Il paraît que les criminels utilisent l’informatique
LOPPSI : un éclaircissement... et une proposition (constructive bien sûr)
Il est urgent, je dirais même vital, d’éclaircir le sens profond d’une loi qui, partie de la énième (et à n’en pas douter, encore anticonstitutionnelle) tentative de verrouiller Internet, finit dans une sorte de fourre-tout Orwellien. Un seul exemple suffira : un article de la loi, en remplaçant simplement (rien d’autre, vérifiez !) ce qui a trait à l’informatique par des termes évoquant la communication écrite :
« section 6 bis, de la captation des données » (sic !) Article 706-102-1 :
« Lorsque les nécessités ... » (etc, etc) , le juge peut « autoriser les officiers et agents de police judiciaire(...) à mettre en place un dispositif technique ayant pour objet, sans le consentement de intéressés, d’accéder en touts lieux à des mots, de les enregistrer, conserver et transmettre, tels qu’ils s’affichent sur une page pour un utilisateur de livres, ou tels qu’il les y introduit par l’écriture. » Mais oui : page pour écran, livre pour ordinateur, écriture pour clavier. C’est tout ce que j’ai changé. Est-ce que ce n’est pas plus clair comme ça ?
Et bien sûr (art. 706-102-5),le « dispositif » sera installé par « introduction dans un véhicule ou un lieu privé, (...) à l’insu ou sans le consentement du propriétaire ou occupant. » Sympa, non ?
Mais il le faut : il paraît que les criminels utilisent l’informatique, donc il faut contrôler l’informatique. Signalons à toutes fins utiles que les criminels utilisent sûrement des enveloppes (retour du cabinet noir et de la vapeur, délicieusement rétro...) ; ils se servent également de voitures (flash), ils achètent des trucs (enregistrement carte bancaire), entrent dans des bâtiments (souriez, vous êtes filmés). Evidemment, la faille , c’est que les criminels préfèrent se rencontrer en direct, rouler dans la voiture des autres, acheter avec des cartes volées, éviter les caméras. Seuls les gens qui n’ont rien à se reprocher ne prendront pas de précautions. Le dispositif serait-il en réalité fait pour eux ? (J’espère que je ne trahis pas un secret d’Etat) . Ah, peut-être qu’il y a un moyen : les criminels utilisent aussi des chaussures (quoique Ben Laden, si on en croit certaines photos...). Gageons qu’un « dispositif » intégré dans le talon et enregistrant les déplacements sera bientôt imaginé par nos prestigieux techniflics. Attention : ce sera pour « garantir les libertés publiques » (Orwell, encore...), et il ne sera dans un premier temps pas obligatoire ; on notera juste les noms des suspects qui refuseraient de le prendre avec les godillots. Il y a un autre paquet de godillots qu’on pourrait bien refuser de reprendre...
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