Je me suis réveillée en pensant que vous aviez fait ce travail...
Walking in my shoes...
Je me suis levée pleine de bonne volonté, pleine de cette énergie qui caractérise ces jours de beau temps au ciel si bleu.
Je me suis levée en oubliant toutes ces affaires médiatiques qui nous occupent depuis des semaines.
Je me suis levée en ayant des envies simples de femme, d'amoureuse, d'actrice de la vie sur terre.
Je me suis levée sans imaginer que j'allais être triste quelques heures plus tard.
Je suis une femme de 32 ans.
Je suis née en Belgique, j'ai vécu une vie plus ou moins facile avec les joies et les déboires que chacun de nous peut connaître.
Ma mère a toujours tout fait pour que je ne manque de rien, du moins que je ne manque jamais de l'essentiel.
Ma mère a refait sa vie après un mauvais mariage du quel je suis née.
Mon père n'est pas celui « qui a donné sa graine » même si je l'ai connu....si elle avait su...mais elle ne regrette certainement pas de m'avoir eue avec celui que je ne considère même pas comme un « donneur ».
Mon père est celui qui m'a élevée, qui a pris soin de moi avec amour et bienveillance. Toutes ces années, il a été proche, limite plus complice que ma mère, nous avons partagé nos idées, nos points de vues, nos discutions toujours dans une très bonne entente. Et c'est toujours le cas actuellement et je l'espère encore pour bien longtemps.
J'ai eu du mal à me dire que « mon père » c'était lui parce que pour moi le mot « père » avait une signification tellement négative et me ramenait à ces « souvenirs » que l'esprit occulte avec tellement de facilité.
Lorsqu'il est décédé, je n'ai pas eu de peine et pourtant, n'a t on pas de peine pour son « père » ?
Ce n'est que récemment que j'ai pris conscience que mon « père » c'était bien celui qui partage la vie de ma mère, qui s'est marié pour que mon (demi)frère et moi même ayons les mêmes droits en terme d'héritage si un jour il lui arrivait malheur.
Celui qui a pleuré quand je suis partie de la maison, celui qui est ému de connaître mon désir d'avoir un enfant, celui qui se ravis de la vie que je mène, et qui espère pour nous, qui accompagne ma mère lors de nos fêtes de familles, qui la soutient quand elle est malade, qui a soigné autant qu'elle mes bobos, mes malheurs d'ados et mes échecs scolaire. Celui qui m'a encouragée dans ma voie scolaire et m'encourage actuellement dans ma vie professionnelle.....
C'est quand moi même j'ai senti grandir en moi ce désir de devenir mère que cette réalité m'est apparue.
Pourtant convaincue depuis longtemps que les liens de sang ne fait pas tout, je n'arrivais pas à changer ma définition de ce que pouvais être un « père ».
Certains diront que je n'ai pas manqué d 'un « père », que je connais celui qui a permis ma venue au monde. Seulement, j'aurais préféré que celui qui a eu le privilège de me voir naitre soit ce « père » que je connais depuis l'âge de 5ans.
Alors, mesdames et messieurs les défenseurs de la lignée biologique, comment expliquez vous cela ?
Alors même que si ma mère et « mon père » avait fait appel à un don de gamète, je n'aurais rien su de mes « origines » réelles et biologiques, j'aurais considéré cet « étranger à ma filiation » comme père à part entière, comment expliqueriez vous que je le vive si bien ?
Non, un « père » n'est pas celui qui donne sa graine, la moitié de ses gênes, ça ne fait pas tout, ça n'explique pas tout.
J'ai donc grandi entourée d'amour.
Un jour, j'ai quitté la maison, ma vie se faisait ailleurs, comme la « logique » le veut.
La « logique » veut aussi que je fonde ma propre famille, comme une continuité de la vie, en ayant un mari aimant, des enfants, un chien, une voiture ou deux et une belle maison avec un jardin.
Oui, c'est comme ça que je vois ma vie aujourd'hui, à un détail près : mon mari est une femme.
Je partage ma vie avec elle depuis près de 5 ans.
Nous avons un logement, du travail, une voiture, un jardin....il ne manque plus que quelques détails « pour coller » à ce que la « logique » veut : notre famille
Ha mais j'oubliais....nous sommes deux femmes...
D'après vous, mesdames et messieurs « les contre », nous n'avons pas droit à ce bonheur ?
Et oui, « biologiquement » et « physiquement », jusqu'à preuve du contraire, nous ne pouvons « engendrer »...
