Il ne sortira rien de bon de la guerre
La guerre en Ukraine occupe nos médias, mais dans ce flot de paroles pressées pour condamner ou exonérer qui se préoccupe des conclusions à attendre de ce conflit ? En réalité le risque existe de conséquences très négatives, car les deux camps commettent une erreur d’analyse.
Homme, ne cherche plus l'auteur du mal ; cet auteur, c'est toi-même. Il n'existe point d'autre mal que celui que tu fais ou que tu souffres, et l'un et l'autre te vient de toi.
Jean-Jacques Rousseau "Émile ou De l'éducation"
Notre ami Franco-Suisse, auteur de manuel d’éducation mais père indigne avait une logique pour aligner, permettez-moi le terme, des contres sens.
Avant de réfuter sa thèse et de nous ramener au conflit ukrainien, je voudrais tout de même louer monsieur Rousseau — rassurez-vous cela ne durera pas, mon âme vile et moqueuse reprendra bientôt le dessus — a effectué un magnifique choix de thème : Le mal dans le monde rien de moins et l’a attribué au seul individu coupable d’accepter une mauvaise société. Vous me permettrez de voir dans le cinglant Candide avec le meilleur des mondes possibles une réponse.
Et, je vais m’autoriser à me rapprocher de Voltaire, sans toutefois endosser tout à fait son analyse.
Mais revenons à notre Rousseau. Le mal vient de l’homme, et admettons-le, nos médias ont avec enthousiasme enfourché ce cheval et nous expliquent doctement l’origine du conflit par la folie d’un certain Vladimir P devenu fou et incapable de se séparer de l’impérialisme russe, doux chants de son enfance.
Une hypothèse intéressante, mais prenons le CV de monsieur Poutine. Il est né le 7 Octobre 1952 à Léningrad. Alors, il a certes vécu la gloire de l’après-guerre mondiale et le triomphe de l’URSS, mais surtout et rappelons-nous sa carrière au KGB : Il a connu le coup de Prague, l’Afghanistan, il connaît donc le prix payé par l’URSS dans ses tentatives de maintenir ses états clients. Par exemple, soyons méchants le coût du soutien apporté à la Pologne dans le cadre du COMECOM (La contrepartie commerciale du pacte de Varsovie). Alors peut-on imaginer un dirigeant russe vouloir étendre massivement les territoires à soutenir ? (Combien paie l’UE chaque année à Pologne ? Les russes eux, le savent.). Il a vu les charges de la grandeur et la dispersion de puissance impliquée par l’empire. Curieusement ces charges pourtant toujours présentes dans "l’empire européen" son ignorée dans l’analyse à charge.
Vous le voyez la remise en contexte peut rendre certains mythes peu crédibles. Mais bien évidement, le mythe de la responsabilité individuelle permet une identification assez simple pour l’auditeur, soit pour adhérer au modèle soit pour le refuser. Vous pouvez, au prix d’une condamnation verbale vous classer parmi les bonnes personnes puisque l’on vous fournit le problème et la solution. Haros sur le vilain russe semi-asiate (Vous avez, bien sûr, tous reconnus les traits asiates de monsieur Poutine).
Malheureusement le monde est complexe et, désolé mais la géopolitique est construite sur des faits géographiques, historiques et des rapports de forces. Ils ont une dynamique parfaitement expliquée par Marx : Une ligne de défense doit être couverte par un glacis défensif ce glacis finit par devoir être protégé. On peut imaginer le même besoin de sécurité chez la partie d’en face.
Cela vous rappellerait-il certains souvenirs ? Voyons, il a fallu couvrir l’Allemagne réunifiée, donc intégrer les pays de l’est (Pologne, Hongrie, …) fut-ce en organisant des partis à coup de dollars pour encourager les mouvements "Populaires".
