Ingrid Betancourt serait-elle déjà morte ?
L’affaire qui aura duré sept ans est en passe de se terminer. Avez-vous noté les soudaines déclarations gouvernementales et la fameuse mission humanitaire (factice) lancée en vue de libérer l’ancienne candidate à la présidence colombienne, Ingrid Betancourt ? Après tant de mois et d’années sans effectuer une seule opération, les dernières déclarations correspondent malheureusement et irréfutablement, d’un point de vue communication politique, à l’annonce de la mort de la prisonnière.
Pour se prévenir de toutes critiques par rapport à ce gigantesque fiasco, il convient pour les gouvernements français et colombien de se dédouaner de l’affaire en montrant que tout a été fait pour obtenir la libération de la Franco-Colombienne.
L’art du dédouanement
Dernièrement, les présidents Alvaro Uribe et Nicolas Sarkozy ont jugé que les Farc devaient être garants de la santé de leurs otages, qu’ils seraient intégralement responsables si la Franco-Colombienne venait à décéder. De ce fait, en Colombie, une source gouvernementale a fait état auprès de l’Associated Press de la capture de Helver Uriel Rodríguez Cruz, guérillero et médecin qui a eu des contacts avec des amis à lui ayant soigné Ingrid Betancourt. D’après lui, elle souffre de deux sortes de paludisme, d’une gastrite et d’une excroissance anormale du foie. En France, on préfère choisir et inventer l’option de la grève de la faim. Il est inenvisageable, quand on connaît le caractère et le parcours d’Ingrid Betancourt que celle-ci tente une grève de la faim, après tant d’années passées en captivité. A ce sujet, sa sœur, Astrid confirme d’ailleurs sur la radio RMC : « Ma sœur n’est pas en grève de la faim. Cette interprétation du porte-parole du comité de Paris me paraît totalement invraisemblable, réducteur et irrespectueux par rapport à la personnalité de ma sœur ». Une belle invention du gouvernement français qui espère ainsi, comme le pouvoir colombien, ne pas avoir à porter sur le dos la mort, déjà effective, d’Ingrid Betancourt. En effet, très forte serait la gifle que prendrait un Nicolas Sarkozy, déjà au plus mal dans les sondages, lui qui avait affirmé si haut et fort durant sa campagne, qu’il prendrait toutes les mesures nécessaires pour libérer la prisonnière, quitte à aller sur place rencontrer les Farc.
S’attirer la sympathie des foules
Il n’aura donc rien fait notre cher président... Cependant, peut-on vraiment lui en vouloir ? Il est fort probable qu’un autre gouvernement en place n’aurait pas pu faire plus vu la délicatesse de l’affaire. Mais, peut-on vraiment tout se permettre, comme user de l’affaire pour s’attirer la sympathie de l’opinion publique et ainsi gagner quelques précieux points dans les sondages ? Peut-être que Nicolas Sarkozy ira sur place, comme il l’avait dit, mais son arrivée coïncidera avec l’annonce de la mort d’Ingrid Betancourt, il ne rencontrera donc jamais, et c’est évident, les Farc. En matière de communication et manipulation politique, on aura rarement fait mieux ! Quel sadisme ! Et que penser de cette fabuleuse idée de la création de la fameuse « mission humanitaire » qui, il va de soi, est totalement factice. Il n’a jamais rien été fait depuis près de sept ans. En effet, effectuer une mission pour libérer Ingrid Betancourt était trop risqué pour sa vie. Maintenant qu’elle est morte, et que les gouvernements français le savent, il n’y a plus de risques pour annoncer cette mission. Celle-ci sera peut-être utile dans un seul et macabre but : récupérer le corps de la prisonnière. En ces temps-ci, on critique beaucoup la censure chinoise, mais comment expliquer que le site des Farc (farcep.org) soit censuré ? Veut-on éviter que des informations non souhaitées ne soient dévoilées comme, par exemple, l’annonce de la mort de la Franco-Colombienne ? Il est clairement évident que les gouvernements français et colombien jouent la montre afin de se protéger et préparer le terrain pour l’après-annonce de la mort d’Ingrid. Ils espèrent ainsi récupérer à leur bon escient l’affaire et réfuter le fiasco Betancourt devant une opinion publique qui demandera inexorablement des comptes. On comprend mieux les paroles de François Fillon qui disait dernièrement sur TF1 que la France était prête à l’accueil des militants des Farc s’ils permettaient la libération d’Ingrid. Ceci avait d’ailleurs beaucoup surpris venant d’un gouvernement qui a toujours voulu limiter l’immigration. Le Premier ministre français savait malheureusement très bien que sa proposition ne verrait jamais le jour...
L’annonce de sa mort est imminente
Les indices prévoyant l’annonce imminente de la mort d’Ingrid Betancourt s’accumulent de plus en plus. La dernière interview de Bernard Kouchner permettait déjà d’entrevoir la réalité : "La France est déterminée à aller jusqu’au bout, même si la mission a peu de chances d’aboutir", rajoutant "Nous espérons que ce ne sera pas fini et que nous réussirons". Un homme partagé, comme avec la situation tibétaine, entre ses convictions profondes, la franchise et la real-politique imposée par sa place gouvernementale. En toute évidence, le dénouement est proche, dans quelques jours, voire semaines sera faite l’annonce publique de la mort d’Ingrid Betancourt. Pour le gouvernement français, il ne reste plus qu’à trouver une « date confortable » pour le dire... Et, après, il pourra être sorti les arguments méticuleusement préparés lors de cette « période d’adaptation ».
30 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON