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Accueil du site > Tribune Libre > Interview de Michel Drac, auteur de « Crise ou coup d’Etat ? (...)

Interview de Michel Drac, auteur de « Crise ou coup d’Etat ? »

Michel Drac travaille depuis quinze ans comme contrôleur de gestion dans un grand groupe. Spécialisé dans la micro-économie, il s’est risqué dans la macro-économie avec « Crise ou coup d’Etat ? » parce que, selon lui, nous en sommes arrivés au point où il est absurde de continuer à faire de la micro-économie sans poser la question du système dans son ensemble. Le travail a été conduit sur le site scriptoblog.com avec un collectif d’auteurs. « Crise ou coup d’Etat ? » est en partie un ouvrage collectif, développé en particulier avec Michel qui signe, sur le site, sous le pseudo « Le Zélote ». Rencontre avec un auteur à la vision géopolitique économique pertinente.

JL - Pouvez-vous présenter votre bouquin dans ses grandes lignes ?

MD - Il y a trois parties. La première décrit la mécanique qui s’est déroulée entre 2000 et 2007, avec une mise en perspective par rapport aux décennies précédentes. La politique macro-économique consiste en gros, depuis dix ans et plus, à mettre en endettement tous les acteurs non financiers, pour garantir le maintien du pouvoir des acteurs bancaires, en particulier ceux de la haute finance, de la haute banque et surtout de banques d’affaires adossées aux banques commerciales. La deuxième partie s’éloigne de l’économie financiarisée et s’intéresse plutôt à l’économie productive. Je montre que dans la réalité de la production, le centre de gravité de l’économie-monde est en train de basculer vers l’Asie. Je montre ensuite que tout s’est passé comme si, confrontée à cette donne, la haute finance s’était organisée pour garantir, à travers l’endettement des acteurs, le maintien de son pouvoir dans le cadre d’un futur système, un capitalisme poly-centré, avec à la clef un ajustement brutal de la structure de classe en Occident. Enfin, la troisième partie essaie d’esquisser les conséquences de la crise. J’essaie en particulier d’expliquer que certaines de ces conséquences sont voulues par les dirigeants, et d’autres pas. Nous entrons dans un contexte très instable, où la confrontation entre l’OTAN et l’Organisation de Coopération de Shanghai peut dégénérer. Nous nous retrouvons dans la situation qui déboucha sur les deux guerres mondiales : un centre du capitalisme thalassocratique menacé par la montée en puissance d’une économie continentale.
 
Le titre évocateur est « Crise ou coup d’état ? ». De la manière dont la question est posée, est-ce à dire qu’il s’agit plus d’un coup d’Etat que d’une crise financière ?

Je pense qu’il y a une crise : le basculement latent du centre de gravité de l’économie-monde. Pour schématiser, la haute finance anglo-américaine a voulu capter l’offre de main d’œuvre asiatique pour achever d’écraser les peuples occidentaux, avec en arrière-plan l’idée que la montée en puissance de la Chine serait assez lente pour que les USA conservent toujours clairement le leadership technologique et militaire. La politique de Vladimir Poutine a été le grain de sable enrayant cette machine. Les USA doivent maintenant casser la Russie, ou à défaut l’éloigner de la Chine, pour conserver la prééminence malgré un déclin économique relatif, inéluctable vu le potentiel asiatique. S’ils échouent, le protectorat européen pourrait s’émanciper, dans la foulée d’une Allemagne qui penche de plus en plus clairement vers l’Est. La vraie crise, c’est cela. Elle est économique dans ses causes, géostratégique dans ses conséquences.

A côté de cette vraie crise, il y a un coup d’Etat déguisé en crise. Ce coup d’Etat, c’est la vampirisation de l’économie productive US et, à un degré moindre européenne, par une économie spéculative devenue folle. Il est très difficile de dire, en la matière, si ce coup d’Etat a été entièrement planifié, ou si, dans une certaine mesure, l’intelligence émergente construite par les marchés ne s’est pas en partie imposée aux oligarchies. Mais ce qui est certain, c’est qu’au final, tout s’est passé comme si par une politique systématique de mise en endettement, la haute finance avait préparé un ajustement brutal de la structure de classe et le démantèlement d’un modèle démocratique que nos oligarques jugement aujourd’hui inadapté, face à la montée en puissance d’un monde chinois qui, rappelons-le, n’a rien de démocratique. Ce coup d’Etat a pris la forme d’une crise financière, mais en réalité, je pense avoir montré que cette crise-là, la crise des subprimes, pour dire les choses simplement, a été fabriquée, et qu’elle vise en réalité à garantir le pouvoir des oligarchies malgré l’autre crise, la vraie, celle qui se joue à l’échelle géostratégique.

