Infanticide néo-natal : le retour à la barbarie
Juger d’une époque révolue à l’aune des critères moraux d’aujourd’hui, c’est risquer de commettre de grossières erreurs. Cependant, il est inévitable, humain, de comparer et de mesurer l’évolution entre une époque passée et la notre. Nous, occidentaux, héritons du monde latin, mais la virtus n’est plus qu’un vieux souvenir prégnant chez trop peu de monde. Et puis, il faut rappeler que les romains (comme les spartiates d’ailleurs) n’étaient pas des tendres : les nouveaux-nés, en général les plus chétifs et les souffreteux, ou celles nées avec le « mauvais » sexe, pouvaient être exposés, c’est à dire abandonnés dehors. Si un passant décidait de récupérer l’enfant et de le soigner, il pouvait vivre. Sinon, le froid, le soleil, l’absence de nourriture, de soins et les animaux mettaient un terme à sa vie. L’eugénisme n’est pas une invention si récente que ça. Bien sûr, notre première réaction est de crier à la barbarie de cette pratique antique qui fût infligée à Œdipe et à Moïse.
Sauf que cette barbarie a trouvé de modernes zélateurs pour opérer une résurgence, en la personne de législateurs démocrates au Maryland. Si la loi 6991 passe, il ne serait plus possible de mener une enquête criminelle contre ceux qui laisseraient mourir un nouveau-né en s’abstenant de lui prodiguer les soins dont il a besoin. Si une investigation était menée, les personnes visées pourraient demander des dommages contre le dépositaire de la force publique. Bref, il s’agit d’une légalisation de l’infanticide néo-natal.
La tentation est grande de se prendre pour un imprécateur qui maudirait cette époque. De quel étalon user pour mesurer les civilisations ? Dostoievski incitait à visiter les prisons, Gandi à regarder le traitement réservé aux animaux. Kardachev modélisait la consommation énergétique. Et puis Nikki Gemmell écrivait que « Le degré de civilisation d'une société se mesure à la détresse de ses citoyens les plus pauvres, et non au nombre de ses gratte-ciel. », mais un enfant qui vient de naître n’est pas encore un citoyen. Et puis il y a ces paroles de Jésus rapportées par Matthieu :
amen je vous le dis
chaque fois que vous l’avez fait à un seul de ceux-ci
mes frères
les plus petits
c’est à moi que vous l’avez fait2
(cliché Maryland GovPics CC BY 2.0)
1https://www1.cbn.com/cbnnews/us/2022/march/aclj-warns-proposed-maryland-senate-bill-could-legalize-infanticide-up-to-28-days-after-birth
2Mt 25, 40 - Traduction Cl. Tresmontant
16 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON