J’ACCUSE ! ...
Que Monsieur Zola me pardonne d’utiliser le titre de sa célèbre lettre liée directement à l’affaire Dreyfus. Le long texte qui la compose est extrêmement passionnant, aussi bien dans le style que dans l’intérêt historique du sujet abordé. En effet, l’affaire Dreyfus est un conflit social et politique de la fin du XIXème siècle ayant pour toile de fond la Troisième République. Ce dossier brûlant de l’époque tourne autour de l’accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, officier français d’origine alsacienne et de confession juive. Au final, le militaire fut innocenté, mais pendant douze ans, entre 1894 et 1906, cette affaire a bouleversé la société française, la divisant profondément en deux camps opposés, les « dreyfusards » partisans de l’innocence du capitaine Dreyfus et les « antidreyfusards », partisans de sa culpabilité.
La lettre écrite sous forme de pamphlet dreyfusard est envoyée le 13 janvier 1898 par Émile Zola à Félix Faure, alors président de la République de l’époque.
Sa version originale contient 39 pages. Elle s’inscrit comme un article cinglant et diffamatoire, mais plutôt innovant sur le fond et sur la forme.
Mais revenons en 2020 et aux nombreuses affaires qui préoccupent les Français à l’heure d’aujourd’hui. Les sujets d’inquiétudes sont multiples et si l’on en croit les échos de la rue, l’angoisse s’installe peu à peu dans les populations de la plupart des classes sociales.
Cette crainte est bien réelle chez nos concitoyens et elle se traduit notamment par une énorme anxiété pour le lendemain et le futur : peur de perdre son emploi, son logement ou ses moyens de vivre ; peur de l’avenir pour ses propres enfants ou pour sa descendance ; peur du terrorisme et plus généralement de l’insécurité qui règne dans les villes comme dans les campagnes ; peur du cataclysme écologique ; peur des migrations massives dont les conséquences risquent d’être graves pour la stabilité du pays ; peur de l’immoralité qui asservit la société ; peur des politiques qui trahissent le peuple au profit des grands intérêts financiers.
Mais la peur du moment est liée à la réforme des retraites qui prend une tournure dangereuse pour l’ensemble des travailleurs d’aujourd’hui, futurs retraités de demain.
Malgré les promesses du gouvernement, bien évasives d’ailleurs, les citoyens n’ont pas confiance en un système qui va appauvrir très sensiblement leur vie quotidienne, le jour où ils arriveront à l’âge de la retraite. D’après les calculs faits par la plupart des économistes sérieux et donc fiables, c’est une diminution qui pourra atteindre 25 à 40 % du montant de la pension selon le montant net de cette dernière. Autrement dit, la personne qui aura cotisé toute une vie pour obtenir une retraite décente, sera spoliée d’une partie de ses droits et se retrouvera dans une situation de quasi précarité dans un grand nombre de situations.
Aussi, en tant que citoyen, je partage mes inquiétudes avec celles de tous les Français et Françaises qui aiment leur Pays et qui défendent avec force les acquis sociaux et les vraies valeurs de la République.
Ainsi, se déroule devant nous le triste scénario de la débâcle de la France qui n’en est qu’à son début certes, mais un début qui présage le pire dans les semaines et les mois à venir.
Bien évidemment, le président Macron n’est pas le seul responsable de la faillite de la France. Avant lui, d’autres chefs d’État ont fait de graves erreurs de gestion : le président Giscard d’Estaing, largement démagogue, François Mitterrand, plus intéressé par son image que par les véritables avancées démocratiques, Jacques Chirac, fortement laxiste, Nicolas Sarkozy, corrompu par les « affaires », François Hollande, idéaliste, mais incompétent.
Et c’est ainsi qu’au fil des années, tous ces présidents avec leurs gouvernements successifs ont endetté considérablement la France, mettant ainsi notre pays dans une situation de plus en plus catastrophique qui du reste, ne s’est jamais améliorée. Pour être plus précis, on notera qu’à la fin du mois de septembre 2019, la dette publique s’est établie à 100 % du produit intérieur brut (PIB), soit 2415 milliards d’euros, en hausse de 39,6 milliards par rapport au trimestre précédent. Cette information a été rapportée le 20 décembre dernier par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE).
Alors, pour revenir au temps présent et en dédouanant le président Macron des fautes commises par ses prédécesseurs, il n’en reste pas moins vrai que le chef de l’État doit assumer désormais ses propres responsabilités, d’autant plus qu’il exerce le pouvoir depuis deux ans et demi.
Depuis son élection en mais 2017, Emmanuel Macron n’a rien résolu des lourds problèmes qui grèvent notre société. Sur le plan économique, le chômage n’a guère reculé et le pouvoir d’achat des Français s’est largement détérioré. Quant au niveau politique, son arrivée au pouvoir a démontré un important recul de la démocratie, l’Assemblée Nationale étant composée d’une majorité présidentielle qui se veut la « chambre de validation » des décisions purement macroniennes. Autant dire que les députés LaREM sont de « vrais petits soldats » disciplinés et parfaitement obéissants, télécommandés directement par l’Élysée, Edouard Philippe, premier ministre n’étant que « l’homme de paille » de la situation.
