Intempéries dans le Sud-Est : et le service minimum ?
Mercredi soir, la préfecture des Bouches-du-Rhône a décidé la fermeture des établissements scolaires du département, en raison des intempéries qui se sont abattues sur la région. Mais cette décision m’amène à poser quelques questions.
En raison des intempéries, le préfet a d’abord décidé l’interdiction de la circulation des transports scolaires. Bien c’est un fait. Mais peut-il décider la fermeture des établissements scolaires ?
Une telle décision, je crois, doit revenir au Rectorat. Mais la Préfecture doit certainement avoir priorité sur l’autorité académique. Et pourquoi cette décision ? Si quelqu’un a une réponse qui tient debout. Si c’est parce qu’il n’y aura personne, ce n’est pas très logique. Les établissements du secondaire doivent être ouverts. Mais pour les écoles ?
Bien sûr qu’on pourra argumenter : les enseignants n’habitent pas forcément à proximité de l’école et doivent se déplacer. Et au vu des grandes difficultés, la plupart ne pourra être là, c’est clair. Mais pourquoi ne pas appliquer la fameuse loi sur le SERVICE MINIMUM A L’ECOLE ? Contacter les enseignants (les renseignements personnels suffisent aussi) pour savoir s’ils peuvent se présenter le lendemain. Ah bon ? Il faut prévenir 48 heures à l’avance ? Je suis sûr alors qu’il faudra consulter d’abord Météo France pour appliquer la loi !
Pour ma part, j’ai un enfant de 3 ans scolarisé en maternelle à Marseille. L’école étant fermée, je n’ai d’autre choix que de le garder et donc perdre une journée (car je peux me déplacer en métro pour aller travailler). C’est comme si je perdais ma journée pour une journée de grève. Alors je pose la question : quid du service minimum à l’école ? Ben rien. Du vent en quelque sorte.
Dans ce cas, il faut être aussi honnête avec les électeurs : cette loi ne prévoit pas des cas de ce genre. Il s’agit tout simplement d’une loi anti-grève et prévue pour cet effet, avec le seul intérêt d’encadrer et de ficher les grévistes. Pas de prévoir un vrai service minimum.
Contre qui dois-je me retourner pour la perte de salaire, ou de temps de récupération selon les cas, engendrée par une telle décision. La commune ? Non, c’est l’Etat car c’est son représentant, le préfet qui a décidé cette mesure. Donc, messieurs Sarkozy, Fillon et Darcos sont responsables de cet état de fait pour n’avoir pas prévu une telle situation. Et aussi les députés qui ont voté cette loi, en plein mois de juillet, dans une période où les intempéries ne gênent pas le fonctionnement des classes et où les déplacements ne sont pas compliqués par la neige !
Je pensais alors qu’un élu pouvait penser à beaucoup de choses. Non, je plaisante.
Ceci m’interroge sur d’autres choses. Le préfet s’empresse de faire appliquer la loi sur le service minimum et poursuit les communes qui ne le font pas. Il déroge d’une certaine façon à cette loi en fermant les écoles. Après tout, si les enseignants sont absents en nombre important, c’est à la commune d’assurer l’accueil. Là que nenni.
Il en est de même pour la loi SRU, obligeant les communes à respecter un minimum de quotas en logements sociaux. On poursuit bien quand on veut. Va-t-on poursuivre Allauch (municipalité socialiste où le maire avait pensé à construire une piscine, des équipements mais ... pas de logements sociaux), Neuilly ou Cannes ou je ne sais qui encore ? Le préfet devrait en vertu de sa qualité de représentant de l’Etat mais il ne le fait pas.
Moralité. Les lois sont faites pour ne pas être respectées, tout le monde le sait. Mais surtout s’agiter pour faire croire qu’on réalise quelque chose alors qu’on ne prend pas toutes les mesures nécessaires (ne parlons pas de la traditionnelle remise en cause de la réactivité de la DDE dont on ne sait toujours pas les causes de son manque d’action rapide avant les chutes de neige). Et on applique les lois quand on veut. On veut simplifier mais on en rajoute des tonnes.
La France est devenu un pays technocratique, à la bureaucratie envahissante avec la multiplication de ses règlements. Et contrairement aux idées reçues, c’est la droite qui les accroît. Comme quoi...
Cet article est évidemment quelque peu ironique, mais si on va au bout des choses, on peut arriver à l’absurde. Moi je vais passer ma journée avec mon enfant. Et je ne vais pas faire les soldes : je ne vais pas dépenser alors que j’ai déjà perdu une journée. A moins que je ne décide vaillamment de travailler le dimanche où je serai payé deux fois plus (la bonne blague, déjà tous les métiers ne sont pas payés 25% de plus comme dans l’aide à la personne !).
Bonne journée et bon courage aux lecteurs.
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