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Accueil du site > Tribune Libre > Ingénieurs : pourquoi ?

Ingénieurs : pourquoi ?

Cet article est issu du journal grenoblois Le Postillon, n°47, automne 2018

 

Les études d'ingénieur, c'est la voie royale. Combien sont-ils, ces adolescents, à qui on bourre le mou avec ce poncif ? Combien sont-ils, à subir deux ans de prépa', puis trois ans d'école d'ingé', en se demandant ce qu'ils font là ? Pas pour des histoires d'argent : avoir un diplôme d'ingénieur permet effectivement de gagner confortablement sa vie, et de faire partie des winners. Mais pour certains, un bon salaire ne suffit pas à répondre aux grandes questions existentielles. À quoi servent les ingénieurs aujourd'hui ? À être des bons petits soldats de la fuite en avant technologique ? À remplacer les humains par les robots, à les rendre toujours plus dépendants de la technologie, toujours plus avides d'énergie ?
Alors que les rapports scientifiques alarmants sur l'accélération de la catastrophe écologique se multiplient, ces questions sont quasiment absentes des formations d'ingénieurs. On apprend essentiellement aux étudiants à se conformer aux attentes du marché du travail et des entreprises, qui n'ont pour but que la croissance de leurs bénéfices.
Il arrive régulièrement de lire dans la presse des témoignages d'ingénieurs déserteurs : « Machin-truc a plaqué son poste bien payé chez STMicro pour aller faire pousser des carottes  ». La désillusion ne concerne-t-elle que quelques individualités marginales ? Ou devient-elle un phénomène de « masse » ? Le Postillon a papoté avec une tripotée d'ex-ingénieurs, quelques étudiants sceptiques sur l'intérêt de leur formation et des profs plus ou moins critiques.

On nous reproche souvent de ne pas aimer les ingénieurs, de se moquer d'eux, d'être un peu méchants avec ces petites choses. Mais a-t-on le choix ? Les ingénieurs, c'est la spécialité locale. À Grenoble, on cultive bien plus d'ingénieurs que de noix. Près de 2 000 étudiants par an sortent diplômés des écoles d'ingénieurs grenobloises, et il paraît qu' «  un habitant sur cinq travaille dans la recherche, l'innovation ou l'enseignement supérieur  ». Écrire des choses intéressantes sur Grenoble sans égratigner les ingénieurs, c'est comme parler de l'Ardèche sans louanger les châtaigniers.

Et puis faut pas croire, mais au Postillon on peut aussi être gentils avec les ingénieurs : on fait même de la réinsertion. Vous souvenez-vous de Gaspard ? Il avait témoigné l'année dernière dans un article sur la « novlangue du CEA » (Le Postillon n°42) : après trois ans de thèse dans le prestigieux centre de recherche, il a tout arrêté, rebuté par l'avenir radieux qui lui tendait les bras dans une grande boîte ou une start-up. Il a découvert le chômage, les bas-fonds grenoblois et le printemps dernier, il a refusé une nouvelle proposition de poste au CEA. Malgré le bon salaire, le repas du midi à 3 euros, les salles de travail bien chauffées avec plein de matos, le prestige de ce centre national, et la fierté de papa.

Eh bien figurez-vous que notre association vient de l'embaucher en contrat aidé, à 22 heures par semaine, en tant que VRP-graphiste : 735 euros par mois, pour bosser dans une minuscule pièce trop chaude l'été trop froide l'hiver, le bureau du rédac-chef jamais rangé, la polenta mal cuite, Pierre Perret (ma P'tite Julia) et Kacem Wapalek (Tour du monde) qui passent en boucle, et l'humour douteux des dessinateurs. Une certaine vision de l'ambition et de la gestion d'une carrière, qui inquiète généralement les parents.

Mais faut pas qu'ils se tracassent : des ingénieurs « déserteurs  » on en connaît plein, et ils ne s'en portent pas plus mal. D'ailleurs, avouons-le, la grande famille du Postillon en est truffée.
Il y a Pierre Lazare, le premier maquettiste du journal qui nous gratifie quelquefois de cartes bizarres, diplômé de l'école des Mines d'Alès, quelques années à bosser chez un pubard ou dans la logistique avant de s'éloigner définitivement de l’ingénierie pour être graphiste indépendant.
Dans l'équipe, on a aussi Lolo, pêcheur-relecteur, diplômé de l'INPG (Institut national polytechnique de Grenoble) qui lui n'a jamais bossé en tant qu'ingénieur mais croûte en trimant dans le journalisme scientifique.
Pierre a également fait l'INPG et des articles pour Le Postillon ( il y a longtemps). Depuis, il vient corriger les fautes de temps en temps et gagne de l'argent en montant des murs en pierre sèche ou en élevant des abeilles – sans avoir jamais fait « fructifier » ses longues études.
Et puis Louise, rédactrice intermittente, qui elle aussi a bossé au CEA Grenoble. Aujourd'hui, elle est prof et s'investit dans une ferme à la campagne.
C'est pas fini ! J'apprends à l'instant, alors que j'écris ce papier que notre président, lui que je croyais instit' depuis les années 1970, a fait initialement une formation d'ingénieur, qu'il a même bossé des années pour Legrand, la boîte de matos électrique, où il ne servait à rien si ce n'est faire acte de présence aux réunions.

 

 

Au Postillon, on n'est pas représentatifs de la société et on n'a jamais prétendu l'inverse. Pour la plupart diplômés de l'enseignement supérieur, descendants de classes moyennes, on a eu le luxe de ne pas être trop stressé par les questions financières. Alors beaucoup d'entre nous ont bifurqué, dévié des destins professionnels confortables qui leur étaient promis, pour bricoler dans ce journal ou dans d'autres projets fragiles et peu rémunérateurs.

Combien de déserteurs ?

On n'est pas représentatifs, mais quand même : sur la vingtaine de personnes qui participent de près ou de loin au Postillon , il y a six ex-ingénieurs, soit 30 %.
Est-ce parce qu'on les attire tous ? Ou est-ce parce qu'il y en a de plus en plus ? Ces six ex-ingénieurs en connaissent tous d'autres, des diplômés ingénieurs qui n'exercent pas. Des anciens collègues de promo ou de boîte. À chaque soirée mondaine de la cuvette, on en rencontre de nouveaux. Il y en a qui ont écrit des pamphlets pour expliquer leur désertion (Pourquoi j'ai quitté le CEA sur www.piecesetmaindoeuvre.com) et d'autres qui sont partis plus discrètement. À Grenoble, au bout de chaque rue, un ex-ingénieur.

