Insolvables, Insolventes, Falidos, Insolventi ! Tous ensemble !

À bout de force, ils ont voulu en finir d’une manière hautement symbolique : en s’immolant par le feu. "En flammes pour les impôts : le fisc est en train de tuer le pays", peut-on lire à la "une" du quotidien de droite Il Giornale. "La tragédie d'un homme étranglé par la crise économique", évoque le journal de gauche La Repubblica.
Le maçon Giuseppe C., 58 ans, poursuivi pour fraude fiscale à Bologne – la belle affaire pour une Justice au service des riches ! –, a préféré la mort publique à sa tragédie intime. Avant d’assister à son procès et de commettre l’irréparable, Giuseppe C. a écrit des lettres au Trésor public, à sa femme et à ses amis pour expliquer son geste désespéré. Il se trouve aujourd’hui à l'unité des grands brûlés de l'hôpital de Parme, indiquent les médias italiens, dans un état très grave. Un Marocain âgé de 27 ans a quant à lui commis un geste identique sur une place de Vérone, après avoir hurlé qu’il n’avait pas été payé depuis 4 mois…
"C'est un terrible signe de désespoir, un cas unique de détresse qui illustre un moment de grande difficulté", a commenté l'ex-chef de gouvernement de gauche Romano Prodi.
Un cas unique ? Un « moment » de grande difficulté ? À croire que Romano Prodi ne lit pas la presse italienne ! Pas plus que Mario Monti, d’ailleurs, qui n’a pas commenté, sans doute indifférent à de tels « faits divers ».
Jour après jour, l’Italie, comme la France, s’enfonce dans la misère inavouable et le désespoir ! Chaque jour des hommes et des femmes en finissent pour ne plus affronter la déchéance dans laquelle les banques et l’oligarchie à la solde des marchés les a plongés ! (Et je ne parle même pas de l’explosion généralisée de la prostitution !)
Certes, ce sont là les premiers désespérés qui agissent ainsi en choisissant le feu public pour échapper aux larmes, mais combien d’autres se suicident chaque jour dans l’ombre ?
28 mars 2012. La Grèce s’émeut de ce retraité de 77 ans, Dimitris Christoulas, ancien pharmacien sans ressources et couvert de dettes, qui se tire une balle dans la tempe en plein cœur d’Athènes, place Syntagma, pour retrouver sa dignité… Mais il faut bien comprendre que c’est tous les jours et dans tous les pays d’Europe, cette Europe malade du capitalisme cynique, que de plus en plus d’êtres humains décident d’en finir d’une façon radicale.
Dimitris Christoulas, avant d’accomplir son geste, a écrit dans une lettre émouvante et prophétique glissée dans son manteau :
« Le gouvernement (..) a réduit littéralement à néant mes possibilités de survie, qui étaient fondées sur une retraite honorable pour laquelle j'ai payé seul (sans contribution de l'État) (toute ma vie). Étant parvenu à un âge qui ne me donne pas la possibilité d'une réaction dynamique (sans pour autant exclure que si un Grec attrapait une kalachnikov je n'aurais pas été le second), je ne trouve pas d'autre solution qu'une fin digne, avant que je ne commence à chercher dans les poubelles pour me nourrir. Je pense qu'un jour les jeunes sans avenir prendront les armes et qu'ils pendront les traîtres sur la place Syntagma, comme les Italiens ont fait avec Mussolini en 1945 [sur la place Peretto de Milan]. »
Après la Grèce et le Portugal, l’Espagne et l’Italie sont aujourd’hui sous les griffes des spéculateurs et des négriers. L’Italie, entrée fin 2011 en récession, croule sous une dette colossale (120% du PIB), dépassant les 2000 milliards d’euros, avec un taux de chômage équivalent à celui de la France, c’est-à-dire près de 14%, en chiffres réels non trafiqués par les manipulations administratives !
La mafia, canal historique, à l’instar de l’oligarchie gouvernante mafieuse, s’enrichit sur le dos de la crise. Elle est devenue l’une des premières banques d’Italie, assurant à des taux exorbitants des prêts aux commerçants et aux entreprises que les banques ne veulent plus leur accorder… Certains banquiers, ma foi pas plus corrompus que d’autres, assurent même le contact direct de leurs meilleurs clients, les plus désespérés, avec les officines clandestines !
Et la seule réponse des gouvernements technocrates à la solde des banques, c’est plus d’austérité, plus de rigueur, plus d’efforts !
Ça suffit, cette mascarade ! Ils sont en train de transformer l’Europe en un champ de ruines, en un mouroir honteux où les citoyens écrasés, surexploités, surendettés, alimentent les casinos de l’oligarchie financière et le train de vie de toutes les mafias !
Comme Jean-Luc Mélenchon en sa campagne de France, j’en appelle au réveil des Peuples, à leur sursaut de vie ! Voulons-nous vivre, ou voulons-nous mourir ?
Nous avons tous ensemble le pouvoir de dire NON ! Le pouvoir de nous mobiliser massivement contre ce capitalisme fou ! Il n’est plus temps de s’indigner, mais d’agir !
C’est dans ce contexte effroyable que mon petit texte « Insolvables ! », paru chez Flammarion en mai 2011, vient de sortir le 4 avril 2012 en Italie : « Insolventi ! Contro le banche » (Éditions Bompiani). En un an, la situation des peuples n’a fait qu’empirer, en Italie comme partout ailleurs, sous la gouvernance des banquiers et des spéculateurs !
Et les pathétiques élections françaises truquées par le bipartisme, entre une droite dure ultra-libérale et une gauche libérale molle, n’y changeront rien, bien au contraire. Nous perdons du temps ! Le sursaut de vie et d’humanité ne peut venir que du mouvement citoyen et pacifique des peuples européens pour retrouver enfin leur souveraineté et, définitivement, se débarrasser des banques criminelles et de leurs hommes de paille qui trônent aujourd’hui à la tête d’États corrompus ! Restaurer une véritable démocratie en lieu et place de cet ersatz puant est notre Devoir !
Vivons et grandissons, vivons et luttons, vivons et agissons pour notre avenir, au lieu de mourir inutilement pour celui des politiciens affairistes, comédiens et menteurs, et des voyous de la finance mondiale !
Non à l’euthanasie des Peuples d’Europe !
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON