Javier Milei : « el libertarismo » en Argentine
Les "Palabras del Presidente de la Nacion, Javier Milei en la 54° Reunion Anual de Foro Economico Mundial, en Davos" auraient dû retenir l'attention des observateurs de la géopolitique mondiale. En effet Javier Milei nouveau président de l'Argentine (46 millions d'habitants) a prononcé un long discours éclairant sa philosophie politique et économique.
Javier Milei s'est fait connaitre dès 2014 en tant qu'économiste. Député en 2021 il a créé un parti politique "La Libertad Avanza". Il bénéficie d'un traitement très favorable sur les réseaux sociaux du pays ( X, instagram, youtube, tiktok).Son hyper-présence sur les plateformes numériques l'a incontestablement servi en amplifiant une grande proximité avec les futurs électeurs et notamment avec la jeunesse.
Javier Milei jeune quinquagénaire, avec sa colistière Victoria Villarruel, a remporté une victoire éclatante au 2ème tour de la présidentielle de son pays le 19 novembre 2023, avec une forte participation de plus de 76%. Candidat anti-système il a écrasé Sergio Massa ministre de l'économie, qui se réclamait du message et de l'action du péronisme ( du nom de Juan Peron, initiateur d'une 3ème voie entre capitalisme et socialisme, le justicialisme). 56% des voix contre 44% avec un écart important de 3 millions d'électeurs. La candidate de la droite classique Patricia Bullrich ayant été éliminée au premier tour.
La démocratie en Argentine a donc porté au pouvoir un homme qui a surpris bon nombre de commentateurs. Le nouveau président a bénéficié, aux dires des analystes d'Amérique latine, du ras-le-bol d'une majorité d'argentins face au monde politique établi.
Le 10 décembre le président Milei est entré en fonction.et ses partisans ont annoncé avec cette installation à la Casa Rosada, palais présidentiel à Buenos Aires, la fin de la décadence du pays. C'est aussi, pour les soutiens du président le début d'une reconstruction indispensable dans le cadre d'un pays en grave crise économique. Avec une inflation à 3 chiffres et une dette colossale.
Cependant le parti de Javier Milei, "La Liberté avance", n'a obtenu que 35 sièges sur 130 au renouvellement de la chambre des députés le 22 octobre 2023.
C'est dans ce contexte compliqué que Javier Milei a participé à Davos en Suisse à la rencontre annuelle des décideurs de la planète. Occasion, pour lui, de préciser ses analyses sur la marche du monde en partant de son expérience politique nationale.
Avec une mise en garde de l'Occident :"l'Occident est en danger", avec " une vision du monde qui conduit au socialisme et par conséquent à la pauvreté". Le danger :" les principaux dirigeants du monde occidental ont abandonné le modèle de la liberté pour diverses versions de ce que nous appelons le collectivisme". Et Javier Milei d'affirmer : " Le collectivisme est toujours et partout un phénomène appauvrissant qui a échoué dans tous les pays où il a été tenté. C'est un échec économique. Un échec social. Un échec culturel. Et il a tué plus de 100 millions d'êtres humains".
Javier Milei appuie son analyse sur l'histoire de son propre pays : "Lorsque nous avons adopté le modèle de la liberté en 1860, nous sommes devenus en 35 ans une puissance mondiale, tandis que, lorsque nous avons adopté le collectivisme, au cours des 100 dernières années, nous avons vu comment nos citoyens ont commencé à s'appauvrir, jusqu'à tomber à la 140ème place mondiale"
Pour Milei le capitalisme est le seul à pouvoir mettre fin à la pauvreté dans le monde. L'économiste qu'il est, brosse à grands traits l'histoire de la croissance du monde. De 0 à 1800 PIB mondial par habitant stable, avec un taux de croissance de 0,02% sauf au moment de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Mais avec la révolution industrielle au 19 ème siècle la croissance s'accélère, le taux passe à 0,66%. De 1900 à 1950 on atteint 1,66%. De 1950 à 2000 2,1%. De 2000 à 2023, c'est 3% par an. On a donc eu, de la première révolution industrielle à 2023, une "explosion de richesse qui a permis à 90% de la population mondiale de sortir de la pauvreté". Sa conclusion : si nous devons mettre fin à la faim, à la pauvreté et la misère dans le monde, nous savons quel modèle choisir.
Toujours en s'appuyant sur l'exemple de l'Argentine il s'en prend à ceux qui considèrent que le capitalisme est individualiste, donc mauvais alors que le collectivisme est altruiste, générateur de justice sociale, de bien-être général. Or l'état est financé par la fiscalité perçue par la contrainte, sur ceux qui produisent les richesses, de meilleurs biens, de meilleurs services. L'état freine alors , pour lui, les initiatives, la découverte, l'innovation.
"Les pays libres", nous dit-il, "sont 12 fois plus riches que les pays répressifs". La population des pays répressifs vit donc très nettement moins bien que celle des pays libres. "Les citoyens des pays libres vivent 25% plus longtemps que les citoyens des pays répressifs".
Ce qui amène le président argentin à donner une définition, de ce qu'il appelle le "libertarisme" : défense de la liberté, de la propriété privée, de la libre concurrence et de la coopération sociale, du marché sans intervention de l'état ( " le marché est un mécanisme de coopération sociale où les gens échangent volontairement"). L'entrepreneur est même vu comme un "bienfaiteur social".
Pour Javier Milei "réglementer les monopoles, détruire les profits, détruire les rendements croissants, c'est automatiquement détruire la croissance économique".
Le président argentin débute donc son mandat en affichant la couleur, son combat contre, dit-il, les "néo-marxistes " qui s'approprient "les médias, la culture, les universités, et les organisations internationales". Contre le communisme, le socialisme, la social-démocratie, la démocratie chrétienne, le néo-keynésianisme, le progressisme, le populisme, le nationalisme, le mondialisme.
Reste donc à l'observateur de suivre les mesures prises par ce président, acceptées ou non par la population, les évolutions de la vie politique, économique et sociale de ce pays important partie intégrante de l'Amérique du Sud, continent qui compte au plan mondial, et notamment au regard de l'Europe pas seulement hispanique.
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