Pour vous, la crise des subprimes n’est pas la vraie crise. Elle est la partie visible de l’iceberg, celle que l’oligarchie financière anglo-atlantiste a souhaité mettre en avant.
 
Bien sûr. La crise des subprimes a été fabriquée par deux évènements déclenchant : l’abolition des règlementations qui interdisaient l’adossement des banques d’affaires aux banques commerciales, et le maintien par la FED, de 2002 à 2005, de taux directeurs ridiculement bas par rapport à l’inflation réelle. Il est impossible que les régulateurs n’aient pas vu où tout cela conduisait. Tout simplement impossible. Qui nous fera croire que Greenspan a pu croire que les taux d’intérêt réels négatifs seraient maintenus éternellement ? Qui peut croire une chose pareille ? Il est bien évident qu’un pays obligé de rechercher des financements extérieurs ne peut pas offrir des taux négatifs de manière permanente. L’actuelle « reprise » en trompe-l’œil n’est donc que la réédition de la mécanique qui a conduit à la crise de 2008. Le but de l’oligarchie anglo-américaine étant de construire un mondialisme où son pouvoir ne serait pas ou peu remis en cause, en évitant que le centre de gravité de l’économie-monde bascule vers l’Asie.
 
Quand et comment a réellement commencé cette sorte d’implosion du système capitaliste financier ?

Si l’on doit remonter à la racine, il faudrait pratiquement s’intéresser aux circonstances qui ont entraîné la création de la FED, après la crise de 1907 ! Cependant, si on se limite aux causes directes, sans remonter aux causes des causes, on peut dire que l’implosion a commencé dès la récession de la fin des années 1950, et qu’elle a été avérée à la fin des années 90. Le moment où le capitalisme financier occidentalo-centré implose franchement, c’est en effet l’explosion de la « bulle Internet », fin des années 90, après de multiples signaux d’alerte. La décennie 2000, sous cet angle, n’a été qu’un immense village Potemkine, avec une reprise totalement artificielle, fabriquée par les USA à coup de taux directeurs absurdes et de déficit commercial délirant. Une « reprise », donc, qui les a ruinés. Etrange reprise…

L’argent-dette, l’usure, la spéculation sont-ils pour vous les principales causes de cette crise ?

Oui et non. En réalité, ce sont des symptômes. Le mal est dans la nature même du système capitaliste, dans ce que l’on appelle la dérive inégalitaire, et son corollaire obligé, la loi des rendements dégressifs. Le mécanisme est le suivant : le capitalisme aboutit à rendre les riches toujours plus riches, spontanément. Il fabrique en effet du profit en sus de la création de richesse réelle, c’est sa vocation. Ce profit fait qu’il y a de plus en plus de capital accumulé, en sus de la croissance du marché. Le capital croît plus vite que le marché, puisqu’une partie des surplus de productivité n’est pas redistribuée aux acteurs de la consommation ou de l’investissement (entreprises, Etats et particuliers). Dès lors, pour sortir de la contradiction interne, il faut que le capital fabrique de la valeur financière en sus de la richesse productive. Ce que je vous dis là n’a rien d’une innovation : c’est la base de l’analyse marxiste, une base d’ailleurs admise par une grande partie de l’école libérale.

Comment va-t-on créer de la valeur sans créer de la richesse ? Par la spéculation. Comment va-t-on financer la spéculation ? Par l’usure (taux d’intérêt supérieurs à la réalité de la croissance économique). Comment va-t-on financer l’usure ? Par l’argent-dette, pour étendre les bilans plus vite que les comptes de résultat. Comment va-t-on faire en sorte que cet argent-dette fasse des petits, plus vite que la croissance réelle ? Par le développement d’une économie virtualisée, qui permet en quelque sorte d’émanciper l’économie financiarisée de sa base productive. Tout le ressort de la crise est là, et si on remonte à la cause, on voit que c’est la dérive inégalitaire. Le capitalisme crève parce qu’il ne partage pas.

