et des sciences, dont la recherche de l’hédonisme à conduit à privilégier le consumérisme tout azimut, car en plus d’apporter le confort, il est source de revenus monétaires permettant l’échange et dégageant à son tour des revenus financiers.
Dans cette boucle permanente séculaire la victoire du matérialisme est incontestable, même si nous savons qu’il conduit au despotisme hégémonique. Sa suprématie a conduit tous les pays occidentaux à ne mettre aux commandes de leur destiné que des gestionnaires qui ne reconnaissent en l’humain que l’homo-economicus.
Nous n’élisons plus que des responsables qui ne jurent que par l’économie et ont donné le pouvoir aux marchands, et depuis peu pour l’Europe aux banquiers ; chacun nous promettant toujours des lendemains plein d’emplois rémunérateurs tout en sachant que la richesse des uns dépend de la pauvreté des autres pour se répartir la rareté des biens, en expliquant que la crise vient plus particulièrement des banquiers tandis que les marchands en sont le salut.
Ma désespérance est de constater que ce discours bénéficie d’une crédibilité, tant l’inculture populaire est grandissante devant la complexité du monde suivit une information régressive. Il est pourtant facilement compréhensible que le paradoxe décrit précédemment justifie empalement une interrogation existentielle.
Cette interrogation est portée depuis des siècles par les communautés confessionnelles et philosophiques mais il faut convenir qu’au lendemain de la guerre, c’est l’idéologie politique qui nourrissait le débat et donné une espérance au futur.
La victoire du matérialisme « dogmatique libéral » y a mis un terme, mais il nourri de fait un autre terreau qui refait surface au travers des communautés confessionnelles et de tout un tas de comportements ghettoïsants qui se déclinent sous forme d’appartenances les plus diverses à des groupes ou des formes de tribus, car l’homme est un être psychique qui ne peut se passer de croire.
Ceci, comme nous l’observons quand certains idéologues, qui ne se voient pas comme tels, érigent la « loi du marché » en dogme, ou en présentant, comme libre, une organisation économique structurée par tous ses codes, règlements et modèles mathématiques, au point qu’ils sclérosent nos cerveaux et fabriquent des hommes bloqués, devenus incapables d’utiliser leur potentiel cérébral pour penser en dehors des modèle systémiques.
Pour l’illustrer par une parabole, c’est comme si nous vivions en suivant seulement une autoroute. C’est simple, il n’est pas nécessaire de s’interroger pour suivre la route, elle est sécurisée, elle vous offre le nécessaire pour y rouler et vous conduit aux seules sorties autorisées. En bref c’est le schéma idéal de la dictature et de la sclérose cérébrale.
Accepter l’utilité de son existence dans un ensemble varié d’autres voies de circulation est acceptable, en faire le seul moyens de circulation est infantilisant même s’il y a derrière un intérêt économique inscrit dans la recherche du profit.
Pour les marchands il en est de même, leur utilité est incontestable, il faudrait être fou pour le dénier.
Pourtant ne choisir que leur voie nous enferme dans une autoroute économique dont les seules sorties sont celles qu’ils ont élaborées, en y conditionnant nos comportements et nos esprits prédisposés à cela par l’exigence biologique. Ceci a un point que nous sommes devenus des êtres bloqués, nourri à un seul mode de pensé, qui, s’il est acceptable en tant que tel, ne l’est plus lorsque l’homme l’érige en dogme inébranlable. Dogme qu’il ne perçois pas comme tel, car il à été éduqué à son sein, et rejoint en ce sens les comportements communautaristes que parfois ils dénoncent.
Cela fera de lui à son fort défendant l’homme bloqué dont je parle, malgré toutes les capacités intellectuelles et professionnelles dont il fera preuve
L’absence du débat existentiel que les marchands ont imposé grâce à l’acceptation servile de tous ceux qui se retrouvent autour du dominant qui se fait jour (discourt sur la servitude volontaire) nous empêche de devenir mature.
Si nous structurons le psychisme de nos enfants de normes rassurantes pour permettre à leur cerveau un développement convenable et efficace afin de trouver sa place dans une société normalisée, il doit malgré tout à un moment s’ouvrir au monde pour découvrir qu’il n’est qu’un parmi tant d’autres, et, que recevoir des autres, nous prive certes de la vérité détenue, mais nous ouvre à la richesse de la diversité, à la découverte d’autres solutions possibles contenues dans le monde, hors justement des autoroutes qui n’en sont qu’une infime partie.