Cette ligne de défense acquise et assurée, il était temps d’avancer, mais où donc ? Oh, Ukraine et Biélorussie, voire peut-être Géorgie ? Voyons, mais quel complotiste suis-je, imaginez un peu : Lire Marx et oser appliquer le raisonnement, monsieur Pain, sera bientôt prié de m’expliquer l’obsolescence programmée de mes idées. La manœuvre avait réussi dans les pays de l’est, car l’ancienne URSS était complètement hors de combat (Baisse de l’espérance de vie, mortalité, alcoolisme, mafias en tout genre, effondrement du niveau de vie… Merci aux libéraux Russes conseillés par leurs amis américains d’avoir causé tant de torts à la Russie.) Mais, en l’an 2000 Vladimir Poutine arrive au pouvoir en Russie. Il lui faudra le temps de pour abandonner l’idée d’un accord avec l’occident puis commencer à réorganiser le pays (PIB par Ha +474 % entre 2000 et 2020 de 1771USD courant en 2000 à 10169 en 2020[1].) Les réseaux criminels, sans être éradiquées ont vu leur impact réduit. L’œuvre est donc importante et effectivement la logique défensive impose aux Russes de sécuriser leurs approches. Si l’opération occidentale en Ukraine réussit avec le Maïdan (Si l’on croit les sondages d’avant 35 % de la population a imposé son opinion au reste, ce simple viol de la démocratie montre l’Ukraine devenue un état sous influence et donc la fin du mémorandum de Budapest. Article un ou trois de ce document si l’on admet que le Maïdan fut partiellement obtenu par le chantage économique.)
Et nous revoilà dans notre fameux duel Rousseau Voltaire. Folie d’un homme ou deux logiques étatique parfaitement normales ?
J’appartiens à la seconde école. Les Américains ont tenté de s’emparer de l’Ukraine, on ne peut pas leur reprocher en termes de logique de puissance (Si vous voulez de la morale, excusez-moi de déclarer forfait ! Je la laisse à Monsieur BHL, lui sait la retailler en fonction des intérêts du moment. Je suis moins bon couturier.). Leur erreur est double, porté par les succès antérieurs, après avoir conquis la moitié de l’Europe, ils n’ont pas envisagé l’échec. L’opération russe mettait fin aux manœuvres des révolutions de couleur. Une analyse froide aurait exigé d’engager la marche arrière.
Mais admettons, la stratégie américaine et donc OTANIENNE, était de briser la Russie par des sanctions économiques. Encore une fois, deux empires, chacuns porteurs de logiques antagonistes, les dirigeants américains doivent servir les intérêts US, ceux de la Russie ceux de leur pays et de leur peuple !
L’affrontement était donc inévitable, mais la méthode interroge, les sanctions devaient être victorieuses en quelques semaines, et assurer la victoire. Les lignes de défenses ukrainiennes étaient construites pour encaisser les attaques russes dans le Donbass et procurer le temps de laisser agir les mesures économiques.
Alors, je dois me confesser et implorer la bienveillance du lecteur : Au contraire de nombre de journalistes, Natacha jolie agent de Vladimir Poutine oublie de venir me visiter pour m’expliquer le plan en Ukraine. Je suis terriblement jaloux, car tous les éditorialistes français semblent eux avoir bénéficié de telles visites pour leur expliquer le concept opérationnel russe. En plus, ils l’ont écouté, franchement n’avaient-ils rien de mieux à faire avec Natacha ? Natacha, s’il te plaît, pense à venir me voir, je peux pérorer comme un éditorialiste, mais je cuisine mieux.
Alors, je vais devoir m’expliquer, mais, faute de cette révélation, je devrais me limiter à l’analyse factuelle sur la carte.
- Pour violer ma promesse (encore une fois mon âme noire), je commencerais par un élément hors carte : La Russie ne s’est pas effondrée au plan économique. Il manque peut-être certaines pièces détachées et autres problèmes inconfortables, mais les trains ne déraillent pas, les avions ne tombent pas (imaginez les reportages si cela arrivait), les Russes mangent à leur faim (Oserions-nous demander aux gilets jaunes, dans le rouge au quinze du mois, si c’est leur cas ?) Donc la stratégie occidentale, avouée, est aujourd’hui insuffisante pour générer des troubles civils.
- Les Russes ont avancé et reculé en nombre d’endroits. Pour éviter le tango nous nous limiterons aux gains nets : Le sud de l’oblast de Kherson, de Zaporizia, l’établissement d’un lien terrestre entre la Crimée et la RPD, le rétablissement de l’électricité et de l’eau dans la péninsule, plus des gains mineurs dans l’oblast de Lougansk. Dans celui de Donetsk, seuls des progrès négligeables ont été enregistrés.
