J’ai fait un rêve
Dans un peu plus d’un mois nous serons fixés, nous aurons une nouvelle présidence. Après avoir monopolisé plusieurs années de palabres et de discussions, après avoir mis un frein à la construction Européenne, après avoir laissé les banlieues exprimer leur rage d’être marginalisée socialement et spatialement, après avoir pendant trop longtemps fermé les yeux sur les exigences environnementales, après une longue journée d’aveuglement... avez-vous, comme moi fait ce rêve ?
Pour changer des traditionnels brûlots de campagne, j’ai choisi de faire fonctionner mon libre imaginaire. J’ai choisi, pour une fois, de revenir à l’essentiel, d’oublier ne serait-ce qu’un temps les contraintes terre à terre qui nous emprisonnent, qui nous lient à ce système cloisonné forgé par des générations bien pensantes et toujours à même de préconiser à l’autre ce qu’elles se refuseraient à accepter.
Alors, oui, j’ai fait un rêve.
J’ai fait le rêve d’une vision de long terme. J’ai rêvé d’utopie, de ce qui n’a pas encore été réalisé comme l’aurait dit Théodore Monod.
J’ai rêvé d’une Europe de communauté de destin, d’une présidence s’affranchissant enfin des clivages stériles locaux et transcendant à l’image d’un Mandela les barrières que nous avons construit entre nos peuples parce que nous n’avons pas cherché à nous tendre la main, jusqu’au bout. J’ai rêvé d’une présidence ambitieuse, raisonnée, et profondément humaine.
J’ai rêvé d’une organisation sociale, économique, environnementale raisonnée et sachant s’adapter aux évolutions permanentes de la société humaine mondialisée. J’ai imaginé cette organisation coordonnée un temps par les mains d’un seul homme ou d’une seule femme élu(e) à l’unisson par des citoyens européens tous amenés à voter le même jour, d’un seul et même élan.
J’ai vu ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces séniors et autres immigrés allant d’un seul pas choisir entre deux visions raisonnées de l’avenir où les seuls clivages opposeraient non pas deux radicalités mais deux systèmes de développement raisonnés et raisonnables.
J’ai imaginé un élan commun visant enfin à ne plus se taire pour mieux se complaire, un élan partagé pour mieux se positionner dans les rapports de force mondiaux pacifiés, et plus exactement dans une émulation générale visant à pousser chaque modèle à aller toujours de l’avant, plus loin dans l’innovation, dans l’imagination et dans la construction d’un avenir.. différent, mais toujours plus motivant.
J’ai senti ce courant traversé mon corps et mon esprit, ce feu intérieur, cette curiosité qui anime chacun de nous, cette passion qui pourrait nous faire renverser des montagnes. J’ai ressenti cette envie de changer les choses, de se projeter ensemble et non plus de nous opposer aveuglément pour mieux nous cloîtrer derrière nos propres prisons de verre et de mots.
Torturé par la sclérose de ma réalité immobile, j’ai brisé mes chaînes en laissant libre cours à ma curiosité, j’ai laissé enfin mon esprit dire ce qu’il avait à exprimer, j’ai laissé parlé les plumes, j’ai laissé parlé les actes, toujours en respectant la liberté de l’autre, là où s’arrête ma propre liberté.
J’ai observé cette globalité enfin réunie dans des règles du jeu permettant à chacun de pouvoir assouvir ses désirs sans pour autant chercher à dominer le monde, j’ai vu la réussite de tous dans la diversité de nos prédispositions, de nos talents, de nos compétences respectives. J’ai apprécié le travail des artistes, la force des maçons, l’ingéniosité des architectes, l’intellect des décideurs non plus prédéterminés par des filières d’élites mais reconnus comme des talents qui ont pû se réaliser à plein potentiel grâce une diversification des filières de métiers.
J’ai entendu les hommes et les femmes parler toutes les langues sans se perdre de vu, ces générations se tenir la main sans s’oublier, j’ai entendu toutes les langues se délier pour ne plus croire qu’il vallait mieux se taire et consentir mais parler pour mieux construire. J’ai senti l’odeur d’un monde où les ors bleu, blanc, vert et noir étaient devenu compatibles, recyclables et utilisés avec parcimonie.
J’ai touché du bout de mon esprit ce rêve d’un monde que l’on peut tous construire si, enfin, on se donne les moyens de parler sans se voiler la face, en se parlant sans tabou ni crainte, sans faux semblant ni arrière pensées, sans calculs ni jeux stériles, d’homme à homme, toujours en se respectant, toujours en dialoguant, toujours pour construire ce que chacun individuellement nous n’aurions pas pû faire seul. J’ai touché du bout de ma main ce secret espoir qu’un jour un individu, plus fort que tous les clivages, que toutes les barrières, que tous les plafonds, que tous les murs, que toutes les ségrégations, que toutes les chaînes n’auront pû retenir pour enfin faire d’un Vedrine, d’un St-Exupéry, d’un Luther King, d’un Ghandi, d’un Mandela non plus des exceptions rarissimes mais des récurrences heureuses.
Alors oui, j’ai fait ce rêve.
J’ai fait ce rêve, car en 2007, en 2020 ou après, nous aurons toujours à nous poser une seule question et une seule : quel monde voulons nous construire et partager ensemble ?
La seule réponse que j’ai trouvé dans ce rêve, c’est que nous sommes les seuls à pouvoir changer les choses, que nous sommes maîtres de notre destin et que se contenter de la médiocrité, du recul voire du déclin, c’est un choix qu’on nous impose, mais ce n’est pas une fatalité.
Je ne suis pas de ceux qui croient à la fatalité, nous avons le pouvoir d’améliorer notre qualité de vie, d’améliorer la vie des individus, de partager les richesses, de reconnaître les talents, de nous différencier dans la diversité.
Ce n’est pas une utopie, mais une vision d’avenir.
Et je pense qu’elle mérite qu’on se batte, nous comme ceux qui viendront à nous succèder, pour qu’elle n’en soit plus une.
Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nos l’empruntons à nos enfants.
St-Exupéry.
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