Vous pensez peut être que mes cours de biologie pourtant suivi pendant 6 années et certaines 4h/semaine m'avait fait omettre ce détail ?
Qui êtes vous pour en juger ?
Je vis en France, ma compagne est française.
Je ne savais pas que dans ce pays, on nous avait mis une arme entre les mains et que nous la dirigions envers ces familles « traditionnelles » au combien jolies !
Il nous suffit de faire « quelques » centaines de kilomètres pour changer notre vie....là, nous aurions ce droit à la « logique » de la vie...Quelle ironie !
Qui êtes vous pour juger que nous soyons des sous citoyens ? Des « dépravés », des « hors la loi », les principaux coupable de la crise financière, ceux par qui le déclin d'une nation arrivera ?
Qui êtes vous pour savoir mieux que nous même que nous avons ou non les capacités « mentales » pour nous marier et élever nos (futurs) enfants ?
C'est vrai qu'il y a encore si peu de temps, nous faisions partie de ces malades mentaux...c'était écrit !
Je pense qu'en fait, cela n'a pas du beaucoup changer dans l'esprit de vos petites têtes.
Bien entendu, il est si difficile de laisser de côté opinions et sentiments personnels.
Je n'y arrive pas nécessairement non plus.
Mais, essayez, pour une fois, de vous en remettre aux faits !
Ne vous rendez vous pas compte qu'autour de vous, nos couples, nos familles (au sens large) et nos enfants vivent les mêmes vies que celles du « moralement correct » ?
N'avez vous pas dans vos familles des hauts et des bas, des couples qui s'aiment et se haïssent, des mariages, des divorces, des naissances heureuses, parfois des disputes bêtes ou des fêtes de familles remplie d'amour et de joies ?
N'avez vous pas eu parfois le moral dans les chaussettes ou au contraire l'envie de crier votre bonheur ?
N'avez vous pas des enfants en bonne santé, des enfants équilibrés, ou au contraire et bien malheureusement des enfants ayant des soucis de santé, des soucis d'équilibre expliqués ou non, des enfants tristes parfois, mais aussi souriants et plein de vie ?
N'avez vous pas eu peur pour eux, envie de tout leur donner ?
N'avez vous pas cette envie de leur transmettre des valeurs que sont l'amour et le respect notamment ?
Toutes ces choses existent aussi dans nos familles, toutes ces envies si légitimes, nous les avons nous aussi pour nos propres familles, nos proches et nos enfants.
Pourquoi serions nous illégitimes au yeux de la vie, aux yeux de cette vie ?
Sauriez vous vous mettre à nos place lorsque nous vivons des attaques telles que celles que vous nous menez ?
C'est pour nos enfants que c'est le plus triste, ils ne sont pas tous en âge de comprendre, mais il y en a qui doivent bien en souffrir !
Accepteriez vous que vos enfants en âge de comprendre voient toute cette haine ?
Vous et nous sommes des adultes, alors, nous composons avec, mais eux (nos enfants en âge de comprendre) ?
Quelle image aimeriez vous leur laisser de vous ? N'auriez vous pas envie de plus de respect ?
Il n'est pas question de faire de notre société une société qui accepte tout en dépit du bon sens, mais ce bon sens fait qu'il importe de protéger nos enfants et nos familles.
Il importe de se centrer sur l'essentiel : les enfants.
L'homosexualité n'est pas une maladie ni un choix, c'est un état de fait !
Le désir de devenir parent aussi.
A la phrase de Serge Dassault : « On veut un pays d'homos ? Dans dix ans il n'y a plus personne »
Je répondrais : Mr, avez vous essayé de voir la réalité en face ? Savez vous que l'homosexualité ne rend pas stérile ? Savez vous que nous aussi avons des enfants ? Que ces enfants auront eux même des enfants ?
Avez vous seulement une petite idée du nombre de naissances dans nos couples ? Et de notre participation à la natalité ainsi qu'à l'économie dans ce pays ?
Pour François Lebel et Philippe Barbarin , la légalisation du mariage homosexuel ouvrirait la porte à la polygamie, à l'inceste et la pédophilie.
Mais enfin Messieurs, comment pouvez vous mettre l'union entre deux personnes (de même sexe) dans le même sac que la polygamie ainsi que l'inceste et la pédophilie ?
Ne savez vous pas que le mariage resterait (et nous y tenons) une union entre deux personnes majeures et consentantes n'ayant pas de lien de mariage/pacs avec d'autres personnes ?
