Impliquée dans une affaire d’emplois fictifs, Marine Le Pen riposte en dénonçant la « politisation de la Justice »
Le RN entend proposer à l'Assemblée nationale « l'interdiction des prises de position politique » aux syndicats de magistrat, mais aussi la condamnation des journalistes diffusant des éléments d'une instruction judiciaire en cours.
Mise en examen pour des faits de « détournements de fonds publics », accusée d'avoir profité d'emplois dits fictifs d'assistants au Parlement européen, Marine Le Pen n'avait pas répondu aux questions que les juges d'instruction lui avaient posé lors d'une convocation au du tribunal de Paris, en octobre dernier. A l'époque, elle accusait déjà les magistrats d'outrepasser leur pouvoir : « l'autorité judiciaire ne peut s'ériger en arbitre du contenu du travail politique d'un député et de son bien-fondé sauf à violer le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs », avait-elle déclaré à l'AFP.
Marine Le Pen continue à mener sa campagne de discrédit contre la justice en dénonçant cette fois-ci l'instrumentalisation de l'institution judiciaire à des fins politiques. Alors que le projet de loi de programmation pour la Justice arrivait lundi dernier en première lecture à l'Assemblée nationale, les députés RN ont saisi cette occasio pour avancer des propositions contre ce qu'ils nomment la « politisation de la Justice ». Dans un cahier d'actions « pour une justice plus efficace, plus impartiale et au service du bien commun », révélé par Le Figaro, les députés RN présentent 25 mesures qui sont autant de réponses au texte porté par Nicole Belloubet. « On retrouve dans le texte de la garde des Sceaux la funeste philosophie qui tend à ne surtout pas incarcérer, où le bien-être du détenu passe avant l'efficacité de la peine. On a envie de dire : Taubira, sort de ce corps », critique Marine Le Pen.
Parmi ces mesures, les recommandations visant journalistes et magistrats promettent de faire débat. Le parti de Marine Le Pen prône ainsi « l'interdiction et la condamnation sévère » de toute diffusion dans les médias d'éléments relevant du secret de l'enquête ou de l'instruction. « La publication en elle-même deviendrait un délit, précise la chef du RN. Plus seulement la violation du secret de l'instruction, ou son recel. ». « Ces révélations sont pourtant le siège de l'instrumentalisation politique de la Justice », soutient l'ancienne candidate à la présidentielle, qui explique ne pas s'être rendue aux convocations des juges durant la campagne de 2017 pour cette raison. Avant d'ajouter : « À partir du moment où on sait que le procès-verbal de son audition va se retrouver dans la presse le lendemain, et que les morceaux seront choisis par le parquet qui n'est pas indépendant, il faut des garde-fous. Toute l'opposition passe au tourniquet à ce genre de pratique. C'est malsain. » En revanche, les actes de procédures tels que l'ouverture d'une enquête préliminaire, d'une information judiciaire ou une mise en examen pourraient, dans ce projet, faire l'objet d'une publicité.
Le parti à la flamme propose aussi d'« interdire toute prise de position politique » aux organisations syndicales de magistrats. Cette proposition semble viser en particulier le Syndicat de la magistrature - ancré à gauche -, qui avait appelé à faire battre le Front national lors des dernières présidentielles. « C'est une question de principe. Les syndicats sont libres de prendre des positions pour la défense des intérêts de leurs membres. Mais il ne doit exister aucune suspicion à l'encontre d'un magistrat. Donc il ne peut prendre aucune position politique », livre Marine Le Pen qui ne cesse de fustiger l'appartenance ou la connivence avec le Syndicat de la magistrature des juges en charge des affaires inquiétant le RN. « Ces magistrats rouges », accusés en juillet dernier « d'instrumentaliser l'institution judiciaire pour faire disparaître le principal parti d'opposition. »
Sur le plan pénal, le Rassemblement national fait aussi des recommandations : révocation systématique du sursis, fin de l'automaticité des réductions de peines, interdiction de territoire pour les étrangers condamnés en France, rétablissement des peines planchers. Mais ces mesures apparaissent comme des revendications classiques de la droite : on les trouvait déjà dans le programme de François Fillon lors de la dernière présidentielle. Comme en 2017, la finaliste de la présidentielle prône la conclusion d'accords bilatéraux pour que les étrangers condamnés en France exécutent leur peine dans leurs pays d'origine. Pour lutter contre la surpopulation carcérale en maison d'arrêt, l'ancienne avocate entend en extraire tous les primo-délinquants. Installés dans des « maisons de détention », ils exécuteraient leurs peines loin de personnes incarcérées en détention provisoire, généralement auteurs de crimes ou délits d'une autre gravité.
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