Sur le plan économique nous en sommes là. Nous avons structuré nos rapports de normes rassurantes au travers de tous les modèles systémiques qui nous ont permis d’user et d’abuser des bénéfices de la technologie et de la science, et à l’heure ou cette même technologie et science nous dit que l’usage sans réserve du consumérisme est mortel, nous sommes incapables de devenir mature tant nous avons infantilisé nos cerveaux en privilégiant l’hédonisme autoroutier.
Celui-ci demeurent la valeur dominante de référence encore et toujours car personne ne veut en réduire les utilisations ostentatoires, et ceux qui en sont écartés par le jeu de la rareté les réclament, tant et si bien que l’on peut dire que l’effet pervers de la démocratie conduira, dans la recherche de sa représentativité, à brosser l’électeur dans le sens du poil, et donc de choisir encore et toujours, l’efficacité marchande, même si les candidats sur ce thème se différencient sur le sécuritaire comme nous le vivons depuis les années 94 environs, avec l’apogée au cours de la dernière élection présidentielle.
Ainsi comme des enfants qui ont un merveilleux jouet, nous ne jurons que par lui, incapable de découverte tant son utilisation nous émerveille par l’espoir d’en être un jour le bénéficiaire privilégié.
Notre capacité cérébrale nous dit bien, preuve à l’appuie les dangers que recèle ce jouet, la pollution, la duplicité, l’escroquerie, mais ce n’est pas elle qui est aux commandes, pour les lui donner, si cela est possible il faut nourrir notre esprit de référence philosophique, de débats et de critiques, il faut s’ouvrir à l’inconnu, fuir les autoroutes despotiques, même quand elles se nomment « les modèles systémiques » qui ne peuvent apporter la solution aux problèmes qu’elles créaient.
Ainsi à l’heure où il nous faudrait élire des idéologues, nous n’avons que des marchands sur la liste des candidats. En quelques trente ans grâce à leur main mise sur les médias ils ont nettoyé le débat citoyen de toute référence existentielle et tout rapporter à une analyse mathématique, car supposer posséder par sa rigueur une vérité dans les comportements égale à celle qu’on lui accorde dans les sciences.
C’est là un constat « ânesque », si la comptabilisation présente certains nombres d’avantages en économie, elle ne peut recouvrir toute la diversité des associations de comportements possibles et revêt donc, si l’on en fait le seul référent, un caractère despotique castrateur de toutes autres possibilités, voire conduisant à leur criminalisation, comme nous l’avons connu au USA avec le communisme et comme cela se développe en Europe avec certain opposant au libéralisme économique.
Nous payerons forcément un jour le prix de cet aveuglement mercantile. Au jour où notre savoir nous permet de faire face aux effets pervers de ce jouet consumériste, nous ne confions le pouvoir qu’à ceux qui ne sont restés que des enfants à l’esprit bloqué par leur superbe, parce qu’ils ont une bonne maitrise de leur jouet économique et pensent que tout doit être mesuré à celle de leurs désirs dogmatiques.
Ils ne peuvent franchir le pas pour devenir adulte et s’ouvrir au monde, car ils ont effacé de la société toutes les références qui conduisent à cela.
Fier de leur enfermement ils se veulent les guides du monde de demain et pensent qu’inscrire le défi de la lutte contre la pollution et les déchets dans leur comptabilisation restrictive et insuffisante offre une réponse à un problème mondial, c’est l’abêtissement du débat de la taxe carbone.
Alors il est tant de chasser les marchands du temple. Il est tout de même facile de comprendre que ceux qui prospèrent du commerce d’une production construite sur des biens rares, quelles que soient leurs promesses, ils ne pourront en faire profiter la totalité de la population, puisqu’il n’y a pas assez de matières premières pour cela. Il s’impose dont de fait la nécessiter de sortir de cette autoroute économique pour bifurquer sur d’autres voies voire en découvrir dans les espaces en friches, mais pour cela il ne faut pas confier le pouvoir politique à ceux qui ne construisent que des autoroutes.
Il nous faut renouer avec l’espérance existentielle dont les utopies sont d’excellents support. Il ne faut pas en espérer une solution mais y trouver l’élan d’une constante remise en question qui est le propre du monde aléatoire qui se réorganise en permanence
L’homme est économe d’énergie et recherche dont toujours la facilité, mais il la délaisse pour l’effort si sa survit en dépend. Le seul problème est que ce passage ne se décide pas et c’est souvent quand l’arbre ne fait plus de fruit que le singe décide d’aller voir ailleurs.
Quant aux hommes c’est souvent un malheur qui en est le passage, et quelle que soit l’intelligence de ceux qui dirigent le monde ce passage paraît une constante d’un changement significatif qui laisse penser que nous sommes loin de diriger notre existence par l’intelligence ou la maturité que l’on confère a l’adulte.
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