En France, la défection du président De Gaulle a-t-elle été le début de la fin ?
 
Disons que c’est le moment où la France a eu confirmation qu’après sa mort (entre 1916 et 1940), elle n’avait pas le droit de renaître. La tentative gaulliste était de toute manière vouée à l’échec. Mai 68 n’a jamais été que le moment où un peuple exténué s’avouait à lui-même qu’il ne désirait plus qu’une chose : mourir en jouissant. Mais bon, ceci nous entraînerait trop loin du sujet. Ce qui est sûr, c’est que le régime gaulliste refuse les accords secrets sur la non-convertibilité du dollar, accords passés sous l’égide de Londres dès 1966. Et que ce même régime gaulliste « saute » peu après avoir envoyé paître la haute banque basée à Londres. Cherchez à qui le crime profite…

Obama incarne-t-il un espoir selon vous ? Ou est-ce celui de Wall Street ?

Je crois surtout que ce brave Obama n’est pas grand-chose. Si l’on examine sa biographie, on remarque qu’il a été détecté, à l’université, dans les années 80, par un prof de haut renom (Brzezinski), ex-conseiller spécial du président Carter et secrétaire général officieux de la Commission Trilatérale. On me permettra de penser qu’il doit sa carrière à son immense talent… et aussi, un peu, au soutien de la Commission Trilatérale !

La composition de son administration ne laisse guère de doute quant à ses affinités réelles. Cette administration est entièrement peuplée, aux échelons clefs, d’hommes de Wall Street. Peut-on voir des adversaires de Wall Street dans un Summers, dans un Geithner, tous deux disciples de Robert Rubin ? Je ne le pense pas. A mon humble avis, Obama doit sa place au fait que l’oligarchie US s’est dit qu’il serait temps de mettre un Noir à la tête du pays. Changeons la couleur du président pour ne pas avoir à changer de politique. Je crains que ce ne soit pas plus compliqué que ça. Ne jetons pas la pierre à Obama. Il n’est rien, au fond. Juste un bon acteur embauché pour remplacer un acteur déplorable. Ce sera le plus grand président américain depuis George W. Bush !

Un ami américain me disait l’autre jour que quand un président venait de prêter serment, on l’emmenait dans le bunker sous la Maison Blanche pour lui montrer un film sur l’assassinat de Kennedy. Le film qui dit la vérité. Puis on lui posait la main sur l’épaule, et on lui demandait : « Mister President, do you have a question ? » Le pire, c’est que ça se passe comme ça !

Comment voyez-vous l’évolution de la situation économique mondiale ?
 
Il est difficile de répondre à votre question pour deux raisons : d’abord nous ne savons pas ce que seront les prochains mouvements des acteurs, ensuite il n’est pas du tout certain que nous ayons encore les vrais chiffres. La FED a étendu son bilan dans l’opacité la plus complète, et les opérations hors bilan sont semble-t-il énormes.

Si la logique est respectée, l’actuelle fausse reprise va se poursuivre tant que les taux directeurs resteront nuls. Puis, à un moment qu’il n’est pas possible de préciser, la FED sera obligée de remonter ses taux pour empêcher un effondrement du dollar. Alors le système repiquera du nez, et on entrera dans une deuxième vague de la crise, probablement bien plus violente que la première vague. Le facteur déclenchant a de fortes chances d’être la sortie définitive de la Chine de la zone dollar, et l’établissement d’un nouveau système financier international. La configuration exacte de la crise dépendra en grande partie de la nature de ce système. C’est sans doute ce qui se négocie actuellement en coulisse. Pour nous, Européens, le risque est de faire les frais d’un accord in extremis entre Chine et USA.

Quelles solutions serait-il judicieux d’y apporter ?
 
