Ces derniers mois, le FN est arrivé en tête aux élections européennes, « Qu’est qu’on a fait au bon dieu » fait un triomphe au cinéma avec plus de 10 millions d’entrée et le pays tout entier se passionne pour les bleus dans la coupe du monde. Comment interpréter tout cela ?
Un éloge du vivre ensemble
Bien sûr, «
Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu » est un film politique, qui véhicule un message de tolérance et son objectif est de montrer que, malgré certaines différences, nous pouvons tous vivre ensemble. Si certains peuvent trouver son humour un peu téléphoné, j’ai passé un très bon moment, dans une salle qui ne cessait pas de dire. Et outre son humour, ce qui m’a plu dans ce film, c’est finalement son traitement politique, car il montrait deux choses : que les préjugés existent de tous les côtés, ne jugeant pas les uns supérieurs aux autres, et qu’au final, il est possible de bien s’entendre, y compris les deux pères de famille, qui semblaient pourtant au départ les plus fermés au dialogue avec l’autre.
C’est un bel éloge du vivre ensemble sans être niais et oublier que ce vivre ensemble n’est pas forcément évident.
En outre, même si cela n’était peut-être pas aussi clair pour tout le monde, il y avait quelque chose de très français, tous les héros se retrouvant au final dans les valeurs de la République. Comme la très grande majorité des français d’autres origines ou des immigrés, les héros se retrouvaient sur des valeurs communes et ne cèdent pas à un communautarisme anti-républicain. Ce faisant,
il montre aussi que l’intégration passe par une acceptation des valeurs de la République et donc le refus de pratiques anciennes contradictoires. La coupe du monde
et l’engouement pour les bleus, qui réunit l’ensemble des Français, même ceux qui ne sont pas passionnés par le football, comme moi, est un bel enchaînement,
malgré toutes les dérives de ce sport, qui rassemble tous les citoyens dans une communion patriote.
Du vivre ensemble en politique
En fait, je crois que la majorité des électeurs du FN exprime une soif de vivre ensemble, même si cela peut sembler paradoxale par rapport au discours de ses dirigeants. Car au final, depuis 2002, et plus encore aujourd’hui, le vote du FN est un vote social. Et qui plus que les classes populaires ou moyennes sont attachées à une aventure collective, dont certaines élites sont de plus en plus détachées ? C’est un vote qui exprime le refus de voir notre destin collectif ne plus être géré à Paris mais à Bruxelles. C’est un vote qui exprime le refus de cette monstrueuse concurrence internationale déloyale qui lamine nos emplois et nos salaires. C’est un vote qui exprime également la volonté de davantage protéger notre culture et notre façon de vivre face à des changements qui semblent être un peu fous.