Certains quittent le métier pour aller vers des postes plus « prestigieux », comme chef d'entreprise ou maire de Grenoble (depuis 1965, trois des quatre maires de la ville (Dubedout, Destot, Piolle) ont été ingénieurs – quand on vous dit que c'est une spécialité locale). Mais si on parle de « déserteurs », c'est pour évoquer plutôt celles et ceux qui quittent l'ingénierie pour trimer dans des secteurs bien moins côtés. Éducateur, menuisière, apiculteur, cuisinier, prof, alter-commerçant (tendance biolocale), salariée d'association (tendance économie sociale et solidaire), constructeur de cabanes, prof de billard, kiné, vigneron, etc. : les reconversions sont nombreuses et plutôt variées. C'est pas toujours facile, carrément galère parfois, mais je n'en ai pas rencontré qui regrettaient leur choix.

Combien sont-ils ? Mystère : les associations d'anciens élèves d'écoles d'ingénieurs ne suivent que ceux qui exercent ce métier. Dans leurs études ou annuaires, ils parlent uniquement de leurs anciens élèves devenus « account manager  », « conducteur de projet  », « directeur supply chaine », « global strategic buyer  », «  ingenieur process  », « président business unit  », « spécialiste en sécurité des procédés  », etc. Il n'y a pas de statistiques sur les « déviants  », pas de portrait de « Truc-Machin, cinq ans d'étude dans la microélectronique pour finir accompagnateur en moyenne montagne de classes vertes ». Maxime Tran-To, responsable de la communication à l'ense3, une des écoles de l'INPG, m'affirme : « à chaque remise des diplômes, il y en a un sur trois cents qui va faire autre chose. C'est vraiment la marge. Ils passent tellement d'énergie à faire une école d'ingénieurs, qu'après ils en profitent.  »

Un sur trois cent ? Une proportion qui nous semble vraiment très éloignée de nos observations. Pour ce papier, j'aurais pu interroger une cinquantaine de déserteurs, sans vraiment chercher, juste dans mes connaissances et leurs connaissances (j'en ai quand même interrogé une douzaine, j'avais prévu de mettre des extraits de leurs témoignages à côté de ce texte, mais il n'y a plus de place dans ce foutu journal, excusez-moi du temps perdu). Un prof de l'INPG anonyme pense lui, de par son « expérience (totalement biaisée et empirique) : sur un groupe de 40, 1 à 2 personnes par an ne valident pas leurs études, 2 à 3 vont se réorienter directement après diplôme et quelques reconversions vont arriver après quelques années de travail seulement  ». D'autres personnes rencontrées parlent d'au moins 10 ou 20 % de leur promo... Bref : il semble en tous cas que fuir l’ingénierie devient de plus en plus tendance, même si les responsables de formation ne parlent pas de ce phénomène.

Forcément : pour ces écoles renommées, que ce soit l'INP ou Polytech à Grenoble, il ne faut surtout pas évoquer ces déserteurs. Ces études publiques soi-disant prestigieuses sont financées avec « nos » impôts, ça ferait tâche de se rendre compte que de plus en plus de jeunes les ayant réussies en sortent dégoûtés. Alors, dans leur communication, comme d'ailleurs dans 95 % des articles de presse, le métier d'ingénieur est formidable, prisé, reconnu, envié. Les communiqués de l'INPG claironnent que les jeunes diplômés de 2017 ont un « taux net d'emploi  » de 92,4 % un an plus tard, et qu'ils gagnent en moyenne 34 200 euros par an. L'école se targue d'être un « accélérateur d'avenirs » et prétend «  innover pour un avenir durable  ». Emploi, bons salaires : tout va bien ?

Pas pour tout le monde. En juin 2017, un film tourné par des étudiants de l'Insa (Institut national des sciences appliquées – école d'ingénieur de Lyon) sort sur Youtube. En quelques mois, Ingénieurs pour demain – c'est son nom – connaît un petit succès, plus de 40 000 étudiants ingénieurs le visionnant sur la plate-forme vidéo. Plusieurs étudiants y expriment leurs doutes sur le sens de leur futur métier : « Ça me donne pas très envie par rapport aux conséquences que t'as sur la société, explique l'un d'eux. À un moment on peut pas simplement se dire moi je vais avoir une vie correcte...  »

La diffusion du film Ingénieurs pour Demain a entraîné la création de collectifs d' « Ingénieurs engagés  » dans plusieurs villes, dont Grenoble. Collectif qui s'appelle depuis peu « Ingénieurs citoyens », suite à sa fusion avec l'association ingénieurs sans frontières. Bastien, Théo, Théo (oui encore) ou Benjamin en font partie et on a passé un bout de soirée ensemble : « L'année dernière, on était entre dix et trente dans les réunions, et on a surtout parlé. Cette année on veut faire plus d'actions, organiser des conférences, essayer de faire changer les formations pour qu'on évoque plus les questions écolos et le sens ou l'éthique du métier. On a essayé de discuter avec la CTI (commission des titres d'ingénieurs), mais les écoles d'ingé sont là pour répondre aux besoins des entreprises, les autres questions ils ne s'en préoccupent pas. On a eu un rendez-vous avec le directeur de l'INPG, qui nous a dit qu'on pouvait faire venir des intervenants, que c'était super ce qu'on faisait. On a l'impression qu'ils se disent "ils sont mignons" mais qu'ils s'en foutent  ».

Pierre, le relecteur du Postillon évoqué plus haut, était dans le même genre de démarches il y a près de vingt ans. «  à l'époque je militais à Ingénieurs sans frontières. On faisait un peu de lobby sur la direction de l'INPG pour qu'il y ait plus de sciences humaines dans nos formations, et des espaces pour se questionner autour des sciences. On était reçus bien gentiment, ils étaient contents de notre démarche, de voir des étudiants motivés, mais il n'y a eu aucun changement pérenne.  »

Aucune prise en compte des questions écolos

Depuis, rien de nouveau sous le soleil de l'innovation. En école d'ingé, on apprend à répondre aux questions « comment ?  », mais jamais « pourquoi ?  ». Cette déconnexion des grands enjeux écologiques actuels exaspère les « ingénieurs citoyens  » grenoblois : « On est né pour la plupart au moment du protocole de Kyoto, en 1997. Toute notre scolarité, on a beaucoup entendu parler des questions écolos. On est la première génération à baigner là-dedans depuis qu'on est petits, mais en même temps le marché du travail pour les ingénieurs ne change pas. Les entreprises ont pour but unique la croissance, et on ne se pose jamais la question de savoir si cette quête de croissance est une bonne chose ou pas. Il y a beaucoup d'études très sérieuses, qui sont quand même pas très optimistes sur l'avenir du monde vivant sur la planète, et c'est un euphémisme. Dans nos formations, on n'en parle jamais... (…) Quand ils parlent d'écologie à l'école, c'est pour faire des ''ruches connectées''. (…) »
Vladimir, un autre étudiant engagé, abonde : « En master de science des matériaux, on n'aborde absolument pas les problématiques liées aux limites physiques de la planète, les problématiques géopolitiques et sociales liées a l'extraction de minerais. L'école d'ingénieurs forme bien une certaine élite, conditionnée pour faire en sorte que le système néolibéral actuel continue sa route ».