La révolution ! Nous entrons dans une période cruciale et historiquement intéressante. Pour la première fois depuis des siècles, les peuples vont se retrouver dans la situation d’avoir à choisir entre l’esclavage et la révolution. Cela sourde d’ailleurs littéralement de partout. Et en particulier, je vous le ferai remarquer, aux USA. « The Revolution, a Manifesto », est le titre d’un best-seller rédigé par Ron Paul. « Don’t start the revolution without me » est celui d’un autre best-seller, rédigé par Jesse Ventura. En Europe même, la rébellion est aux portes. En France, il y a eu des millions de personnes dans la rue, récemment, pour refuser la politique socioéconomique du gouvernement Sarkozy. En Allemagne, et c’est peut-être, pour nous, le plus important, il y a des signes de plus en plus probant de la révolte latente de la nouvelle puissance allemande contre son brutal protecteur américain. Je crois d’ailleurs que le coup de grâce, pour l’Empire, pourrait bien venir de là. Le moment décisif ne sera pas celui où les peuples vont se révolter par la rue mais où une partie des élites va entrer en révolte contre une autre partie, où une partie des élites européennes va se tourner vers Moscou. C’est ce moment qu’il nous faut préparer. Parce qu’à ce moment-là, à part commenter, il y aura enfin quelque chose à faire.
 

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11 réactions à cet article    


  • iris 27 novembre 2009 11:03

    La révolution par un controleur de gestion d’un grand groupe ! c’est vraiment la révolution !!
    car controleur de gestio dit économies et profits maxi pour le groupe ?? je me trompe ??


    • joelim joelim 27 novembre 2009 12:24

      Merci de ce très intéressant et limpide interview. Que les choses sont claires quand elles sont bien dites !


      • Alain-Goethe 27 novembre 2009 12:29

        en effet, ITW intéressant avec des idées et un lien intéressant


        • Tristan Valmour 27 novembre 2009 12:36

          Entretien très intéressant. Une petite réflexion sur la Chine. Dire que ce n’est pas un pays démocratique est aller un peu vite en besogne quand on compare avec la France. Bien sûr, si on compare avec la Suisse ou avec les pays du Nord, c’est autre chose. Au sein du parti, il y a différents courants, comme chez nous au sein de l’UMPS : un courant UMP, un courant PS. Les autres mouvements ne peuvent pas accéder au pouvoir, ils sont là pour décorer. Et le scrutin à un tour qui s’annonce accentuera le phénomène. J’observe également qu’en Chine, dans chaque région nous avons un pouvoir bicéphale : un représentant du parti et un représentant du peuple. Mais en France c’est la même chose. Le préfet qui est nommé mais pas élu impose ses décisions aux maires. Finalement, en France, comme en Chine, c’est l’Etat qui dirige tout. Et il ne faut pas croire qu’en Chine le peuple se tait quand il a quelque chose à dire. J’ai été témoin d’une manifestation contre l’implantation d’une usine chimique. Cette usine est allée s’implanter ailleurs.

           

          Le système éducatif chinois dans le secondaire est très performant, en ce qui concerne les écoles de ville. Mais le système éducatif supérieur est nul. Il n’y a que 3 bonnes universités. Ailleurs, c’est la corruption généralisée. Voilà pourquoi tous les Chinois de bonne famille vont faire leurs études à l’étranger. Une grande partie de l’avenir se jouera dans la performance des systèmes éducatifs. En ce domaine se livre une grande bataille à Singapour, l’une des clefs.

           

          La vision de l’interviewé sur l’Allemagne est tout à fait correcte. Et la France ferait bien de réactiver la francophonie, c’est sa seule chance de peser… si ce n’est pas trop tard. En tout cas l’Europe est une supercherie. Une façon de contourner le vote des citoyens par l’instauration d’institutions supranationales au pouvoir important, mais dont une grande partie des membres n’est pas élue. C’est quand même risible de voter pour un Président de la République, des députés et des maires pour qu’au final des commissaires européens nous imposent leur diktat sous la pression des lobbies.

           

          Il faut qu’il y ait une révolution (retournement au sens étymologique), oui. Mais une révolution légale et démocratique dont le résultat doit aboutir à l’instauration d’un système horizontal, pas vertical. La démocratie directe en lieu et place de la démocratie représentative qui est inadaptée au monde d’aujourd’hui. A l’heure où selon le Journal of the American Society for Information Science, la connaissance que détient l’humanité double tous les vingt mois – tous les 18 mois selon les neuroscientifiques -, rien de plus normal. Le système représentatif ne représente plus rien ; il a capté le pouvoir et tenu à l’écart le citoyen dont le rôle ne se résume plus qu’à voter pour Pierre ou Paul qui appartiennent à la même famille.

