Je n’irai pas aux primaires du PS, la média-politique est ennuyeuse

La campagne politique a commencé sous le signe de l’ennui pour les uns, du divertissement pour les autres. La démocratie devrait être passionnante. Qu’elle soit devenue un divertissement ou un ennui du moment, voilà un signe des temps. Depuis combien de temps, nul ne sait. La tactique d’occupation des médias est bien rodée. Les journalistes s’arrachent les ténors de chaque formation et les politiciens sont d’ailleurs ravis de ces invitations, prononçant ce mot qui se substitue au fameux amen résonnant tel un codon de terminaison après la messe catholique. Merci, ce mot est toujours prononcé par le médiarque qui a sollicité l’invité, lequel à son tour prononce le « merci » de circonstance pour signaler à la direction des programmes une reconnaissance conforme aux attentes. Amen, la messe cathodique est terminée, le spectateur peut reprendre une activité normale et offrir son temps de cerveau à la publicité, puis aux émissions de divertissement.
Les médias, comme les politiques, se préoccupent de divertir le citoyen, de satisfaire à ses exigences hédonistes. Rien qu’en zappant sur une chaîne au hasard, je tombe sur un engin recouvrant de sable un quai en bord de fleuve. Euréka, c’est Paris plage, symbole de ce divertissement industriel mais aussi de l’action d’un maire socialiste. Si c’est ça le socialisme, alors je ne vais pas me précipiter pour participer aux primaires. Cette campagne prévue pour élire le candidat socialiste à la présidentielle de 2012 a démarré sous le signe de l’ennui et de l’insignifiance. Avec ce que les analystes appellent un marquage. Et déjà, des stéréotypes employés pour désigner Martine la dépensière et François l’économe. Martine qui a fait la tournée des bistrots festivaliers, a promis plus de dépenses culturelles. Elle s’est d’ailleurs donnée en spectacle, avec son look de Mary Poppins prête à s’envoler avec son parapluie. François, qui est passé à 50 mètres de Martine, a froncé les sourcils et signalé qu’avec les déficits, il ne faut pas promettre trop de dépenses. François, tout comme Manuel, Ségolène, Martine et Arnaud, a peaufiné son look de présidentiable, choisissant comme modèle son Mentor Mitterrand et ma foi, le rôle est parfaitement réussi. Quand on voit François Hollande se déplacer en campagne, on dirait un acteur jouant dans un téléfilm retraçant la vie de Mitterrand. Pas de chance pour Ségolène Royal dont le physique ne peut pas coller avec Tonton. Du coup, elle n’hésite pas à se placer sous l’autre grande figure tutélaire et présidentielle de la Cinquième, celle du Général. Son programme, rassembler, de l’Atlantique à l’Oural, non pardon, de l’ordre gaullien à la chienlit gauchiste. Du coup, Xavier Bertrand se moque. Comme du reste Valérie Pécresse ironise en évoquant la fronde des socialistes contre François Fillon qui a méchamment fustigé Eva Joly qui n’aime pas le défilé militaire du 14 juillet. Et le cirque continue. Ce qui n’incite pas à se déplacer pour les primaires, ni même pour le premier tour de la présidentielle de 2012.
A vrai dire, deux candidatures sont fantaisistes, celles de Valls et de Montebourg. Le premier a visiblement besoin de soigner son ego, quant au second, il n’est pas crédible avec sa démondialisation. Jouer le protectionnisme, c’est poser un acte de foi comparable à celui d’un type certain d’éviter les cancers en étant végétalien et qui finit par en attraper un à 70 balais, faisant alors grise mine en voyant son aîné s’enfiler goulûment un cassoulet alors qu’il a passé sa vie à manger de la compote de soja et des graines de maïs. Madame Royal n’est pas plus crédible que ses acolytes. Restent Hollande et Aubry, un choix cornélien entre deux figures présidentiables. Et ce choix, il mérite d’être joué à pile ou face. Les deux peuvent bien faire d’affaire. Et puis, une gouvernance ne se résume pas à une figure présidentielle. Un gouvernement peut très bien décider de gouverner. François et Martine gouverneront avec des Socialistes, oui mais lesquels ? Ce n’est pas prévu dans le contrat. Alors ces primaires, non merci, pas pour moi. J’attends le résultat sans impatience. Quoi qu’il se passe dans la vie politique, je tire une ligne droite depuis l’été 2011 jusqu’au bulletin de gauche glissé dans l’urne au second tour de la présidentielle en 2012.
En attendant, nous assisterons à quelques saillies d’acteurs et d’actrices. Ségolène dans le rôle de la Jeanne d’Arc mystique et messianique venue bouter Sarko hors de l’Elysée. Martine la rêveuse, maternante mais parfois acariâtre, qui fustige le président et tente de faire croire aux Français qu’on rasera gratis un jour par mois. François le sérieux, le bon père de famille, les épaules solides, un peu diesel dans les débats mais du solide. Arnaud, le dandy utopiste qui se donne un air de faux révolutionnaire, avec la mèche rebelle et le verbe placé haut pour masquer le vide de la pensée. Manuel, qu’on sent tel le cadet qui voudrait réussir autant que ses aînés et souffre d’un manque d’attention. N’oublions pas Jean-Michel qui, faute d’une notoriété suffisante, se contente d’un rôle secondaire, à l’instar d’une première dame faisant une apparition dans un film de Woody Allen.
Au final, ce casting de têtes d’affiche socialistes n’est pas si mauvais, faisant oublier aux Français les difficultés à venir. Le spectre du déficit hante la campagne politique. Au lieu de proposer une augmentation du budget de la culture, Aubry ferait mieux de dire où elle va couper, comme Valls, Royal ou Hollande ; Montebourg étant le seul à croire qu’on peut vivre dans des châteaux en Espagne démondialisée. Salut Martine, pour moi, ce sera entrée, plat et dessert : C’est pas possible, c’est entrée plus un plat, ou plat plus un dessert ? Salut François, mon corps devient très coûteux à entretenir : Eh bien, je vous ampute de la jambe ou du bras ? Décidément, je ne fais aucun effort pour m’illusionner sur l’intérêt de ces primaires. Je suis mécréant et j’ironise mais qui sait, je suis peut-être incité à le faire par le médiacosme. L’été est ludique, l’automne sera fantaisiste. Je prendrais bien Martine et Hollande ! C’est pas possible ? Zut, c’est dur de réduire de déficit de popularité. Les Socialistes ont accumulé une sacrée dette, depuis le 21 avril 2002. Allez, pastis pour tout le monde, champagne pour les riches, des couronnes pour enterrer l’idée d’une France en marche vers un avenir radieux et du gros rouge pour se saouler la gueule et oublier tout ça !
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