Il faut faire ici une petite mise au point : « écologie  » ou « transition » sont des mots très galvaudés. Certains veulent faire croire qu'on limitera le réchauffement climatique en mettant de partout des capteurs, des robots et des machins connectés. Une croyance bien entendu grotesque, même si elle est partagée par plein de gens d'apparence très sérieuse, comme des professeurs ou responsables de formations, au grand dam de nos « ingénieurs citoyens » : « Ce qu'il faudrait faire aujourd'hui c'est du low-tech [technologies simples, faciles d'accès], mais là-dessus il n'y a pas de recherche. Il y a un fantasme sur le progrès en école d'ingé. Même pour nous c'est très difficile de s'en défaire, de se demander quel progrès, pour aller où ? Il y a une grosse propagande autour de l'innovation, sans vraiment poser des questions sur ce que ça va amener derrière. On a la volonté de faire un job éthique, d'être utile à la société, et on se demande comment ce sera possible.  »

En parlant avec ces étudiants scientifiques, j'ai le même genre de sensation qu'en échangeant avec des étudiants en journalisme. La plupart se destinent à faire une belle carrière dans la communication sans se poser plus de questions que celle de leur fiche de paie. Mais il y en a toujours quelques-uns qui veulent faire du « vrai  » journalisme et qui ont envie de croire que c'est possible aussi d'avoir un bon salaire, de concilier sens et réussite. Dans le domaine du journalisme, j'y crois presque pas. Il y a quelques places pas trop mauvaises, mais courtisées par énormément de prétendants. Généralement, il faut choisir entre faire de la merde bien payée ou pondre des trucs sensés en étant mal ou pas du tout rémunéré (on parle en connaissance de cause).
Dans l’ingénierie c'est à peu près la même problématique, alors je ne pense pas que ces ingénieurs citoyens parviendront à concilier sens et carrière. Pour l'instant, ils y croient encore un peu … Rendez-vous dans quelques années, aux séances de relecture du Postillon  ?

Demain a-t-il besoin d'ingénieurs ?

Jean-Phillipe Neuville, maître de conférences à l'Insa de Lyon, intervient plusieurs fois dans le film Ingénieurs pour Demain. Au téléphone, il analyse : « il y a toujours eu des ''rebelles'' en écoles d'ingé. Mais avant, il y avait cette minorité qui bifurquait, et puis la grosse majorité, qui ne se posait pas de question sur le sens de leur futur métier et pour qui tout allait bien. Ces dernières années, il y a l'émergence d'un troisième groupe, tous ces gamins biberonnés aux questions environnementales, qui n'en peuvent plus des cours où elle n'est jamais présente, et qui ont envie que leur savoir d'ingénieur serve à quelque chose d'utile, mais qui ne savent pas comment faire ».
Ce qui est sûr, c'est que de plus en plus d'étudiants ne veulent pas bosser dans des grands groupes : « les changements annoncés par les entreprises soi-disant responsables, ça a été beaucoup de com', mais pas beaucoup d'actions. Et puis il y a le mode d'organisation très hiérarchisé qui en rebute plein. Alors certains sont tentés par les start-ups, où la façon de travailler leur convient plus, mais où les questions de sens ne sont pas non plus là. Nous on essaye de leur faire découvrir le secteur de l'économie sociale et solidaire, même s'il n'est pas non plus tout rose, vu qu'il y a des entreprises plus ou moins vertueuses. Mais ça bouge pas mal en ce moment, je suis assez optimiste pour la suite.  »

Difficile pourtant de croire que les ingénieurs engagés vont réussir à s'épanouir professionnellement dans un futur proche, à moins de bifurquer pour faire charpentière en Ardèche, comme une ex-étudiante à l'Insa interrogée dans Ingénieurs pour Demain. Dans le film, Jean-Philippe Neuville s'enflamme : « Si on veut changer le monde, il faut des gens sérieux, des gens bosseurs, qui savent gérer des gros projets. Faut maîtriser les techniques. Faut pas juste vendre des fromages de chèvre sur un salon Primevère. Donc ingénieurs engagés, c'est vraiment des ingénieurs au service de la transition, des gens sérieux, rigoureux.  » Les ingénieurs, qui ont tant « changé le monde  » en participant à son artificialisation et au développement de technologies énergivores, sont-ils indispensables pour prendre une direction plus saine  ?

Il faudra en tous cas qu'ils aient moins de pouvoir. Si plein de savoirs acquis pendant les études d'ingénieurs peuvent être utiles pour servir d'autres buts que la fuite en avant technologique, leur responsabilité dans l'état du monde actuel doit quand même être soulignée.
Mais à quoi pourraient-ils servir d'utile ? Un professeur de l'INPG défend par exemple que « dans un monde très technique, il faut, je crois, former ceux qui sauront expliquer, comprendre, réparer les choses, quand/si tout s'effondre. C'est une vision pessimoptimiste, comprendre le monde pour limiter la casse.  » Vladimir, un des ingénieurs citoyens rencontrés, pense que les ingénieurs pourraient servir à « organiser une société qui utilise très peu d'énergie et qui permet l'épanouissement de ses individus » ou « qu'être ingénieur permet dans notre système de promouvoir les technologies low-tech plus facilement que la majorité des personnes  », même si « la théorie de l'effondrement en cours de notre civilisation remet notamment beaucoup en question le métier d'ingénieur tel qu'il est conçu aujourd'hui  ».

L'année dernière, il y avait 136 400 étudiants ingénieurs en France. Si on considère que tous les débouchés dans le high-tech sont globalement inutiles pour une société décente qui prendrait à bras le corps la question écologiste, on peut douter que l'économie sociale et solidaire ou la recherche dans les low-tech puisse offrir des débouchés à autant de monde. Si un jour notre société prend enfin le chemin de la décroissance, il faudra aussi une décroissance du nombre d'ingénieurs.