           

          L’Assemblée Nationale doit se réapproprier le pouvoir législatif. Ses membres doivent être tirés au sort parmi les citoyens pour examiner une loi d’initiative populaire. Un collège d’experts aux avis différents forme ces citoyens pendant une durée qui dépend de la complexité de la loi à examiner, afin de garantir la pluralité et l’indépendance. Le tout est encadré par des juristes. La loi examinée et votée, ces députés temporaires cèdent la place à d’autres. Et l’exécutif exécute. La vie de la Cité est l’affaire de tous, pas des partis dont les membres se cooptent, en l’absence de tout processus démocratique. Quand David Douillet est député, tout le monde peut le devenir. Pour être député, faut passer à la télé ! Ce système de tirage au sort éloigne les lobbys, évite que des gens soient repérés très jeunes par des associations qui veulent les mettre au pouvoir. Plus de corruption possible, de magouilles en coulisse.

           

          Si c’est une révolution pour dire merde aux américains et embrasser les russes, quel intérêt ? Les américains ne sont pas des ennemis, mais des partenaires. Ce n’est pas de leur faute s’ils dirigent le monde, mais celle de nos dirigeants qui ont laissé faire depuis de Gaulle. C’est la faute du manque de volonté.

           


          • BA 27 novembre 2009 13:24

            Peu à peu, les langues se délient.

            Peu à peu, nous apprenons l’étendue des mensonges que les banquiers continuent à raconter.

            Mercredi 25 novembre 2009, Dominique Strauss-Kahn révèle que les banques mentent sur l’état réel de leurs soi-disant « actifs ».

            « Le Figaro : Quel est aujourd’hui le niveau des pertes non reconnues des banques ?

            Dominique Strauss-Kahn : Il reste d’importantes pertes non dévoilées : 50 % sont peut-être encore cachées dans les bilans. La proportion est plus forte en Europe qu’aux États-Unis. Je le redis : l’histoire des crises bancaires, notamment au Japon, démontre qu’il n’y aura pas de croissance vive et saine sans un nettoyage complet du bilan des banques. »

            http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2009/11/24/04016-20091124ARTFIG00576-strauss-kahn-il-faut-revoir-notre-modele-de-croissance-.php

            Les banquiers présentent des bilans truqués.

            Les banquiers affirment détenir des centaines de milliards d’euros d’« actifs », mais en réalité la moitié de ces soi-disant « actifs » sont des actifs pourris. Leur valeur réelle est égale à zéro.

            En clair : les banques sont en faillite, mais les banquiers préfèrent donner des chiffres truqués pour ne pas déclencher de panique.

            Les banques centrales elles-mêmes mentent sur leur propre bilan. Les gouvernements eux-mêmes mentent aux citoyens sur l’état réel des banques et des banques centrales.

            Tous ces mensonges n’ont qu’un but : éviter une panique type 1929.

            Samedi 11 avril 2009, le journal économique La Tribune a publié un éditorial explosif en page 7 : « Banques : le grand mensonge ».

            Cet éditorial du journaliste Philippe Mabille était tellement compromettant pour les banques qu’il n’apparaît pas sur le site internet de La Tribune.

            Les autres éditoriaux de Philippe Mabille sont en ligne sur le site de La Tribune, mais l’éditorial du 11 avril 2009 a été censuré.

            Je recopie donc la fin de cet éditorial censuré :

            « Banques : le grand mensonge.

            Par un curieux retournement du destin, le climat boursier est, dans le même temps, redevenu favorable pour les banques. Un exemple frappera les esprits : le cours de la Société Générale s’est apprécié de 45 % par rapport au cours de 24,5 euros qui avait été proposé pour le plan de stock-options qui a tant scandalisé l’opinion. En déduire que la crise financière est derrière nous serait toutefois une grave erreur. Bien au contraire, le pire est encore à venir.