- Enfin, je vous avais promis des données sur cartes, vous constaterez mes mensonges répétés, n’y voyez qu’une tentative d’émulation du en même temps macronien. Les ukrainiens, certes approvisionnés par 37 pays, peinent déjà à maintenir simplement leur approvisionnement en obus et malgré une saignée de sa population, on constate une attrition certaine sur les unités ukrainiennes. En tout cas, puisque leurs autoritées refusent de le confirmer, leurs pertes sont suffisantes pour conduire leur parlement à interdire de filmer les cimetières militaires (Les russes ne l’ont eux pas fait).
La situation actuelle semble donc être une victoire stratégique pour la Russie, elle vide les menaces d’offensive occidentale de leur puissance.
Les missiles supersoniques ont neutralisé la menace représentée par les groupes aéronavals américains. Pour la première fois depuis les guerres de l’Opium, les pays peuvent se défendre contre une attaque venue de la mer[2].
L’omnipotence occidentale a donc disparu et cette longue introduction (Je vous prie de m’en pardonner) pose une question importante : Est-ce une bonne chose et entrons-nous dans le meilleur des mondes possibles ?
Eh bien, excusez-moi, je vais me permettre une réponse de Normand, oui et non.
Oui, car la concurrence entre des pouvoirs est à mon avis une bonne chose, et je vais tenter de vous en convaincre.
Mais, et ce sera le cœur du sujet, non, car l’analyse n’a pas été faite et nombre d’erreurs continuent à être commises en termes d’analyse. Il nous manque aujourd’hui, une compréhension fine de la modernité, de ses enjeux et des marges de manœuvres accordée par ce nouvel état de l’espèce humaine. L’usage des droits de l’homme et de modes plus libéraux sur les mœurs comme armes diplomatique gène notre processus d’adaptation.
Or pour s’adapter il faut essayer nombres de voies différentes. L’émulation induite par la concurrence entre les formes de gouvernements est également un facteur favorable. La Chine, durant la période Printemps Automne a mis en place les bases de sa civilisation et enrichie la pensée confucéenne, Sun Tzu… (Son unification en un empire hégémonique a vu un ralentissement des progrès aussi rapides) La féodalité européenne joue un rôle équivalent et jusqu’au XIXᵉ siècle la compétition entre nombre de nations puissantes encourage l’adoption de nouvelles technologies. On retrouve dans la Grèce des citées états la même souplesse, l’époque d’Alexandre si elle constitue une apogée marque aussi la fin de cette phase avec l’unification (Partielle) de la Grèce. La Chine impériale connaît le même genre de ralentissement, la Rome d’après les guerres civiles, avec la fin des puissances concurrentes, expérimente un processus équivalent. Et nous dans tout cela ? Eh bien la chute de l’union soviétique a constitué aussi une homogénéisation de l’occident.
Pourquoi un tel effet ?
Tout d’abord, les centres de décisions s’unifient et finissent par devenir uniques. Plus de circulation des hommes et des idées, mais un centre dont le ruissellement intellectuel s’impose aux périphéries. Les cabales, les amitiés, les complots d’un microcosme deviennent la seule source de réflexion. On assiste donc à un appauvrissement de la réflexion et à la disparition de la critique. Le phénomène est encouragé car "l’élite intellectuelle" utilise sa proximité avec le pouvoir politique pour neutraliser les pensées dissidentes. Les "complotistes" sont priés de comprendre pourquoi certains fonds sont alloués à des "phares" de la pensée[3] et cesser de défier ceux-ci.
Ce monopole intellectuel s’approfondit avec l’impossibilité pour les dissidents de s’enfuir pour publier ajoute une difficulté supplémentaire pour le renouvellement des idées. Autrefois, Voltaire pouvait déplaire au roi et passer vivre en Suisse ou publier en Hollande (le pays, pas le président), aujourd’hui, les GAFAM imposent leurs thèmes et la résistance en face naît de la seule ampleur choquante de l’écart entre la réalité et la propagande présentée.
Le pouvoir, de plus en plus hégémonique trouve un intérêt à soutenir une telle attitude et à en obtenir un surcroît de légitimité par l’absence de contestation fut-elle justifiée. Comme le disait madame Thatcher : "There is no alternative !"
