Impôts locaux : imbroglio
Dans le fourre tout de son programme présidentiel, Macron avait fait figurer l’exemption de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, mais sans plan global de financement des collectivités locales, ni prise en compte de la rupture de l’universalité de l’impôt en le faisant porter sur 20 % des ménages (ref 1).
Depuis lors, suite à réactions parlementaires et avis du Conseil Constitutionnel, le gouvernement a changé de fusil d’épaule et annoncé la suppression pure et simple de la taxe d’habitation en 2020, mais les modalités de financement sont encore à l’étude.
Ah si, nouvelle improvisation : il restera la taxe d’habitation pour les résidences secondaires, là où comme son nom l’indique les gens n’habitent pas souvent -qu’importe, elle sera renommée-. Mais cela va accentuer les disparités entre les communes : les riches communes balnéaires récolteront le pactole, et les communes populaires resteront désargentées.
Pour 2018, ce sera le budget général qui compensera la réduction de 30 % par une dotation supplémentaire aux communes et départements, pour les régions il est question de l‘affectation d’un pourcentage de la TVA.
Pour 2020, mystère et boule de cristal, pourrait on dire, différentes pistes sont avancées par un comité Théodule (ref 2) et bien malin qui peut prédire l’avenir. Les communes veulent récupérer la part du département, les départements veulent récupérer une partie de CSG, bref le tirage de couverture en ordre dispersé.
Le risque est évidemment que les communes, intercommunalités, département augmentent la taxe foncière (ref 4) qui subsistera, et certaines ont déjà franchi le pas. Mais cela crée un nouveau problème de rupture de l’universalité de l’impôt, si l’usage des équipements publics n’est financé que par les ménages propriétaires de leur logement, et par les bailleurs pour leur locataires. Il existe alors une solution logique, comme pour les charges de copropriété, un partage entre propriétaire et occupant, avancée par le propriétaire et en partie récupérée sur le locataire (comme pour la taxe d’enlèvement des ordures ménagères) .
Concernant la dotation complémentaire par l’état aux collectivités locales, Benjamin Grivaud porte parole du gouvernement a affirmé sur BFM TV dans l’émission de JJ Bourdin du 15 Mai (ref 5) qu’il n’y aurait ni impôt nouveau, ni augmentation d’un impôt existant, et que tout sera financé par des économies.
Mais sur quoi l’état peut-il économiser ?
-Les coûts de fonctionnement ? Pour cela il faudrait réduire les strates (communes, intercommunalités, départements, régions, état), or la fausse bonne idée de création des « grandes » régions a coupé la possibilité de fusionner les étages département et région.
-L’armée ? Au contraire Macron veut augmenter la part de PIB qui lui est consacrée, pour les aventures extérieures.
-La justice, la police, l’hôpital ? On annonce au contraire des créations de postes
-L’Education ? Ça n’en prend pas le chemin avec la réduction d’effectifs des classes de CE1 l’an prochain dans les zones difficiles
-La contribution à l’UE va augmenter pour compenser la perte du financement britannique (à défaut d’autre chose, ils apportaient des pépètes).
-Le services de la dette ? Les taux vont réaugmenter, et même avec un déficit annuel réduit, elle continue de croître, or l’actuel gouvernement n’est pas du genre à faire faut bond aux banques
-L’écologie ? la culture.. ? ce sont déjà de petits budgets
Bref, à part rogner dans le budget social, aucune baisse de dépense ne semble identifiée.
On peut craindre que le gouvernement trouve un biais « vertueux » pour ponctionner davantage ...sauf sur les importations qui sont sanctuarisées. Alors une nouvelle forme de taxe carbone ? Retour de la vignette automobile ? ...taxe sur les niches et nains de jardin :-) ? (il y en a bien une récemment instaurée sur les abris de jardin) ?
Ce qu’il faudrait, c’est que les collectivités locales optimisent drastiquement leurs dépenses !
Et là, il existe la solution, focaliser sur les fonctions de base : école et voirie
En effet, il y a désormais surenchère entre communes d’équipements de prestige et loisirs
-médiathèques généralement vides,
-complexes sportifs souvent surdimensionnées (regardez le taux d’occupation des terrains de foot multiples),
-maisons de loisir, de jeunes, de seniors, d’associations (ancienne gare reconvertie, ancienne mairie, ou bâtiments neufs),
-centres villes avec trottoirs de marbre et réverbères rococo,
-bords d’avenues et rond points paysagés, plantés, taillés, désherbés à la main (fongicides interdits) par un bataillon de jardiniers, etc.
Dans un même temps, les routes se dégradent, le budget voirie se limite à multiplier anarchiquement les obstacles (chicanes, dos d’ânes...)
Il reste les prestations sociales à charge des collectivités territoriales, mais étant fixées par l’état, elles devraient être financés sur le budget général (ceci dit, on se repasse alors le mistigri fiscal). .
Ref 1 : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/reforme-fiscale-electoralisme-197414
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/rupture-du-principe-d-egalite-198122
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/macron-reconnait-que-le-maintien-199013
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