Sébastien, lui, a déjà fait sa part : après un an d'étude à l'INPG, il a tout arrêté en septembre 2017 : « Quand je suis rentré en prépa, j'avais vraiment l'image de l'ingénieur comme d'un gars dans son garage qui bricolait des trucs fou-fous. En fait c'est beaucoup moins glorieux. En école d'ingé, j'ai compris que tout était entièrement informatisé, que mes études allaient être de la gestion de logiciel. On apprend rien du tout de concret, c'est une grosse perte de temps. Et puis j'ai fait un stage chez un maraîcher et je suis tombé amoureux de ce métier. Alors j'ai quitté l'école en début de seconde année. Là, je bosse dans la restauration, en attendant de me former. C'est un virage à 180° pas facile à négocier. Avant, financièrement, j'avais un grand soleil devant moi. Maintenant c'est un grand brouillard, mais je regrette pas mon choix.  »

 

Encarts dans l'article original :

De l'INP aux vignobles

Seb, diplômé de l'INPG et vigneron : « J'avais déjà fait mon virage pendant les études, où je voyais que beaucoup de collègues avaient des rêves très normés alors que j'avais envie d'une vie libre. J'ai vite compris que j'avais pas envie de bosser dans un bureau d'étude ou dans une usine. Après mes études, j'ai bossé dans la conception de murs d'escalade. Et puis j'ai rencontré des anars qui m'ont fait comprendre qu'une partie du problème, c'était le capitalisme et le chacun pour soi.
Les solutions, j’allais pas les trouver dans l'ingénierie classique, il fallait plutôt regarder du côté des alternatives. Alors, je me suis réorienté sur les questions de politiques énergétiques et l'action locale.
Et puis, au bout du compte, avec mon épouse, nous nous sommes lancés dans un projet agricole et je me suis installé en tant que vigneron bio dans le Voironnais. Un projet loin d'être évident mais qui commence à prendre forme ! C'est un métier dur : plutôt physique, assez répétitif et bien souvent solitaire, mais c'est passionnant. Quand je bossais dans un bureau ce qui me manquait c'était le rapport aux saisons. Aujourd'hui je suis en plein dedans.
 »

De l'ingénierie au sur-activisme associatif

Héloïse a fait des études d'ingénieur en hydraulique environnemental. Après trois ans à bosser dans un bureau d'étude, elle plaque sa vie à Lyon avec son salaire d'ingénieur pour aller s'installer dans le Trièves avec le RSA. « Je ne supportais pas de passer une grande partie de ma journée à bosser devant un ordi, je n'aimais pas les rapports hiérarchiques dans ma boite, je trouvais ça dur d'être une femme dans cet univers masculin, les horaires de travail me laissaient aucune place pour d'autres activités et Lyon était vraiment trop loin des montagnes...  ». Depuis elle a une « tendance au sur-activisme associatif  », en multipliant les engagements : « association pour l'accessibilité de la montagne au public handicapé, association pour le développement de jardins à vocation thérapeutique et/ou social, association pour le développement d'une radio locale, association pour la création d'un lieu artistique et artisanal au sein de mon village, association de sauvegarde du train, etc  ». Et tout se passe bien ? « Ça m'empêche pas de continuer à passer du temps devant l'ordi, d'être confrontée encore à des rapports de domination ou à du sexisme dans mes lieux d'activité, de pas respecter mes temps de repos en faisant des réus le soir et le week-end par exemple... Mais disons qu'aujourd'hui j'y vois plus de sens !  »

certains n'arrivent pas à déserter

Florian a 29 ans. Issu de l’école Polytech’Grenoble, cela fait maintenant cinq ans qu’il est diplômé et qu’il travaille comme ingénieur. Après une expérience peu enrichissante à Lyon dans une société qui vivait au crochet du crédit d’impôt recherche, il est parti à Paris, plein d’espoir, travailler pour une cause plus noble, le recyclage. « Le jour où Nicolas Hulot a démissionné, j’étais en déplacement sur une usine de recyclage en déchets électroniques. Dans cette usine il y a plus de 80 tonnes de déchets qui arrivent pendant la période d’été. Le fait de voir la quantité énorme de déchets qu’on produit et se dire que l’état ne s’intéresse finalement pas à ces problématiques environnementales m’a fait un comme électrochoc  ». Florian travaille pour une filiale du groupe Suez et se rend bien compte que tout ce qui intéresse cette société ce sont les profits. Et que ça soit par le recyclage ou par autre moyen, c’est la même chose. Puis il y a aussi les conditions de travail : open space, bruit constant, manque de contact humain. « C’est quand j’ai commencé à m’ennuyer au travail et à rentrer énervé chez moi que j’ai senti qu’il fallait que je fasse quelquechose.  » Mais avec son loyer élevé, ses habitudes de vie, et aussi une peur de l’inconnu, Florian ne sait pas comment sauter le pas et se réorienter.

Élever des chèvres, un boulot d'ingénieur ?

On sait pas si on a besoin d'ingénieurs pour la transition, mais ce qui est sûr c'est qu'ils sont hyper bien préparés à reprendre une exploitation agricole. Dans son livre Le ménage des champs (éditions du bout de la ville, 2016), Xavier Noulhianne ancien ingénieur contrôle chez Rhône-Poulenc, devient éleveur. En formation, il s'aperçoit qu'il est le seul à comprendre le langage technocratique qu'on impose aux paysans : certification, identification, standardisation, sélection, industrialisation. Prendre la fuite, mais pour aller où ?

 


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39 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 6 décembre 2018 10:45

    ’’Ingénieur ? Pourquoi ? ’’

     

    A votre avis, combien d’ingénieurs sont-ils affectés à temps plein sur le lobbying du réchauffement climatique ainsi que sur le lobbying opposé ?

     

    Pour ne citer que ces lobbyings là et ces spécialités là.

     

     A bon entendeur ...


    • Arogavox Arogavox 6 décembre 2018 11:02

      Merci pour cet excellent article ...

       et, plutôt que de parler aussi de la voie universitaire traditionnellement méprisée par ces ingénieurs, auxquels ils arrivent à succéder sur les mêmes missions en SSII des « partenariats » public-privés ... pour en arriver au final aux même parcours de ’désertion’ ... (clin d’oeil à Grenoble !)

       je préfère profiter de l’opportunité de proposer à tous un projet citoyen constructif à la hauteur de leurs savoir et sagacité inventive :

       chercher sur le Web « doléances Kdo » ... et proposer mieux si ça inspire 


      • Arogavox Arogavox 6 décembre 2018 12:01

        Les ingénieurs feraient-ils preuve d’humilité en abandonnant aux universitaires la prétention de la Recherche ou de l’inventivité ?

