Infirmières, victimes des politiques belliqueuses du pouvoir en Iran
Les informations reçues de l’intérieur des cercles du pouvoir montrent que pendant les trois premiers mois de l'épidémie de coronavirus en Iran, les autorités ont continué à envoyer de l'argent liquide pour payer leurs mercenaires en Syrie et au Liban.
Le territoire iranien est depuis des mois en alerte rouge face aux envolées des contaminations et des décès liés au coronavirus ; l’Iran est à l’heure actuelle le pays le plus touché au Moyen-Orient.
Le régime iranien a constamment prétendu qu'il n'était pas en mesure de fournir de médicaments ni d’équipements médicaux à la population en raison du manque de liquidités ou de l'impact économique des sanctions internationales. Il refuse donc d’embaucher davantage d'infirmières pour faire face à la pandémie actuelle, faisant valoir que la réalité économique la rend inabordable. Mais, les informations reçues de l’intérieur des cercles du pouvoir montrent que pendant les trois premiers mois de l'épidémie de coronavirus en Iran, les autorités ont continué à envoyer de l'argent liquide pour payer leurs mercenaires en Syrie et au Liban.
À l'heure où les Iraniens espèrent recevoir des soins de santé en pleine épidémie de Covid-19 et où le nombre de décès explose, une nouvelle vague d'infirmières émigre à l’étranger en raison de leurs conditions de travail. En effet, elles doivent exercer sans équipement de protection individuelle (EPI de base), n’ont pas vu l’ombre d’un salaire depuis des mois et ne bénéficient que d’une sécurité limitée de l'emploi.
Au lieu d’injecter des fonds dans la communauté médicale pendant cette crise sanitaire, le pouvoir iranien a choisi l’option de sacrifier la population pour pouvoir préserver ses initiatives militaires et sa ligne de politique étrangère agressive.
"La migration des infirmières a augmenté de manière significative ces derniers mois, et plus d'un millier ont demandé à quitter le pays au cours de la même période", a déclaré Armin Zareian, président du Conseil infirmier de Téhéran. Cette demande d'immigration a mise en lumière de multiples raisons de vouloir partir : la fatigue et l'épuisement après 8 mois de travail sans relâche et 24/24 heures, les retards de paiement de salaires sur plusieurs mois, les contrats temporaires ou de 89 jours qui les privent d’une assurance et de nombreux autres avantages liés au contrat à temps plein.
"L'emploi temporaire de 89 jours est l'une des principales raisons de la migration des infirmières", estime Zareian,"car de nombreuses promesses ont été faites concernant les moyens de subsistance des infirmières, mais jusqu'à présent, aucune action efficace n'a été prise".
Selon le quotidien médical officiel Sepid,"Les infirmières de 89 jours constituent un exemple clair de l'exploitation de la communauté infirmière. Dans le cadre du contrat dit de 89 jours, elles ne sont pas assurées, ne bénéficient pas de congés payés et sont embauchées temporairement avec des salaires les plus bas. Les autorités ont embauché environ 3.000 infirmières et les ont presque toutes congédiées au bout de trois mois."
Des salaires de misère
En Iran, une infirmière reçoit environ $120 pour 10 à 12, voire 20 heures de travail par jour (Aux États-Unis, où Covid-19 se déchaine aussi, une infirmière reçoit 4000 $ par mois pour 7 heures de travail quotidien).
Maryam Hazrati, n° 2 de la direction des Soins infirmiers au ministère de la Santé, fait référence à une étude tout à fait optimiste en février 2019 avant la pandémie, selon laquelle le salaire moyen de chaque infirmière ne dépassait pas les 200 $ par mois.
"Les gens devraient savoir que le montant de notre salaire mensuel n'est pas conforme à la loi", a déclaré l’infirmière Mina Shah-Hossein au journal gouvernemental Arman Melli. "Toutefois nos cœurs sont avec les malades et nous vivons chaque instant et chaque seconde dans l’espoir de les sauver. Cependant il faut aussi savoir que notre capacité a une limite et que ces états de fatigue ont vraiment un effet sur le nombre de décès et notre capacité à fournir des soins de qualité à nos patients".
Il faut noter que les infirmières étaient déjà sous-payées et devaient attendre des mois leur salaire avant que leur charge de travail ne triple en raison de la pandémie. Selon la presse, les heures supplémentaires n'ont été payées par le régime qu'un an plus tard.
Salaires des mercenaires en Syrie et au Liban
Selon les informations publiées par l'opposition iranienne, le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) en juillet 2016, le salaire mensuel des mercenaires à la solde du Corps des Gardiens de la révolution iranienne (pasdaran) en Syrie variait entre 800$ et 1500 $ (1000$ en moyen). À cette époque, les pasdarans avaient à leur solde près de 70.000 mercenaires étrangers en Syrie, de sorte que la somme des salaires des mercenaires non syriens en Syrie à elle seule s'élevait à environ 70 millions de dollars par mois. Malgré la crise de Covid-19, les transferts de fonds au Liban, bien qu'en baisse de 50%, n'ont jamais cessé non plus. Les pasdarans versent actuellement 700 millions de dollars par an au Hezbollah libanais. (Avant les sanctions, le montant était supérieur à 1 milliard de dollars.)
Une situation hors norme
Concernant les statistiques des infirmières en Iran, Maryam Hazrati a fait état, en janvier 2020, d’à peine 19 infirmières pour 10.000 habitants dans le pays ; chiffre bien inférieur aux normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), selon laquelle, il doit y avoir dans les centres médicaux et les hôpitaux 50 infirmières pour 10.000 personnes. Sur la base actuelle, le nombre d'infirmières dans tout l'Iran (80 millions d'habitants) est estimé à 152.000. Le salaire total des infirmières en Iran atteint donc un peu plus de 30 millions de dollars par mois.
De toute évidence, si les70 millions de dollars de salaires mensuels payés aux sbires des pasdarans en Syrie étaient injectés dans la communauté médicale en Iran, davantage d'infirmières pourraient être embauchées pour alléger le fardeau du personnel de santé, tout en réglant les arriérés de salaires des infirmières actives actuellement. La politique étrangère du régime iranien a laissé le corps médical avec un nombre limité d'infirmières. Vu le nombre de départ et de démissions, il est probable que la situation continuera de s’aggraver.
D’autan plus qu’avec la troisième vague de Covid-19 qui frappe le pays, le personnel médical a atteint le point culminant en termes d'épuisement et de maladie, laissant ainsi nombre d'entre eux dans l'incapacité de travailler.
30.000 infirmières infectées par le coronavirus
Mohammad Sharifi Moghaddam, secrétaire général de la Maison des Infirmières, évoque cette situation désastreuse estimant qu’à ce jour, "au moins 30.000 infirmières ont été diagnostiquées positives au Covid-19. C'est très dangereux pour la population, car elles prennent les transports en commun à la fin de leur service, ce qui peut potentiellement finir par infecter d'autres personnes".
Les infirmières sont aujourd'hui les moins bien payées, et elles disent à juste titre que leur maigre salaire est le prix de leur sang", a expliqué une infirmière chevronnée.
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