Jaurès nous parle-t-il encore ?
Il exhorte...
Il communique à travers des mots simples au Peuple qui prête à ses discours une oreille attentive, non pas l'accalmie d'une espérance vaine, mais l'inquiétude. De cette inquiétude salutaire qui fait que « aucune récolte ne lève toute seule ».
Il sait, lui en 1914, au moment où il s'adresse aux Français, ouvriers ou laboureurs (la France est à l'époque à majorité rurale), qu'ils travaillent une terre « pleine de périls » et sont « pleins d'ennemis ».
Les noirceurs annoncées par le lucide Jaurès, servent à insuffler au Peuple cette force, ce souffle répandus sur les vapeurs mortifères qui étouffent le pays.
La guerre est là !
Mais il refuse la fatalité. « Rien n'est écrit », dira-t-il.
Il demande au peuple de « bander ses forces », contre les puissances du MAL !
Il parle donc... et le peuple est saisi par la voix ample et lente qu'il maîtrise parfaitement. Il cherche à convaincre, à nous émouvoir, l'on sent son dépit, son ressentiment, son emportement, son courroux, sa fureur, sa rage !
Il tempête... L'on décèle à travers ses « prophéties » la mesure qu'il prend des dangers imminents. Sa stature de Tribun, sa grandeur, ne se mesurent pas seulement aux mots que son éloquence lui dicte, mais à l'aune de sa clairvoyance. Il voit, « l'écroulement de la civilisation ». Et le prophète surgit en l'homme politique... Il voit au delà... Bien au delà du siècle qui commence...
Pour lui l'avenir est terrifiant. Ses paroles sont de feu !
« Dîtes-vous bien qu'il faut que vous fassiez un grand effort rien que pour avoir une faible idée de ce que ce sera. Ne vous imaginez pas que le passé, même le plus sombre, vous en fournisse une figure. La guerre, si par malheur elle éclate, sera un événement entièrement nouveau dans le monde, par la profondeur et l'étendue du désastre ».
Et là, l'indignation nous prend, nous, les « enfants spirituels de Jaurès » ! car comme les chiens qui parlent, nos politicards de 2014, soit un siècle après, aboient, éructent, se prennent à tribuniser se drapant pour certains dans la toge jaurésienne, reprenant à leur compte, la grande figure, plagiant cocassement les grands accents de ses discours.
Seulement voilà ! Le compte n'y est pas ! Et n'y sera jamais !
La duperie des babilleurs de micros est éventée !
Le recueillement des fleurisseurs de tombe de Jaurès, les agenouillements et les larmes d'hypocrites, sont dénoncés comme tels : des simagrées, lorsque le message du vibrant socialiste, de cet homme d'exception, est brouillé et que son héritage est foulé aux pieds.
Ils avancent, les accipitridés avec leur faux-nez ! Tels des champignons vénéneux tapissant les sous-bois, sombres et empoisonneurs, ils tricotent leurs discours, ils verbatisent, ils se saoulent de mots, de formules et de signes cabalistiques, de haussements de sourcils, de grimaces...
Ils creusent le vent !
Ils pépient comme des linottes, tout boursouflés qu'ils sont de suffisance chronique.
Mais ne cherchez pas très loin, ils sont les fossiles d'une civilisation moribonde et aux abois. Des résurgences d'une république faussaire et malade, qui ne nous donne plus comme signe de vie que des hoquets et les derniers soubresauts avant le trépas.
Assouvissement et satiété. Ils nous « gratifient » de leur contentement d'eux-mêmes, tels le basilic (serpent venimeux) tue d'un seul regard le surmulot égaré, ils injectent leurs infects projets, programmes et feuilles de route, vers le néant. Et nous livrent leurs fantasmagoriques évocations d'un futur immédiat, lorsque leur vision personnelle et collective ne va pas plus loin que les intérêts immédiats et lucratifs de leurs coteries.
M'entends-tu ? Saisis-tu, Peuple, ce que je te dis ?
Ils choisissent sciemment les mots, (de préférence ceux qui tuent) , les phrases, les formules et les adjectifs pour ôter au monde du Travail, sa DIGNITE !
C'est une grosse clique qui s'avance, c'est à qui sonnera du clairon le plus fort. Ils le savent et s'en réjouissent...
Car le Peuple, ils ne l'aiment pas... Et le respectent encore moins et le « Lumpen-prolétariat », encore plus avec l'étiquette du « salaud de pauvre », avec la satire et la parodie, il devient une cible, un exutoire. N'échappent pas non plus au cynisme institutionnalisé, les classes moyennes paupérisées.
Des « sans-dents » aux « illettrés », les clowneries et les pitreries des classes dirigeantes d'une oligarchie qui « court après l'esprit » quoiqu'elle semble en manquer considérablement pourtant, se disputent dans les coteries mondaines à qui aura le meilleur trait d'esprit, pour qualifier le Peuple, tout ce qui n'est pas eux-mêmes, s'en moquer, goguenards, narquois, blagueurs ! Grotesques, au fond ! Cultivant avec un art consommé, cette ségrégation sociale.
Mais ils ont pour cela, une arme ! La Télévision ! Une très dévouée auxiliaire ! Peut-être leur principale !
Quoi de plus efficace par exemple, entre autres, que les télé-réalités où l'on se démène pour « ridiculiser » le pauvre bougre qui paye de sa personne pour se singulariser sur les plateaux, participant actif-passif de ces odieuses bacchanales ?
Bien sûr, me rétorquerez-vous, les participants à ces jeux de cirque et de massacre, ne devraient pas y participer ? Mais facile à dire ! La télévision a cela de satanique et magique, c'est qu'elle charme comme la « Fée Bleue » transformait le petit homme de bois, en jeune prince . La capacité de nuisance de l'écran plat est infinie, son manque d'amour pour le spectateur tout autant ! Et les émoluments grassement concédés aux « gentils petits organisateurs » de ces spectacles du cirque, je veux parler des présentateurs et présentatrices vedette, ont un seul but : réduire le spectateur à l'état d'apesanteur tel un astronaute découvrant la Lune ! Le réduire à une chiffe, une bulle, une baudruche sur laquelle ils soufflent à l'envi...
Que le Peuple se laisse prendre dans les rets de l'écran plat, et l'Oligarchie triomphera là où le peuple ploiera, courbera le col devant sa toute puissance.
Bien qu'anxieux de l'avenir et conscient que la guerre des classes a depuis longtemps été gagnée par l'Oligarchie, le peuple pour l'instant ne tend pas à se détourner des miroirs aux alouettes qu'on inventé pour lui, l'Oligarchie selon le vieux principe romain : « Des jeux et du pain »...
Alors, il est grand temps de se dire et de se rendre compte qu'il devient VITAL de ne plus accepter, de ne plus tolérer les errements de conduite de nos dirigeants, des élus, des classes politiques au pouvoir, le moindre manquement au respect fondamental de l'élu envers son électeur.
Que l'Oligarchie si prompt à se gausser, arrogante et suffisante, se dise bien que le Peuple qu'il méprise autant et auquel elle s'ingénie à supprimer toute dignité, se souvient encore des paroles prophétiques de JAURES et de ses mises en garde.
Et cela est une grosse, grosse affaire...
Les « sans-dents », peuvent mordre, le cas échéant...
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