        Intéressant de rapprocher ces extraits :

        « dans un monde très technique, il faut, je crois, former ceux qui sauront expliquer,
        comprendre, réparer les choses, quand/si tout s’effondre. C’est une vision pessimoptimiste, comprendre le monde pour limiter la casse. »

        >>> pas un mot sur la nécessité d’inventer pour s’adapter ?!

        ...

        « Ce qu’il faudrait faire aujourd’hui c’est du low-tech [technologies simples, faciles d’accès],
        mais là-dessus il n’y a pas de recherche »

        >>> inventer une communication pseudo-anonyme de proche en proche par clé USB, c’est pas à portée des ingés ?
        c’est pas assez low tech ?
        ou bien c’est le bénévolat et la gratuité qui leur ferait peur ?

        ...

        « Si un jour notre société prend enfin le chemin de la décroissance,
        il faudra aussi une décroissance du nombre d’ingénieurs. »

        >>> ben non, justement, si l’on veut mettre en oeuvre un nouvel art de la démocratie, digne de notre siècle, il faudra un maximum de citoyens compétents pour contrôler et veiller au grain des indispensables outils humains nécessaires pour dompter une complexité soumise à la loi de l’entropie.


      • Alren Alren 8 décembre 2018 16:42

        @Arogavox

        Si quelqu’un peut permettre à l’humanité de continuer à vivre sur son vaisseau spatial qu’est la Terre, ce sera l’ingénieur, pas l’éleveur de chèvre !!!

        Je connais indirectement plusieurs hauts-diplômés en science et en technique, des chercheurs, qui ont abandonné le laboratoire non parce qu’ils n’aimaient plus ce travail mais à cause de l’ambiance qui y régnait entre collègues rivaux et du fait de chefs de labo proprement insupportables.

        Deux causes sont responsables, à mon avis, de ces ambiances détestables : la pénurie de moyens, salaires et équipements, et le mandarinat.
        Le mandarinat ce sont ces célébrités médiatiques de la science qui s’accaparent les résultats de leurs subordonnés et qui sont devenus inamovibles malgré la stérilité de leurs travaux une fois passé les résultats qui leur ont valu la gloire.
        Le problème n’est pas nouveau, c’était déjà le cas pour un Pasteur.

        Pour mémoire, dans le passé, l’ignorance a été responsable de catastrophes écologiques. Ainsi dans l’Antiquité, les chèvres des bergers grecs, en consommant les feuilles des arbustes des collines, ont, après la mort desdits arbustes, mis la terre à nu, provoquant lors des pluies des coulées de boue qui laissaient la terre des hauteurs stérile.
        Actuellement au sahel, le surpâturage provoque, accélère, le phénomène de désertification. Et cet élevage n’est même pas rentable faute de connaissances par les bergers.

        L’ignorance est la pire calamité ...


      • Zolko Zolko 6 décembre 2018 11:14

        En école d’ingé, on apprend à répondre aux questions « comment ? » mais jamais « pourquoi ? »

         

        c’est sûr que si vous ne comprenez pas ça, vous n’avez rien à foutre comme ingénieur. Et non, je ne peux pas vous expliquer, car c’est le principe même d’être ingénieur : on sait comment faire les choses, mais lesquelles et pourquoi sont des questions politiques et/ou morales, et n’appartiennent pas au monde de l’ingénierie.

         

        On apprend comment il faut construire des ponts qui soient techniquement bien fichus dans tous les cas, mais lesquels construire dépend du contexte. Quant-à savoir pourquoi construire des ponts, si vous ne savez pas ça vous êtes débile.


        • Jeff Parrot Jeff Parrot 6 décembre 2018 11:19

          @Zolko
          C’est la meme chose dans tous les metiers, etudes, le pourquoi est peu aborde


        • baldis30 6 décembre 2018 19:17

          @Jeff Parrot

           Le pourquoi peut relever de la théorie et en matière scientifique comme en matière historique la réflexion suivante de Fernand Braudel donne un point de départ :
           « La théorie résume les faits elle ne les explique pas »

          Après tout s’il n’y avait eu cet imbécile de Newton avec ses anneaux, venant après on ne sait quel olibrius débile avec des lentilles convergentes est-ce qu’on se serait posé la question de la spectroscopie et tous les c.... en premier lieu Römer qu’est ce qui est allé perdre son temps avec les satellites de Jupiter ... il aurait mieux fait d’aller cultiver des choux .... des choux , des brassicacée pour nourrir l’humanité alors que toutes les brassicacées concentrent les métaux lourds ...
          Il faut être clair dans l’esprit de l’auteur les ingénieurs sont tous des c.... et ceux dont ils transmettent le savoir par leurs réalisations auraient dû être condamnés par l’Inquisition ! 
          Et les deux pires ... Archimède et Héron d’Alexandrie.... ouf le premier a été assassiné on ne sait pas où il aurait pu conduire l’humanité
           Et le second c’est pire et pis que pire .. il a même inventé la turbine à vapeur : vous rendez vous compte si on n’avait pas heureusement perdu cette invention qu’aujourd’hui il n’y aurait plus de forêt pour alimenter le feu, plus de charbon, plus de pétrole ...

          Archimède, Héron aux chiots tous les deux !.. et leurs descendants en Sibérie !


        • baldis30 7 décembre 2018 09:49

          @Self con troll

          gardez vos insultes et vos insinuations !
          Et apprenez un minimum de correction .... !
           
          Le sentiment de gâchis que vous évoquez c’est celui de voir une personne comme vous insinuer sans savoir , humilier les gens comme un vulgaire policier devant le lycée Saint Exupéry et ensuite demander des comptes après avoir profité de leur travail exactement comme les SS le faisaient avec les esclaves envoyés de force au minimum au STO et au maximum à Gusen par exemple ! 
           Quant à mon égo j’en fais mon, affaire ...
           
           
           


        • baldis30 7 décembre 2018 09:59

          @Self con troll

           je vois que vous n’êtes pas tellement au travail .... ET QUE VOUS ËTES LE MEPRIS PERSONNIFIE


        • Buzzcocks 6 décembre 2018 11:50

          21 ans que je fais ce métier et effectivement, je n’ai jamais réalisé un seul projet dont je me dis qu’il a une utilité pour l’humanité. Et en 2019, je pense tout claquer mais pour faire quoi ? Mystère.

          Les débilités pondues par Andersen Consulting ont essaimé partout. Partout, on doit être Lean, ou Agile, se taper des paperboards, des morning meetings où on fait progresser un post it à la con sur un tableau blanc. C’est la start up nation de Macron, où on assiste à des réunions où un mec vous explique qu’il faut être bottom up, sans que personne ne comprenne rien à son discours.