            Le calcul est assez simple à faire : en janvier 2009, le Fonds Monétaire International prévoyait 2 200 milliards de dollars de pertes mondiales pour les bilans bancaires. Ce chiffre a été réévalué à 4 000 milliards de dollars, dont un tiers seulement a été comptabilisé. La conclusion coule de source : les banques ne disent pas la vérité sur la réalité de leur situation. Et les autorités financières sont complices de ce grand mensonge, pour éviter de créer la panique.

            On le voit avec la forte tension qui règne aux Etats-Unis à propos des « stress tests » réalisés sur la solidité des banques américaines. Mentir pour la bonne cause, on retrouve là un peu le même scénario que celui du Crédit Lyonnais, où la Commission Bancaire et le Trésor avaient été accusés d’avoir fermé les yeux sur les comptes truqués de la banque publique.

            Mais, cette fois, ce n’est pas une seule banque qui est en cause, mais toutes les banques mondiales en même temps. De sorte que celle qui saura masquer ses pertes le plus longtemps sortira grande gagnante du jeu de poker menteur qui va maintenant succéder au théâtre du G20. »

            http://ged.latribune.fr/zetasearch/hweb/index.html?DN_SEARCH=philippe+mabille&posted=1


            • AJA-4U AJA-4U 27 novembre 2009 16:19

              Bonjour l’auteur,

              Quelles solutions serait-il judicieux d’y apporter ?

              La révolution sûrement pourquoi pas ? mais à aucun moment, vous parlez d’une RELOCALISATION de l’économie, produire local et consommer local... POURQUOI ?

              Vous voulez couper l’herbe sous le pied de la finance internationale ?
              Arrêter de placer votre argent dans des banques qui vont « fabriquer du profit »fictif« en sus de la création de richesse réelle », il y a des organismes qui ne jouent pas dans les divers places boursières genre Crédit coopératif ou Nef, arrêter de nourrir ces vautours en plaçant votre argent là-bas.
               Les gens ne sont pas contents et ils continuent de nourrir la bête et on entend des « oui mais vous comprenez j’ai une assurance vie, faut penser à ces petits enfants... »
              Quand les gens auront accepté que leur argent ne leur rapportera pas d’argent, on aura déjà fais un grand pas.

              Le problème est la mondialisation via l’OMC, il faut sortir de ce système mis en place par les multinationales elles-même pour elles-mêmes et pour cela, il faut absolument arrêter de consommer des biens venant des ces groupes.

              LE CONSOMMATEUR EST ROI ???

              ALORS PROUVONS-LE !


              • Philou017 Philou017 27 novembre 2009 19:18

                Bon article, lucide sur les évolutions du système mondial et ses véritables ressorts.
                Être complotiste aujourd’hui est une évidence, pas une lubie. La crise nous l’enseigne tous les jours.


                • BA 27 novembre 2009 23:22

                  Pour Groupama Asset Management, deux économistes (Michel Aglietta et Laurent Berrebi) ont publié leurs prévisions pour les années qui viennent.

                  Ils prévoient une croissance faible, une augmentation des impôts, un effondrement des salaires, et une explosion du chômage dans la zone euro.

                  Christine Lagarde n’a pas encore commenté ces prévisions.

                  Nous attendons les commentaires de Christine Lagarde avec impatience.

                  Lisez cet article :

                   

                  La sortie de crise n’est pas pour demain, selon Groupama Asset Management.

                  La crise des économies développées est sans précédent depuis 80 ans, tant les destructions de richesse sont importantes, et le retour à un régime de croissance antérieur semble éloigné, sinon impossible, estiment les économistes de Groupama Asset Management.

                  « Le retournement a été sans précédent depuis 80 ans », a déclaré Laurent Berrebi, directeur des études économiques chez Groupama AM, lors d’une conférence. « La production industrielle a effacé depuis début 2008 plus de 10 années de croissance, le phénomène étant particulièrement marqué dans le secteur des biens durables. »

                  Michel Aglietta, professeur à l’université Paris-Ouest et conseiller économique de Groupama AM, a estimé que la sortie de crise serait semée d’embûches, et que la destruction de richesse a été telle que les pays développés ne pourront retrouver ni le niveau de richesse, ni le rythme de croissance potentielle dont ils jouissaient avant la crise.

