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Accueil du site > Tribune Libre > Je me couche tard car TVA - épisode 1

Je me couche tard car TVA - épisode 1

Ce soir je suis fatiguée mais je décide de ne pas aller me coucher immédiatement. J’ai le besoin urgent de prendre du temps pour moi. Avant de signer mon premier contrat d’embauche et après une année sabbatique devoir aménager une plage horaire pour soi m’a paru tout à fait absurde. Quel étrangeté ! Je suis moi, je me vis constamment ! Pourquoi avoir besoin de temps pour cela ?

Ce soir j’ai besoin de décompresser pour retrouver un état "zéro", un état normal à partir du quel je pense fais et ressens librement dans les limites (selon le Droit Naturel) d’autrui. Lorsque je suis rentrée du travail je me suis trouvée dans un tel état d’abêtissement (et quelque part d’urgence) que j’ai allègrement usé de violence pour imposer à celui qui partage ma vie le programme de télévision !
Je n’avais jamais fait cela auparavant et prend toujours en compte son avis au même titre que le mien.

J’ai besoin de temps pour me retrouver et "respirer" après toutes ces heures passées à me soumettre à des ordres stupides. Ce besoin urgent de décompresser (quel qu’en soit le prix !) est comparable au processus qui suit un traumatisme.

Aujourd’hui il m’a été impossible de participer à l’établissement des choses à faire : moi qui pensais bêtement mettre mon expérience au service de l’efficacité de la boite, un collègue m’a remis à ma "juste" place :

- exécuter les ordres aussi stupides et contre productifs soient ils (j’imagine qu’ils émanent d’une conscience indéniablement supérieure)

- effectuer des tâches qui m’ennuient
Son travail à lui, mon collègue, c’est de tout faire pour que je continue à trouver ce boulot rébarbatif et c’est à ce titre qu’il s’est permis de ne pas risquer de permettre au groupe d’évoluer en intégrant mon expérience. Ben voyons...

Je me souviens de ma mère qui rentrait de son nouveau travail et qui, le soir, m’expliquait que ses tâches aussi inintéressantes sont elles ne la privent pas de ce qui la motive fondamentalement dans la vie : se cultiver.

Au fur et à mesure des années, par manque de compétence, par son âge qui avançait toujours et par choix de confort, elle a conservé ce travail.

Je l’ai revue complètement aliénée d’elle même le mois dernier : ses goûts et ses préférences se confondent médiocrement avec son emploi. Contrainte à passer son temps libre à se reposer (ce que j’appelle se dé-traumatiser d’avoir pris sur soi) elle manque de temps pour se consacrer sérieusement à la culture générale et cherche dans son boulot un épanouissement absent.

Il aurait été envisageable que ses centres d’intérêt changent à la découverte de son nouveau poste et qu’elle s’épanouisse finalement dans celui-ci mais ça n’a pas été le cas. Aujourd’hui elle rationalise en vain ce qui la pousse à perpétuer ce cercle vicieux d’auto violence.

Se libérer est un acte de résistance, se dé-traumatiser régulièrement permet de toujours supporter plus l’oppression inacceptable du lendemain.
 

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3 réactions à cet article    


  • Deneb Deneb 24 juin 2009 13:55

    Merci pour cette tranche de vie.
    Il est tout à fait vrai que dans notre société chretienne on ne concoit pas de travail sans souffrance. (en dialecte napolitain, pour « travailler » et pour « se fatiguer » on utilise le même mot.) Aussi, il est de bon usage de faire c... ses enfants, ses subordonnés, « pour leur bien », bien sûr. L’hierarchisation des forces vives est un préalable à tout projet : d’abord on choisit le chéf, qui sera respecté et craint.

    Il y a presque 20 ans, j’ai vecu les mêmes joies que l’auteur de cet article. J’ai donc decidé de me mettre à mon compte. Je n’ai jamais regretté cette decision, et de toutes façons je ne suis plus en mesure de subir des ordres idiots venant d’un chéf en crise d’autorité. Quand je fais travailler les gens, j’essaie plutôt de reveiller en eux l’enthousiasme qu’une soumission aveugle. Et ça marche assez bien.


    • LeLionDeJudas LeLionDeJudas 24 juin 2009 22:21

      Oui, merci.
      Il faut le dire que la plupart des emplois sont abrutissants, sans intérêt autre qu’apporter la soupe dans la gamelle, on y brasse du vent toute la journée, sous les ordres de personnes gonflées par l’importance de leur petit pouvoir et au coté d’employés aussi dégoutés que nous-mêmes.
      L’amertume et la colère que ces boulots de m---e ne manquent pas de susciter rapidement une fois passée la satisfaction d’être embauché s’expriment, dans le meilleur des cas, en abattement et résignation, pire en dépression ou en des abrutis qui se voilent la face en pérorant sur leur sentiment d’utlilité pour la collectivité ou qui marchent sur la gueule du voisin pour monter d’un cran.

      C’est Deneb qui a bien raison.

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Catherine


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