          Un jour j’assistais à un conseil dans une grande banque, un mec déblatère que la banque a fait un IQC annuel de 1457 cette année en hausse de 50%.

          Personne ne savait de quoi il parlait sans oser passer pour un con en demandant ce qu’est un IQC. Sauf un bravache... qui osa poser la question.

          Le super dirlo tout bête avouant qu’il avait repris la doc d’une autre présentation et donc il ne savait pas non plus. Pas plus qu’il ne savait si le chiffre était des millions ou des milliards ou des joules ou des kilos de noix.

          Plus rien n’a des sens...



          • baldis30 6 décembre 2018 19:24

            @Buzzcocks
            bonsoir,
            « je n’ai jamais réalisé un seul projet dont je me dis qu’il a une utilité pour l’humanité
             »

             Je vous plains ... très sincèrement parce que avoir une telle conscience de son inutilité mérite la compassion ...
            Au bout de cinquante-cinq ans d’ingéniorat je peux dire que j’ai eu très rarement un petit regret ... mais quand je vois mon travail encore debout et en service les quelques atermoiements s’estompent rapidement .... J’ai choisi de servir et non pas de me servir ...


          • JC_Lavau JC_Lavau 6 décembre 2018 12:03

            Article aveuglé par son militantisme forcené : Je suis zécolo, DONC supérieur au restant du Monde. J’ai tout compris, j’ai trouvé le bouton de réglage du climat...

            Niveau très faible, pour ne pas dire inexistant en sciences naturelles. Wi mais l’omniscience innée de la secte pourvoit à tout... Je ne vais quand même pas vérifier personnellement, sinon je serai exclu du club !

            En Amérique du Nord, l’éthique est enseignée comme discipline universitaire. Je n’ai pas dit que ce fut parfait. En France, elle ne fait l’objet que de mépris et de quolibets. Qu’on soit dans la secte ou hors-secte, c’est pareil.

            Le militant n’a toujours pas identifié le défaut majeur des universités en sciences dures : zéro discipline transdisciplinaire, on ne sait pas s’intéresser aux autres corps de métier, et négocier avec eux, construire ensemble du nouveau.

            Test : qui ici connait et pourrait expliquer aux autres les matrices de découverte de Zwicky, et les arbres de pertinence ?


            • JC_Lavau JC_Lavau 6 décembre 2018 12:42

              @Self con troll. Je n’ai pas affirmé que ce fut en sciences, j’ai seulement rappelé que c’est en universités.
              Contrairement à ce qui se passe en France.


            • JC_Lavau JC_Lavau 6 décembre 2018 14:18

              @Self con troll. Sans liberté de blâmer, il n’est pas d’éloge flatteur.
              Il est sévèrement interdit de blâmer l’un quelconque des délires zécolos (standardisés sous télécommande par leurs marionnettistes). Le militantisme actuel crée bien plus de problèmes qu’il n’en saurait résoudre, par son outrecuidance et son narcissisme. On a besoin d’en savoir beaucoup plus, et c’est par transferts horizontaux de connaissances et de technologies que c’est possible.

              Si vous n’avez pas la déontologie et la technique des coopérations transversales, c’est branlé. Or des agronomes, des forestiers, des pédologues, des hydrologues, on en a grand besoin.


            • joletaxi 6 décembre 2018 14:45

              @JC_Lavau

              En Amérique du Nord, l’éthique est enseignée comme discipline universitaire

              la géométrie variable aussi non ?


            • leypanou 6 décembre 2018 15:28

              @joletaxi
              la géométrie variable aussi non ? 

               : géométrie variable ? C’est quoi çà ? Géométrie algébrique, géométrie différentielle, géométrie riemannienne, géométrie différentielle stochastique, j’en ai entendu parler mais géométrie variable jamais.


            • joletaxi 6 décembre 2018 16:42

              @leypanou

              c’est une discipline qui est très utilisée en climastrologie quand il s’agit d’élaborer des graphiques de t°
              je ne veux pas vous vexer, mais vous n’êtes pas climastrologue, vous ne pouvez pas comprendre


            • leypanou 6 décembre 2018 18:15

              @joletaxi
              la géométrie des tartuffes n’a pas besoin d’être comprise.


            • baldis30 7 décembre 2018 09:57

              @JC_Lavau

              bonjour,
              « inexistant en sciences naturelles »
              Vous êtes en-dessous de la vérité ! la dernière que je viens de lire dans la bonne presse qui caresse les zécolos dans le sens du poil c’est la plantation de.....( je dis pas quoi) .. à proximité de construction en les arrachant à la pelle avec leurs racines !
              Je me marre , je me marre parce que le résultat différé sera à la charge des assurances et personne ne sera responsable ... le coupable ce sera le CO2 ...
              Eh oui on apprenait cela jadis dans une section quasi-classique qui recueillait ceux venant des C.C. pour passer le bac idoine .... section par ailleurs bien connue des instit de l’époque !


            • JC_Lavau JC_Lavau 7 décembre 2018 10:01

              @Baldis30. Hélas tu as de plus en plus de difficultés à écrire clairement. Strictement incompréhensible.


            • nono le simplet 7 décembre 2018 10:11

              @JC_Lavau
              si un expert le dit ...


            • JC_Lavau JC_Lavau 7 décembre 2018 10:58

              @Sel con troll : «  jeunes agronomes conscients qu’ils n’ont fait de la biologie qu’en classes prépa  ». Je ne suis pas dans le secret. Faut-il comprendre qu’ils n’en ont guère fait avant ? Ou qu’il n’en ont plus fait après la prépa, en école d’agronomie ?
              Je te prie d’être plus explicite sur la carence que tu critiques.

              Oui, la question de l’emploi des diplômés en géosciences, géotechnique, fondations... mérite un article à elle seule. A ma connaissance les diplômés de Bassins Sédimentaires dans notre éphémère Génie Industriel d’Orsay, ont tous été employés dans l’industrie pétrolière.

              Je persiste à être surpris par le niveau de connaissances disponibles aux Ponts et Chaussées, dont peu de gens savent qu’elles y sont, et comment y accéder. Il a fallu une cascade d’événements improbables pour que je l’apprenne moi-même.


