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Iran : sanctions et corruption, un couple qui dure

Avec la crise ukrainienne, l’Union Européenne et les Etats-Unis ont ressorti l’arme des sanctions économiques. Pourtant de l’Irak à l’Iran en passant par la Libye, les effets délétères des embargos sont multiples et bien connus. Outre les conséquences humanitaires gravissimes, ils sont le terreau de vastes entreprises de corruption.

Punition générale

Pénurie de médicaments, cherté des produits de base, les conséquences humanitaires des sanctions économiques s’avèrent funestes. En septembre 2013, 157 personnalités de la société civile iranienne, avocats, médecins, journalistes ont publié une lettre alertant l’opinion internationale sur ce phénomène. Des opposants en exil ont dénoncé des sanctions qui se sont : « transformées en une punition générale infligée au peuple iranien ».

Qui a oublié les 500 000 enfants irakiens morts par manque de médicaments lors des sanctions économiques imposées à l’Irak entre 1990 et 2003 ? Mais les sanctions économiques s’avèrent être également une formidable opportunité pour la création de vastes réseaux de corruption qui perdurent parfois bien au-delà des sanctions elles-mêmes. 

Corruption/sanctions : le couple infernal

Pour contourner les embargos, les Etats mettent en place des réseaux parallèles avec leurs corolaires de corrupteurs, de corrompus, d’hommes de paille, de commissions et rétro-commissions.

L’affaire « Pétrole contre nourriture » en Irak en est la plus belle démonstrationLe système de corruption mis en place par Saddam Hussein pour s’attacher les faveurs d’un réseau d’influence international a jeté ses filets jusqu’au sein de l’ONU avec la mise en cause de la femme de Boutros-Boutros Ghali et le fils de Kofi Annan, tous deux Secrétaire Général des Nations-Unis en poste au moment des faits.

En Libye, le Colonel Kadhafi avait, lui aussi, organisé un vaste réseau d’hommes de paille pour placer ses pétrodollars à l’extérieur de son pays malgré les interdictions. Les nouvelles autorités libyennes se sont lancées dans une chasse au trésor infernale pour retrouver les fonds. Mais les réseaux étaient si secrets et si bien construits que trois ans après la chute du Guide, seule une infime partie de l’argent à été retrouvée.

L’Iran qui subit des sanctions sans discontinuer depuis la révolution de 1979, n’est pas épargné par ce phénomène. Le politologue, irano-allemand, Ali Fathollah-Nejad évoque des canaux noirs : « les sanctions ont largement paralysé l’économie civile iranienne pendant que les entreprises étatiques et semi étatiques-notamment les branches économiques des Gardiens de la Révolution- ont pu profiter en monopolisant des importations de différentes marchandises par les canaux noirs ».

Une kyrielle d’escrocs

Aux côtés de ces réseaux étatiques s’agrègent toute une ribambelle d’escrocs à la petite semaine, de financiers peu regardants ou de chefs d’entreprises prompts à réaliser de bonnes affaires, sans se soucier de la méthode.

Ainsi en mai 2010, le journal iranien Jahan faisait état d’un réseau d’importation illégal de très grandes quantités de téléphones portables en provenance de Dubaï. Les deux hommes d’affaires responsables de ce trafic, Hassan Afrashtehpour et Akbar Khoshkush, n’en étaient pas à leur premier coup d’essai. Les frères Afrashtehpour sont bien connus en Iran. Selon un article publié en septembre 2006 par le quotidien Iranien Aftab, Hassan Afrashtehpour, co-gérant de la société de trading Tejarat Aria Gostar Iranian Navid Co, a été impliqué dans un détournement d’argent. Il est accusé d’avoir indûment perçu 60 millions de dollars pour l’importation frauduleuse de marchandises en Iran.

Par ailleurs, en 1997, les frères Hassan et Daoud Afrashtehpour auraient été impliqués dans le détournement de dizaines de milliards de dollars de la banque d’Etat iranienne, la Saderat. Ce qui expliquerait le train de vie fastueux que leurs enfants mènent à travers l'Europe, de Londres à Genève…

Quant à Akbar Khoshkush, après avoir été membre des services secrets iraniens préposé au sale boulot d’élimination d’opposants, il s’est lancé dans l’importation de marchandises illégales. Les cas Afrashtehpour et Khoshkush ne sont pas isolés en Iran. De nombreux autres hommes d’affaires ont été condamnés pour des accusations de corruption. Dans tous les pays en proie aux sanctions, corruption financière, blanchiment d’argent, détournement de fonds, sont des phénomènes récurrents. Si les sanctions économiques imposées par la Communauté internationale sont inopérantes pour faire plier un Etat, en instaurant la corruption à tous les étages, elles affaiblissent à coup sûr un pays. La corruption serait-elle une arme fatale ? 


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3 réactions à cet article    


  • Jonas 9 mai 2014 15:59

     D’accord avec l’auteur. 

    Les sanctions touchent le petit peuple démuni et sans défense. Mais avec des régimes , ou le souci de leur peuple ne rentre pas dans leur politique à l’exemple de la Corée du Nord et ou toute intervention militaire ne peut qu’apporter plus de chaos. Quelles sont les solutions ? 
    Car ce ne sont pas les pays non démocratiques qui leur appliquent les sanctions,ils sont plutôt en connivence avec eux, mais les pays démocratiques c’est -à dire l’Occident. 
     Et pourtant c’est du petit nombre des pays démocratiques dont ils dépendent., médicaments-pièces -détachées- produits alimentaires- nouveaux produits etc. 
    Grand dilemme posé aux démocraties et à leur opinion publique ( l’opinion publique est la dictature des démocraties )  Comment punir les dictateurs. sans toucher les peuples ?

    • Ger. 9 mai 2014 16:28

      A ma connaissance, le pays qui a subi le plus longtemps l’embargo américain, et le subit encore de façon féroce (malgré les votes massifs de l’ONU contre cet embargo, c’est Cuba...

      Ne l’oublions pas

      • Laurent 47 10 mai 2014 13:16

        L’embargo est une sanction quasi obligatoire, quand un pays opprime un peuple, ou envahit le territoire de son voisin. C’est pour ça que Cuba, qui a envahi (quoi au fait ?), subit l’embargo américain, et que la même sanction est appliquée à Israël, pour son occupation de la Cisjordanie depuis 1967, avec une sévérité si impitoyable qu’elle soulève l’indignation de la communauté internationale !

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