Imaginer les Cent-Jours du FN en 2017
Verra-t-on le Front National au pouvoir suprême en 2017 ? Marine le Pen en est désormais persuadée. Il faut reconnaître que ce ne sont pas les derniers résultats des élections européennes et sénatoriales qui risquent de la contredire. C’est peut-être aller vite en besogne mais comme c’est désormais dans le champ des possibles je me suis attaché ces derniers temps à imaginer au travers de quelques thèmes* ces fameux Cent-Jours qui, s’ils survenaient, seraient sans doutes les plus durs que la France aura eu à connaître depuis bien longtemps.
L’entre deux-tours
Tout commencerait ici, entre les deux tours de la présidentielles de 2017. Après avoir débattu si nous avions là un 22 Avril à l’envers ou à l’endroit, nous nous retrouverions avec Marine le Pen au second tour. Contre qui ? Ce n’est pas mon propos ici donc peu importe puisque je me place dans l’hypothèse ou la présidente du Front Nationale serait élue. Tout ce que je peux prédire c’est qu’il n’y aura pas de débat télévisé avant le second tour, la candidate FN se retranchant derrière un « Les français choisiront ».
La soirée électorale
Elle sera effroyable pour certains, historique pour d’autres, mémorable pour tous. Si en 2007 l’élection de Nicolas Sarkozy avait donné lieu à quelques débordements dans certaines banlieues il n’est pas interdit d’imaginer qu’en 2017 nous aurions de véritables émeutes dès l’annonce des résultats. Sur un plan plus politique la première déclaration de Marine le Pen Présidente de la République donnera lieu à la première polémique puisque tout le monde notera l’absence de la phrase quasi rituelle « Je serai la présidente de tous les français ». Non, Marine le Pen présidente de la République ne sera pas la « présidente de tous les français ». Elle préfèrera de loin une formulation plus complexe comme « Je serai la présidente de tous les patriotes », reprenant sans la dire un credo du FN : « La France, aimez-là ou quittez-là ».
Le jour d’après
Comme en 1981 la France sera en mode « panique ». Après la gueule de bois d’une soirée et d’une nuit difficile, la France économique elle, se réveillera en panne. Comme lors de l’élection de François Mitterand en 1981 la bourse sera obligée de fermer pour ne pas amplifier la fuite des capitaux dans la perspective d’un retour à un Franc qui serait dévalué d’entrée de jeu. Peur infondée me répondra-t-on ? Pour rappel les socialistes avaient mis en place un contrôle des changes aux frontières lors de leur arrivée au pouvoir. Le FN, tout aussi obsédé par « les frontières » mettra sans doute en place un dispositif équivalent.
Le gouvernement
Un premier mot gouvernera le vocabulaire des journalistes : népotisme. Louis Alliot désigné premier ministre, sera chargé de bâtir un gouverment de « redressement national » ou du moins d’une expression qui rappelera aux historiens les belles heures du pétainisme. Mais la composition ne fera bien sûr aucune place à l’ouverture, encore moins à la diversité. On peut donc imaginer Marion Maréchal le Pen à l’éducation nationale, Gilbert Collard à la Justice, Bruno Gollnich à l’intérieur et Florian Phillipot dans un ministère à la dénomination controversée type « ministère de l’immigration ». Aurons-nous un ministère de la Culture dans ce gouvernement ? Je ne le crois pas, ce sera juste un secrétariat d’état. Quant au secrétariat d’état aux droits des femmes je crains qu’il ne soit sacrifié sur l’autel des économies.
Les législatives
La campagne électorale sera là aussi très compliquée politiquement parlant pour le pouvoir en place avec un véritable Everest à conquérir : passer de 2 à 289 députés. J’en profite pour souligner ici que quand bien même l’exercice se solderait par une victoire nous aurions un parlement pour le moins original avec une majorité constituée exclusivement de nouveaux députés face à une opposition constituée elle exclusivement d’anciens députés. Les uns parleront de renouveau, les autres d’amateurisme. Ce ne sera donc pas la fin des séances tendues, surtout avec un Jean-Marie le Pen au perchoir... Sur un plan plus politique il faudra particulièrement surveiller les votes de l’assemblée nationale, car si s’abstenir quand on est dans la majorité présidentielle revient à voter « non », s’abstenir quand on est dans l’opposition revient à dire « oui ». Le FN pourra-t-il compter sur certaines voix UMP ? Le résultat des dernières sénatoriales laisse penser que oui. Je trouve que la question est intéressante à poser dès maintenant...
La « chasse aux sorcières »
Marine le Pen s’en défendra plus ou moins mais elle devra vite mettre en place ses « relais » dans le pays, entendez des préfets chargés de la « continuité nationale ». En effet comment gouverner avec 2 sénateurs, aucune région**, aucun conseil général et une dizaine de mairies sur les 36 000 communes ? Seul l’autorité du préfet peut contrebalancer cet état de fait. La nouvelle présidente n’aura donc pas d’autre choix que de renouveler en tout juste 3 mois la quasi totalité du corps préfectoral. D’aucuns diront que seul l’état de guerre devrait justifier cela. Là aussi ces préfets seront « neufs » dans le métier ce qui ne manquera pas d’attiser les critiques.
Le 14 Juillet
L’invité d’honneur sera Vladimir Poutine, il n’y a aucun doute là-dessus. Les voix étaient faibles à condamner la décision de Nicolas Sarkozy lorsqu’il a invité Bachar el Assad à assister au défilé des Champs-Elysées. Je ne sais pas si des voix se feront entendre à cette occasion.
Conclusion
J’ai sans doute oublié d’aborder certains thèmes importants (diplomatie, politique étrangère, sommets, etc) mais j’ai voulu rester sur des sujets factuels et aussi éloignés que possible de toute polémique stérile. Mais je tenais à imaginer les conséquences de l’arrivée du Front National au pouvoir. A chacun d’en déduire ensuite s’il faut en avoir peur ou espérer...
* Je me dois ici de faire une note toute particulière à l’attention des sympathisants et des électeurs du Front National. Mon combat est politique et se place sur le terrain des idées, du débat argumenté. C’est pourquoi si les commentaires sont ouverts je ne laisserai en ligne que ceux ayant comme sujet principal mon article et critiquant expressément les thèmes que j’y aborde.
** Je me place dans l’hypothèse où le FN ne gagnerait aucune région et aucun département.
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