Et l’absence de seconde solution devient sans cesse plus importante, l’unification implique un territoire plus important, des populations plus nombreuses. Dès lors, un gouvernement exige plus de contrôle, des strates hiérarchiques plus nombreuses. Et finalement, n’est-ce pas la plus grande menace ? L’absence de renouvellement inspire aux élites la fin de la peur de leurs rivaux et leur livre les populations. Dés, lors, il suffit d’organiser des prélèvements croissants sur la création de valeur. Avec une telle gestion économique, pourquoi se donner du mal pour améliorer les procédés ? L’occident est aujourd’hui dans une telle impasse où les gains de productivité s’obtiennent souvent en refusant les moyens nécessaires et les employés mis sous pression sommés de trouver en eux les ressources. Il parait que la poste fut adepte avec les brillants résultats désormais connus de tous : mal être au travail, burnout, destruction du capital humain.
Le compromis social entre le peuple et ses élites devient alors un contrat léonin au seul service des dirigeants. En Chine habitué depuis longtemps, les pouvoirs ont appris à ne pas aller trop loin, c’est leur fameux concept d’harmonie. Oserions-nous en dire autant de l’occident fraîchement initié et porté par une culture prométhéenne et une volonté de repousser les limites.
Alors, un monde multipolaire, peut apporter ses avantages et pousser l’humanité en avant grâce à un progrès relancé.
Mais parler de multiples pouvoirs, implique de s’accommoder des heurts entraînés par la friction entre eux. Là, n’est pas le moindre des paradoxes, la guerre, horrible certes, a pour seule alternative un gouvernement mondial dont le succès croissant le rapprochera d’une dictature sans limite. La guerre en Ukraine marque la fin de la tendance vers ce pouvoir hégémonique et le retour aux heurts avec les conséquences habituelles. On peut estimer l’idée bonne ou mauvaise, mais il importe de saisir le concept selon lequel les deux branches de l’alternative posent un problème et pas comme on nous le dit une seule.
Au-delà de ce débat, se pose une seconde question ? Les alternatives disponibles sont-elles bonnes ?
En l’état actuel nous avons le "choix" entre plusieurs équipes défendant des positions différentes :
- Une équipe occidentale occupée à mobiliser les ressources naturelles, forcément en voie d’épuisement, pour maintenir son système et le confort de ses élites.
- Une équipe russe, basée sur le maintien d’un mode de vie traditionnel et d’une spiritualité affirmée.
- Une équipe chinoise, plus orientée sur un investissement de masse, joint à contrôle politique serré.
Alors, évidement le monde d’après (Désolé, monsieur Macron, pas celui de vos promesses ou plutôt de vos rêves.) verra peut-être la naissance de nouveau projets et nous l’espérerons tous. Mais l’objection est essentielle.
Le monde s’engage sur de mauvaises voies et tous les projets sont lourdement fautifs, car nous n’avons pas compris la modernité.
Revenons un instant en arrière. L’homme apparaît (Homo erectus) il y a un million huit cent mille ans. Aux débuts de l’agriculture (-10000/-5000 av JC) cette population représente environ 10 mio[4] d’habitants. C’est l’état de nature si cher à Jean-Jacques, mais ce mode de vie, on le remarquera, favorise peu la prolifération humaine.
La période suivante, des débuts de l’agriculture jusqu’à 1800 après J.-C, verra une expansion de l’humanité vers un milliard d’habitants. La limitation de la population se caractérise par les fameux quatre cavaliers de l’apocalypse : Mort, maladie, famine, guerre.
Venons-en à la troisième partie de l’histoire de l’humanité (On me pardonnera de me concentrer sur des macros-périodes, mais c’est l’intérêt.) : la modernité.
Comment peut-on la quantifier ? Essayons de rester sur les éléments principaux faciles à caractériser — Malgré une expérience très limitée d’à peine deux siècles — pour comprendre l’origine et ses traits spécifiques :
Le premier trait saillant est la succession des révolutions industrielles, et par là même la substitution de la puissance mécanique à la force musculaire humaine. Le second est la présence de révolutions agricoles et enfin, la présence de l’informatique, plus récente, permet de créer des multiplicateurs pour le travail intellectuel humain. Là, ou par exemple, la gazette d’autrefois aurait été composée par un écrivain sur un papier avec une plume, puis des presses à mains auraient permis de réaliser des copies portées par des livreurs jusque dans les kiosques des vendeurs. Aujourd’hui, nous rédigeons sur un traitement de texte et vous lisez sur un site internet, le gain en termes d’effort humain est évident.