Depuis novembre 2018, la crise des Gilets Jaunes a permis de faire un constat sans équivoque : la France souffre d’une politique qui favorise le capitalisme et la grande finance au détriment du peuple et des plus démunis. La démocratie est malmenée et ce qui paraît en rester, n’est que la face visible de l’iceberg. La base est entièrement pourrie. Quant à la République, elle est meurtrie, bafouée, violée. Macron est-il un démocrate ? Sans doute pas et de toute manière aucunement dans le sens étymologique du mot.
Maintenant, la certitude réside dans un pouvoir macronien qui relève aujourd’hui plus d’un début de dictature que d’une gestion démocratique. Aussi, en tant que citoyen ayant reçu depuis le plus jeune âge une réelle éducation républicaine, je ne peux supporter que mon pays qui est la France soit blessé au plus profond de lui-même, dans ses valeurs et dans ses traditions issues de la lutte et de l’héroïsme du peuple français.
En conclusion, et sans vouloir imiter directement ou indirectement Emile Zola qui fut l’éminent journaliste et le talentueux écrivain que nous connaissons tous, je m’exprime dans ces quelques lignes en tant que républicain convaincu et soucieux de l’esprit voltairien qui m’a toujours animé.
Bien évidemment, mon réquisitoire touche le président de la République, mais s’étend aussi à ses proches collaborateurs, ministres, députés ou autres adjoints politiques.
J’accuse donc le président Macron de vouloir changer les valeurs de la France pour en faire un nouveau monde, dénué de tous sens et de toutes logiques.
J’accuse le président Macron de vouloir transformer la République en un État autoritaire, détenant un pouvoir oligarchique.
J’accuse le président Macron de ne pas défendre les intérêts économiques de la France et de privatiser certaines entreprises publiques, sans raison valable et sans aucune garantie.
J’accuse le président Macron de vouloir manipuler les citoyens français par la simulation, l’imposture ou la tromperie.
J’accuse le président Macron de favoriser les patrons de la finance et du grand capitalisme au détriment des travailleurs salariés ou indépendants à faibles revenus, des petits retraités et des personnes dans la précarité.
J’accuse le président Macron de ne pas vouloir faire évoluer rapidement la situation difficile dans laquelle vit aujourd’hui un grand nombre de nos compatriotes.
J’accuse également le président Macron d’avoir présenté une fausse réforme des retraites, défavorisant les travailleurs voués à subir à la fin de leur carrière les souffrances matérielles résultant de revenus modestes, si modestes que ces nouveaux retraités rejoindront rapidement les rangs de la précarité.
J’accuse le président Macron, d’arrogance, de mépris et d’absence de compassion pour ceux et celles qui souffrent chaque jour de l’indifférence qui habite les dirigeants de notre société.
J’accuse le président Macron de ne pas aimer la France et donc, de ne pas aimer les Français.
Enfin, j’accuse le président Macron, de faillir à ses principaux devoirs de chef de l’État et notamment de ses responsabilités républicaines, contrairement à tous les autres présidents de la Vème République qui l’ont précédé ou comme encore, et plus généralement, à l’ensemble des présidents qui ont représenté par le passé les précédentes républiques françaises.
Cependant, ces accusations ne sont pas destinées uniquement au président. Elles s’adressent aussi à tous ceux et celles qui soutiennent ses actions anti-démocratiques, nuisibles pour la citoyenneté, pour les droits de chacun et les libertés individuelles. Ces gens favorables à l’État Macron, je ne les connais pas, sauf pour les avoir vus ou aperçus dans les médias. Je n’ai donc contre eux, ni rancune ni haine. Et, reprenant une phrase d’Emile Zola, je dirai : « ils ne sont que pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. »
J’espère ici, pour tous les Français et les Françaises qui croient encore à la démocratie, que le président Macron reviendra bientôt à la raison afin de servir son pays et non les intérêts de la grande finance et du grand patronat.
Parmi les citoyens de notre Nation, certains demandent son départ, pendant que d’autres estiment qu’il a toute sa légitimité, puisqu’il a été élu au suffrage universel. En évidence, cette légitimité existe et doit être respectée. Mais si le président Macron possède des droits incontestables, il a aussi des devoirs, ceux que lui imposent ses fonctions au sommet de l’État.
S’il ne remplit pas les obligations qui lui incombent et s’il s’obstine à tout changement de politique, son honnêteté voudrait qu’il se retire comme ce fut le cas en son temps, pour un certain Charles de Gaulle.
Pierre Reynaud – www.lafranceliberee.fr
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