J’accuse … ! (acte 2) Le « piège » du 10 décembre…
Peu avant le discours prononcé par le Président Macron le 10 décembre, j’avais dans un article intitulé « j’accuse » (https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/j-accuse-210494) lancé cette apostrophe :
« J’accuse une large partie de la classe médiatique et de la classe politique qui nous gouverne d’autisme et d’irresponsabilité face au désarroi des français qui s’exprime… Aujourd’hui, la colère n’est plus seulement celle des plus démunis : elle devient aussi et surtout celle des classes moyennes exsangues, de la France qui travaille et de ses forces vives (cadres, employés, commerçants, artisans, fonctionnaires, petits propriétaires, entrepreneurs…) qui se font « dépecer » au bénéfice des « premiers de cordée », lesquels pour l’essentiel contribuent largement aux 60 à 80 milliards d’évasion fiscale et, avec leurs semblables, à la faillite écologique de notre planète ! » : augmentation substantielle du CICE (40 milliards), maintien obstiné de la suppression de l’ISF et vote d’un allègement de l’exit tax, sont des mesures qui, on le sait (il faudrait être naïf pour croire le contraire), profitent aux « ultra riches », à leurs investissements spéculatifs et à la consolidation de leurs avoirs dans les paradis fiscaux bien plus qu’à l’investissement productif dans les entreprises (ce que l’on voudrait nous faire « gober »).
Oser demander aux Français qui travaillent de nouveaux efforts n’était ni compréhensible, ni audible, ni acceptable dans un tel contexte.
Le 10 décembre, le Président de la République semble avoir compris que la « pilule » ne passerait pas et il a annoncé des « mesures fortes » en apparence (seulement), s’obstinant toutefois toujours à revenir sur les cadeaux consentis aux « ultra-privilégiés » (les premiers de cordée !!! https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-premiers-de-cordee-ces-modeles-199576) ceux qui tirent vers le haut ceux qui ne sont rien, tous ces fainéants ingrats !
Ce faisant, il a réussi le tour de force de diviser et d’affaiblir l’élan du mouvement des gilets jaunes, l’actualité dramatique de ces derniers jours ayant par ailleurs pour effet inespéré de cesser de focaliser les projecteurs médiatiques sur ces derniers.
Deux questions se posent :
- puisque « les premiers de cordée » ne paieront pas les "cadeaux" du 10 décembre, qui paiera ?
- et qui au final pourra bien profiter de tout cela ?
Pour l’instant, on nous indique que l’on franchira certainement la « sacro-sainte » barre des 3% de Maastricht pour porter à 3,5% le déficit budgétaire, ce qui devrait aboutir à distribuer une dizaine de milliards pour satisfaire les gilets jaunes…
Donc, le contribuable paiera et surtout au final, toujours les mêmes, à savoir les classes moyennes qui constituent une part non négligeable des effectifs des gilets jaunes…
Cela pourra être également compensé par une baisse de la dépense publique, de nouveaux reculs des services publics et des efforts supplémentaires demandés aux fonctionnaires, qui sont de parfaits boucs émissaires pour calmer le reste de la population et lui faire accepter son triste sort : diviser pour mieux régner, comme toujours…
Quant à la seconde question, elle paraît totalement déplacée, incongrue : certains pourraient-il profiter de la situation ?
Comment oser se demander cela alors que la dette publique atteint près de 2 300 milliards d’euros (un an de PIB) et les intérêts de la dette plus de 40 milliards par an (les intérêts remboursés sur cette dette représentent environ 1 300 milliards depuis 1973) ?
Des chiffres qui donnent le vertige et qui s’accroissent d’années en années…
La réponse à la seconde question est claire et sans ambiguïté : ce sont les banques auprès desquelles l’Etat emprunte qui profitent de cette situation et tous ceux qui les contrôlent (les « premiers de cordée » !)… C’est le serpent qui se mord la queue ou la boucle qui est bouclée…
Il y aurait de quoi mourir de rire si la situation n’était aussi tragique et le Peuple autant abusé…
Car nombre de personnes très sérieuses comme M. Emmanuel Todd ou Paul Jorion laissent entendre que cette situation ne doit rien au hasard.