Point intéressant, jusqu’aux années 2000 la population semblait devoir croître à l’infini. La transition démographique battait son plein, désormais, la régulation de la population parait s’accomplir, en partie par la limitation des naissances. Les limites traditionnelles de famine, de maladies semblent avoir été, au moins jusqu’à un certain point, levées.
Ces moyens nouveaux permettent une richesse considérable par habitants et donc de nouvelles marges de manœuvres par rapports aux sociétés traditionnelles. Au-delà de la simple survie liée à la nourriture, logement, vêtements deviennent accessibles, loisir et culture de masse sont aujourd’hui envisageables avec d’importantes modifications sociales à venir.
Glissons n’appuyons pas, mais la modernité demeure, constatons-le, une période récente et l’adaptation est encore en cours. L’humanité doit donc saisir les nouvelles règles applicables. Nous avons eu la chance d’avoir au XIXᵉ siècle de grands intellectuels, Tocqueville, Marx, Proudhon… et tant d’autres. Ils nous ont laissé une impression trompeuse d’avoir compris la nouvelle époque, le phénomène n’avait pourtant probablement pas encore atteint son régime de croisière et le modèle analytique disponible restait partiel. Nous même ne sommes d’ailleurs certainement pas encore à une période stable et nous devrons encore réviser les conclusions tirées en notre temps.
Et de là, des analyses partielles et insuffisantes.
Alors, à la lumière de ces faits, je vous propose d’analyser les trois équipes, l’une après l’autre.
- Une équipe chinoise, plus orientée sur un investissement de masse, joint à contrôle politique serré. :
L’investissement de masse est le premier sujet à noter. Les Chinois, en bons marxistes ont reconnu l’importance du capital et la relation entre productivité et machines. La mécanisation, l’usage de sources d’énergies non humaines (Pétrole, électricité…) imposent de mobiliser des moyens, le fameux détour de production.
Mais, l’investissement se laisse-t-il réduire à un facteur quantitatif ? Là est probablement la grande difficulté chinoise (Ils ne sont pas les seuls). Leur PIB par habitant est d’environ 19KUSD en PPa[5]. Le chiffre implique un phénomène de rattrapage. La recette peut alors fonctionner et dans un certain nombre de domaine intensif en ressources, comme l’espace par exemple, la solution parait opérationnelle. Le pouvoir chinois sur ces succès peut imposer à sa population un contrôle politique sévère. D’autant plus facile que la culture du riz de ce pays accorde une grande importance au groupe.
Mais et sans porter la moindre critique, ce sera aux Chinois de choisir leur avenir, l’on peut tout de même interroger la pertinence du modèle. La modernité, impliquera certes beaucoup de capital, mais aussi de savoir l’adapter aux multiples formes de besoins humains. Et dans ce domaine le succès chinois risque de créer de mauvaises allocations capitalistiques.
La modernité, par l‘abondance qu’elle permet, facilite l’accumulation capitalistique. La tentation d’investir pied au plancher est donc là. Mais attention, le meilleur des moteurs ne rends pas la route moins sinueuse et parfois il vaut mieux un moteur moins bon et des freins au lieu de tout consommer pour améliorer la puissance motrice.
La modernité sans transformer l’homme en dieux (Désolé pour les rêveurs de la silicon valley), a juste élargi les assises de notre pyramide productive. De plus en plus de machines peuvent créer un bien être, peut-être sans fin, mais je vous incite à vous souvenir de la chanson de Brassens, auprès de mon arbre. Il existe des besoins humains inaccessibles aux machines, ou aux biens matériels. La Chine avec sa promesse d’abondance risque d’ici un demi-siècle de se heurter à cette seconde limite.
Au contraire, l’équipe russe semble s’engager dans le paris inverse et incite, elle, sur le besoin de spiritualité face à un occident jugé dépravé. L’heure de parler des mœurs dans la modernité est venue, mais, vous me permettrez de musarder en route.
Réinventons un instant, à l’aune de notre modèle en trois périodes l’histoire des religions : La préhistoire connaît des formes de paganismes, la religion des éléments des esprits. Une religion, dont la force sentimentale ne saurait-être évaluée en l’état actuel de nos informations. Les dogmes de l’ère agraire nous sont davantage connues puisque nos grandes religions actuelles en proviennent.
