Je n’ai pas regardé le Sarkoshow, je peux donc en parler
C’est par solidarité avec la liberté de la presse - et aussi parce que je n’ai pas la télévision - que je n’ai pas regardé le Sarkoshow. Il est vrai qu’en toute démocratie les trois principales chaînes sont réservées au chef de l’Etat. C’est ce qu’on appelle le pluralisme. Il est vrai aussi que le temps de parole du Caput Capitis n’est pas décompté dans celui de la majorité, ni du gouvernement, gouvernement dont le temps de parole n’est pas comptabilisé avec celui de l’UMP même si 15 ministres sous ministrions de celui-ci considéré comme restreint par sa Majesté sont dirigeants de l’Universal Money Profit. Or avec 90 mn de propaganda simultanément sur trois chaînes le temps de parole du lider Minimo va exploser les compteurs au détriment de l’équité, la liberté d’expression et de contradiction, et aussi un peu de la démocratie.
Il est assez étonnant de noter qu’à part Internet, peu de journaux (en fait je ne peux pas dire cela de façon exhaustive, donc peu à ma connaissance), de journalistes, d’éditorialistes, de moralistes, de philosophes, de penseurs, de mediapeople se sont penchés sur ce fait somme toute extravagant : la réquisition des ondes par le pouvoir pour un show présidentiel. Il faut quand même rappeler que notre Guide n’est pas avare en intervention car celle-ci est la dix-huitième. On peut dire qu’en France Sarkozy n’est pas exclu du droit à la parole. Ainsi le château décide-t-il d’une part de monopoliser la parole en parfaite contradiction avec deux idées fortes du Mamamouchi à la droite duquel est assis le Père éternel, qui sont la libre concurrence - en d’autres mots s’il est si fort et si intéressant que craint-il de la concurrence de la médiocrité ? - et lui qui veut que les universitaire soient évalués et ses ministres jaugés, sa réelle capacité à attirer la population avide de ses paroles l’outil de mesure étant l’audimat, et ce d’autant que la crise est un sujet qui doit concerner les français et donc qui lui facilitait la tâche.
Ainsi donc au mépris de l’équité démocratique, du droit à l’opposition d’exister, de la liberté de choix des chaînes à choisir leur programme, un seul, l’Unique, le Kondukator décide-t-il de parloter et tout le monde se couche. Et a ceux qui disent que nous ne sommes pas dans une autocratie il faudra qu’ils me montrent, preuves à l’appui, quel pays démocratique autre que le nôtre monopolise ses trois principales chaînes c’est à dire prés de 80 % de l’audiovisuel pour la propagande du chef de l’Etat. Il y a bien Cuba qui fait mieux, mais Fidel est malade.
Ainsi donc (entame de phrase que j’apprécie comme un bonbon à l’anis...) n’ai-je pas regardé le sarkoshow, mais j’en ai eu des échos. Je ne parlerai que de deux d’entre eux.
Selon Saint Nicolas (et ses cadeaux) l’argent que la France n’a pas, prêté aux banques va rapporter aux caisses vides 1,4 milliards d’euros. Il a donc commencé - qui en aurait douté - son exercice par un gros mensonge. En effet puisque l’Etat n’a pas d’argent il va l’emprunter. Or les 1,4 milliards sont les intérêts que vont rapporter ces sommes prêtées, il faudra donc en déduire les intérêts des sommes empruntées. Ce qui diminue considérablement ce montant. Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Puisque l’Etat emprunte et que lui est garant cela veut dire en fait qu’il va enrichir ceux qui lui prêtent, notamment les banques. Ensuite ce qui pourrait aussi diminuer considérablement ces millions gagnés ainsi (et non milliard) c’est que l’Etat devra rembourser les emprunteurs mais que si l’emprunteur de la banque fait défaut l’Etat devra aussi rembourser la banque puisqu’il est la garantie, et rembourser intérêt et surtout capital. Or un prêt à un taux de 9 % diminué des intérêts de la ressource fait qu’il suffit que moins de 5% des emprunts ne soient remboursés pour que l’Etat ne gagne rien et au-delà perde de l’argent. Heureusement le taux de non remboursement n’est pas à ce niveau, mais il faut, dans les calculs diminuer ce gain de ces pertes-là. Enfin, the last but not the least comme dirait Shakespeare, ces prêts ont un coût supérieur à la norme, seront offerts à ceux qui sont le plus en difficulté - car les gros emprunteurs riches n’auront pas ces difficultés, avec des taux plus faibles et pas de garanties de l’Etat - et donc qui accroîtront leurs difficultés et ces mêmes que l’on devrait aider qui vont remplir les caisses de l’Etat et enrichir les banques. Tout le contraire et de la solidarité et de l’aide nécessaire. Je pourrais modestement proposer une idée à notre Luminescence qui rapporterait beaucoup plus et à long terme : refiscaliser les heures supplémentaires et supprimer le bouclier fiscal : 15 milliards par an. Pas mal non. Ne suis-je pas lumineux moi-même ?
