immortel... pourquoi faire ?
Au-delà des « immortels » qui siègent à l’Académie Française, et qui pourtant quittent un jour ou l’autre ce bas monde, de nombreux chercheurs planchent sur la possibilité de rendre l’homme réellement immortel.
Cette volonté d’immortalité, ou du moins d’une vie beaucoup plus longue, fait rêver de nombreux être humains, et cela depuis la nuit des temps.
Certains évoquent l’eau de jouvence, et s’il est vrai que, dans le massif himalayen, il existe une vallée, la vallée de Hunza, dans laquelle l’eau serait d’une pureté parfaite, capable de permettre des générations de centenaires, il n’en reste pas moins qu’elle ne permet pas l’immortalité. lien
Gilgamesh, le légendaire roi d’Uruk, 2600 ans avant JC, avait, dit-on, tenté de l’acquérir ce secret détenu par un certain Umnapishti, lequel n’est pas sans partager quelques ressemblances avec Noé.
Il lui fallait pour cela rester éveillé 6 jours et 6 nuits, et malgré son échec, Umnapishti lui fit quand même cadeau d’une plante qui permettait de rester toujours jeune…mais un serpent la lui déroba. lien
Un auteur, Eric Faye, s’est penché sur la question de l’immortalité (devenir immortel et puis mourir/édition corti mars 2012), et fait le quadruple récit de personnages en quête d’immortalité.
De Quin Shi Huangdi, premier empereur chinois à qui est due la grande muraille de Chine, à Kafka, en passant par un physicien et un écrivain inconnu, il raconte cette quête.
L’empereur chinois envoie donc un amiral, doté d’une flotte considérable de 3000 marins, afin qu’il lui rapporte un champignon, censé pousser sur les iles des immortels, à des milliers de kilomètres de là…
Il s’était convaincu de cette possible immortalité, grâce aux récits de voyageurs lui décrivant dans ces iles la légende de corbeaux déposant sur la tête des morts un champignon, lequel redonnait la vie au défunt. lien
Chacun sait que la bible évoque l’existence de Mathusalem, lequel aurait vécu 969 ans… mais quelle est la part de légende ? lien
En tout cas, d’aucuns ne manqueront pas de faire un parallèle entre Mathusalem mort au moment du Déluge et l’immortel Umnapishti, le Noé de Gilgamesh.
Robert Lanza, un chercheur, s’appuyant sur le fait que la mort n’existe pas dans un monde sans espace, ni temps, a une théorie : l’univers repose sur la vie, et non le contraire, et il évoque Einstein pour qui « les gens comme nous savent que la distinction entre le passé, le présent et le futur n’est qu’une illusion ». lien
Mais revenons à l’immortalité…
Les chercheurs proposent 5 pistes possibles : déverrouillage des gènes grâce a l’enzyme Télomérase, téléchargement des informations contenues dans nos cerveaux, réparation des cellules abimées grâce aux nanotechnologies, clonage d’organes permettant la greffe de ceux ci, et pour finir atteindre l’immortalité cybernétique (lien), d’autres allant même jusqu’à affirmer que cette immortalité pourrait être une réalité dans 20 ans, mais serait-elle à la portée de tous ? lien
En effet, il est aujourd’hui possible de réparer des cellules grâce à la nanotechnologie, ou même de greffer des organes cybernétiques.
Auparavant, la médecine s’était orienté vers la greffe d’organe, mais trouver des organes n’est pas simple : aux seuls Etats Unis 62 000 patients sont en attente d’un organe, (lien) et comme on voit de tout sur le net, on peut même découvrir sur Facebook, la possibilité de se déclarer « donneur d’organe ». lien
Cette pénurie d’organe a amené un scandaleux trafic, dénoncé régulièrement : c’est dans les années 80 que cette nouvelle pratique s’est développée un peu partout dans le monde ; En Chine, le commerce des organes pris sur les prisonniers qui vont être exécutés serait en pleine expansion, et une enquête menée en 2004 a mis en évidence une sordide affaire d’enfants albanais assassinés, dont les organes voyageaient via l’Italie ou la Grèce dans les valises diplomatiques de fonctionnaires albanais. lien
D’où la volonté aujourd’hui de s’orienter vers la création d’organes artificiels : du cœur au pancréas, en passant par les reins, c’est désormais possible, même si des améliorations sont attendues. lien
Mais il y a mieux : récemment, des chercheurs japonais ont démontré qu’il était possible de faire pousser de nouvelles dents à partir d’un ensemble de cellules souches.
En effet Takashi Tsuji et son équipe de la Faculté des Sciences de Tokyo ont réussi à pousser des « dents de culture » dans la mâchoire d’une souris.