Ces dogmes, nous ont accompagnés durant 12000 ans et peuvent être lus comme un mode d’emploi des règles applicables à cette période. On pardonnera à un marxiste comme moi de manquer de talent d’exégèse ou de sensibilité aux différents dieux. Nous nous restreindrons donc à l’analyse des codes moraux, traduction de la religion dans la vie commune.
La plupart des religions furent un moyen de faire accepter le rationnement né d’un système productif incapable de répondre aux besoins humains. Souvent, elles s’accompagnent d’encouragement au jeune, limitation de la consommation, de répressions sexuelles à la fois pour limiter la population, mais aussi pour encourager ou faciliter la vie commune. Elles constituent le moyen de favoriser un vivre ensemble afin d’éviter ou limiter les affrontements entre les populations. La lutte sociale. Le mépris des règles conduit à la fin des temps et durant l’époque agraire le résultat était certains : L’inconduite, trop visible et répandue se traduisait par la venue des cavaliers de l’apocalypse et un recul du bien-être. La répression était donc violente et bénéficiait du soutien populaire.
Les formes de ces sociétés sont donc particulièrement contraintes et malgré les différences entre les cultures les modalités organisationnelles demeurent limitées.
L’entrée dans la modernité change la donne. La richesse et le progrès matériel modifient les marges de manœuvre. La société peut donc s’organiser d’une manière plus variable pour parvenir à des formes plus variées. La société occidentale, nous le verrons ultérieurement, se pique de définir un nouveau modèle sans se préoccuper de notre situation et de nos limites. Ces abus génèrent un sentiment de rejet, compréhensible et donc la recherche d’un contre modèle, les Russes, en pointe dans la lutte contre l’occident sont appelés à le proposer.
Ils ne l’ont pas voulu, la guerre leur a été imposée et ils doivent vivre avec. Mais cela signifie que le temps a manqué pour établir un contre modèle sociétal. La Russie gère aujourd’hui, le conflit militaire, la lutte économique et les multiples aspects de la naissance d’un monde multipolaire.
Confrontée à de tels défis, elle est conduite à peut-être aller au plus court et revenir au contre modèle disponible : La religion. Or, celle-ci liée à la période précédente, semble inadaptée au modernisme.
L’abondance matérielle, permit par la modernité (Car c’est là la grande force de la modernité) permet de nous affranchir des disciplines traditionnelles. Elle n’aura de valeur spirituelle que si les humains parviennent à donner un sens à leur vie et tous n’y parviendront pas. Le retour à la religion constitue alors une sorte de prêt à porter, disponible et déjà en magasin applicable à tous.
Le modèle, spiritualiste, répression sexuelle et de la consommation me paraît dépassée. La modernité exige une bien plus importante spécialisation des individus, il convient donc de les autoriser à se réaliser de la manière qui les arrangent et cette liberté est difficile à gérer. D’autant plus que la transition vers la modernité est toujours en cours. Nous ne sommes pas parvenus à un monde d’abondance totale où l’ensemble des besoins humains peuvent trouver une offre.
Le travail demeure encore nécessaire, la robotisation, même si elle progresse, reste limitée et incapable de prendre les humains en charge du berceau à la tombe. L’effort demeure donc une valeur à encourager comme le fait la bible. Mais, par exemple, sur le plan sexuel, faut-il s’inquiéter de voir une partie de la population s’abandonner à une liberté débridée et renoncer à avoir des enfants ?
Les progrès de la productivité sont tels qu’au plan matériel, cela demeure gérable, ou devrait l’être si l’économie était gérée dans l’intérêt des populations. Une baisse, modérée de la population peut-être parfaitement acceptée d’un point de vue financier.
Reste, le second aspect, à force d’avoir une population en décroissance, n’organisons-nous pas le suicide démographique et la disparition ? Prenons les chiffres, autrefois, dans l’ère agraire, on relevait des taux de natalités élevés de l'ordre de 45pour mille dans la Russie de 1900, aujourd’hui en France 10,6 pour mille. On me pardonnera, ou pas, d’appliquer les méthodes du contrôle de gestion à un sujet aussi intime, mais cela signifie sur le long terme, en nouveau régime démographique, la possibilité de multiplier les naissances par quatre. Il convient donc de modérer les inquiétudes sur la présence des hommes et la modernité devrait être faite de longs déclins démographiques suivit de courtes, mais violentes reprises, ou d’une stabilisation, à un taux pérenne de la fécondité. Sauf à créer des structures politiques désireuses de favoriser son extinction, l’homme ne disparaîtra pas, ce qui irait, tout de même, contre notre instinct de survie.
