Interdictions, obligations, mais pour notre bien à tous
Interdire ou obliger n’est pas chose facile en France et de tous temps, surtout quand un Gaulois sommeille dans chaque Français. Il existe bien la carotte et le bâton, le procédé n’est pas nouveau, le but étant toujours le même, rendre service envers nous-mêmes. Là aussi, tout ne va pas pour le mieux avec les irréductibles, ce noyau dur de la contestation, par pensée, par parole, et par l’action. L’émoi suscité par le pass sanitaire discriminatoire en est un exemple frappant, devrais-je dire un cas d’école.
Pour ne rien arranger, De Gaulle disait « Le désir du privilège et le goût de l’égalité, passions dominantes et contradictoires des Français de toute époque… » ne favorise en rien le consensus généralisé. Pour notre bien, quand une partie de la population est réfractaire, ça donne une idée aux étrangers de la difficulté de réformer la France. Il y a le Covid aujourd’hui, mais nous avons déjà connu des précédents comme grande bataille sanitaire, et des retours de bâton allant crescendo comme avec « la cigarette » déclarée ennemi public N°1, mais c’était avant.
A l’époque, la guerre contre le tabac n’était pas écologique comme maintenant avec les mégots, mais de santé publique pour la nocivité de la fumée dans les poumons. La jeunesse, plus particulièrement l’ado en mal de personnalité (à 17 ans on fume pour se prouver qu’on est un homme, à 30 ans ou plus on arrête pour la même raison) est par nature influençable, par les pubs, les films, l’environnement, tout le monde fumait ou presque, même ma maman s’autorisait à en allumer une de temps en temps, mais à la maison. Il faut dire que l’autorisation était partout, l’interdiction l’exception. La guerre à la cigarette paraissait une gageure, une bataille perdue d’avance, pour une obligation dont personne n’en voyait la nécessité. Le cancer du fumeur, c’était pour les autres.
Je le répète, tout le monde fumait et partout. Ceux qui n’ont pas vécu cette période peuvent avoir du mal à s’imaginer des gens fumant sur les plateaux de télévision, sur les quais du métro, dans les correspondances, seuls interdits dans les wagons. Les cinémas étaient autorisés seulement dans les halls d’entrée, sauf au Rex à Paris où même la salle était conçue pour les fumeurs avec cendriers aux accoudoirs. Dans les trains et les gares, dans les avions la cigarette ne posait pas de problèmes, exceptions faites au décollage et atterrissage. Dans les lieux de travail, les campus, les restaurants, les boites de nuits, etc… bref tous les lieux publics, la fumée ne gênait personne, du moins il fallait s’en accommoder. Ancrée dans la mentalité, la cigarette semblait inattaquable.
L’Etat avait des armes, la prise de conscience de sa nocivité par les campagnes publicitaires, la coercition par l’augmentation des prix, les interdictions spécifiques se généralisant petit à petit.
Aujourd’hui, le fumeur est devenu l’exception, et la Loi Evin date de 1992.
Les combats pour la santé sont longs, 30 ans pour le tabac sans victoire complète, les maladies sont moins patientes, les virus encore moins.
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