Vous n’y croyez pas ?
Un ancien Premier Ministre, Michel Rocard (qui est loin d’être populiste !) a lui-même, bien tardivement il est vrai, fait cet aveu édifiant dans l’émission mediapolis d’Europe 1 animée par Olivier Duhamel et Michel Field le 22 décembre 2012 (youtube : https://www.youtube.com/watch?v=dDSUds9rEZw) :
« la Banque de France […] finançait l’Etat sans intérêt. Si on en était resté là, aujourd’hui, avec tous les emprunts qu’on a fait depuis – puisqu’on emprunte tous les ans – la dette publique française serait de 16 ou 17% du PNB. Mais […] on a eu une loi stupéfiante […] qui a interdit à l’Etat de se financer sans intérêt auprès de la Banque de France, et qui a obligé notre Etat… nous faisions comme les Allemands, tout le monde, c’était un peu la mode, c’était une façon de penser… » (déjà !!!). « On a obligé les Etats à aller se financer sur le marché financier privé, à 4 ou 5%. Et du coup, notre dette, elle est maintenant à 90-91% du produit national brut ».
Le système regretté par feu Michel Rocard était celui qui avait contribué aux 30 glorieuses, en partie grâce à la création monétaire, et il dénonçait alors la loi no 73-7 du 3 janvier 1973 dite « Pompidou-Giscard-Rothschild » modifiant les statuts de la Banque de France.
Cette loi fut certes abrogée en 1994, mais sa philosophie fut aggravée et étendue au niveau de l’Union européenne par les traités de Maastricht (article 104) et Lisbonne (article 123) qui s’imposent évidemment à la France.
Une partie de la classe politico médiatique complice s’évertue à le nier, mais l’article 123 du Traité de Lisbonne est sans aucune ambiguïté : « Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales », d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la banque centrale européenne ou les banques centrales nationales des instruments de leur dette est également interdite ».
Bien sûr, le lobby des banques n’est en rien derrière tout cela… et ceux qui dénoncent cette situation et une certaine complicité, pour ne pas dire une complicité certaine d’une large part de la classe politique ne savent pas lire les textes ! Sans doute considèrent-ils que M. Rocard à près de 82 ans avait lui-même un intérêt évident à manipuler les foules...
Donc, puisque décidément personne ne comprend rien de rien, les états pouvaient continuer à emprunter sans intérêts depuis 1973… Bizarre, ils ne l’ont pas fait !!! Depuis cette époque, ils ont même choisi la voie des intérêts de la dette, soit près de 1 300 milliards sortis comme un petit lapin blanc d’un chapeau magique ! On se demande bien pourquoi... Bien sûr, les gentils banquiers n’étaient pas intéressés par cette manne et n’ont jamais exercé d’influence pour pérenniser ce système.
On nous prend pour des billes au pays de "Oui-Oui" !!!
D’ailleurs, face au "terrible fardeau" de la dette, nos chers politiciens et une large part de la classe médiatique (Calvi, Barbier, Demorand, Joffrin, Apathie, Bourdin, Dassier, Pujadas et autres…) ne cautionnent pas d’autres issues que la rigueur…
Et toute cette caste politico-médiatique de privilégiés ploutocrates ne trouvent rien d'anormal à ce qu'il soit demandé depuis des années au Peuple français de se saigner pour la sacro-sainte dette et ses intérêts… Quant à nos gouvernants (mêmes les "ennemis de la finance" !!!) ils empruntent et continuent à emprunter depuis 1973 auprès des marchés financiers, c’est-à-dire auprès des banques que le Peuple engraisse par les intérêts de la dette…
Tant que les ultras riches ne paieront pas, la facture des "cadeaux empoisonnés" du 10 décembre, le Peuple « captif » de France (celui qui ne peut pas mettre son argent dans les paradis fiscaux) continuera à la payer … Au final, il paiera (avec au premier chef les classes moyennes) et l’argent retournera garnir les poches des banquiers « premiers de cordée » ! Voilà tout le piège du 10 décembre !
Ne laissons pas ce piège se refermer et demandons la dissolution de l’Assemblée Nationale !
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