                  « La crise financière de 2008 dans les pays occidentaux s’apparente au Japon par l’ampleur de la déflation des bilans, la progression des dettes publiques, le ralentissement des revenus salariaux et la déflation des prix », a-t-il dit.

                  Laurent Berrebi a souligné que les surcapacités structurelles des entreprises non financières étaient devenues considérables et « vont continuer à ponctionner les profits des entreprises qui demeurent très faibles ».

                  « Le seul moyen dont disposent les entreprises pour améliorer leur rentabilité est la réduction de la masse salariale, qui va de pair avec les suppressions de surcapacités », a-t-il dit.

                  Aux Etats-Unis, a-t-il expliqué, les surcapacités ont pour conséquence directe la dépréciation des actifs réels des entreprises pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, soit - 7 % sur un an. « Cela constitue un frein à la hausse des marchés d’actions », a-t-il poursuivi.

                  La zone euro est en retard sur les Etats-Unis dans le processus de réduction de la masse salariale, a noté Laurent Berrebi, et le taux de chômage dépassera rapidement les 10 % en Europe comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis.

                  Les entreprises s’emploient à réduire leur dette, les financières plus que les autres, et les crédits se contractent partout pour les entreprises non financières.

                  La dette des pays développés a atteint des records sous l’effet des plans de relance et des plans de sauvetage des banques. Le déficit budgétaire américain atteint les 10 % du PIB.

                  Les deux économistes de Groupama AM estiment que la dérive de la dette des Etats va peser sur la conjoncture dans la mesure où un retour à un niveau d’endettement soutenable va nécessiter des hausses d’impôt.

                  « La crise est celle du régime de croissance en vigueur depuis les années 1980. Une combinaison de dérèglements de la globalisation a conduit à la dérive de l’endettement », a déclaré Michel Aglietta.

                  La déconnexion des salaires réels et des gains de productivité, à laquelle s’est ajoutée une « explosion » des inégalités salariales, a eu pour conséquence une demande des ménages soutenue par la hausse du ratio dette/revenus.

                  La crise est aussi écologique avec une augmentation massive de la consommation d’énergie et de produits alimentaires dans les pays émergents, qui s’accompagnent d’une pression sur l’écosystème et d’une raréfaction des terres cultivables.

                  « A cause de l’imperfection des marchés de capitaux, les risques de changes sont absorbés par les banques centrales émergentes », a dit Michel Aglietta.

                  La régulation bancaire d’après-crise va accroître les besoins en fonds propres des banques et peser sur la distribution de crédit et sur son coût, ce qui va freiner la croissance, a-t-il noté.

                  Pour sortir à plus long terme de la crise, Michel Aglietta préconise le rétablissement d’un lien entre rémunération salariale et progrès de productivité, une régulation des marchés financiers visant à faire en sorte que « l’investissement à long terme devienne plus rentable que l’arbitrage spéculatif ».

                  Il estime que la croissance mondiale sera tirée par les pays émergents et qu’il faut orienter l’épargne des pays développés vers les émergents, tout en consolidant les marchés financiers de ces pays.

                  Selon lui, il faut aussi procéder à des transferts massifs de technologie dans ces pays, dont la croissance économique est portée par une population active qui augmente alors que c’est l’inverse dans les pays développés.

                  Après avoir déclaré que les pays développés pourraient se retrouver avec une croissance potentielle inférieure à 1 % à l’horizon 2030 (contre 2,0 % à 3 % avant la crise), Michel Aglietta a indiqué qu’il fallait désormais « un nouveau cycle d’innovation longue ».

                  Il a noté que la technologie de l’information était entrée dans la phase d’adaptation qui, comme pour toute innovation majeure, précède la phase de maturité, avant d’ajouter :

                  « Une nouvelle phase de croissance soutenue dépend de l’entrée en phase diffusion (forte croissance) des technologies d’économie d’énergie, de substitution vers les énergies renouvelables, de protection de l’environnement, et aussi de technologies faisant baisser les coûts de la santé. »

                  http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=bb838b7f32ae0a9aa1765e7ed2c87b1f


                  • Maldoror Maldoror 28 novembre 2009 00:14

                    Merci pour cette interview !
                    J’avais déjà visionné cette vidéo de l’auteur sur son livre :
                    http://www.dailymotion.com/video/xb6w81_michel-drac-er-analyse-la-crise-eco_webcam
                    Et là ça n’est que plus alléchant, lucidité, clarté des explications, je sens l’achat poindre.

