Iran : Témoignages émouvants à Achraf 3
La ville libre d’Achraf 3 en Albanie a permis aux opposants exilés de concevoir un événement complet s’étalant sur 5 jours.
Jumelage entre Mairie du 1er Paris et Achraf 3 - Solidarité avec la Résistance iranienne https://t.co/3Tv6jGI4AN via @YouTube #Iran #FreeIran
— Afchine Alavi (@afchine_alavi) July 20, 2019
Le Musée d'Achraf 3, la maison des Moudjahidine du Peuple en Albanie
Au milieu de ce mois de juillet 2019, les résistants iraniens ont profité de l’inauguration d’Achraf 3 pour y organiser le grand rassemblement annuel pour un Iran libre et démocratique. D’ordinaire, cette conférence internationale regroupant des dizaines de milliers de personnes et des centaines de personnalités politiques se déroulait sur une grande journée à Paris. Mais la disponibilité de la ville libre d’Achraf 3 en Albanie a permis aux opposants exilés de concevoir un événement complet s’étalant sur 5 jours. L’occasion d’écouter non seulement les messages politiques des différents intervenants, mais aussi de prendre le temps d’écouter et de lire encore les nombreux témoignages de rescapés de la tyrannie des mollahs.
Achraf 3, symbole de la résistance iranienne
Achraf 3 est une toute nouvelle ville, fondée par les exilés iraniens, rescapés d’Achraf puis de Camp Liberty, camps retranchés en Irak où se sont exilés nombre d’opposant à la théocratie naissante puis grandissante, fondés immédiatement après la prise de pouvoir des mollahs en Iran. L’Albanie fut donc le seul pays au monde à accueillir les réfugiés iraniens, constamment harcelés par les milices chiites irakiennes aux ordres des pasdarans. Depuis septembre 2017, date de l’extradition de camp liberty vers Tirana, 3 000 iraniens ont travaillé sans relâche pour bâtir cette nouvelle cité. Celle-là même qui a accueilli le monde politique le week-end du 14 juillet.
5 jours durant, les intervenants se sont succédés à la tribune. Mais pas seulement. Concerts, ateliers de réflexion, conférences sur la paix et expositions étaient également au programme. Expositions qui ont connu un succès important, chacune d’entre elles marquant un évènement particulier et rendant hommage aux dizaines de milliers d’opposants torturés et exécutés par le régime depuis 40 ans. Depuis plus de cent ans, l’histoire de l’Iran est parsemée de mouvements de révolte, voire de révolutions, toujours matées dans le sang. Ces expositions expriment à la fois la souffrance qu’endure le peuple iranien depuis des générations, mais également la détermination qu’ont ces hommes et ces femmes à trouver enfin la voie de la liberté, quel qu’en soit le coût.
Expositions et témoignages
Parmi tous ces moments qui démontrent la sauvagerie des mollahs, on compte bien évidemment le massacre de l’été 1988. Quand Rouhollah Khomeyni, alors guide suprême, lassé des revendications des opposants décida de les faire tous assassiner. La fatwa, manuscrite, lancée par le guide suprême a donné lieu à un massacre sans précédent qu’Ebrahim Raïssi (récemment nommé plus haut dignitaire du pays en matière de justice ?!) ou Mostapha Pourmohammadi (Ministre de la justice lors du premier mandat d’Hassan Rohani) se sont empressés d’organiser au sein des commissions de la mort. Les expositions montrent également le visage de ces martyres de la liberté. Et certains témoins de cette période apportent de nombreuses précisions quant aux raisons de détention et aux conditions de vie en prison.
Kobra Jokar est l’une des ex-prisonnières parvenue à s’échapper de ses geôles en 1987. Mais avant cela, elle raconte l’horreur de sa détention. Arrêtée alors qu’elle était encore enceinte, elle restera emprisonnée 6 années et devra subir des séances de torture devant les yeux de son mari. Après l’avoir abattu avec 75 autres prisonniers, l’un des bourreaux lui précisa qu’il ne voulait pas qu’il puisse voir naître son fils. Toutes les femmes qui ont partagé les cellules de Kobra Jokar ont été assassinées à l’arme blanche au cours de l’été 1988.
Les bourreaux de 1988 occupent toujours les plus hautes strates du pouvoir
De son côté Homa Jaberi raconte ce que sont les unités résidentielles dévolues aux femmes. Des cages de 50 cm de large où les femmes torturées, le visage en sang, les mains cassées et le corps en miette pouvait hurler toute leur peine sans que personne ne les entende. Impossible de dormir et quand bien même le sommeil gagnerait, les bourreaux restent attentifs et maintiennent volontairement les prisonnières torturées en éveil en leur assénant des coups. Certaines femmes sont restées plus de 6 mois dans ces cages à lapin.
Majid Sahebjam est quant à lui resté 17 ans en prison. Son seul crime (comme les autres) ; supporter les moudjahidines du peuple. De nombreux témoignages corroborent le fait qu’une grande partie des prisonniers étaient mineurs, parfois moins de 15 ans. Qu’importe. Tous ont été torturés et exécutés. D’autres, comme le précise Mahmoud Royaie, ont été exécutés plusieurs années après la fin de leur peine de prison. Des hommes et des femmes qui devaient retrouver la liberté après avoir purgé leur peine et qui sont restés enfermés dans les geôles avant de subir la colère des fous de Dieu.
En tout, depuis 40 ans, les mollahs auront fait plus de 120 000 victimes chez les opposants au régime et leurs soutiens. 120 000 morts passés sous silence en occident. 120 000 visages qui vous regardent et vous demandent simplement pourquoi. Leur seul désir était de devenir des hommes et des femmes libres. C’est sans aucun doute la profonde injustice de leurs assassinats qui contribue à alimenter la révolution d’aujourd’hui, à donner aux iraniens l’énergie nécessaire au renversement du régime théocratique. C’est comme si chaque mort dans la lutte reportait son énergie vitale sur les autres combattants pour la liberté.
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