Le conflit, mène donc l’un des pays les plus importants du prochain ordre international à adopter une politique sociétale issue d’un modèle dépassé. Soit, elle parviendra à s’en débarrasser, mais modifier un système associé à une victoire (Comme la future victoire russe en Ukraine) est toujours un exercice difficile. Le risque est de le voir demeurer et alors, une fois la menace éloignée, devenir de plus en plus inadapté à l’évolution sociale.
L’avantage évident de s’inscrire en opposition avec le modèle occidental est utile au plan diplomatique, et en termes de mobilisation de la société dans le conflit. Il faut pourtant, en comprendre la limite et le risque est de voir d’une guerre menée pour de mauvaises raisons (Nous allons voir la liste de mobiles peu reluisants des occidentaux pour forcer la Russie à détruire le monstre né à Kiev), naître un vainqueur, propre au plan moral et conduit à rester fidèle aux orientations nées du conflit.
La modernité continuera elle à s’approfondir et d’ici deux générations la Russie et la multitude d’états portés par son exemple se retrouveront dans une situation difficile. Ils tenteront, par refus de nos tentatives de construire un modèle ignorant de toutes limites de maintenir leur population dans un cadre bien trop étroit sans tenir compte des nouvelles potentialités. Pour l’exprimer en termes modernes, la tentative de faire fonctionner un ordinateur moderne avec un DOS, peut, peut-être fonctionner un temps, mais elle importe de bien trop brider la société. L’Iran et le monde Arabe ont à des degrés divers ce problème et si l’occident ne donnait pas un si mauvais exemple, ils seraient confrontés à des difficultés sociales insupportables, sans bouc émissaire extérieur pour éviter le débat.
Notons d’ailleurs dans ce procès, avant de démarrer l’analyse de l’erreur occidentale que nous avons liquidé tous les régimes laïques arabes, le parti Baas en Irak, le régime de Nasser en Egypte fut grâce à nos révolutions de couleurs bien remis au goût du jours des islamistes. Par gentillesse, nous éviterons de parler du crime Libyen, quant à la Syrie, la guerre civile l’a durablement affectée et mobilisée par sa reconstruction elle n’aura jamais le temps de mener à bien la construction d’un modèle social innovant.
Qu’il me soit donc permit de remercier les néo conservateurs pour ces désastres, toute ma haine leur est acquise, juste remerciement de leurs crimes.
Mais leur héritage est encore plus pernicieux, car leurs erreurs sont immenses. J’ai évoqué, très rapidement l’imbécillité du Wokisme et de la promotion des LGBT. Fondamentalement, laisser faire serait jouable dans une société moderne et j’ai expliqué plus haut pourquoi. Mais, en exigeant du reste du monde de s’y rallier avant d’avoir construit la base capitalistique nécessaire pour assurer le niveau de vie de la population, nous transformons le sujet en un chiffon rouge. C’est d’ailleurs l’objectif avoué pour transformer ces sujets en armes diplomatiques et permettre de justifier leurs politiques d’agressions. Bravo, éclater une fleur fragile occupée à naître avec vos rangers, je me demande ce qu’Alan Turing aurait pensé de vos brillantes idées[6].
Mais passons, la mauvaise fois est depuis la dénonciation de Cléopâtre par Octave l’arme des politiciens. Si l’incompétence des néoconservateurs se limitait à cette erreur, elle serait mineure. Il en existe une bien plus importante : Leurs mobiles.
Reprenons ce que l’on sait de la stratégie américaine (Et de leurs alliés, mais parle-t-on des valets ?). L’objectif est de maintenir pour un siècle l’ordre actuel, or, les conditions économiques sont mauvaises, l’occident ne parvient plus à assurer la croissance du niveau de vie de ses populations Il faut donc refinancer la machine.