Les dents n’ont mis que 36 jours à percer la gencive, arrivant à taille normale au bout de 49 jours : elles étaient tout à fait normales, avec leur innervation interne, leurs racines, et leur protection d’émail. lien
Et puis, il y a le clonage humain, une recherche qui soulève beaucoup de polémiques, car si l’on peut défendre le clonage lorsqu’il permet de produire des cellules souches, il n’en va pas de même pour le clonage humain.
Rappelons que le premier animal cloné était une carpe, c’était en 1963, et depuis le parc des animaux clonés s’est largement agrandi : de la brebis (1996), aux macaques (2007) en passant par la souris, la vache, les cochons, le chat, le chien, les taureaux, les lapins, le cheval, la liste des animaux clonés n’en finit pas de s’allonger. lien
Fort heureusement, l’ONU a pris une décision de principe interdisant le clonage humain, laissant tout de même à chaque état la responsabilité de la décision finale (lien) pourtant au Royaume Uni, des scientifiques ont déjà crée plus de 150 homme-animal embryon hybrides dans leurs laboratoires, sans apparemment se poser trop de questions déontologiques. lien
Mais revenons à l’immortalité : c’est en 2009 que 3 chercheurs américains : Elisabeth Blackburn, Carol W. Greider et Jack W. Szostak, ont découvert les télomères, source d’une possible immortalité qui leur a valu le prix Nobel de physiologie-médecine. lien
Elisabeth Blackburn étudiant de son coté les chromosomes du Tetrahymena, alors qu’au même moment, Jack Szostak découvrait qu’une molécule d’ADN linéaire introduite dans des levures s’y dégradait très rapidement, ils se rencontrèrent lors d’un colloque, afin de mener une expérience nouvelle.
Incorporant une séquence d’ADN du Tetrahymena dans une levure, ils constatèrent qu’elle ne s’était pas dégradée, comprenant finalement que c’était grâce à l’action d’une enzyme, qu’ils ont baptisé Télomérase. lien
David Khayat, chef du service de cancérologie de la Pitié-Salpêtrière à Paris, est enthousiaste : « c’est tout simplement l’horloge interne de nos cellules qui permet de prédire combien de temps il leur reste à vivre ». Ces télomères sont des séquences ADN ayant pour fonction de vérifier si tout va bien, en « scannant » les chromosomes. S’ils trouvent une anomalie, les télomères réparent la cellule endommagée.
Ces télomères n’existent qu’en quantité limitée, et avec le temps, ils se réduisent, amenant à terme la disparition des cellules.
Or certaines cellules, les cellules cancéreuses, ont la capacité de reproduire à l’infini, et les 3 prix Nobel cherchent maintenant comment freiner l’effritement de ces télomères, en étudiant la télomérase, l’enzyme qui répare et fabrique les télomères. lien
D’autres chercheurs, français ceux là, ont fait une autre découverte, amenant la possibilité de « rajeunir les cellules ».
En effet le professeur Jean-Marc Lemaitre, chercheur de l’institut de génomique fonctionnelle et son équipe, ont découvert en 2011 comment rajeunir des cellules humaines.
Ses travaux publiés dans la revue « Gene & dévelopment », sont une avancée spectaculaire pour la médecine : « cela ouvre un monde nouveau, tant en matière de médecine régénérative que de thérapie cellulaire. On peut aussi imaginer de pouvoir gommer les maladies liées à la vieillesse », à ajouté le professeur. lien
De là à atteindre l’immortalité…
En tout cas pour la Turritopsis nutricula, une petite méduse d’un demi centimètre, la question ne se pose plus…elle est immortelle, puisqu’elle est capable de transformer ses vieilles cellules en cellules jeunes, et des scientifiques tentent pour l’instant en vain de décrypter le mécanisme de cette éternelle jeunesse espérant pouvoir l’appliquer un jour à l’être humain. lien
Sauf que notre planète n’est pas extensible, les experts limitant la population maximale admissible à 12 milliards. lien
En 1970, nous étions 3 milliards 600 millions, et en 2012 nous sommes le double, qu’en serait-il si demain on parvenait scientifiquement à prolonger indéfiniment la vie des êtres humains ?
Les prévisions pour 2050 annoncent que nous dépasserions les 9 milliards… lien
Lorsque l’on sait que 55 millions de personnes meurent chaque année sur la planète, et que 150 naissent tous les ans, on constate que si la science pouvait prolonger indéfiniment la vie humaine, il faudrait gérer une augmentation de la population de plus de 200 millions supplémentaires d’êtres humain par an, soit 2 milliards tous les 10 ans. lien
Et puis comme dit mon vieil ami africain « au lieu de s’interroger sur la vie après la mort, il faudrait inverser la question… y a-t-il une vie avant la mort ? ». lien
L’image illustrant l’article provient de « p1.storage.canalblog.com »
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Olivier Cabanel
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