Comme le chef de l’Etat s’octroie 90 mn sur trois chaînes je lui en donne ici un soixantième soit 90 secondes que je commenterai :
Nous sommes rassurés de savoir que le Kaiser Sarkoko se fût préparé à devenir caput capitis d’un grand pays comme la France, vu qu’il y pensait tous les jours en se rasant et que même avant son rot libérateur il se disait : " Ah quand je serai président ". En revanche il ne s’était pas préparé à la crise quand un million de personnes en 2007 pensaient déjà que les subprime n’étaient pas un bilboquet réservé aux USA. Mais voilà le job de président c’est difficile. Evidemment il est difficile de prédire l’avenir (quoique pour 2009 pas besoin de madame Irma) et ainsi personne ne sait-il si la machine va repartir en 2010. En France on sait qu’avec le trou abyssal des comptes, le commerce extérieur plombé, il va en falloir du temps, de l’énergie, du talent et des sacrifices pour s’en sortir. Mais voilà aussi que pour aider les classes moyennes il va falloir réfléchir, discuter, se mettre autour de la table alors que pour aider les classes aisées il ne fallait ni réfléchir ni discuter mais imposer et en vitesse. Il est beaucoup plus difficile d’aider les classes moyennes (au passage plus nombreuses et moins privilégiées que les Bolloré’s clubs). Heureusement en France le service minimum ça marche, tout comme Rachda Dati qui a fait un travail extraordinaire et qui retrouvera une place après avoir campé à Strasbourg. Et dans ces extraits il se trouve cette perle que (dans le désordre) " amertume, rancune pardonner, cela ne fait pas partie de mon vocabulaire ;" De deux choses l’une en fait trios : soit tout est vrai : et donc Sarkozy ne sait pas pardonner, soit tout est faux et s’il sait pardonner il est rancunier soit tout cela est aussi incohérent que le reste car les mots rancune et pardonner sont les stricts opposés l’un de l’autre donc on ne peut exclure que l’un ou l’autre. Après Clearstream je crois que c’est pardonner qui ne fait pas partie de son vocabulaire. Quant à Rama Yade, le Kondukator a retenu la leçon d’Obama, non celle de la limitation des rémunérations (les banquiers sont trop forts pour notre Popeye), non celle du " j’ai tort ". En effet elle a, elle, bien compris qu’elle avait eu tort. Et non Sarko. Il a pensé sans doute que cette déclaration était attachée à la couleur de la peau, sans doute. Cet extrait se termine sur une tension dramatique intense : le chef va-t-il se représenter en 2012 ? A-t-il un doute là-dessus ? Oh que oui car c’est un job terriblement dur. En effet c’est pour cela qu’aucun président d’aucun pays ne postule à un second mandat. Et c’est vrai que c’est terriblement dur. On est obligé d’aller à Wolfeboro dans une villa d’hyperluxe, on est forcé de prendre air Bolloré pour aller en bon économe se serrer la ceinture à Petra et aux pieds des pyramides, c’est d’une tragique dureté de jouer aux égoutiers à Cap nègre, c’est insoutenable de déjeuner trois fois par semaine au Bristol, c’est invivable d’avoir un salaire si modeste, c’est inimaginable de passer des vacances au Brésil dans un palace. Voilà donc que cet indécent qui fait office de représentant de la France à l’étranger compatit à son sort, comme il avait déjà compati en pensant que lui aussi s’il n’avait pas moins droit au bonheur que les autres et il y avait droit autant. Son indécence n’a pas de limites, son intérêt pour lui-même non plus. Et si bien au monde il y a un poste que l’on choisit de conquérir en montant sur la tête de tout le monde et des principes éthiques élémentaires c’est bien celui-là. Alors aller pleurer dans les chaumières de la difficulté de l’exercer est outrageant pour ceux dont la vie est un enfer, réel, celui-là.
J’ai bien fait de ne pas regarder le sarkoshow.
Vignette Figaro.fr
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