La guerre d’Ukraine entamée depuis les années 1990 a connu des fortunes diverses. Le coup d’état de 2008, a découvert son rejet par la population ukrainienne et donc il a fallu clôturer la parenthèse Ianoukovitch pour se mettre aux affaires sérieuses. Chose faite depuis 2014, les vainqueurs du Maidan se sont assuré d’écraser les régions d’opposition par la violence et peu importe si cela a provoqué la partition de l’Ukraine ou le départ de 2,5 mio de citoyens ukrainiens vers l’étranger. Mais la destruction de l’Ukraine intéresse-t-elle ? Il a été possible d’acquérir les actifs et les ressources naturelles de ce pays et si il n’y avait pas eu plus gros gibier 30 millions d’esclaves seraient devenus l’atelier de l’UE. En cas de victoire ukrainienne les aides accordées garantissent une dette odieuse suffisante pour pouvoir influencer tous les gouvernements à venir et les actifs restants seront spoliés durant les prochaines étapes.
Mais c'était là tout juste un avant-goût, car il y avait plus gros et la bille ukrainienne a été relancée sur la roulette. Le but est de s’emparer des richesses de l’Eurasie et notamment du plus gros réservoir de ressources : La Russie. J’ai abordé le but de transformer la Russie en une multitude d’état successeurs pour pouvoir la piller à l’aise. Inutile d’y revenir.
Le problème lié à cette politique est la promotion par nos dirigeants d'une vision matlhusienne des ressources. Elles existeraient sous la forme de dépôts irremplaçables préservés dans l'attente de la venue d’un récolteur. Or, qu’est ce qu’une ressource naturelle ?
Prenons, la définition de l’INSEE :
Sources de matière et d’énergie accessibles économiquement dans l’environnement naturel sous forme primaire avant leur transformation par l’activité humaine.
Une ressource naturelle peut être renouvelable à l'échelle humaine (biomasse animale ou végétale, eau) ou non (ressources métallique, minéraux, ressources énergétique fossile, uranium).
On notera l'aspect quantique du dépôt ressources ou non selon la rentabilité économique de son exploitation. Une même concentration située à proximité d’une autoroute sera donc exploitable mais si elle se trouve placée au milieu d’une forêt isolée ce sera juste une curiosité géologique. Nous devons donc à la lumière de cette définition réviser notre conception des ressources. Il existe sur terre d’immenses quantités d’atomes de tous les métaux utilisable pour nos besoins. Les ressources sont là, mais pas aux bonnes concentrations.
Si nous partons d’une liste de ressources constituant un stock limité alors une lutte à somme nulle s’explique. Au contraire, si nous considérons que mille autres nouvelles ressources attendent d’être développées alors, notre intelligence est sollicitée.
Dans ce cas, nous devons nous concentrer dans un travail en profondeur pour améliorer les ressources minières pour rendre davantage de gisement accessible et ainsi pouvoir fournir la consommation de plus d’être humains.
Évidemment, la logique de confrontation avec la Russie relève elle de la première politique, au lieu de développer des ressources sur nos territoires nos dirigeants nous engagent dans du pillage. Donc la stratégie mobilise des moyens irremplaçables pour une guerre au lieu de les utiliser pour améliorer nos procédés.
Je sais, je viole le catastrophisme ambiant selon lequel nous allons tous mourir par manque de ressources. Permettez-moi l’hérésie. Le club de Rome nous annonçait que nous serions aujourd’hui dans la misère et que nous serions en train de nous entre dévorer. Désolé, j’ai bien mangé (Trop d’ailleurs, je devrais perdre du poids et d'autres semblent être dans mon cas.) donc non, l’épuisement des ressources ne s’est pas produit car de nouvelles solutions ont été découvertes. Plus nous trouverons le moyen d’aller vers des densités faibles, plus il est probable que les gisements seront nombreux.
Enfin, sous les mers, dans l'espace des quantités de minerais attendent notre venue et au lieu de trouver les solutions pour y accéder nous nous réfugions dans la guerre fratricide. Bon moyen de nous persuader des limites de notre monde au lieu d'invoquer le génie de l'homme.
Mais confisquer les ressources au profit d'une élite restreinte et malthusienne ne vaut-il pas de risquer une destruction de l'humanité ?
Car si Russes et Chinois ont au moins l'excuse de chercher une solution au profit de leurs peuples nos dirigeants ne servent eux que leur racisme social primaire.
Et en cela ils sont impardonnables :
Ni Pardon ni oubli.
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