            • JC_Lavau JC_Lavau 7 décembre 2018 12:10

              @Self con troll. Le macro-temps newtonien, encore en vigueur dans l’enseignement de la Mécanique Quantique, est celui de son dieu, en charge de tout voir à la fois simultanément.
              Il faut voir les insultes et le mépris que je me ramasse de la part de Sophia D. Wechsler, parce que j’ai cessé d’y croire, à la compétence de son macro-temps newtonien, à l’échelle de la microphysique.
              Les noyaux atomiques ne vieillissent pas. Un noyau de thorium 232 a exactement la même probabilité de se désintégrer dans l’année qui vient, qu’il y a cinq milliards d’années. Même le cortège électronique d’un atome ne vieillit pas non plus. Et tout photon viole le macro-temps newtonien : il voyage à temps propre nul.

              Tout croyant se drape dans le fantasme d’omniscience voire de toute-puissance de son Big Brother. Toute secte, et la plupart des meutes vendent à leurs adeptes des prothèses narcissiques.


            • joletaxi 6 décembre 2018 12:31

              ah ces ingénieurs...

              ah ces médecins,qui n’ont aune éthique,en s’opposant aux lois naturelles et permettent à la nuisance humaine de se répandre

              ah ces avocats ,qui bavassent et scribouillent ,accumulant au passage des tonnes de papier issus d’arbres innocents, et dont l’empreinte carbone n’est jamais évaluée

              ah ces artistes, qui saoulent le bon peuple, parcourent la planète en jets,explosent leur empreinte carbone, pour une gloire éphémère et dérisoire

              ah ces architectes, inutiles parasites, qui défigurent la planète , alors que la yourte traditionnelle est la solution ultime

              ah ces agriculteurs, qui empoisonnent les sols, détruisent la sainte biodiversité, permettant de nourrir cette populace nuisible

              oui, pourquoi

              pourquoi nos ancêtres ont-ils commencer à se doter des moyens de faire du feu, des arcs, des lances ?

              Pourquoi d’ailleurs existons-nous, en quoi cela est-il utile à la nature ?

              Car si nous persistons à vouloir exister, on ne tarde pas à se poser la question du comment, et on devient ingénieur, ou artiste, et on se met à dessiner sur les murs de la caverne, ce qui n’a strictement aucun intérêt.

              Tout cela , tapé sur un clavier imaginé par des ingénieurs, devant un écran également...au moyen d’électricité également... alors que cela ne sert strictement à rien sinon à donner chaud aux ours polaires


              • pissefroid pissefroid 6 décembre 2018 16:16

                Je lis, dans le deuxième paragraphe :

                Alors que les rapports scientifiques alarmants sur l’accélération de la catastrophe écologique se multiplient, ces questions sont quasiment absentes des formations d’ingénieurs.

                et j’en conclue que vous n’êtes pas objectif car ce qui importe c’est l’amélioration au niveau mondial de la santé, de la nutrition, de la longévité.

                L’espèce humaine a toujours trouvé des solutions aux difficultés naissantes.

                Les ingénieurs sont là pour trouver ses solutions en utilisant leurs connaissances.

                Les question écologiques n’auraient jamais du sortir des labos,

                car, 

                ces questions écologiques sont maintenant idéologiques et

                c’est cette idéologie qui appauvrit notre pays.

                C’est cette idéologie qui a sabordé superphénix ainsi que la capacité industrielle en démembrant les équipes qui ont ont créé notre parc électronucléaire.


                • JP94 6 décembre 2018 21:48

                  @pissefroid
                  Exactement, mais votre analyse a une approche radicalement opposée à celle de l’auteur de l’article, qui expose un mal-être chez des jeunes de milieu favorisé qui ont réussi des études sans motivation autre que le statut social...

                  Or effectivement la vraie question qui se pose est celle de la raison d’être de l’ingénierie : résoudre des problèmes concrets qui se posent l’Humanité à un certain stade de son développement ... du fait de la contradiction entre l’Etat des forces productives et des besoins. L’Humanité résout par l’ingénierie ces problèmes  de façon plus ou moins adaptée, mais pas en élevant des chèvres... une raison de vivre pour des ex-ingénieurs, mais pas une raison d’être.

                  J’ai une amie dont le fils "le plus brillant de la famille ( Je ne sais plus s’il a fait l’ECP, , les Mines, X ou l’ens ...) élève des chèvres : pour la famille, ce n’est pas le bonheur...
                  Mon fils a fait l’INPG de Grenoble justement  mais on a vécu dans une certaine précarité et lui, c’était son projet : Être fort, pour être utile. 
                  Le problème qui s’est posé à lui comme à toute sa promo ( et il a un double diplôme puisqu’il a aussi poursuivi à l’étranger)  l’éthique, il l’avait  le problème, donc c’est le boulot ! tous ceux qui n’étaient pas des fils à papa ont connu le chômage et ça c’est un vrai scandale ( pour paraphraser notre ami ...) ! Comment , des jeunes qui contre vents et marées ont poursuivi des études difficiles, jusqu’à au moins 5 ans après le bac, passé des concours redoutables, comment ces jeunes peuvent-ils être traités en parias ? 
                  Et tous les ingénieurs n’ont pas des parents aisés !! les bourses c’est peau de balle ! quand on est parisien, pour Grenoble, il faut payer le logement etc ... des sacrifices...

                  Ensuite, le gâchis, c’est 1 an de chômage et d’humiliations, des ingénieurs contraints de renoncer à leurs diplômes car sans boulot, on ne vit pas, on perd aussi l’estime de soi ...et quand c’est fini, c’est fini : Au bout d’un temps, l’ingénieur qui n’a pas exercé ne pourra plus exercer, et pas par choix ...

                  Mais bon, s’il trouve un boulot, par sa ténacité, ce boulot, mais il peut-être aussitôt passionnant, socialement utile, varié, certes il est exigeant, on ne compte pas ses heures, mais pour le boulot lui-même, c’est le plus passionnant qui soit, pour un jeune exigeant,, voulant être socialement utile ..on voyage, on se forme en permanence ...
                  Seulement, le problème est la reconnaissance, par le Patronat, de cette qualification : d’accord un ingénieur gagne plus qu’un caissière...heureusement..
                  quoique si on retire les années d’études et de chômage, il faut des années pour amortir...mais un jeune ingénieur ne gagne pas grand chose !! mettons qu’il gagne 2500€ mensuels, ça n’a rien de mirobolant surtout qu’au début c’est précaire... bon , à 3000€, c’est déjà mieux... mais enfin prenons le temps de travail réel, et calculons le salaire horaire, c’est très mal payé.

                  Le problème est avant tout social, pas sociétal !

                  Payons nos ingénieurs un salaire décent, payons leurs études, élevons une excellente formation , avec au bout, garantie de l’emploi et du logement !