                    Maldoror.


                    • Daniel Roux Daniel Roux 28 novembre 2009 10:53

                      L’article confirme les analyses parues sur Agoravox depuis des mois.

                      Des hommes très riches s’entendent pour faire des affaires, s’enrichir davantage en bandes organisées, et mettre en place des hommes de mains à la tête des états.

                      Complot ou non complot ? Le nom que l’on donnera à ces ententes illicites n’a finalement que peu d’intérêt.

                      Quelques révolutions ont déjà eu lieu (Angleterre, Etats-unis, France, Amérique du Sud, Russie..). Leurs causes et leurs déroulements sont différents mais le résultat est presque toujours le même : Remplacement d’une classe corrompue et disloquée par l’individualisme par une autre plus déterminée et organisée. 

                      Même à Tarnac (Creuse) où la répression fait pourtant rage, aucune classe ne paraît assez puissante et organisée pour remplacer la classe dominante tenant fermement toutes les manettes et prêtes à tout, semble t-il, pour les garder.

                      L’alternative à la révolution est l’effondrement et le pourrissement comme les empires africains au 18ème siècle, asiatiques au 19ème, eurasiens au 20ème, américains au 21ème ? Le monde tourne.


                      • BA 30 novembre 2009 09:38

                        La deuxième crise financière arrive.

                        Accrochez-vous.

                        Les Bourses de Dubaï et d’Abou Dhabi en chute libre à l’ouverture.

                        Les Bourses de Dubaï et Abou Dhabi étaient en chute libre lundi, premier jour ouvrable depuis la crise de la dette de Dubaï.

                        Une heure après le début des échanges, la Bourse de Dubaï avait reculé de 7,19 %, alors que celle d’Abou Dhabi baissait de 8,09 %.

                        Selon le règlement intérieur des deux places, les transactions sont suspendues si la baisse excède 10 %.

                        A 07H00 GMT, l’indice DFM de la bourse de Dubaï avait perdu 150 points à 1.942,62 points.

                        Le titre du géant immobilier Emaar a reculé de 9,86 % par rapport à mercredi, dernier jour ouvrable avant l’annonce par les autorités de Dubaï de leur intention de demander un moratoire sur la dette du conglémorat Dubai World.

                        A Abou Dhabi, les valeurs vedettes des secteurs de l’immobilier, des télécommunications et des secteurs de l’énergie étaient les grands perdants, baissant respectivement de 9,9 %, 9,73 % et 9,67 %.

                        L’indice de la Bourse d’Abou Dhabi est tombé à 2.674,79 points, et 23 des 70 compagnies cotées en bourse, dont la National Bank of Abu Dhabi, ont enregistré une baisse de 10 %, qui est le maximum autorisé.

                        L’effondrement des marchés intervient malgré l’annonce dimanche soir par la Banque centrale des Emirats de la mise à disposition de liquidités supplémentaires pour consolider le système bancaire et rassurer les investisseurs.

                        Dubaï avait annoncé mercredi son intention de demander aux créanciers de son conglomérat Dubai World, qui contrôle notamment Nakheel, de surseoir de six mois, jusqu’au 30 mai 2010, au paiement de la dette arrivée à maturité.

                        Le moratoire envisagé concerne le paiement, prévu le 14 décembre, de 3,5 milliards de dollars d’obligations islamiques par Nakheel.

                        L’annonce a fait chuter les marchés asiatiques, européens et américains, les investisseurs redoutant une insolvabilité de Dubaï pour sa dette publique de 80 milliards de dollars.

                        La compagnie Nakheel, en partie à l’origine de la crise de la dette de Dubaï, a demandé lundi à la bourse de Nasdaq Dubaï la suspension des transactions sur ses obligations islamiques. L’annonce est intervenue quelques minutes avant l’ouverture des deux bourses de la ville-émirat, la bourse de Dubai et Nasdaq Dubai.

                        http://www.romandie.com/ats/news/091130073301.cbu1n5zf.asp

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