Quand à la pédophile ou l'inceste, qui sont punis par la loi (et heureusement), ne sont pas le fait d'homo plus que d'hétéros....je dirais même que j'ai entendu bien plus d'histoires de ce genre avec des personnes bien hétéros ! (soit)
Donc, qu'est ce qui, dans les faits, vous permet de dire cela ?
Et le cardinal André Vingt-Trois qui pense que « l'enjeu du mariage homosexuel bouleverserait en profondeur les fondements de la société »
En quoi ? Donnez nous des faits qui vous font penser que cela serait le cas !
Avez vous vu, dans les nombreux pays qui ont légiféré sur la question, une once de bouleversement de leur société ?
Croyez moi, la Belgique, puisque je suis Belge, n'est pas tombée....certes, il y a des problèmes économiques, des problèmes politiques qui ont animés les journaux télévisés, mais, rien de bien différent de ce que vivent bons nombres de pays européens et même plus lointains...la faute aux homos vous pensez ?
Mr Copé dit : « Tous autant que nous sommes, nous combattons toutes les formes d'homophobie, mais est-ce qu'il faut pour régler quelques dizaines de milliers de cas, aussi respectables soient-ils, remettre totalement à terre l'organisation juridique de la famille ? »
Quelques dizaines de milliers....nous ne sommes que cela ?
Savez vous qu'il y a au moins 30000 enfants concernés par cette organisation juridique de la famille, pensez vous qu'ils soient d'accord avec le fait que vous les dénonciez comme voulant mettre à terre cette organisation ?
Savez vous que ces enfants n'ont pas droit à cette « famille » ? Pensez vous que cela ait dans le sens de ces fameux droits de l'enfant ?
Croyez vous légitime le fait de ne pas nous donner le choix qu'on les couples hétéros, c'est à dire, de se lier par le mariage, ou un pacs, ou encore de vivre en concubinage ?
Je n'ai cité là que quelques exemples mais il est triste de constater qu'il y en a tellement...
Ce que je constate aussi c'est que souvent, ces critiques blessantes sont liées aux croyances.
Religieuses ou non, ces croyances se fondent tout de même sur ces racines.
Je ne nie pas les origines de l'Europe, je ne juge pas les religions, je ne juge pas non plus les personnes qui croient en un Dieu.
Mais, civilement, légaliser le mariage sans distinction de sexe, n'est pas nier tout cela.
Il n'y a pas de négationnisme de l'histoire dans cette loi. Nous avons un passé commun.
Il est aussi des personnes qui se basent sur la psychologie. La psychanalyse même je dirais.
J'ai suivi une formation dans le domaine de l'éducation et de l'enfance et reconnaît ce qu'a pu apporté ces mouvances. Je reconnais le travail effectué par des Freud ou Lacan.
Je les remets tout de même en question, parce qu'ils ne sont pas porteur de la vérité universelle !
Ils est des enfants qui ont grandi entre deux hommes ou deux femmes et qui ont su s'épanouir, devenir des adultes responsables et respectueux. Ces enfants ont eux même fondés leurs familles.
Ils ont eu une vie en tout point commun à celle d'enfants élevés dans des couples hétéros.
Ils n'ont pas plus ou moins de facilités ou de difficultés les uns que les autres.
Il y en a qui sont devenus des chefs d'entreprise, ou des employés modèles.
Il y en a qui ont été délinquants, ils sont névrosés, rêveurs, heureux ou malheureux.
Pas plus ni moins que tous les enfants de couples hétérosexuels !
Pour moi, les ingrédients utiles à ce qu'un enfant devienne un adulte à part entière sont d'avoir de l'amour, de la bienveillance, de l'éducation, des repères, des valeurs, les joies et les peines d'une famille avec tout ce qu'elle comporte.
Que cette famille soit la mienne, famille recomposée, ou une famille faite de deux personnes du même sexe ou encore d'une femme ou un homme seul, elle n'en est pas moins une famille et ils n'en sont pas moins des parents qui font en sorte d'apporter le meilleur à leurs enfants qui ne sont pas moins des enfants !
Maintenant avant que vous n'arriviez à de quelconques conclusions, essayez de vous mettre à ma place : vous trébucherez sur mes pas, irez aux mêmes rendez-vous que j'ai pris...Si vous essayez de vous mettre à ma place...
Je me suis réveillée en pensant que vous aviez fait ce travail...
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