                  ça paraît utopique ? oui, ici, mais j’ai aussi des tas amis ingénieurs russes : les jeunes c’est comme ici, mais les diplômés du temps de l’URSS, avaient tout gratuit et vivaient bien C’est donc un choix de société. 


                • Arogavox Arogavox 7 décembre 2018 00:44

                  @JP94
                  OUF ! MERCI !!
                   Il fallait bien que qq’un ose le dire un jour ! :

                  « .. tous ceux qui n’étaient pas des fils à papa ont connu le chômage et ça c’est un vrai scandale .... !    
                  Comment , des jeunes qui contre vents et marées ont poursuivi des études difficiles, jusqu’à au moins 5 ans après le bac ... peuvent-ils être traités en parias ? 

                  ...

                  Ensuite, le gâchis ... chômage et humiliations, des ingénieurs contraints de renoncer à leurs diplômes ...et quand c’est fini, c’est fini : Au bout d’un temps, l’ingénieur qui n’a pas exercé ne pourra plus exercer, et pas par choix ... »

                  .....

                  « surtout qu’au début c’est précaire... »

                  >>> désolé d’éclairer votre lanterne, mais ce n’est pas qu’au début ! ...



                • baldis30 7 décembre 2018 10:05

                  @JP94

                  bonjour,
                   j’approuve quasiment tout votre article et je mettrai en exergue cet extrait :
                  « ont réussi des études sans motivation autre que le statut social... »

                  en y ajoutant : en prenant la place de personnes qui par la suite auraient eu un rôle bien plus intéressant !


                • baldis30 6 décembre 2018 18:43

                  bonsoir,

                   article nul relevant du pétainisme le plus sournois et du retour à la terre associé !

                   Mais il est tellement de bon ton et bien actuel d’utiliser les électrons sales produits par le nucléaire pour imprimer tout et n’importe quoi !

                   Il y aune chose que les ingénieurs vous disent : vous pouvez disposer du réseau que vous voudrez mais avec vos éoliennes toutes en service vous n’allumerez pas une seule lampe électrique ... L’électrotechnique vous emm..... allez donc en parler à la cité des 4000 ou dans la ZUP de Vénissieux


                  • JC_Lavau JC_Lavau 6 décembre 2018 19:56

                    Il y a un temps pour tout, peut-être était-il temps pour ce Postillon d’exhaler son dégoût de tout.

                    Conformément aux infirmités de sa caste, LePostillon n’a d’états d’âmes qu’égocentriques, et les ingés cités non plus. Ils ignorent le premier principe de l’analyse modulaire des systèmes : questionner tous les gens en aval et en amont, et les autres aussi, et leur demander Quoi avez vous besoin que je fasse pour que votre travail (ou votre vie) soit plus efficace, ou moins coûteux, ou moins dangereux (etc.). Ils ne savent pas décentrer leur regard, ni enquêter, ni modéliser les résultats de ces enquêtes. Ils n’ont pas compris que plus la division du travail est poussée, et plus il faut s’informer autour, notamment latéralement, recueillir précieusement les autres avis. Même si au dessus de vous, certains tâchent de vous enfoncer la tête dans le guidon.


                    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 6 décembre 2018 22:05

                      Mon gamin est un gadzart frais emoulu de cette année...il n’avait pas fini ses études qu’il était approché par de grosses boites.


                      • leypanou 7 décembre 2018 08:47

                        @Aita Pea Pea
                        Mon gamin est un gadzart frais emoulu de cette année...il n’avait pas fini ses études qu’il était approché par de grosses boites 

                         :  par Altran ? ATOS ?


                      • baldis30 7 décembre 2018 10:14

                        @Aita Pea Pea

                         bonjour,
                        les grosses entreprises savent parfaitement se renseigner sur les étudiants à suivre, ne serait-ce que parce qu’un certain nombre d’heures d’enseignement sont assurés par des ingénieurs en général sur la limite « recherche-développement » et qu’il y a contacts, puis stages, etc.... 
                        Un souvenir personnel a été celui d’entendre parler d’être assez informé du pompage optique et de ses applications alors que le terme laser était loin d’être dans le public même bien informé ! Inversement, plus tard j’ai enseigné une matière où j’attends de voir arriver les membres du Postillon .... et de me suivre sur le terrain ...


                      • Ruut Ruut 7 décembre 2018 08:44

                        La Fusion ingénieur Technicien ne serait pas du luxe.

                        Car les 2 font le même travail au final.

                        L’ingénieur crée a partir de rien, le technicien répare et améliore avec ce qui est présent.

                        Les 2 sont complémentaires mais ne travaillent pas assez souvent ensembles et c’est une véritable tragédie.

                        Il manque aux ingénieurs les retours d’information pratiques et réelles des techniciens et il manque aux techniciens les contraintes administratives connues et dont font face les ingénieurs.


                        • leypanou 7 décembre 2018 08:50

                          @Ruut
                          et il manque aux techniciens les contraintes administratives connues 

                           : pas seulement, mais aussi des bases théoriques.
                          Par contre, les 2 sont effectivement complémentaires.


                        • Francis, agnotologue JL 7 décembre 2018 09:01

                          @leypanou, @Ruut

                           
                          Qui ( ou quoi) empêche les techniciens d’acquérir es bases théoriques et de connaître les contraintes ?
                           


                        • signéfurax 7 décembre 2018 09:27

                          @Ruut
                          Cette tragédie est voulue et entretenue par le comptable et le drh.
                           et puis , diviser cela evite les vrais concertations , en aggravant la médiocrité qui évitent les augmentations salariales !


                        • baldis30 7 décembre 2018 10:20

                          @leypanou
                          bonjour,
                          « les 2 sont effectivement complémentaires »
                           absolument : sur des problèmes graves et concrets, de terrain où j’attends toujours de voir arriver les donneurs de leçon verte j’ai travaillé avec un agriculteur pas vert du tout :
                          l’aisance de l’un en matière de terrain complète l’aisance de l’autre en appréciation théorique ..... et en prolongements en raison de ce que JC Lavau dit dans une autre réponse sur l’information périphérique ...


                        • baldis30 7 décembre 2018 10:25

                          @JL

                          bonjour,
                          mais personne n’interdit d’acquérir ... personne .... ! certes le CNAM n’est pas présent partout mais il existe d’autres possibilités selon le domaine ... à commencer par les cours par correspondance ....
                          Ah oui mais il y a le match de foot à la télé, ou l’émission de ..... , ou la sortie de ....
                          Ce Postillon baveur sait il aussi ce qu’est la vie quasi-monacale pendant au moins deux ans sinon plus .... ?

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