Jacques Chirac, malade imaginaire ?
Cette tribune libre nous livre une réflexion mélangeant la politique fiction et la réalité : et si la maladie de Chirac n’avait été qu’une mise en scène destinée à favoriser le destin présidentiel de Dominique de Villepin ?

C’est ma théorie du complot à moi : je ne dispose pas (et pour cause) des moyens de la prouver formellement, mais je la soumets ici comme une hypothèse stimulante pour l’esprit.
Grâce à sa présence à l’ONU où il représentait la France en l’absence de Jacques Chirac convalescent, Dominique de Villepin a encore gagné en "stature présidentielle". On l’y a vu sur toutes les chaînes de France comme Président de la République bis, entouré des grands de ce monde, prononçant maints discours dans les diverses tribunes que lui a offertes l’ONU : et le peuple de France s’est alors souvenu avec émotion et fierté de son discours enflammé du 14 février 2003 contre la guerre en Irak. Il s’est fait aussi le porte-parole, éloquent comme à l’habitude, de l’idée chiraquienne de taxe internationale sur les billets d’avion destinée à financer la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ce qui a permis, sans doute, à l’aristocrate premier ministre de s’attirer la sympathie de la mouvance tiers-mondiste française (les alter-mondialistes, les Verts, etc.) qui représente un nombre non négligeable de voix qui iront se porter, le moment venu, sur lui plutôt que sur Sarkozy.
Que pouvait-il espérer de mieux, ce non-élu que Jacques Chirac a mis en orbite présidentielle en le nommant premier ministre en juin dernier ?
Et si la mystérieuse hospitalisation de Jacques Chirac au Val-de-Grâce n’avait été qu’un stratagème destiné à faire la promotion de Villepin ?
Plusieurs rumeurs ont circulé à l’occasion de l’hospitalisation, qui allaient toutes dans le même sens : la maladie du Président était plus grave qu’on voulait bien nous le dire. On voyait bien en effet qu’il y avait quelque chose de louche dans les communiqués médicaux qui sentaient à trois kilomètres à la ronde le "spin". On s’étonnait aussi du nombre très restreint de collaborateurs de Jacques Chirac admis en visite. Le décalage entre l’énoncé très pudique "accident vasculaire" et la longue durée de l’hospitalisation (une semaine) pouvait aisément laisser penser que l’état de santé du Président était bien PLUS grave qu’annoncé.
Et si c’était le contraire ? Et si Chirac n’avait pas du tout été malade ?
D’abord, il y a gagné quelques points dans les sondages, ce qui ne peut jamais faire de mal. Déjà affaibli politiquement par l’échec du référendum sur la constitution européenne, un Jacques Chirac "malade" ne peut plus espérer se représenter en 2007 et peut donc vivre ses deux dernières années de président plus tranquille. Reste pour lui à assurer l’après-Élysée.
Car son "après-Élysée" ne promet pas d’être de tout repos. Qu’il s’agisse des affaires de la Ville de Paris ou du RPR, l’immunité présidentielle risque de bien manquer au futur ancien Président de la République, le simple citoyen Jacques Chirac. Un allié à l’Élysée ne sera pas de trop, et si c’était un ennemi comme Nicolas Sarkozy, ce serait désastreux...
Il s’agit aussi, pour Jacques Chirac, de sauver son honneur politique à la suite d’ un quinquennat calamiteux : échec des réformes, échec de la lutte contre le chômage, échec des réformes, etc. (la liste est longue). En se débrouillant pour faire élire Villepin, celui qui représente et assume la période 2002-2007, face à Sarkozy, celui qui la méprise, il sauverait l’honneur de son quinquennat.
La haine entre Chirac et Sarkozy n’est un secret pour personne. Surtout, les moyens que l’un et l’autre sont prêts à mettre en oeuvre pour arriver à leurs fins politiques ne connaissent pas de limites. Quand il a accepté début juin de revenir au ministère de l’intérieur, Nicolas Sarkozy a tenu les propos suivants :
"Depuis que je ne suis plus ministre, les attaques se sont succédé contre moi. Je serai mieux protégé par l’Intérieur, c’est plus efficace que les 150 permanents de l’UMP."
L’été dernier, déjà, il expliquait qu’il s’attendait à tout ce qui pourrait le déstabiliser. "Je dis bien à tout", insistait-il. Il n’avait certes pas imaginé que Marie de Villepin irait mouiller le maillot pour son père. Et il n’avait probablement pas pensé non plus au coup du malade imaginaire...
Qu’en pensez-vous ?
1 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON